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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 08:33

2. JUSTICE BOURGEOISE, JUSTICE DE CLASSE.

 

La justice bourgeoise était révolutionnaire par opposition à la justice de l’ancien régime, c’est-à-dire au XVIII° siècle, l’apogée de cette justice bourgeoise étant la révolution de 1789 et la publication des divers codes législatifs et réglementaires. Cependant, cette justice repose sur les principes idéologiques et culturels de la bourgeoisie, à savoir la personne bourgeoise, la propriété privée, et les principes dits « républicains », au sens d’une république bourgeoise. Depuis, cette justice réactionnaire a subi très peu d’inflexion. Seule la Commune de Paris, dans le court espace de temps qu’il lui a été imparti, a tenté de mette en œuvre une justice populaire, en opposition frontale avec la justice bourgeoise.

Les principales caractéristiques de cette justice bourgeoise sont le recrutement d’un corps d’agents professionnels à son service exclusif, et l’orientation générale de cette justice, tournée vers la défense de la classe possédante et l’oppression des clases populaires.

Le recrutement du corps des magistrats est assuré aujourd’hui par l’intermédiaire surtout de l’Ecole Nationale de la Magistrature de Bordeaux. C’est l’école chargée de calibrer les individus sur un format acceptable et stéréotypé d’un juge « neutre », « indépendant », ayant l’esprit de corps, surtout à même d’appliquer scrupuleusement le droit bourgeois. Le nombre d’élèves issu des classes laborieuses est extrêmement minoritaire, et encore, ceux qui passent à travers la sélection sont des enfants d’ouvriers ou d’employés ayant adopté le code de conduite des classes possédantes et ils ont donc donné des garanties, par leur cursus scolaire, de bonne intégration aux valeurs de la classe bourgeoise.

Ce n’st pas un hasard si les prisons comportent un nombre exagérément élevé de « délinquants » issus des classe pauvres, nombre inversement proportionnel à la représentation de ces catégories sociales. Ceci alors qu’il est bien connu que les délinquants en « col blanc » ne manquent pas, mais que ceux –ci passent au travers de mailles du filet judiciaire.

La justice n’est pas si aveugle que cela. Il suffit d’avoir côtoyé la justice pour se rendre compte qu’elle est bien à deux vitesses : selon que vous êtes puissants ou misérables,…

Si vous faites partie de la classe aisée, vous pouvez d’abord vous passer de la justice. Les relations sociales, les « réseaux », la possession des bons codes culturels, l’argent surtout, vous permettront d’éviter un procès et de régler la question litigieuse par tout autre moyen. Mais si malgré tout le procès est inévitable, l’argent ouvre toutes les portes : ne serait-ce que l’accès à la connaissance du droit, par le paiement, bien cher, du meilleur des avocats.

Mais si vous êtes pauvre, c’est une véritable course d’obstacles. D’abord tout est fait pour vous décourager d’avoir recours au juge. D’abord le coût du procès. Ensuite la durée pour rendre la « justice » : près de deux années pour le jugement en première instance, autant pour le jugement en appel et encore deux années pour la cassation éventuelle. C’est dire qu’il faut en moyenne un délai de six années pour obtenir éventuellement gain de cause. Pendant ce temps, la personne subit le contrecoup d’une précarisation de sa situation, alors que la personne riche peut faire face, grâce à ses moyens financiers, à ses relations diverses,….

Ensuite, vous avez la surprise de constater que le juge n’apprécie pas la réalité des faits, qu’il ne juge pas en équité, mais se contente d’appliquer de manière abstraite des règles de droit.

Quoiqu’injuste, et antipopulaire, les dirigeants bourgeois en charge des affaires aujourd’hui, se méfient malgré tout de cette « justice », aussi limitée soit-elle, en la privant de moyens, notamment en personnel suffisant. De plus, dans un impérialisme déliquescent, une partie de la classe dirigeante se tourne même contre sa propre justice, la trouvant trop laxiste quant aux peines appliquées au peuple, et reprochant à toute une catégorie de juges de trop prendre au sérieux les « valeurs républicaines ». Pour cette catégorie de dirigeants, ces valeurs sont passées de mode et ils souhaitent lui substituer des valeurs plus musclées, fascisantes.

Quant à cette opposition de diverses couches de la bourgeoisie, concernant la conception d’une justice plus ou moins sévère, il s’agit bien d’une contradiction secondaire au sein de la bourgeoisie, entre une conception « plus musclée » de la justice de classe, justice populiste qui souhaite intégrée une participation populaire à sa mise en œuvre, en escomptant une dureté accrue pour les classes les plus pauvres, et une autre fraction de la bourgeoisie, qui estime que, pour sauvegarder la vision d’une justice « objective et neutre », et tromper les masses sur son contenu réel, il convient de maintenir en activité, comme une sorte de cache-sexe, les principes « humanistes bourgeois » de la justice classique.

 

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