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27 août 2023 7 27 /08 /août /2023 07:32

(Partie 6) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

 

 

Loges maçonniques: De 1727 à 1789, la France se couvre de 1000 loges civiles et 300 loges militaires, regroupant quelques 50 000 initiés.

 

Les idées philosophiques, par de nombreux supports, et de multiples intermédiaires, ont fini par toucher les milieux populaires. Se développe le droit de penser et de juger par soi-même. Les collèges, la gazette, la presse, les lieux de sociabilité (loges maçonnique, Académies,…) sont autant de moyens.

Les initiés n’ont pas provoqués la révolution française. Ils se sont même divisés sur la marche à suivre. Pour autant leurs valeurs se retrouveront dans les idées nouvelles : tolérance, liberté, abolition des privilèges…

Une légende impute aux francs-maçons une lourde responsabilité dans la révolution et la Terreur. Née dès 1792 sous la plume de l’abbé Lefranc (Le voile levé pour les curieux), popularisée en 1797 dans les milieux de la contre-révolution par l’abbé Barruel (Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme), poursuivi au XX° siècle par Augustin Cochin (La révolution et la libre-pensée) elle met en évidence le prétendu grand nombre de révolutionnaires maçons.

En 1789, les frères sont moins de 50000. Les maçons ont des réactions très variables face aux épisodes de la révolution : le duc de Luxembourg émigre dès 1789, Chaumette devient l’un des enragés les plus en vue pendant la Terreur, Buonarroti, le frère d’armes de Babeuf, est maçon, tout comme Joseph de Maistre, l’une des grandes voix de l’histoire contre-révolutionnaire du début du XIX° siècle. Cela s’explique par une maçonnerie très disparate – socialement, philosophiquement, politiquement.

Dans la Sociétés des amis des Noirs, œuvrent, à partir de 1788, nombre de frères autour de Condorcet et de Brissot.

Pendant les premières années de la révolution, les loges ralentissent leurs activités. D’autres espaces de sociabilité se sont ouverts : clubs, assemblées électorales, qui reprennent des pratiques fraternelles. Ainsi concurrencée, la maçonnerie perd de son intérêt. A Paris même ne subsiste, en 1794, que trois loges.

 

Du symbole à la réalité :

Comment expliquer la quasi disparition des loges maçonniques au cours de la Révolution ?

Si la maçonnerie a été une école pour répandre les Lumières, l’esprit de liberté » et d’égalité, la laïcité, par contre dès le départ de la révolution, la réalité l’emporte dur le symbole.

Ainsi pour couper court à toutes les spéculations entretenues sur ses intentions, Philippe d’Orléans fit publier cette lettre importante dans le Journal de Paris du 22 février 1793 :

« Dans un temps où personne, assurément, ne prévoyait notre Révolution, je m'étais attaché à la franc-maçonnerie qui offrait une image d'égalité, comme je m'étais attaché au parlement qui offrait une image de la liberté. J'ai, depuis, quitté ce fantôme pour la réalité. Au mois de décembre dernier, le secrétaire du Grand Orient s'étant adressé à la personne qui remplissait auprès de moi les fonctions de secrétaire du Grand Maître, pour me faire parvenir une demande relative aux travaux de cette société, je répondis à celui-ci, sous la date du 5 janvier : « Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient est composé, et que, d'ailleurs, je pense qu'il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement, je ne veux me mêler en rien du Grand Orient ni des assemblées de francs-maçons ». Un « froid glacial » accueillit cette déclaration puis on procéda à la dégradation maçonnique du citoyen Égalité en le faisant démissionnaire, et on le dépouilla de son titre de Grand maître

Les maçons étaient présents dans de nombreuses couches de la société :

o  A la cour du Roi ;

o  Dans l’aristocratie, et en cela, la franc-maçonnerie a participé au « suicide de la noblesse » ;

o  Dans le Tiers Etat, et plus particulièrement dans la haute bourgeoisie et la bourgeoisie ;

Ainsi, certains maçons ont émigré, d’autres ont été tués et guillotinés. A chaque phase d’approfondissement de la révolution, de nouveaux maçons ont soit émigrés, soit été tués, notamment en 1792 et lors de la Terreur. Ces maçons ne voulaient pas aller jusqu’au bout de la logique révolutionnaire. Au fur et à mesure de la progression de la révolution, certains défenseurs de celle-ci veulent freiner son train, et l’arrêter. Mais il est trop tard. Pour certains, sans roi, pas de propriété. La propriété doit être préservée. Pour d’autres (tel Billaud Varenne), la répartition des biens entre les citoyens doit s’effectuer de la manière la plus égalitaire possible.

Le franc-maçon est, par définition, selon le rituel du 1° degré de l’époque, « également ami du riche et du pauvre, s’ils sont vertueux ».

Robespierre n’était pas franc-maçon. Mais il avait toutes les caractéristiques d’un maçon sans tablier. Par contre son père et son grand père paternel l’étaient.

Dans un discours, daté du 5 décembre 1790, concernant les gardes nationales, Robespierre fait la proposition de dix-sept articles du décret et il insiste particulièrement sur l’article 16 : « Les gardes nationales porteront sur leur poitrine ces mots gravés : LE PEUPLE FRANÇAIS, et au-dessous : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE. Les mêmes mots seront inscrits sur leurs drapeaux qui porteront les trois couleurs de la nation. »

Robespierre vient d’inventer la devise de la république, qui est aussi celle d’une partie de la franc-maçonnerie.

Alors qu’une grève a éclaté à l’Arsenal de Toulon, en décembre 1790, Robespierre intervient en faveur des grévistes. L’intervention est vite connue et imprimée à Toulon et le club patriotique de Toulon adresse au « frère Robespierre » une lettre :

« Robespierre, car votre nom vaut lui seul l’éloge le plus pompeux, La Société des Amis de la Constitution a reçu avec reconnaissance le nouveau discours que vous lui avez fait passer… Continuez, bon citoyen, à éclairer la Nation sur ses véritables droits. Bravez l’opinion de ces hommes vils et ignorants que l’aspect de la liberté effraye et dont l’âme pétrie de préjugés est insensible à la voix de la Raison et soyez sûr de l’estime de vos frères que vous aurez si bien méritée par votre dévouement à la chose publique. »

 

LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSION RELIGIEUSE (LE PAPE)

LE CULTE DE L’ETRE SUPREME ET LA LAÏCITE :

LE TRONE ET L’AUTEL, L’UN SUPPORTANT L’AUTRE.

 

Le déisme de Robespierre n’est pas éloigné de la notion d’un dieu, Grand Architecte de l’Univers, selon Rousseau.

Robespierre se méfie du clergé, toujours en rapport avec les contre-révolutionnaires, alors que la France est en guerre contre eux, et il demande avec insistance que les prêtres réfractaires au serment à la Constitution et à la vente des biens du clergé soient arrêtés.

La création du calendrier républicain, les décadis, par Fabre d’Eglantine qui commence en vendémiaire, an II de la république, est faite dans une intention anticléricale pour que la vie des Français ne soit pas rythmée par les fêtes religieuses. La déchristianisation de la France est en marche, la fête de la déesse Raison a lieu à Notre-Dame. De nombreux prêtres se défroquent officiellement et font assaut de zèle révolutionnaire.

Robespierre, en disciple de Rousseau, est déiste. Il voit d’un mauvais œil cette politique s’accentuer sous la pression des Hébertiste et décide de lui donner un coup d’arrêt. Il le fait lors d’un discours prononcé à la Convention, le 1° frimaire, an II (21 novembre 1793). : « « Gardons-nous de blesser cet instinct sacré et ce sentiment universel des peuples. L’idée d’un Grand Etre qui veille sur l’innocence opprimée et qui punit le crime triomphant est toute populaire. »

Il prononce cette phrase : « Si Dieu n’existe pas, il faudrait l’inventer. »

Robespierre élève au niveau de divinités et souhaite que l’on fête la Liberté, l’Egalité, la République, la Vérité, la Justice, la Pudeur, l’Enfance, la Jeunesse, l’Age viril, le Bonheur, etc.

Sur la charrette qui l’emmène à la guillotine, Robespierre est insulté par des gens qui lui reprochent d’avoir institué la loi du maximum des salaires.

La fête de l’Unité sur la place de la Concorde le 10 août 1793)

C’est la fête de l’Unité et de l’indivisibilité, dont les cinq grandes étapes ont été soigneusement mises en scène par David. Elle inaugure les grandes cérémonies de la Convention montagnarde. Les épreuves de l’eau et du feu, qui scandent le parcours initiatique proposé, renvoient à des références maçonniques. 

Robespierre a contribué à lutter contre le fanatisme religieux et contre le monopole de l’Eglise catholique, le haut clergé étant l’allié de la noblesse. Mais il n’a pas été conséquent dans cette lutte, n’allant pas jusqu’à l’athéisme, ni jusqu’à la laïcité et la séparation de l’église et de l’Etat. Il a préféré substituer au culte ancien le culte de l’Etre suprême.

Du point de vue religieux, je donnerai à Robespierre une boule noire : s’il a effectivement combattu avec détermination l’Eglise catholique, alors hégémonique, et alliée du féodalisme, contribuant à donner la liberté de croyance aux autres cultes (juif, protestants,…), il n’a pas été jusqu’au bout de la logique. Il a persécuté les déchristianisateurs, et a cherché à imposer le culte de l’Etre suprême, s’inspirant de la profession de foi du vicaire savoyard de Jean Jacques Rousseau.

Le catholicisme, et la religion en général, sont éminemment un reste féodal de très grande importance.

Importance du calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, afin de supprimer toute référence religieuse. Ce calendrier fut utilisé de 1792 à 1806, ainsi que brièvement durant la Commune de Paris de 1871. Le calendrier fut réutilisé pendant 15 jours et uniquement dans le Journal Officiel de la Commune de Paris en 1871 (an 79 ou LXXIX)

 

LE CULTE DE L’ETRE SUPREME :

Robespierre : « Prêcher l’athéisme n’est qu’une manière d’absoudre la superstition et d’accuser la philosophie ; la guerre déclarée à la divinité n’est qu’une diversion en faveur de la royauté. »

« L’idée d’un Grand Etre qui veille sur l’innocence opprimée et qui punit le crime  triomphant est toute populaire. »

La déchristianisation, la laïcité. Joseph Fouché, déchristianisateur en chef.

La révolution est impuissante à détruire les fondements religieux de l’autorité monarchique. Michelet voit dans le christianisme et la révolution deux principes incompatibles. Edgar Quinet, pour sa part, affirme que, religieuse en son essence, la révolution procédait de l’inspiration du christianisme primitif.

Par la Terreur, les révolutionnaires « ont eu peur de la révolution ». (Edgar Quinet).

Marx : « Tout le terrorisme français ne fut qu’une manière plébéienne d’en finir avec les ennemis de la bourgeoisie, l’absolutisme, le féodalisme et l’esprit étriqué petit-bourgeois. »

Réinstaurer le culte de l’Etre Suprême. BABEUF.

Problème de la déchristianisation. Identification entre l’Eglise et la féodalité (Moyen-âge)

Le 6 mai 1794, l’Incorruptible monte à la tribune. Il a revêtu ses habits sacerdotaux, une redingote bleu ciel et des bas blancs.

Dans le silence de mort qui accueille à présent chacune de ses apparitions, il se dresse et dévisage d’abord longuement, sans parler, la figure de plusieurs députés présents. Puis il commence avec une voix étrange, à la fois exaltée et monocorde…

Il établit d’abord que les Français sont au comble du bonheur : « C’est dans la prospérité, dit-il, que les peuples doivent se recueillir pour écouter la voix de la sagesse… »

Par degrés, il demande aux députés de reconnaître l’existence d’un «  Etre suprême et l’immortalité comme puissance dirigeante de l’Univers. » Puis à la stupeur des uns, à l’enthousiasme des autres,… il veut donner à sa vibrante profession de foi la forme d’un … décret d’application immédiate !...

Le décret fabuleux qui institue en France une nouvelle religion et propose une fête dans le style des célébrations antiques est voté d’enthousiasme et sans discussion.

 

 

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26 août 2023 6 26 /08 /août /2023 08:06

(Partie 5) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

« Le 32° est un degré initiatique. Que pensez-vous de cette affirmation ? »

 

Voici, en annexes, deux illustrations de la démarche maçonnique, l’Arbre de Vie, et un commentaire de Jean Mourgues.

 

ANNEXE 1 :

Les 32 sentiers de la Sagesse :

Selon Kircher (1602-1680), l’arbre séfirotique est un calque du Temple de Salomon, qui fut construit pour abriter l’Arche d’Alliance.

Les trois piliers : 2 – 5 - 6.

Définitions :

1 Keter Initié : 1° Voie : la Couronne. L’Infidélité. La Couronne/ Les Cornes.

2 Chokhmah : 2° Voie : la Sagesse. La Colère. La Sagesse/ La Folie.

3 Binah : 3° Voie : l’Intelligence. L’Avarice. La Compréhension/ La Haine.

4 Chesed : 4° Voie : la Grâce. La Miséricorde. L‘Idolâtrie. L(Humilité/ La Vanité.

5 Gevurah : 5° Voie : la Force. La Sévérité. L’Egocentrisme. Le Courage/ La Lâcheté.

6Tiféret : Compagnon : 6° Voie : la Beauté. La Lâcheté. L’Amour/ L’Egocentrisme.

7 Netzach : 7° Voie : la Vertu. La Victoire. La Vanité. La Vérité/ L’Idolâtrie.

8 Hod : 6° Voie : la Splendeur. L’Arbre Sec. Le Don/ L’Avarice.

9 Yesod Apprenti : 9° Voie : le Fondement. L’Aigle. La Patience/ La Colère.

10 Malkhut Récipiendaire : 10° Voie : le Royaume. Le Taureau. La Fidélité/L’Infidélité.

11 Da’at Maître : la Connaissance

12 Profane : la monde profane

Les cinq voyages :

12 à 10 : Premier voyage. Le Cabinet de réflexion. La Terre = le Parvis.

10 à 9 : Deuxième voyage. L’Eau = l’Hulam.

4 -5 : 19° Voie : l’Ermite. Le Passage.

4 – 7 : 21° Voie : la Force. La Tempérance.

5 – 8 : 23° Voie : la « Mort ». Le Pélican.

7 - 9 : 28° Voie : la Lune. Les Personnes à Amphores.

7 - 10 : 29° Voie : le Soleil. Les Personnes à Amphores.

8 - 9 : 30° Voie : le Jugement. Les Personnes à Amphores.

8 - 10 : 31° Voie : le Monde. Le Lion Ailé.

10 – 9 : 32° Voie : le Fou. L’Ange.

9 à 6 : Troisième voyage : Le Feu = l’Hekal.

2 – 6 : 15° Voie : le Pape. L’Eléphant.

3 – 6 : 17°Voie : le Chariot. L’Epée.

4 – 6 : 24° Voie : la Tempérance. Le Phénix.

5 – 6 : 22° Voie : le Pendu. L’Homme au Bandeau.

6 – 7 : 20° Voie : la Roue de Fortune. Le Soleil.

6 – 8 : 26° Voie : la Maison Dieu. Le Lion.

6 – 9 : 25° Voie : le Diable. L’Aigle.

7 – 8 : 27° Voie : les Etoiles. Les Personnes à Amphores.

6 à 11 : Quatrième voyage. L’Air = La Chambre du Milieu.

2 – 3 : 14° Voie : l’Empereur. La Colombe.

2 – 4 : 16° Voie : l’Amoureux. Le Serpent.

3 – 5 : 18° Voie : la Justice. La Lune.

11 à 1 : Cinquième voyage : L’Ether = le Débhir.

1 – 2 : 11° Voie : le Bateleur. Les Masques.

1 – 3 : 12° Voie : la Papesse. Le Dragon.

1 – 6 : 13° Voie : l’Impératrice. Le Dauphin.

33° degré :

De Aïn Soph à la Couronne. L’Arbre Fleuri.

 

Correspondance des officiers dans le temple REAA :

1 Vénérable maître                    7 Surveillant 1

2 Secrétaire                            8 Surveillant 2

3 Orateur                                9 Couvreur

4 Maître de cérémonie              10 Trésorier

5 Expert                                  11 Aucun

6 Hospitalier                            12 Aucun

Tabliers :

Apprenti : 4 – 5 – 7 – 9 – 8

Compagnon : 5 – 7 - 8 et 4 – 5 – 7 – 8

Maître : 2 – 3 – 11 et 2 – 3 – 5 - 4

 

ANNEXE 2 :

Commentaire de Jean Mourgues :

« Une progression ou plutôt des cercles concentriques que l’on parcourt, une sorte de spirale qui va se resserrant… Poursuivant sa voie initiatique, le maître travaille donc toujours pensant qu’il peut agir sur le monde sans toutefois avoir la moindre illusion. Mais il ne veut pas tomber dans le néant et s’exposer à une rupture de l’unité de l’être, source d’illusion.

S’il revoit son cheminement, s’il se tourne vers l’arrière, il peut se recycler :

Le moment où il a découvert qu’il faisait partie d’un tout, de l’univers. Avant, il existait coulant sa conscience dans la conscience universelle, il était une partie de cet univers :

Je suis celui qui suis.

Puis c’est l’émergence du Tout par l’acquisition d’une personnalité de désir de volontés… La loge est de première importance pour ce stage : il nous faut des signes, il nous faut mettre de l’ordre, séparer fins et moyens, objectifs réels et supposés, nécessaires et imaginaires… C’est le stade le plus long sinon le plus difficile : on commence à comprendre que l’on est seul, et que cette émergence nous conduira à la recherche d’une solution personnelle, hors de tout modèle.

Je suis ce que je suis.

La poursuite de cet effort de dépersonnalisation conduit paradoxalement à un stade de la pensée tout à fait inattendu : on quitte le manifesté, noms, formes, distinctions, pour entrer dans l’intemporel.

Nous redevenons le Moi, mais pas celui que l’on avait isolé du Tout. C’est un moi pur, dépouillé, non asservi, non conditionné. Tout aussi dérisoire, mais lumineux, créateur.

JE SUIS. »

 

 


 

 

 

 

 

A.                   La Révolution française :

 

La franc-maçonnerie se réclame d’idéaux révolutionnaires (« Liberté, Egalité, Fraternité », laïcité,…) ; aussi convient-il d’examiner le contexte de ces idéaux. Lorsque l’on parle de la révolution, de quoi parle-t-on ? Il y a eu plusieurs phases. Et les révolutionnaires eux-mêmes ont daté l’an I de la révolution, non de 1789, mais de 1792 !

En 1789, il y a très peu de républicains, mais il y a beaucoup d’opposants à la monarchie absolue.

Alors que pour certains, la Révolution aurait dérapée en 1791, il apparaît plutôt que l’an II reste un exemple de révolution égalitaire et fraternelle. Tant que la révolution n’est pas terminée, la violence est légitime.

 

La grande révolution fut une révolution bourgeoise et, dans ses résultats, elle ne pouvait être que bourgeoise.

Sous l’angle de ses résultats objectifs, la révolution française n’avait pu être, étant donné les conditions objectives matérielles de l’époque, que bourgeoise.

Mais la révolution bourgeoise sous-tendait un second mouvement, populaire, qui voulait aller plus loin.

Engels : « À côté de l’antagonisme de la féodalité et de la bourgeoisie, existait l’antagonisme universel des exploiteurs et des exploités, des riches paresseux et des pauvres laborieux. »

Engels a énoncé la loi suivante : « Tout parti bourgeois, un moment placé à la tête du mouvement, se voit déborder dans ce mouvement même par le parti plébéien ou prolétarien qu’il a derrière lui. »

Marx montra que le mouvement révolutionnaire en 1793 tenta (un moment) de dépasser les limites de la révolution bourgeoise ;

Les bras nus mènent la révolution bourgeoise jusqu’à son terme.

La peur qu’inspire à la bourgeoise l’avant-garde populaire la fait renoncer à porter des coups trop rapides et trop brutaux à la contre-révolution. Elle hésite à chaque instant entre la solidarité qui l’unit au peuple contre l’aristocratie et celle qui unit l’ensemble des possédants contre les non possédants. Cette pusillanimité la rend incapable d’accomplir jusqu’au bout les tâches historiques de la révolution bourgeoise. « Aucun des démocrates de la gauche la plus populaire, ni Robespierre, ni Pétion, n’osèrent parler de l’expropriation sans indemnité. » (Lefebvre).

La révolution française est jusqu’en 1871 un horizon français indépassable.

La révolution française est une référence de la franc-maçonnerie, ne serait-ce que par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et le mot d’ordre : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Si l’historien Michelet interrompt le courant révolutionnaire par la mort de Robespierre, la période qui suit étant un contre-courant réactionnaire, il est légitime de prendre en considération les périodes 1789 à 1799, et même au-delà, jusqu’en 1815, la période du consulat et de l’Empire étant une période de consolidation des acquis révolutionnaires.

Cependant, concernant la franc-maçonnerie, étant donné la très grande diversité au sein de ces périodes, il est juste de s’interroger sur le contenu exact des références que sont la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la devise « Liberté, Egalité, Fraternité »/

Il est à noter que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :

·   Appartient au début de la révolution, période qui n’a pas encore mis fin à la monarchie absolue, et qui correspond à la lutte pour la Liberté. Une seconde période de 1792 à 1794 correspond à la lutte pour l’Egalité et à un approfondissement des droits qui se manifestent dans la Déclaration des droits de 1793. L’an I de la Liberté est inauguré par le 14 juillet 1789, et l’an I de l’Egalité est ouvert par le 10 août 1792 ;

·   La déclaration de 1789 présente un aspect inachevé, puisqu’elle s’arrête sur l’article 17 relatif à la propriété ;

·   L’ensemble des déclarations des droits présentent un aspect bourgeois : ils sont à la fois formels, et accentuent la protection de la propriété bourgeoise ;

1. Ces déclarations doivent être complétées par les acquis obtenus depuis la révolution, notamment par la Commune de Paris de 1781, le Front Populaire et la Résistance.

 

LA FRANC-MACONNERIE ET 1789 :

 

Mort du Roi :

Neuf francs-maçons refusent la mise en accusation et toute condamnation : Defermon, FoKedey, Le Maréchal, Le Maignan, L’Official, de Mazède, Morisson, Doulain de Grandpré, Dayre.

Trente-six députés francs-maçons votent la réclusion ou le bannissement. Parmi eux : Bobay, Bancal des Issarts, Barère de Vieuzac, Chaset, Collombel, Coupé de Kervenno, Duport, Gouly, Humbert, Mercier, Peries, Saurinve, Savary, de Pillery, etc.

Dix-sept conventionnels francs-maçons, absents au moment du vote, approuvent par procuration la condamnation à  la mort : Belmain, Blairel, Cherner, Comte de Fourcroy, l’abbé Grégoire, Merlin de Thionville, Mirande, etc.

Huit  autres conventionnels francs-maçons votent la mort avec sursis (sic) : Brissot, Duplantier, Fortuné, etc.

Quatre-vingt  délégués francs-maçons ont voté la mort, dont certains nobles comme Philippe Egalité, le marquis de Jonquière, Le Peletier de Saint-Fargeau,…

 

Composition des trois assemblées :

Constituante :

·   Députés francs-maçons du Tiers : 115

·   Députés francs-maçons de la Noblesse : 80

·   Députés francs-maçons du Clergé : 19

·   Députés francs-maçons suppléants ayant siégé :

o Tiers : 4

o Noblesse : 5

o Clergé : 2

 

Législative :

·   Députés francs-maçons : 100

·   Députés francs-maçons suppléants ayant siégé : 8

 

Convention :

·   Députés francs-maçons : 164

·   Députés francs-maçons suppléants ayant siégé : 8

 

Composition des Etats généraux : plus de 500 francs-maçons y furent délégués sur 1600 membres, c’est-à-dire 30 %.

Le nombre de députés et députés suppléants francs-maçons, respectivement à la Constituante, puis à la Législative et enfin à la Convention, est estimé à environ 210 à 220, soit 30 % de la composition de ces assemblées.

En 1736, un édit royal interdisait les tenues de loges. En 1738, le pape Clément XII interdit la franc-maçonnerie. En France, la franc-maçonnerie était opposée à la fois à l’Eglise et à la monarchie.

En 1789, on compte plus de 600 loges, dont 39 dans les colonies d’outre-Atlantique, et 69 dans les régiments.

Il se fonda à Paris, par des maçons, une « Société des Amis des Noirs »prônant leur libération des chaînes de l’esclavage. Chevilles ouvrières : Brissot et Olympe de Gouges.

En 1789, déjà 30 000 aristocrates émigrent, chiffre énorme pour l’époque.

Il y avait tout un panel de francs-maçons, depuis la franc-maçonnerie de pacotille qui entoure Marie-Antoinette, jusqu’à la franc-maçonnerie la plus révolutionnaire.

 

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25 août 2023 5 25 /08 /août /2023 09:05

(Partie 4) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

 

Question 33° degré

« Le 32° est un degré initiatique. Que pensez-vous de cette affirmation ? »

 

INTRODUCTION :

Que signifie « initiation ? Le sens le plus élémentaire, c’est « commencer quelque chose de nouveau, apprendre, passage,… ». Dans ce cas, il y a de nombreuses initiations profanes et maçonniques, comme par exemple, apprendre une langue, apprendre à conduire un véhicule, etc. Et dans ce cas, tous les grades maçonniques sont initiatiques. Cette planche sera centrée sur l’initiation maçonnique : c’est une problématique à la fois simple et complexe. Simple, parce que l’objectif du franc-maçon est de se connaître soi-même, et donc répondre à la question : « Qui suis-je ? ». Cela semble simple, parce que tout au cours de la vie, chaque jour, on utilise le « je », et aussi le « tu » et le « il ». Dans ces conditions il est tout à fait invraisemblable que chacun ne se connaisse pas lui-même. Et pourtant ce « je » repose sur de nombreux éléments : le corps, le mental, la conscience quotidienne, etc., et également ce « « je » remplit de nombreuses fonctions : père de famille, mari, rôle social, politique, etc. Et pourtant ! Quelle complexité : qui est le « JE » ? Et si ce n’était ni le corps, ni le mental, ni la conscience, etc., tous ces éléments auxquels « je m’identifie » ? Et si, derrière tous ces rôles, était voilé un Témoin, dont la démarche, à travers les divers degrés de la franc-maçonnerie, a pour but la découverte.

La vie est un pèlerinage. Elle a un sens et un but. De nombreuses voies prétendent mener à ce but. Outre la voie maçonnique, les religions, le yoga, etc. Les initiés sont ceux qui ont atteint ce but. Ce sont les Veilleurs et les Vivants. Les autres demeurent des morts (comme dit le Maître Jésus : « Laissez les morts enterrer les morts »). La Tradition est une montagne, avec de nombreux sentiers, et chaque sentier mène au sommet, la connaissance de « Je-Je ». La lumière vient à chacun sous deux conditions : d’abord il faut la demander, ensuite, il faut la mériter.

Le Sépher Yetsirah (Livre de la Création), qui serait l’œuvre orale d’Abraham, suite à son initiation par Melchisédech, présente les trente-deux voies merveilleuses de la sagesse (voir Annexe 1). Ce livre commence ainsi : « Par les trente-deux voies de la sagesse, l’Architecte a gravé. » Ces voies sont les dix Séphirot ou nombres primordiaux et les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque. En conséquence, le 32° degré est un échelon de l’échelle des 33 grades du rite écossais ancien et accepté, qui mène à cet objectif.

 

Première partie : Les 33 grades du rite écossais ancien et accepté sont initiatiques...

Définition du 32° degré :

     D’un point de vue maçonnique :

Le 32° grade est celui de « Sublime Prince du Royal Secret ». Le terme de prince indique qu’il ne s’agit pas encore du titre le plus élevé, qui est celui de roi. Le royal secret, c’est cette clef mystérieuse que chaque franc-maçon recherche depuis sa première initiation, cette Parole perdue à la mort d’Hiram, ce Verbe créateur. Depuis cette date, nous avons parcouru du chemin. Notamment, au 18° grade, nous avons appris que ce qui est perdu, c’est l’Amour. Et depuis cette date, par un long et minutieux travail, nous nous préparons à recevoir ce Royal Secret. L’adage dit : « Le Maître (ici le Maître intérieur, le Soi) apparaît lorsque le disciple est prêt ». L’initiation intervient au moment venu, à celui ou à celle qui est apte à la recevoir, dans le cadre d’une quête menée volontairement. Donc, après l’initiation ultime, celle du 33° degré, chacun peut s’élancer, s’il est élu, vers l’Infini, déjà vaguement entre aperçu au 13° degré. Etant alors libéré de l’emprise de l’ego, la franc-maçon peut laisser le Soi s’épanouir.

A partir du 4° grade, dans le Temple, tout respire la sérénité : nous sommes désormais dans le monde des morts, qui est aussi le monde des Vivants, le monde de ceux qui ont renoncé au profane et à ses valeurs matérielles, pour grimper l’échelle de tous les grades, qui nous mènent au SECRET ULTIME : le Sagesse, la Joie, l’Eveil intérieur. En tout cas, nous nous préparons intérieurement, pour être prêt à recevoir la Grande Lumière. Il convient de dénouer les différents nœuds qui lient la conscience et qui font que celle-ci s’identifie trop et à tord au corps et à l’ego. Autrement dit, il s’agit d’ouvrir et d’étendre notre conscience afin qu’elle puisse fusionner avec la conscience universelle, car qui se ressemble s’assemble.

Lors de l’initiation au 32° degré, il est prononcé la phrase mystérieuse renfermant le Royal Secret : « Que la Lumière qui est en nous, nous guide ».

La disposition du Camp des sublimes Princes du Royal Secret représente une synthèse des 33 grades, y compris le 33° degré en son centre. C’est, à titre individuel, la formidable armée que chaque franc-maçon a constitué au de décennies de maçonnerie. Cette armée intérieure est faite de tous les acquis obtenus, et de tous les grades maçonniques, dont les titres ronflants voilent et dissimulent autant de vérités intérieures. Il s’agit de mener une ultime croisade, le grand djihad, qui consiste à investir notre Lieu Saint, le Saint des Saints : il s’agit donc de détruire l’ego, cet usurpateur, pour que le Roi, le Soi puisse monter sur le trône laissé ainsi vacant.

n      Du point de vue de la Kabbale :

L’Arbre de la Vie est d’abord descendu, de Kéther (la conscience universelle) à Malkouth, en passant par Tiphéret (le cœur) ; puis la remontée en passant de Malkouth à Kéther en passant par Tiphéreth. On parcourt un 8 couché, celui de l’infini. Le cercle du haut est dans le monde spirituel. Le cercle du bas est dans le monde matériel. Tiphéret est à la fois, l’Amour, le buisson ardent et le sexe de la Mère. Les trente trois grades représentent les trente trois étapes de la remontée, ou réintégration.

Le 32° sentier se trouve entre deux séphiroth, entre Yessod et Malkouth. C’est donc un sentier qui est parcouru à la fin lors de la descente et au début lors de la montée. C’est le retour à l’Unité, à la dimension infinie et éternelle de l’univers.

La franc-maçonnerie est, non une voie de croyance, mais une voie de connaissance. Ce qui compte, c’est le processus d’élévation de la conscience, et non l’adhésion à des dogmes. Elle n’a de sens que si elle est mise en œuvre dans la vie quotidienne. Les trois premiers grades, qui donnent la plénitude de l’état maçonnique, donnent à l’initié une vision du monde qui repose sur l’humanisme et la spiritualité. Ensuite, les 30 degrés du REAA conduisent à connaître l’Amour, Universel, pour le mettre en œuvre dans sa vie personnelle et la vie sociale. L’Amour est la dimension éternelle et infinie de l’univers : car ce qui a été perdu, et qu’il convient de retrouver, c’est cet Amour. Le symbole de cet Amour est la Vie, et plus encore la Lumière. Le principal obstacle nous est indiqué dès le début : c’est l’hypertrophie du Moi, de l’Ego. C’est un cheminement que l’on doit parcourir soi-même pour soi-même, sans compter sur autrui, gourous de toutes sorte. Nos propres efforts nous mènent de Malkouth à Kéther. Puis il y a intervention de « Ein Sof », selon l’adage : « Le Maître vient lorsque le disciple est prêt ». Les qualités dont il faut faire preuve : humilité, simplicité, patience et persévérance.

Nous parcourons constamment de haut en bas (naissances) et de bas en haut (réintégrations) l’Arbre de Vie. Dans le premier cas, il s’agit de « jours » (les six puis sept jours de la Genèse), dans l’autre sens il s’agit de ciels (les dix cieux du livre d’Enoch). Ce cheminement se fait en spirale, avec des retours en arrière, et il est rythmé de morts et de renaissances (initiations). A un moment, nous parvenons à la onzième porte, celle qui est entrevue, notamment au treizième grade, celui de Royal Arch, au REAA. C’est la porte qui donne accès à l’infini et l’éternité, l’Ein Sof. Cette porte ne s’ouvre que par la grâce de notre Maître intérieur, le Soi, ou la Conscience Universelle. Comme le dit l’adage, « le Maître apparaît quand le disciple est prêt ». Les indices du « libéré vivant » qui est parvenu effectivement à ce terme, sont : le silence, la béatitude et la paix profonde.

On peut lire dans le Sepher Yetsirah : « … De l’esprit du Dieu Vivant a émané l’air ; de l’air, l’eau ; de l’eau, le feu ou l’éther ; de l’éther, la hauteur et la profondeur, l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud… ». Cette description se réfère aux caractéristiques du monde manifesté ; et donc au principe terre. Il s’agit de l’émanation des principes à partir d’une source unique : la dimension infinie et éternelle de l’univers. La réalité matérielle est la conséquence de la projection de l’une de ses vertus dans l’espace. Cette vertu initiale a donné naissance à une autre, jusqu’à un total de dix projections ou émanations. La dixième projection a pour nom « Malkuth », le Royaume, et représente symboliquement le monde terrestre, le plan matériel. Sans elle, les autres ne pourraient être parfaitement connues, car bien qu’étant la plus éloignée de la première (Kéter, la Couronne), elle entretient avec elle la plus grande affinité. C’est en maîtrisant Malkuth, que nous pouvons atteindre le 33° et dernier degré. La Kabbale nomme cette sephira « Royaume », et qui dit Royaume, dit également « roi ». Il nous appartient de devenir notre propre roi, afin de pouvoir un jour porter la couronne de la Royauté spirituelle, et réaliser notre régénération au sein de la totalité. La terre est mon laboratoire, et c’est en apprenant à maîtriser sa vie terrestre que je peux prendre conscience de ma perfection latente.

 


 

« Le 32° est un degré initiatique. Que pensez-vous de cette affirmation ? »

 

Seconde partie : …Mais cela implique des francs-maçons mûrs qui pratiquent effectivement les valeurs de la franc-maçonnerie.

Une telle affirmation suppose d’abord que l’on est parvenu à la maîtrise, notamment du mental. Il faut se poser, en tant que francs-maçons, les questions suivantes : « Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Que voulons-nous ? »Quand on maîtrise le mental, on maîtrise tout le reste. La recherche du Soi par le mental ressemble à celle du berger cherchant un agneau qu’il ne cesse cependant de porter sur ses épaules. La réalité de l’Etre, du Soi, évidente par elle-même, n’a « besoin » d’aucune preuve extérieure. Elle est antérieure à toutes nos pensées, présupposition nécessaire de toutes nos connaissances et actions ; fondement de notre existence, elle nous précède et nous constitue. Pourtant, on oublie cette évidence. Le remède à cette situation erronée est une sorte d’éveil, une « réintégration », un « retour à la source », et ceci justement ne peut se faire que par une expérience personnelle.

Selon l’adage : « Toute chose se fait connaître par ce qui lui est semblable ». On ne peut donc contempler le Soi universel que par le Soi qui est en nous. Que dois-je faire pour atteindre cet état ? Je dois nettoyer mon temple intérieur, afin que cet hôte, le Soi, puisse se révéler en lui. Je suis la flûte, et le Soi est le flûtiste, qui souffle amoureusement dans l’instrument. Sans flûtiste, il n’y a pas de musique, mais sans flûte rendue « perméable » au Soi, aucune mélodie ne peut se manifester. L’eau du Soi ne peut s’écouler dans le vase de notre conscience, si celui-ci est déjà plein. Aussi, pour que le Soi puisse descendre en nous, il faut se « désemplir ».

L’intention de la démarche maçonnique n’est donc pas de donner à l’homme l’acquisition d’une chose nouvelle, de lui révéler un fait inconnu, mais simplement de le rendre conscient de cette réalité fondamentale, obscurcie par l’existence empirique, mais impérissable. Son rôle se résume à détruire l’ignorance que l’on compare à un nuage noir qui cache le soleil brillant, et à éveiller l’homme à la vérité (à l’alétheia – le non-oubli) de sa nature authentique. C’est aussi comme le soleil caché par un nuage. Tout comme le soleil dissimulé par un nuage, le Soi, caché par l’ego, n’a jamais disparu. Le mental ne saurait appréhender le Soi, et ce n’est qu’une fois réduit au silence et qu’aucune de ses pensées-nuages ne se présente pour obscurcir la conscience, que l’Etre pur peut se révéler dans toute sa splendeur.

Il s’agit, non pas d’ajouter quelque chose, mais d’enlever quelque chose, non pas d’apprendre quelque chose, mais de désapprendre quelque chose ; il s’agit d’enlever le voile qui couvre la pierre brute pour faire apparaître la pierre cubique. Cela rappelle le « vitriol » du Cabinet de réflexion : C’est-à-dire plonger en soi. La méthode est bien d’aller au fond de soi, dans une forme de pèlerinage, pour découvrir, dévoiler le moi profond. C’est la recherche du trésor des trésors, dans la nuit et le silence. Ce trésor c’est le Royal Secret. La vérité, c’est le mensonge plus un surplus. Par notre travail, il est demandé de perdre ce surplus.

Le monde est seulement irréel en tant que monde, c’est-à-dire en tant que chose séparée, subsistant par soi-même, mais il est réel en tant que manifestation du Soi, tout comme les événements que l’on voit sur un écran de cinéma sont irréels en tant que vie véritable, mais réels en tant que spectacle d’ombre. Cela s’appelle aussi travailler la pierre brute (l’ego) pour faire émerger la pierre cubique, ou la pierre philosophale (le Soi). La souffrance et le bien-être continuent d’exister, le monde est bien là. Mais ce n’est plus l’essentiel.

Quelle est la méthode maçonnique ? Cela consiste en deux expressions, et une phrase : les deux expressions sont « pierre brute » et « pierre cubique » et la phrase est : « transformer la pierre brute en pierre cubique », ou bien encore : « revenir à la source ». La pierre brute est la surface, la périphérie, la conscience empirique, le reflet, l’apparence, le soi reflété, empirique et apparent, le « « je » inauthentique. C’est le faux « je », le persona, ou masque. La pierre cubique est le fond et le centre, la conscience universelle, le Connaisseur et Témoin, la conscience pure, le Soi réel et transcendantal, le « Je suis » authentique et réel. C’est le vrai et seul « Je suis », l’Etre réel et profond.

Le mental ne diffère pas de l’ego et de la conscience empirique. Il s’identifie avec le corps de façon erronée, et plus grave, il s’identifie avec le Soi témoin. Le mental s’identifie avec la pierre brute.

Le retour à la source signifie connaître le Soi tel qu’il est réellement, abandonner le faux soi (le « je » physique et le mental, la conscience empirique) tout comme un acteur abandonne son rôle et demeure lui-même, n’oublie jamais qui il est en réalité. La conscience d’être est antérieure à la pensée, à l’ignorance et l’erreur, à l’illusion, au bien et au mal. Le Soi précède, il est au-delà du déroulement de la conscience relative, celle du sujet-objet. Penser relève du mental. Changer de perspective et de centre de gravité, passer de la superficie à la profondeur, de la pierre brute à la pierre cubique, c’est la mort du vieil homme. De même qu’il y a une différence entre l’état de veille et l’état de rêve, parvenir à cela, c’est la même différence qu’entre l’état de veille et l’état de rêve.

Cela ne fait pas l’objet d’une connaissance intellectuelle, verbale, ou d’une analyse psychologique. C’est une expérience immédiate. Il n’y a pas non plus une expérience du monde de la dualité, suivie d’une expérience de l’absolu. Il n’y a pas un « avant » et un « après ». Le Soi est toujours présent et sa connaissance n’est pas l’objet d’une discipline. Cette connaissance est innée et personne ne l’a jamais perdu.

Si le travail est vraiment fait, c’est la meilleure aide qu’un maçon peut apporter au monde.

Coexistent donc diverses sortes de francs-maçons :

  • Ceux qui sont étrangers à la démarche maçonnique, et qui restent des mondains (le sexe et l’argent) : affairistes,…

  • Ceux qui sont en route vers le but

  • Ceux qui ont atteints le but.

A quoi reconnaît-on ces derniers ? La paix profonde, le silence. La Lumière, la Vie, l’Amour.

Les premiers ont un « moi vert ». Les derniers ont un « moi mûr ». Ils ont travaillé sur leurs ego. Celui-ci subsiste, et leur permet juste d’enseigner aux autres. Les premiers sont des bavards : ils font « blop, blop, blop » comme un vase qui se remplit d’eau. Les troisièmes sont silencieux, parce qu’ils sont bien pleins, et l’eau qu’ils contiennent ne fait plus qu’un avec l’eau de l’océan.

Loges bleues : Certaines loges sont composées de maçons virtuels, qui sont « restés en chemin », ou bien de Narcisse qui s’admirent. A quoi le reconnaît-on ? Plus on s’écarte de la Terre (Malkuth), et que l’on se rapproche de la Grande Lumière (Kéther), et plus l’ego (les rôles, rôle social, familial, et aussi maçonnique) se déconstruit et apparaît notre véritable nature (être, conscience, béatitude, joie). Plus on est proche de la Terre, et plus l’ego s’intensifie et s’hypertrophie. Or ces frères finissent par avoir un petit je surdimensionné.

Si l’on projette ces tendances au niveau de la grande Histoire, on constate :

  • Si, au XVIII° siècle, la franc-maçonnerie est un courant globalement progressif, c’est-à-dire allant dans le sens du développent d’une république bourgeoise, affirmant les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, il a toujours coexisté un courant maçonnique faible et rétrograde (Philippe Egalité, les frères qui ont émigrés lors de la révolution française, La Fayette, etc.

  • Aujourd’hui, il convient d’être lucide sur ce que représente la franc-maçonnerie : plutôt la moyenne des classes privilégiées. Pour preuve, le climat intellectuel et moral des loges, ainsi que le coût des cotisations. Croire que la franc-maçonnerie représente le peuple français est un leurre, sinon où sont les représentants des ouvriers, des petits paysans et des employés, y compris les populations immigrées des banlieues et les chômeurs ?

Dans la loge du 18° degré, le Très Sage refuse d’exécuter la Cène, sous prétexte que cela lui rappelle de mauvais souvenirs d’expérience religieuse. Le rite, rien que le rite, mais tout le rite. La Cène renvoie à l’Arcane du Tarot, le Fou ou le Mat, qui succède à l’Arcane XXI, le Monde. Le Fou est à la fois le triomphe sur le monde extérieur et la libération, avec l’accès à l’immortalité. Le Fou est un personnage hagard, presque déculotté, emportant sur son épaule un infime baluchon, le reste du Monde, et s’en allant un bâton à la main, vers une destination inconnue. « Donner MAA », signifie dans l’Egypte antique, donner la tempe, derrière laquelle se trouve la zone cérébrale auditive. C’est l’union, la fusion avec ce qui est perçu, la réalisation de sa propre MAÂT(Vérité), la Maât universelle ou conscience universelle. Le monde existentiel devient relatif, et le monde intérieur occupe une place de plus en plus grande. Le Fou s’en va, abandonnant le monde extérieur, sans se retourner vers un passé dépassé, insensible à la morsure qui voudrait le retenir. Il ne s’inquiète pas non plus du crocodile qui le guette en avant dans un avenir improbable : il vit dans l’éternel présent. Il retourne vers l’invisible, pour rencontrer paix, sérénité, et harmonie, au-delà du vain tourbillon de l’agitation psychique qui enchaîne. La Cène est donc la Chaîne d’union, à un autre niveau, tout comme la trilogie « Foi, Espérance Charité » dépasse la trilogie « Liberté, Egalité, Fraternité ». C’est la Chaîne d’Union à un plan de conscience plus élevé. C’est un acte d’amour total, conduisant à tous les sacrifices. En cela, l’amour est folie, mais avant tout joie. C’est à cette joie que conduit la Cène, c’est-à-dire au cœur du Monde, là où règne la Conscience une et inconnaissable.

Dans la loge du 30° degré, celui du Chevalier Kadosch, un frère a fait une planche sur le thème du « retour opératif sur investissement (R.O.I.) » de la franc-maçonnerie ! C’est un peu un nouvel adage : « Fais ce que dois, et tu auras la récompense en retour » ! Quelle conception intéressée, étrangère à toutes nos valeurs de devoir et d’amour ! Cette façon de viser un résultat est une absence d’humilité et un orgueil certain indigne. Bien sûr, qu’il faut faire son Devoir, quoi qu’il en coûte, et l’adage inscrit à l’Orient est : « Fais ce que tu dois, advienne que pourra » !

Un exemple de planche au 32° degré : « Le temps a plus de temps que le marbre ou l’airain ». N’est-ce pas là s’enfermer dans le temps ? Bien sûr, on peu opposer le temps court (celui de la vie humaine) au temps long (celui des minéraux par exemple, qui se compte en millions d’années) : mais quelle différence ? Est-ce que le fait de prolonger la vie humaine, comme le prétend le transhumanisme, apportera une once de plus de bonheur ? Le rite REAA conduit chacun de nous à sortir du temps pour aller vers l’éternité. C’est ce qui est déjà pressent au 13° degré, quand l’initié descend au fond de la caverne, c’est-à-dire au plus profond de lui-même et rencontre une porte, celle de l’éternité. C’est la treizième porte, entre la Couronne et L’Aïn Sof. Plus tard, le maçon ne doit-il pas expérimenter cela ?

Ou bien faut-il croire que les maçons des hauts grades ont honte de leur rituel et ne le prennent pas au sérieux ? Dans ce cas, il ne faut pas s’attendre à ce que nos valeurs de fraternité et d’universalité rayonnent dans nos Temples et à l’extérieur des Temples. Comment combattre le terrorisme et le fanatisme si nous ne savons ni expérimenter, ni propager nos valeurs les plus hautes ?

 

CONCLUSION :

En conclusion, l'état à atteindre est la Béatitude, définie de la façon suivante par le philosophe André Comte-Sponville: "J'avais vécu un moment parfait - juste assez pour savoir ce qu'est la perfection. Un moment bienheureux - juste assez pour savoir ce qu'est la béatitude. Un moment de vérité - juste assez pour savoir, mais d'expérience, qu'elle est éternelle.  «Nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels », écrit Spinoza dans l'Éthique - non que nous le serons, après la mort, mais que nous le sommes, ici et maintenant. Eh bien voilà : je l'avais senti et expérimenté, en effet, et cela fit en moi comme une révélation, mais sans Dieu. C'est le plus beau moment que j'aie vécu, le plus joyeux, le plus serein, et le plus évidemment spirituel. Comme les prières de mon enfance ou de mon adolescence, à côté, me semblent dérisoires ! Trop de mots. Trop d'ego. Trop de narcissisme. Ce que j'ai vécu, cette nuit-là, et ce qu'il m'est arrivé d'autres fois de vivre ou d'approcher, c'est plutôt le contraire comme une vérité sans mots, comme une conscience sans ego, comme un bonheur sans narcissisme. Intellectuellement, je n'y vois aucune preuve de quoi que ce soit ; mais je ne peux pas non plus faire comme si cela n'avait pas eu lieu. " Mais si pour André Comte-Sponville, cet état de Béatitude peut être atteint par hasard, et pour une durée déterminée, la méthode maçonnique, par un travail de connaissance de soi-même, permet d'atteindre cet état et d'y demeurer pour toujours. 

Comme les mauvais compagnons, l’Initié est impatient (de réussir, d’y arriver, de transmuter,…), mais chaque chose arrive en temps et heure : Entrer dans l’Eternité, avant l’ultime initiation, la passage à l’Orient Eternel. A la fin du parcours, l’initié arrive en Kéter, à la fois le bout du chemin et le sommet de la montagne : il est prêt à prendre son envol. Alors, il n’y a plus de Temple, plus de rituel, seulement le Souffle de l’Infini. Alors, seule la Grâce peut en faire un Elu. Puis, tel un nouveau Moïse, Jésus ou Mahomet, il pourra redescendre de la montagne, pour rejoindre ses sœurs et frères humains, au sein de Malkhut.

 

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24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 08:13

(Partie 3) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

 

3.3) La loge :

Qu’en est-il si on applique cette grille de lecture à une loge ?

La participation aux Hauts grades, ou bien l’exercice d’une fonction dans la loge, comme vénérable maître, ne donnent aucune supériorité et n’apportent pas l’acquisition de nouveaux pouvoirs, occultes ou non, ni de nouveaux secrets. Affirmer le contraire est une mystification. En effet, le grade de maître donne la plénitude au franc-maçon, et il y a égalité parfaite entre tous les maîtres. Lors de l’initiation, ce n’est pas l’ego qui est exalté, mais le contraire : la mort de l’ego conduit à exalter le Soi. Le maçon doit ciseler sa pierre cubique, et non rester à la surface de la pierre brute. Le travail à faire, ce n‘est pas un gonflement de l’ego, mais un travail sur Soi. Pour supprimer les métaux (le pouvoir, le sexe, l’argent,…) et non les faire entrer dans le Temple. L’égalité maçonnique, c’est l’égalité acquise par le travail sur Soi, pour faire émerger l’être réel et véritable, la pierre cubique, en passant ou non par les Hauts grades et en exerçant ou non des fonctions au sein de la loge.

La fraternité repose sur les deux piliers que sont la liberté et l’égalité. L’égalité s’acquière par l’initiation au grade de maître. L’égalité est un des fondamentaux de la franc-maçonnerie. Il n’y a aucun « privilège » supplémentaire, autre que ceux qui s’acquièrent par l’initiation. La liberté est obtenue par la Règle, que ce soit la Règle nationale ou la Règle que se donne la loge à elle-même (le règlement intérieur). La liberté est fondée sur la Règle. Pas de liberté sans loi, mais la loi peut être modifiée.

La crise actuelle de la loge provient de la présence de trop de métaux dans le temple, à savoir des ego surdimensionnés, qui répandent des idées fausses :

  • Par exemple, une supposée supériorité des membres qui occupent (ou ont occupés par le passé)  une fonction dans la loge ;

  • Une supériorité des frères participant aux Hauts grades ; une telle croyance est source d’illusions.

  • La démocratie serait contraire à l’initiation… Dans ce cas, la désignation aux diverses fonctions s’effectue par une opération du saint-esprit ? Quelle mystification.

Ce sont là des erreurs. Il y a égalité totale de tous les maîtres de la loge : tous ont vécu une initiation qui a conduit à la mort de l’ego. Tous cheminent sur la voie royale. Il n’y a aucune supériorité de ceux qui auraient occupés le trône de Salomon.

Les diverses fonctions sont des responsabilités de service, transitoires, qui ne donnent accès à aucune supériorité. Il en est de même des divers Hauts grades. Etre au 33° grade n’est pas une garantie d’être/de rester un bon maçon. Etre 33° n’est pas la garantie d’avoir véritablement progressé sur la voie maçonnique.

La démocratie est indispensable dans le fonctionnement des loges, surtout à une période où se développe l’idéologie fasciste. S’il la démocratie n’est pas mise en œuvre, alors sur quoi repose la désignation des frères aux divers postes ? La magouille ? Le favoritisme ?

Si une Règle peut être modifiée et adaptée, par contre, il est indispensable que la loge dispose d’une Règle et l’applique, surtout en cas de défaillance de la fraternité. Il convient en particulier d’appliquer la règle que l’on se donne à soi même, le règlement intérieur. Si ce n’est pas le cas, on peut s’interroger sur la valeur du serment, mais aussi sur le caractère sérieux que l’on donne à toutes les autres valeurs, comme la laïcité. Sinon, c’est le règne du chaos et de l’arbitraire. La Règle représente les repères, comme les étoiles dans le ciel. Mais bien sûr, il est toujours possible de faire varier cette règle.

Le fait de s’affranchir de la Règle, ou de l’appliquer de façon « aléatoire », conduit au désordre, au chaos et à l’absence de repères. La création d’un pseudo grade supplémentaire, celui de « trône de Salomon », rompt l’égalité entre les frères maîtres : sans liberté (« un maçon libre, dans une loge libre ») et sans égalité, il ne peut y avoir de fraternité : la loge devient une association profane.

Ainsi, il y a la franc-maçonnerie mûre, qui travaille en profondeur, et la franc-maçonnerie non mûre, qui reste en surface. Les francs-maçons non mûrs clament comme des perroquets le leitmotiv « Liberté-Egalité-Fraternité », mais ne font aucun effort pour effectuer un début de mise en œuvre de ces valeurs dans leur vie quotidienne, de même que la République française aujourd’hui, fait inscrire sur les murs, notamment des mairies, cette formule, sans qu’il n’y ait le début d’exécution de celle-ci : au contraire, les inégalités augmentent et les libertés se réduisent. Or sans égalité et sans liberté, la fraternité est impossible !

 

Conclusion :

Ce qui est essentiel, c’est la pratique de l’idéal maçonnique. Vous êtes ce que vous faites : ce qui prime, c’est la réalisation et l’expérimentation. Lorsque l’origine sociale du franc-maçon est l’appartenance à la classe dominante, à la classe privilégiée, la pratique de l’idéal maçonnique conduit à la trahison de sa classe d’origine. Comme pour la Résistance de 1940-1945, « Obéir, c’est trahir, désobéir, c’est servir ».

Quelles sont les relations du franc-maçon avec les autorités dominantes du moment ? La soumission, le respect ou la lutte et l’opposition ?

Quelles sont nos références aujourd’hui ? Pour la période de 1789-1794, ce sont les francs-maçons qui ont lutté pour la Révolution. Pour la période de la Commune de Paris de 1871, ce sont les francs-maçons qui ont lutté au côté des Communards contre les Versaillais. Pour la période de la Résistance de 1940-1945, ce sont les francs-maçons résistants qui ont lutté contre le nazisme et le régime de Vichy. Aujourd’hui, ce sont les francs-maçons qui luttent contre un système injuste, contre la barbarie, pour le socialisme.

Nos références sont internationalistes, contre le nationalisme et les barrières : les francs-maçons sont pour le mélange, le métissage (« Une seule race, la race humaine »), et pour la partage : ami des riches et des pauvres, mais les francs-maçons sont sûrement les ennemis des très riches, des exploiteurs et des accapareurs.

Quelles sont les relations du franc-maçon avec les religions ? De 1789 à aujourd’hui, les francs-maçons ont été les partisans de la laïcité et de la liberté absolue de conscience. C’est pourquoi ils combattent toutes formes de fanatisme, de fondamentalisme et de communautarisme. « Dieu » n’a pas de religion. Dans la mesure où il n’y a qu’une seule humanité, il ne peut y avoir qu’une seule religion. Il y a un seul « Dieu », sous des noms différents. Tout le reste est humain.

Selon les « Constitutions » d’Anderson, un franc-maçon n’est ni un athée stupide, ni un libertin. Depuis 1789, l’histoire de la franc-maçonnerie est une lutte constante pour la déchristianisation et la lutte contre l’Eglise notamment, avec les étapes suivantes :

  • Evolution française : culte de l’Etre suprême, la Raison ; refus des religion qui font appel à la « révélation » et religions rationalistes ;

  • Avec le Concordat, qui est la fin du gallicanisme, le clergé (évêques et abbés) déserte les loges ;

  • XIX° siècle : d’abord croyance en Dieu et en l’immortalité de l’âme, puis fin de la référence au Grand Architecte de l’Univers en 1877, et possibilité pour les francs-maçons d’être libre-penseur et athée ;

  • XX° siècle : séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Il faut choisir son camp : Révolutionnaires ou émigrés nobles en 1789 ? Communards ou Versaillais en 1871 ? Résistants ou collaborateurs en 1940-1945 ? Socialisme ou barbarie en 2014 et demain ?

 

Troisiéme partie : La franc-maçonnerie et la mixité

La première femme initiée semble être Elisabeth Saint Léger (1694-1773), initiée dans une loge irlandaise en 1744.

Les loges d’adoption ont conservé un imaginaire et un discours de soumission sociale des femmes. Mais ces loges ont néanmoins permis à un milieu de femmes d’acquérir un statut qui, s’il n’était certes pas égalitaire, n’en constituait pas moins un progrès certain et les installait dans une partie de l’espace social dont elles étaient auparavant privées. Par exemple la loge « La Candeur », est adjointe à une loge d’adoption, composée uniquement de femmes. Depuis 1774, le Grand Orient de France reconnaît les loges féminines rattachées à des loges masculines. Ces loges féminines existent depuis 1740. Seules des femmes pouvaient diriger cette loge d’adoption. La majorité des franc-maçonnes étaient issues de la noblesse et des couches sociales aisées. La loge de la Candeur n’a adopté qu’une seule femme non titrée pendant toute la période de son activité. Dans certains milieux, le XVIII° siècle n’était donc pas misogyne : les femmes pouvaient participer activement à la vie de la société, notamment à travers les salons.

La mixité au XIX° siècle :

Les loges d’adoption fonctionnent à nouveau sous le premier Empire, en demeurant essentiellement destinées à des femmes issues de l’aristocratie, de la très haute bourgeoisie et du milieu artistique. Pour certaines loges, elles continuèrent, par à coups, jusqu’aux deux tiers du XIX° siècle.

Le machisme ambiant conduit à répandre des sentences comme : « Les femmes véhiculent l’idéologie des prêtres », ou bien : « Monsieur va en loge deux fois par mois, et Madame à la messe chaque semaine. »

Peu à peu, les Droits de l’Homme deviennent les Droits Humains, puis les Droits de la Personne. 1892 : initiation transgressive de Marie Deraismes à la loge « Les libres penseurs », de la Grande Loge Symbolique Ecossaise, à l’orient de Paris, au Pecq. 1893 : Création du Droit Humain, véritable obédience gérant des loges des trois premiers degrés. 1899 : Création du Suprême Conseil international chapeautant les hauts grades, au rite écossais.

Et aujourd’hui ?

Il y a une forte évolution des mœurs, avec le droit de vote des femmes en 1944. D’autres mesures émancipatrices sont prises : La loi sur le divorce, la liberté de contraception, la modification de la structure familiale, l’accès massif à la formation, à l’emploi et aussi au … chômage.

Le développement de l’individualisme conduit à une atténuation de la logique de couple (famille monoparentales, etc.).

La plupart des organisations sociales se sont progressivement orientées vers la mixité : écoles, université, armée, etc.

Le développement de l’athéisme et de l’agnosticisme, la déchristianisation conduisent à la construction d’une civilisation post judéo-chrétienne. Les loisirs culturels augmentent, y compris pour les femmes (35 heures, demain 32 heures).

L’émancipation est accélérée et réelle à partir des années 1970 (émancipation économique, et aussi sexuelle, avec la loi Veil).

Les valeurs en faveur de la mixité sont l’universalité de l’idéal maçonnique (la fraternité universelle). Comment peut-on prôner l’amour universel, en excluant a priori et d’office la moitié de l’humanité ?

Jamais, n’a été affirmé avec force, le principe de la démocratie. Ainsi, lors des divers convents, qui sont les congrès de l’obédience, donc les instances décisionnelles, on ne sait pas si s’applique le principe « un homme, une voix », ou le principe « une loge, une voix ». Un exemple frappant est la façon dont a été adoptée la mixité par les instances dirigeantes du Grand Orient de France, sans aucune consultation de la base. Si on ne peut qu’être d’accord avec le principe de la mixité, l’obédience étant jusque là alignée, quant à l’exclusion des femmes, sur l’un de ses pires ennemis réactionnaires, l’Eglise catholique, les deux « ordres », l’Eglise et le G.°. O.°. D.°. F.°., refusant l’initiation des femmes, on est en droit de s’interroger sur la méthode antidémocratique utilisée pour « imposer » en 2010, la mixité ; Ce fut un vrai diktat. Ce qui peut à juste titre inquiéter, c’est la prise de décision selon la même procédure dictatoriale demain, mais cette fois-ci dans un domaine entrant en contradiction avec les valeurs fondamentales de l’Ordre.

Le G.°. O.°. D.°. F.°. était mal accompagné : l’Eglise catholique, et les fondamentalistes de toutes les religions refusaient jusque là la mixité.

Dans les loges, on entend parfois dire que l’aspect initiatique de la franc-maçonnerie s’oppose à l’application de principes véritablement démocratiques. L’exemple qui en est donné est l’adoption, sous l’ère du président François Mitterrand, de l’abrogation en France de la peine de mort, alors, affirme-t-on, que l’  « opinion publique » était majoritairement favorable à l’application de la peine de mort. C’est là aller vite en besogne, et interpréter un peu facilement quels seraient les choix de l’opinion publique. Sur le fond, une telle position est une négation des principes démocratiques, et sans aucun doute un mépris du peuple. En fait, si l’on applique véritablement la démocratie populaire, cela consiste à donner à chaque citoyen les facultés d’un entendement éclairé, et un choix véritable. Il se trouve qu’aujourd’hui, à chaque fois, on assiste à une manipulation des consciences ! De même dans les loges, il ne faut pas craindre d’affirmer – notamment dans la Règle – les principes fondamentaux de la démocratie, et appliquer résolument et véritablement ceux-ci. Ne pas le faire, c’est ouvrir la possibilité à l’application d’autres principes (oligarchie, manipulation des consciences, sectarismes,…) !

Une loge initiatique doit reposer sur une Règle, Règle mettant en œuvre les principes les plus démocratiques (« un homme, une voix), au moins en ce qui concerne les maîtres, ayant la plénitude des droits (et devoirs maçonniques), les apprentis et les compagnons étant considérés comme des « maîtres en devenir », destinés à bénéficier, dans l’avenir de ces mêmes droits (et devoirs).

En cas d’absence d’une telle Règle, ou en l’absence d’une application rigoureuse de cette Règle (application de cette Règle, à géométrie variable), ce sont alors d’autres principes qui s‘appliquent : l’arbitraire  et la démagogie. Souvent, certains frères (ou sœurs) se comportent alors en « gourous », ou en « faiseurs de rois », manipulateurs.

La Règle est le fondement de la liberté (notamment, la loi protège les plus faibles) et aussi de l’égalité : sans Règle, la fraternité n’est donc pas possible.

La séparation des hommes et des femmes pour des raisons sexistes concerne des structures rétrogrades, en retard sur la féminisation générale de la société occidentale : l’Eglise catholique, l’Islam et une certaine maçonnerie.

Donner comme argument principal, comme refus de la mixité dans la loge, le fait de la « drague » (l’obstacle de la présence de l’autre sexe, c’est justement la « sexualité », les désirs, les passion,…), c’est donner un piètre aperçu des maîtres maçons. En somme les « frères » présents sont restés profanes, victimes de leurs tendances et de leurs désirs, et il n’a été entrepris aucun travail pour « se maîtriser ». ‘est oublier aussi que dans une société où prime aujourd’hui le genre, le désir sexuel peut être partagé par une personne du même sexe. C’est à nouveau, la présence des métaux dans le Temple (le sexe, l’argent, le pouvoir). On peut être pour ou contre la présence de l’autre sexe dans la loge, mais une loge digne de ce nom est composée d’individus qui ont entrepris un travail de maîtrise de leurs désirs. Lorsque des initiés parlent à d’autres initiés, les métaux n’interfèrent plus.

 

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23 août 2023 3 23 /08 /août /2023 08:31

(Partie 2) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

 

Deuxième partie :

Les obstacles à l’universalité maçonnique et à l’application de la fraternité universelle.

 

2.1) Le levain maçonnique :

La voie maçonnique est une voie progressive parmi d’autres voies. Un premier obstacle relève d’une mauvaise perception de ce qu’est réellement la franc-maçonnerie du point de vue organisationnel. En effet, la franc-maçonnerie n’a jamais représentée toute la société, mais elle représente une catégorie sociale, plutôt aisée économiquement et financièrement et participant à un haut niveau culturel. Ainsi, au XVIII° siècle, elle regroupait essentiellement l’aristocratie et la haute bourgeoisie, au XIX° siècle, elle regroupait la bourgeoisie et au XX° siècle, la petite-bourgeoisie, dite « classe moyenne ».

Les francs-maçons ont donc représentés une partie de la classe dominante, partie progressive, qui a trahi l’intérêt de sa classe d’origine, pour se ^placer du côté des classes progressistes, aidant celles-ci à aller vers plus de démocratie, plus d’égalité, plus de libertés, et donc plus de fraternité.

Pour faire partie de la franc-maçonnerie, à chaque période, il ne faut sous-estimer ni les contraintes financières (cotisations diverses,…), ni les contraintes culturelles.

Ceci est un constat : la franc-maçonnerie regroupe une partie de la population, plutôt aisée, et progressive. Individuellement, la franc-maçonnerie est une voie initiatique, parmi une multitude d’autres voies. C’est un levain dans la pâte. Et il faut peu de levain pour faire lever une grande quantité de pâte.

 

2.2) Le « complot maçonnique » :

Le complotisme affirme qu’il existe une sorte de « centre » occulte qui manipule les foules et mène l’histoire. C’est une idée qui existe depuis l’origine de la franc-maçonnerie, au XVIII° siècle, et qui a prospéré, s’est nourrie et développée en « complot judéo maçonnique », notamment au sein de l’extrême droite.

Paradoxalement, c’est aussi une théorie reprise par certains francs-maçons, selon lesquels les maçons seraient « à l’origine » de divers mouvements historiques : la Révolution française de 1789, la III° République, diverses lois,…

Du point de vue de l’histoire, du logos, il n’y a pas eu de « complot maçonnique », mais les francs-maçons ont joué un/leur rôle dans l’histoire.

 

2.3) Rôle historique lors des trois périodes envisagées :

 

a)     Révolution française, 1789-1794 :

Du début du XVIII° siècle à 1789, c’est une période de « cumul » des forces : les aristocrates et la haute bourgeoisie créent des loges et se réunissent autour de l’idéal maçonnique.

Mais il y a d’autres organes que les loges maçonniques qui expriment les Lumières et préparent la fin du féodalisme : ce sont les académies, les divers clubs, les salons, l’ « Encyclopédie », etc.

Les loges sont un lieu d’apprentissage du fonctionnement « démocratique » des assemblées.

Au moment de la Révolution, on trouve des francs-maçons dans les deux camps, le camp révolutionnaire et le camp réactionnaire. Un se divise en deux : il y a implosion et certains maçons choisissent leurs intérêts de classe et le maintien de leurs privilèges. Certains maçons choisissent l’émigration ; d’autres sont décapites. Enfin, les plus progressistes sont révolutionnaires. Lors des diverses étapes de la Révolution, plus celle-ci est « démocratique », plus certains francs-maçons reculent et cherchent à préserver leurs intérêts de classe. A un moment donné, les loges disparaissent et c’est toute la société qui devient le Temple.

Sur le plan de la sociologie, la franc-maçonnerie regroupe surtout l’aristocratie, dont le clergé de niveau supérieur. Lors de la Révolution, une partie des francs-maçons va renier ses origines sociales et rester fidèle à l’idéal maçonnique, en luttant pour plus de liberté et plus d’égalité ;

On peut distinguer :

  • Les francs-maçons non-mûrs, qui demeurent fidèles à leur origine sociale et trahissent l’idéal maçonnique. Une grande partie de ces francs-maçons va rejoindre la cohorte des émigrés ;

  • Les francs-maçons qui s’engageront dans les luttes révolutionnaires, mais déserteront ce camp, lorsqu’ils pensent que le mouvement social va trop loin. Une partie de ces francs-maçons seront guillotinés, ayant trahi l’idéal maçonnique ;

  • Beaucoup de maçons déserteront les loges, car ils estiment que la société dans son ensemble constitue le Temple.

Avec le concordat, les condamnations papales entrent en application en France. Alors, le clergé déserte les  loges.

En 1845, la noblesse perd la direction du Grand Orient de France : alors, le contenu sociologique de la franc-maçonnerie se modifie.

 

b)    La Commune de Paris de 1871 :

Au XIX° siècle, les loges sont des « lieux » républicains, opposés au second Empire. Il y a une période de gestation, les années 1860, suivie d’une période de rupture, la Commune de Paris. Au cours des années 1860, la franc-maçonnerie compte de nombreux blanquistes.

Encore une fois, un se divise en deux. Si la Commune comprend une forte représentation de francs-maçons, ceux-ci sont également présents parmi les Versaillais, et les hommes politiques de la bourgeoisie classique. En particulier, la plupart des responsables de l’obédience du Grand Orient de France sont résolument du côté de Thiers.

Plus tard, certains francs-maçons favorables à la Commune de Paris seront présents dans le camp du boulangisme et des dreyfusards.

La franc-maçonnerie, représentant sociologiquement la classe sociale dominante de l’époque, la bourgeoisie, s’est donc scindée, lors de la Commune de Paris, en deux camps diamétralement opposée :

  • D’une part, les francs-maçons qui demeurent fidèles à leur origine sociale, et trahissent l’idéal maçonnique : ce sont les francs-maçons non-mûrs. Ils rejoignent notamment les Versaillais et comprennent aussi les représentants officiels du Grand Orient de France.

  • D’autre part, les francs-maçons qui trahissent leur origine sociale et appliquent l’idéal maçonnique : ce sont les Communards, ou francs-maçons mûrs. Par la suite, une partie de ces maçons trahira l’idéal maçonnique, pour rejoindre divers courants, dont les républicains opportuniste, les anticapitalistes romantiques et antisémites ou le boulangisme.

 

 

c)     La Résistance, 1940-1945 :

Lors de cette période, on trouve également des francs-maçons présents dans le camp de la Résistance et d’autres favorables au régime de Vichy et à la Collaboration.

Par exemple, une partie des députés francs-maçons va refuser les pleins pouvoirs à Pétain, une autre partie va voter pour accorder ces pleins pouvoirs à Pétain.

Dès 1940, le général de Gaulle a montré, par ses actes, la seule position digne que l’on pouvait avoir alors : rebelle, c’est-à-dire lutter contre l’occupant nazi et les collaborateurs français. Le général de Gaulle représente alors la fraction indépendantiste et nationaliste de la bourgeoisie impérialiste française. Par contre la direction du Parti Communiste Français, avant-garde de la classe ouvrière, avait une position opportuniste, et n’a pas su élaborer une ligne idéologique et politique de guerre populaire jusqu’au socialisme. Le résultat de ce rapport de force sera la IV° République bourgeoise.

Les deux principales obédiences comptaient, en 1939, 45 000 frères : 29 000 frères répartis en 451 loges (dont 98 à Paris) pour le Grand Orient de France, et 16 000 frères répartis en 224 loges (dont 88 à Paris) pour la Grande Loge de France. Les autorités de Vichy ont établi 170 000 fiches de « suspects ». 18 000 francs-maçons virent leurs noms publiés au Journal Officiel ; la franc-maçonnerie déclarait quelque 500 morts en 1945 pour faits de résistance.

On peut donc en conclure que la résistance de la franc-maçonnerie relève du mythe : celle-ci représentait un danger dans l’imaginaire de quelques fasciste fanatique, mais on ne peut pas dire que la franc-maçonnerie ait constitué une force d’opposition à la hauteur de ses effectifs.

 

L’Histoire comprend donc une succession de trois étapes : l’ancien Temple, la destruction du Temple, la construction du nouveau Temple. Les francs-maçons qui n’adhèrent pas à cette évolution, qui par exemple, restent obstinément attachés à l’ancien Temple, comme les émigrés de 1789, les Versaillais de 1871 et les collaborateurs de 1940, deviennent des « non-mûrs », c’est-à-dire des obstacles à la réalisation de l’idéal maçonnique.

Il y a destruction de l’ancienne société, le féodalisme, par la révolution bourgeoise ; puis construction de la nouvelle société, le capitalisme. Enfin la destruction de l’ancienne société, le capitalisme, par la révolution prolétarienne, et la construction de la nouvelle société, le socialisme, suivi du communisme.

 

Troisième partie :

La mission de la franc-maçonnerie :

 

3.1) Les enseignements du passé :

Comme on peut le constater, dans l’avancée vers la fraternité universelle, la franc-maçonnerie ne résiste pas aux luttes de classes. Etant composé des classes privilégiées, immanquablement, en cas de rupture, après une période de gestation, la franc-maçonnerie se scinde en deux, une partie s’engage aux côtés des forces révolutionnaires, et une autre partie fait un retour vers les privilèges, et trahit l’idéal maçonnique.

L’alternative est donc la suivante pour les francs-maçons : soit trahison des intérêts de sa classe, la classe dirigeante, et fidélité à l’idéal maçonnique, soit fidélité aux privilèges de sa classe d’origine et trahison de l’idéal maçonnique.

Des trois exemples de rupture examinés, on peut déduire ce que peut être la démarche collective de la franc-maçonnerie aujourd’hui, en France.

L’obédience, et chaque Loge, doivent lutter résolument pour tout ce qui contribue à développer la solidarité, et tout ce qui va vers plus de liberté, d’égalité et de fraternité. L’obédience, et chaque Loge, doit lutter résolument contre tout ce qui divise le genre humain : les guerres injustes, les génocides, le racisme, … Individuellement, les francs-maçons non-mûrs ne sont pas à l’abri de ces maux : certains frères diffusent l’idéologie du Front national, les idées de Dieudonné, le révisionnisme et l’antisémitisme : ceci doit être combattu. Lors des périodes « pacifiées », il faut combattre contre ce qui concourt au retour de la barbarie, tout en maintenant l’union des francs-maçons très différents. En période de crise ouverte, de violence (révolution, guerre,…), il s’agit de prendre résolument parti, tant en ce qui concerne l’obédience, que chaque Loge, pour l’avenir, contre le passé, pour le nouveau, contre l’ancien. Ceci signifie, lors de la Révolution française, pour les révolutionnaires, contre les émigrés, lors de la Commune de Paris de 1871, pour les Communards, contre les Versaillais, lors de la résistance, pour les résistants, contre les collaborateurs et les fascistes. Alors, lorsque la franc-maçonnerie se scinde en deux, il convient d’être du bon côté, celui de l’idéal, de la fraternité, du progrès, et non du côté des privilégiés et des réactionnaires. La démarche individuelle rejoint la démarche collective : lorsque les conditions sont « normales », c’est-à-dire pacifiées, il n’y a aucune différence entre les maçons « de surface » et les maçons « de profondeur », les maçons « non-mûrs » et les maçons « mûrs ». Lorsqu’il y a crise, les maçons « de surface » répudient l’idéal maçonnique, font retour à leurs privilèges, et deviennent les ennemis des maçons « de profondeur ». Lorsque la société tout entière devient le Temple, alors les francs-maçons se divisent en deux, les maçons « de surface » deviennent les profanateurs du Temple, et les maçons « de profondeur » sont les garants de l’idéal maçonnique.

 

3.2) Désormais, qu’il en soit ainsi :

Tenant compte des éléments du passé, que peut-on prévoir de ce que fera la franc-maçonnerie dans l’avenir ?

Les constats :

·        La formation sociale actuelle est en bout de course : c’est l’impérialisme français pourrissant. L’avenir, c’est soit le socialisme, soit la barbarie ;

·        La classe sociale d’avenir, chargée historiquement de diriger la société, sous la direction de son état-major, le parti communiste, est la classe ouvrière, unie au peuple ; l’objectif est une dictature du prolétariat, à savoir la démocratie réelle la plus totale pour le peuple, et la dictature pour les ennemis du socialisme ;

·        Pour défendre le système ancien, de plus en ^plus les classes conservatrices, la bourgeoisie la plus rétrograde, va se coaguler autour d’un nouveau fascisme, d’une extrême droite réactionnaire ;

·        Les risques à la fois de guerre mondiale pour se répartir les néo-colonies vont grandissant ; parallèlement, se développent les facteurs subjectifs et objectifs de guerre civile ;

·        En raison de son caractère progressif, « Liberté, Egalité, Fraternité », la franc-maçonnerie, en tant que collectivité, au niveau de son idéal, sera perçue, de toute façon, comme un ennemi irréductible du nouveau fascisme, qui va à nouveau reprendre la vieille lune de « complot judéo maçonnique » ;

·        En conséquence, l’intérêt de la franc-maçonnerie est de combattre pour le socialisme aux côtés de l’avant-garde communiste. Bien évidemment, comme par le passé, les francs-maçons vont se scinder en deux camps : d’un côté ceux qui choisissent la réalisation pratique de leur idéal, qui se traduit dans un socialisme réel. De l’autre côté, ceux qui renient leur idéal maçonnique, pour se tourner vers leurs intérêts de classe privilégiée, la bourgeoise rétrograde.

Aujourd’hui, dans la société française, l’obstacle à une véritable fraternité, c’est l’existence de la bourgeoisie, et de ses intérêts de classe égoïste. Comme par le passé, ce serait irréaliste d’espérer que la classe bourgeoisie, dans son ensemble, va renoncer à ses privilèges de façon volontaire, sans y être obligée par une action violente.

Si une lutte s’engage entre la barbarie et le socialisme, quel camp choisiront : l’obédience, les loges, les francs-maçons individuellement ?

L’avenir, c’est la République sociale. Il ne peut y avoir fermeture aux problèmes sociaux : classes sociales, salariat, écologie,…

Nécessité, non pas d’être élitiste, mais d’avant-garde, en anticipant sur la réalité de demain. Cela ne peut être qu’une minorité.

Sans doute d’abord une minorité à chaque fois.

L’étape politique et sociale est, en France, au début du XXI° siècle le choix entre deux types de société : le socialisme ou le fascisme. Il n’y a plus qu’une seule alternative : la révolution prolétarienne ou la révolution nationale.

L’étude de la franc-maçonnerie, du point de vue du logos, comporte symboliquement trois étapes : l’ancien Temple, la destruction du Temple et la construction du nouveau Temple. En d’autres termes : l’ancienne société, le féodalisme. La destruction du féodalisme par la révolution bourgeoise. La construction de la nouvelle société, le capitalisme. La destruction de l’ancienne société, par la révolution prolétarienne. La construction de la nouvelle société, le socialisme, suivi du communisme.

 

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22 août 2023 2 22 /08 /août /2023 08:46

(Partie 1) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

 

Introduction :

La méthode.

 

Il s’agit de répondre aux questions : « D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? », en tant que collectivité de francs-maçons.

Il y a plusieurs façons d’appréhender la franc-maçonnerie. Nous en distinguerons au moins deux : mythos et logos.

On peut étudier la franc-maçonnerie d’un point de vue légendaire, le mythe, ou mythos. C’est la façon de la concevoir que l’on trouve dans les « Constitutions » d’Anderson de 1723. On disposait alors de peu d’éléments historiques et on n’avait pas connaissance de faits relatifs à la franc-maçonnerie. Ceci explique le recours à la mythologie et à l’allégorie. Par exemple, l’affirmation que la franc-maçonnerie « existe » depuis l’origine du monde, élément qui est représenté par le fait d’ajouter quatre mille années au millésime de l’année (an 6014 pour 2014), a un aspect symbolique. De même, on évoque différents personnages « fondateurs » légendaires de la franc-maçonnerie : Adam, Noé, Salomon, Pythagore, etc.

Les « mythographes » se basent sur les mythes pour expliquer l’origine et le devenir de la franc-maçonnerie. Tout mythe comporte une part de vérité et une part de fable. Le mythe repose à la fois sur l’imaginaire et sur l    a raison. La part de fable que contient le mythe informe non sur les faits eux-mêmes, mais sur les valeurs de la société qui a inventé ce mythe. Les mythes nous apprennent beaucoup sur ce que les francs-maçons pensent d’eux-mêmes, et également sur ce que les autres, dont les antimaçons, pensent de la franc-maçonnerie. En ce sens, les mythes, ensemble de vérités et de contrevérités, font aussi partie de l’histoire. Mais on ne peut prendre comme argent comptant ce que les francs-maçons disent d’eux-mêmes.

Mais aujourd’hui, on dispose d’une connaissance de faits historiques relatifs à la franc-maçonnerie :

  • De 1717 à aujourd’hui, il y a une histoire de la maçonnerie, soit près de trois siècles de faits connus et de documents écrits ;

  • De même, dès sa naissance, la franc-maçonnerie a suscité l’apparition de mouvements dirigés contre elle, avec également l’existence de publications diverses : Barruel, Léo Taxil, le régime de Vichy…

  • Enfin, depuis plusieurs dizaines d’années, la franc-maçonnerie fait l’objet d’une branche spécifique de l’histoire scientifique, la « maçonnologie ».

En conséquence, la méthode retenue est le rationalisme (logos), l’histoire scientifique de la franc-maçonnerie, le recours à la raison pure et dure, en éliminant toute référence à la sentimentalité, à l’émotion, à l’allégorie.

Quels éléments fiables peut-on retenir de l’histoire de trois siècles de la franc-maçonnerie ? L’objectif est de tenter de définir ce qu’est la franc-maçonnerie et d’en donner une définition. Egalement, il s’agit de s’interroger sur ce que l’histoire passée de la franc-maçonnerie nous apprend sur la mission de la franc-maçonnerie, aujourd’hui, au XXI° siècle, en France.

 

Première partie :

Définition de la franc-maçonnerie.

 

L’idéal maçonnique est la fraternité universelle.

 

1.1)        La franc-maçonnerie dans l’histoire :

S’il ne s’agit pas d’exposer une conception de l’histoire, on peut néanmoins accepter les axiomes suivants :

  • L’histoire a un sens : elle a un développement nécessaire et déterminé.

  • L’évolution historique n’est pas une ligne droite, ni un cercle fermé, avec le retour du même, mais l’histoire peut être représentée par une spirale, avec des avancées et des retours en arrière.

Ceci posé, la franc-maçonnerie, au sein de l’histoire française, peut être partagée en deux périodes bien distinctes :

  • Des « pages blanches », des périodes « pacifiées », ou de gestation : la vie maçonnique suit son cours, avec toutefois des crises et des périodes de « glaciation », mais toujours une certaine continuité ;

  • Et puis des périodes de rupture, des coups de tonnerre et des éclairs.

Le symbole pourrait être le changement d’état de l’eau : l’eau chauffée reste liquide de 0 à 100 degrés. Puis à 100 degrés, il y a un saut qualitatif et l’eau liquide se transforme en vapeur d’eau. Inversement, si l’on baisse la température de l’eau, pour la faire passer en dessous de 0 degré, elle va geler et se transformer en glace solide.

Il en est de même de la franc-maçonnerie :

  • Il y a des périodes de « calme » relatif, par exemples :

    • De sa « création » en 1717 à la Révolution française de 1789 ;

    • Lors du consulat et de premier Empire, ou lors du second Empire ;

    • Ou encore depuis la fin de la guerre de 1945 à aujourd’hui.

  • Puis, il y a des périodes de ruptures. Nous prendrons à titre d’exemples, trois périodes de ruptures :

    • La Révolution française, de 1789 à 1794 ;

    • La Commune de Paris de 1871 ;

    • La Résistance française de 1940 à 1945.

La franc-maçonnerie est un phénomène urbain, élitiste, dont le mode de sélection des adhérents est l’argent et la culture. La franc-maçonnerie crée de la sociabilité, mais dans les classes aisées, ou les classes moyennes. Au XVIII° siècle, ces classes sont l’aristocratie et la haute bourgeoisie. Au XIX° siècle, ces classes sont la bourgeoisie, la petite bourgeoisie et l’aristocratie ouvrière.

L’Autre a toujours été exclu : les pauvres, les femmes, les hommes de couleur, les juifs, les handicapés, les personnes laides, difformes, homosexuelles, libertines, athées, saltimbanques, artistes et comédiens, musulmans,,…

Il y a une contradiction entre ce qui est affirmé en tenue : l’égalité, l’universalisme, la « République universelle », etc. et complètement nié par la réalité : c’est un phénomène masculin, urbain, « république chrétienne », élitisme, blanc, culture bourgeoise,…L’argument donné pour n’accepter que les personnes ayant un certain niveau de richesse est qu’il faut pouvoir participer aux « œuvres de bienfaisance ».

Le mur de l’argent est un obstacle suffisant pour écarter les catégories sociales modestes. Derrière des discours maçonniques généreux, le poids du réel demeure prégnant.

Le Règlement (1779) de la loge toulousaine de Clermont précisait : « Nul ne pourra être reçu ni affilié qu’il n’ait 25 ans accomplis, qu’il ne soit noble ou officier de Cour souveraine. Quoi que la maçonnerie égale tous les états, il est cependant vrai que l’on doit plus attendre des hommes qui occupent tous un état distingué dans la société civile que l’on ne doit attendre du plébéien ».

Les classes populaires, urbaines et rurales, sont donc absentes des loges, à l’exception des frères servants, dont la situation est précisée dans une Circulaire du Grand Orient de France : « Un domestique quel qu’il soit, ne sera admis qu’au titre de frère servant ». (Concierge, factotum, cuisinier, …). Le grade de maître (et parfois même de compagnon), leur était refusé ! Le recrutement des loges d’adoption était encore plus inégalitaire.

 

 

 

1.2)        Les valeurs maçonniques :

Depuis son « origine », la franc-maçonnerie a une certaine idée d’elle-même. Si on lui tend un miroir, quelles sont les valeurs dont la franc-maçonnerie se réclame ?

Ces éléments se trouvent dans la « Constitution » du Grand Orient de France. La franc-maçonnerie se définit elle-même comme le « centre de l’union ». Elle vise donc à réunir toutes les personnes, sans condition de race de sexe, de genre, de classe, de religion, quelles que soient les différences (beau-laid, bonne santé-malade, riche-pauvre,…). Ce sont notamment les valeurs suivantes :

  • La fraternité universelle (Tous frères/sœurs) ;

  • La tolérance :

  • Les diverses libertés (de réunion, d’expression, etc.)

  • La laïcité.

Pour résumer ce panel de valeurs, on peut utiliser le mot d’ordre : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Il est à noter que cet « idéal » a lui-même une histoire, et il ne s’est pas imposé en une seule fois. Des obstacles ont empêché l’affirmation de cet idéal, dont diverses exclusion : exclusion des femmes, etc.

A ce socle de valeurs communes se sont opposées d’autres valeurs contraires : le fanatisme, l’ignorance, l’intolérance, les privilèges, etc. On peut symboliser ces valeurs contraires à celles de la franc-maçonnerie, par le terme de « barbarie ». Cette barbarie s’est manifestée, selon les périodes, par les aspirations religieuses, fanatiques et dogmatiques, notamment de l’Eglise catholique et du communautarisme, ou les aspirations politiques, tels le fascisme et le nazisme.

Il y a donc, d’une part, l’idéal maçonnique « Liberté, Egalité, Fraternité », et d’autre part, divers obstacles à cet idéal, à savoir tout ce qui divise et sépare les humains et les êtres vivants : privilèges, classes sociales, nations, races, sexes (patriarcat),...

 

1.3)        La « machinerie » maçonnique :

La franc-maçonnerie se vit à trois niveaux :

  • Au niveau individuel : transformer sa pierre brute en pierre cubique, transformer le plomb en or ;

  • Au niveau de la Loge : un maçon libre dans une Loge libre ;

  • Au niveau de l’obédience, qui est un Ordre et un regroupement administratif.

Pour réaliser l’idéal maçonnique, il y a un ensemble de procédures et de moyens : l’initiation, les rituels, les tenues en loge, l’occupation des diverses fonctions et responsabilités en loge, les agapes, la chaîne d’union, les hauts grades, l’étude des symboles, etc.

La franc-maçonnerie regroupe des personnes très différentes, d’où l’absence en Loge des discussions sur certains sujets qui divisent. Tout peut se dire en Loge, mais de façon fraternelle, d’où l’importance du secret et de la discrétion, afin de permettre l’expression de tous les points de vue.

La franc-maçonnerie peut être appréhendée de deux points de vue : c’est à la fois une démarche individuelle et une démarche collective.

La démarche individuelle est bien sûr personnelle. En quoi consiste-t-elle ? C’est une voie qui a un début et une fin : le début, c’est l’initiation et la fin, c’est l’Orient éternel. C’est, de manière imagée, escalader une montagne, partir du multiple pour parvenir à l’Un. L’objectif est d’atteindre le sommet de la montagne, où le point de vue est unique. Ceci suppose que la franc-maçonnerie est une voie initiatique et traditionnelle parmi d’autres. Il y a une multitude de voies qui mènent au même objectif : l’Un, le sommet de la montagne. Quel est le travail du franc-maçon ? C’est, en partant de la pierre brute, de transformer celle-ci en pierre cubique. A noter que cette pierre cubique existe depuis toujours au sein de la pierre brute, tout comme la statue est présente au cœur du bloc de marbre que va travailler le sculpteur. En franc-maçonnerie, le maçon est, à la fois, le sculpteur et la statue qu’il façonne ; il est son propre chef-d’œuvre, contrairement aux religions révélées et dogmatiques.  Il y a deux façons de travailler cette pierre brute. La première façon, c’est de travailler « en profondeur », d’aller au fond de soi. Il s’agit, sur le chemin de la vie, de perdre des choses, c’est le « ni-ni ». La seconde façon, c’est de travailler « en superficie ». Dans ce second cas, on enrobe la pierre brute, en la falsifiant, et en lui donnant l’apparence d’une pierre cubique. C’est créer un « super-ego » ? C’est donner de l’importance au paraître et non à l’être. Dans le premier cas, il s’agit du maçon « mûr ». Dans le second cas, il s’agit du maçon « non-mûr ». Quelle expérience a-t-on de la pierre cubique ? Tout être dispose de cette « pierre cubique ». D’autres traditions appellent cette pierre cubique le Soi, le « fond », l’ « écran blanc », … La pierre cubique est ce qui est éternel, immuable, infini. Le franc-maçon peut en faire l’expérience lors de l’initiation : alors est levé le voile pour la faire apparaître. La pierre cubique est ce qui fait que les hommes peuvent communier les uns avec les autres. Chacun doit en faire l’expérience individuellement. La seule chose que peut faire la franc-maçonnerie, c’est de donner les poteaux indicateurs, les outils, les symboles.

Le franc-maçon « mûr » est le maître qui a parcouru le sentier, passant de l’arbre sec à l’arbre fleuri, en passant par les 33 étapes.

Quelle est la relation entre l’initiation individuelle et l’universalité (l’humanité, la nature, le cosmos, l’univers) ? L’initiation individuelle a justement pour objectif d’intégrer l’individu dans la totalité, de lui faire redécouvrir le sens de l’universel, en levant le voile d’Isis, en démasquant Mâyâ… Si le franc-maçon échoue sur ce point, il devient « non-mûr ».

La franc-maçonnerie est aussi une démarche collective : qu’avons-nous à faire ensemble ? Quel est le but collectif ? Trois réponses sont possibles :

  • La Loge doit créer les conditions permettant de se réaliser soi-même, d’aller vers l’Un, la sagesse,…

  • Au niveau de l’obédience, il s’agit de créer, avec d’autres traditions, les conditions permettant l’émergence d’une société libre, égale, fraternelle, qui favorise la réalisation de tous.

  • Enfin, il s’agit d’aller vers la fraternité universelle (suppression des nations, des classes sociales, des guerres et des conflits…

 

1.4)        Praxis et théorie :

Chaque franc-maçon, individuellement, mais aussi chaque Loge et chaque obédience, doivent aussi appliquer à l’extérieur du Temple les vérités apprises. Chaque franc-maçon est aussi un citoyen. Cela signifie que la franc-maçonnerie refuse l’entre soi et le sectarisme. La franc-maçonnerie a la volonté d’agir sur et dans la Cité, sur la réalité, que ce soit individuellement ou collectivement.

La contradiction à surmonter est la suivante :

  • La franc-maçonnerie regroupe des personnalités très différentes, opposées même :

      • Du point de vue politique : gauche/droite,…

      • Du point de vue religieux : athée, catholique, musulman,…

      • Du point de vue économique : riche/pauvre,…

De ce point de vue, la franc-maçonnerie est le « centre de l’union », qui regroupe des personnes qui, sans la franc-maçonnerie, ne se seraient jamais rencontrées.

  • Afin de pacifier les débats en Loge, et de permettre cette fraternité entre personnes (très) différentes, les discussions sur des thèmes qui divisent, comme la politique et la religion, sont interdites.

  • Mais chaque franc-maçon s’engage aussi à appliquer à l’extérieur du Temple les vérités acquises dans le Temple. Dans son ensemble, comme l’affirme la Constitution du Grand Orient de France, la franc-maçonnerie s’engage à améliorer l’état moral et matériel de l’humanité, et à combattre pour une humanité où existe la fraternité universelle. Ceci suppose une lutte intransigeante contre les obstacles qui s’opposent à cet idéal : fascisme, racisme, antisémitisme, nationalisme, sectarisme, individualisme,…

Il y a d’une part, la théorie maçonnique (l’idéal), et d’autre part la pratique maçonnique. Le critère de vérité est la pratique, qui doit être en liaison cohérente et en résonance avec la théorie.

A partir de ce critère, on peut distinguer le franc-maçon « mûr » et le franc-maçon « non-mûr ». Les maçons mûrs sont les maçons qui réalisent effectivement ce dont ils parlent. Les maçons non-mûrs ne font que parler, et restent sur le plan théorique, sans passer à l’action. Les maçons non-mûrs répètent en Loge les principes maçonniques, l’idéal maçonnique, mais refusent de mettre en œuvre cet idéal. Pour eux, il s’agit d’un idéal qui demeure sur le plan mental et sentimental.

 

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19 août 2023 6 19 /08 /août /2023 15:21

Guerre de la Russie contre l'Ukraine

Il appartient aux peuples russe et ukrainien de se révolter contre leurs dirigeants, et en premier lieu aux mères, grands-mères et épouses, tant des soldats russes, qui servent de chair à canon aux oligarques et à Poutine, que des soldats ukrainiens , qui servent de chair à canon au gouvernement ukrainien allié aux impérialismes américain et européen, sous l'égide de l'Otan. Si les soldats de la Russie et de l'Ukraine fraternisent sur les lignes de front, s'en est fini de la guerre impérialiste actuelle ! (Oracle de YHVH).

15 août 2022


 


 

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18 août 2023 5 18 /08 /août /2023 17:54

Fin de l’Etat d’Israël ; création de l’Etat palestinien.

1) Israël, en tant qu’Etat sioniste, raciste et fasciste, disparaît . Il est remplacé par un Etat palestinien, démocratique, populaire, socialiste et laïque.

2) Seul un « reste » de Juifs est maintenu. Tous les colonisateurs et ceux qui ont rejoint l’Etat d’Israël après la guerre de Septembre Noir regagnent leurs pays d’origine, sous le contrôle de la communauté internationale.

3) Jérusalem, ville internationale, gérée par la communauté internationale, est une ville sainte, notamment des trois religions du Livre.

4) Le peuple palestinien est la clef de voûte et la pierre d’achoppement, à la fois du Moyen Orient, et de toute la Terre. Il est entravé par les traîtres qui ont pris le dessus. Il va se libérer de tous les opportunistes.

5) Les mécréants ont pris possession des lieux saints, dont la Mecque (la Mosquée sacrée de la Kaaba). Les vrais et authentiques Musulmans vont, une nouvelle fois, libérer les lieux saints de cette clique.

6) Jérusalem est Ma Ville, celle ou Dieu (Yahvé, Allah) a instauré les trois religions du Livre. Cette Ville, la Cité de David, M’est consacrée. Je vais, de façon très violente, donner une leçon devant tous les hommes (et femmes) . Jamais plus, Jérusalem n’est traitée comme site d’ambassades étrangères, et plus jamais n’est considérée comme capitale de l’Etat d’Israël.

7) Parce que tel est Mon Ordre et Mon Souhait, Jérusalem est la capitale d’un Etat palestinien, socialiste, laïque, unifié.

8) C’est le Retour dans deux sens bien différents : Retour de tous les Palestiniens parqués dans les camps vers leur terre d’origine. Mais aussi Retour de tous les habitants colonisateurs qui occupent la Terre Sainte illégitimement et illégalement vers leurs pays d’origine ; il s’agit de tous les habitants venus occuper ce pays depuis la guerre de Septembre Noir. Pas un seul de ces habitants ne doit demeurer présent sur ce sol !

9) Moi, le Dieu Tout-Puissant, Allah, J’ai averti par une vision les puissants de la terre, notamment l’Aigle Impérial et l’Ours. Je leur ai dis : « On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu. »

10) J’ai, dit le Seigneur, à de nombreuses reprises, envoyant des Messagers, mis en garde le peuple d’Israël, qui ne veut rien entendre et raidit sa nuque.

11) C’est pourquoi, maintenant, Je vais frapper avec la plus grande rigueur et la plus forte violence Jérusalem et les capitales arabes, qui seront rayées de la carte du monde pour soixante-dix années. Leur sort est celui de Sodome et Gomorrhe : un feu terrible tombe du ciel. Par ce signe extrême, ils comprendront que c’est ma main qui frappe et que la Justice divine règne ! Un bruit sec entendu de par le monde, qui résonne dans l’univers, pour avertir les générations futures… Et c’est fini !

12) Seul le Reste d’Israël demeure dans la Palestine nouvelle. Tous les peuples étrangers regagnent leurs patries d’origine. Oracle de Yahvé !

 

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17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 07:49

(Partie 19) LE MINOTAURE BOUFFI

 

11 Le vêtement nuptial.

 

DETACHER. LACHER PRISE. A un moment donné, je dois rechercher la solitude, et me détacher de tout, y compris les relations familiales.

Rapporter les pommes d'or du jardin des Hespérides gardées par Ladon. Créer l’uniforme d’or, le vêtement nuptial, faire le dernier trajet, le pèlerinage vers Compostelle. Rencontrer.

 

Ce que m’a permis la mise au placard :

Un contact avec la réalité sociale ;

Des voyages en France pour rechercher de l’emploi ;

Des formations diverses (INET, AS2E).

 

12 La Libération.

 

Les Enfers. Fin du corps, mis sous terre, et libération de l’âme.

Descendre aux Enfers et enchaîner Cerbère. En finir avec ce monde, ne plus être du monde, mais dans le monde, en attente de la mort définitive.

Les cadres de l’Oise :

Ils sont appâtés par des avantages en nature inconsidérés lors de leur recrutement.

Leur départ est également acheté.

Duhaut est l’homme qui a peur. Il a peur pour sa peau. Il est donc dangereux pour ses collègues, en particulier pour les cadres de haut niveau et ses plus proches collaborateurs. Il est prêt à les vendre pour une assiette de lentilles. Il n’est jamais responsable de rien. Il est catastrophique d’avoir un tel énergumène à la tête d’une collectivité territoriale comme le département de l’Isare.

Si le Président peut s’en contenter parce que cela lui permet à lui-même de gérer les affaires, par contre par moment le Président semble en attendre plus : des idées, et un véritable management des agents, qui fait cruellement défaut.

Son seul objectif est de sauver les apparences : « apparaître » comme le DGS ! Mais c’est un trouillard !

Comme l’a indiqué JL à juste titre, ce n’est pas un individu avec lequel on peut faire la guerre : toujours prêt à trahir, c’est à lui que devrait être réservée la première balle pour éviter les surprises.

Les raisons réelles des départs des cadres sont masquées et cachées : « Il est parti vers d’autres horizons » annonce le DGS. Alors que chacun sait qu’il est parti parce qu’il est mis dehors (contrat pas renouvelé, ou mise au placard).

Mettre en procès démontre qu’il n’y a plus aucune autre solution : le débat est impossible.

Le personnel est quelque part complice de l’ambiance régnant au conseil général : par son silence, par l’égoïsme de chacun. Néanmoins, quand on écouté les histoires individuelles, on découvre autant de drames (mise au placard pendant trois années de JL). Les syndicats, plutôt « jaunes » sont également responsables de cette situation délétère. C’est le sauf qui peut !

 

Faire intervenir la mère d’Hercule, Alcmène. Le père : Amphitryon, Zeus en réalité.

 

Le Minotaure s’est accaparé la structure et l’organisation du Conseil Général à son profit. En conséquence, Dumilieu prêche la loyauté : il s’agit d’une loyauté au Minotaure.

 

L’Immaculée Conception maçonnique. Voilà pourquoi, face à une telle situation, la loge maçonnique demeure inerte.

 

« Un frère dit ceci et fait cela. Un autre frère dit cela et ne fait rien. Le comportement privé de l’un reflète ses déclarations. Celui d’un autre les contredit. Où est la posture ? Où est l’imposture ? Dans la vie privée ? Dans la vie publique ? Dans la loge ? Mais les postures les plus nobles et les plus ambitieuses pour l’esprit se heurtent en permanence aux bassesses sociales et à la comédie humaine. Le malheureux qui est pris en flagrant délit d’imposture pouvait-il faire autrement ?

Il arrive aussi que, tout à fait sincère et droit dans sa vie privée ou publique, ce soit à sa loge qu’un franc-maçon réserve l’imposture.

Pour faire bien, pour être admiré, pour être aimé et en avoir la preuve en emportant une élection de Vénérable ou de délégué au convent, cet honnête homme prendra dans le huis clos des postures dont il rougirait devant son épouse ou son père, car il souffre dans sa famille d’un manque de grands horizons. En loge, il se veut noble, hautement spiritualiste, humaniste, tolérant, ouvert à toutes les opinions, chaleureusement fraternel. En loge, il voit le monde plus grand, plus beau. Son imposture consiste à se dresser sur la pointe de ses souliers. Sa femme rirait de lui et elle s’écrierait : « Quel menteur ! ». Heureusement, elle ne saura jamais comment il se comporte en loge et elle ne comprendra jamais pourquoi ses frères l’ont élu ou le vénèrent. Il vit deux vies, la mesquine et la généreuse. Sa seconde vie l’a sauvé d’un désastre moral et son besoin de transformer l’humanité le prend à la gorge. Il en rajoute, il multiplie les exigences, il est Saint-Juste, il affirme son courage et une volonté qu’il sait fort bien ne pas avoir. Il se conduit en escroc spirituel bien sûr, mais cette escroquerie lui tient la tête hors des eaux grises de sa famille ou de sa profession. Comme personne n’ira vérifier s’il poursuit au-dehors l’œuvre commencée dans le temple, il se sent libre, et comme il ne sera jamais sanctionné, il pourra tenir des années et des années sans faire jamais de mal à personne.

 

J’en ai connu de ces garçons et de ces femmes, qui flottaient sur la liberté comme des débris sur un lac. Un petit lac. Pas même la mer ou l’océan ; Si jamais ils grimpent haut dans les hauts grades, ils connaîtront un bonheur sans pareil. On les récompense pour rien. On les élève sans avoir vu qu’ils ne sont rien. En loge, tout n’est-il pas symbolique ? Et de fait, ils atteignent parfois un niveau très inattendu de connaissance floue. Le risque est alors qu’ils prennent leur élévation au sérieux et qu’ils se mettent à réfuter la grande tradition maçonnique du progrès humain par le développement des connaissances en lui opposant la trop fameuse connaissance spirituelle. C’est elle qu’ils vivent. Pas cette imbécillité humaine qu’est le savoir. Ces bons frères sont nos pauvres en esprit, nos petits imposteurs. Pareils à de vieux Roméo, qui n’ont jamais vu leur Juliette autrement que sous une forme laiteuse dans un rayon de lune, ils retrouvent tous les quinze jours sous un certain balcon pour prendre et reprendre avec sincérité leur posture d’amoureux d’une humanité qui n’existe pas.

Comment ne pas rapprocher ces petites impostures, parfaitement inoffensives, des grandes impostures spirituelles, si elles sont reçues comme articles de foi et non comme des symboles ? J’évoque là le dogme de l’Immaculée Conception proclamé par l’Église catholique au XIX° siècle, si riche sous le regard d’un psychanalyste et si pauvre lorsqu’il est donné comme un fait auquel il faut croire. La franc-maçonnerie n’est pas exempte d’un dogme comparable. Il existe dans l’esprit de nombreux maçons une franc-maçonnerie immaculée tout à fait indépendante des individus qui la composent à un instant donné. Peu importent par conséquent à leurs yeux «émerveillés les affairistes ou les maçons insuffisants. Peuvent-ils compter face à cette immatérielle tradition ésotérique qui nous arrive de l’arche de Noé ? La réalité maçonnique n’a, selon eux, aucune consistance, puisque la tradition ne s’incarne pas matériellement par le sang et le sperme, mais passe à travers les maçons comme jésus a traversé le ventre d’une femme, elle-même conçue sans péché.

Voilà un bel exemple de l’idéalisme ordinaire. Il est plus répandu que l’ensemble des franc-maçonnes et des francs-maçons ne le croient, même s’il demeure souvent dans une sorte d’arrière-fond de la pensée maçonnique. Il s’apparente à bien d’autres idéalismes qui ne sont pas sans effet dynamiques dans l’action. Le plus bel exemple récent a été cette « certaine idée de la France » qu’avait le général de Gaulle et qui, selon lui, l’a poussé à faire ce qu’il a fait tout au cours de sa vie. Cette idée n’avait pu lui être mise en tête qu’après une lecture très sélective et très irréaliste des livres d’histoire. Elle ne correspondait pas à grand-chose dans la France de 1940. La défaite était bien une défaite. Il n’y avait positivement et raisonnablement plus rien à faire. Or, c’est dans une posture de futur vainqueur, la plus belle imposture de l’histoire de France contemporaine, que de Gaulle a su retourner la situation.

Je me dois donc d’intégrer dans ma vision de la nouvelle réalité maçonnique la multiplication des adeptes de ce dogme de l’Immaculée Conception maçonnique…

Et s’il n’y avait qu’un lieu sacré, le théâtre, où l’imposture serait impossible ? Là, au moins, tout passe par le masque, mais chacun en est averti. »

 

Jean VERDUN

La nouvelle réalité maçonnique

Page 79

 

Quels sont les enseignements à tirer de toute cette affaire ?

S’il est légitime et indiscutable que le président du Conseil Général peut tout à fait procéder à la décharge de fonction d’un directeur général adjoint lorsqu’il y a perte de confiance, par contre, il est tout à fait inadmissible et illégal d’effectuer une mise au placard, e masquant cyniquement cette mise au placard sous forme d’une mutation dans l’intérêt du service.

Cela pose le problème de la désignation de Jules Minotaure en tant que président du Conseil Général : ceci alors que les militants socialistes connaissent depuis longtemps son comportement inhumain, qu’il a déjà eu l’occasion de mettre en œuvre tant au titre de la fonction de maire que de président d’une communauté de communes.

C’est la confirmation que la social-démocratie est le frère jumeau du fascisme.

Aucun soutien n’est à attendre du pseudo humanisme.

La vie quotidienne de Jean Paul Thé est celle de quelqu’un mis au placard, privé de toute dignité, et ceci au vu et au su de tous les témoins.

 

Bello, vendredi 13 août 2011

Les Veilleurs.

 

ANNEXE :

 

L'ex-directeur des finances gagne son procès contre le département

>Île-de-France & Oise > Oise > Beauvais|04 mars 2013

 

« Ce jugement me soulage, surtout pour une question de dignité. » La justice vient de lui donner raison. Jean-Bernard Ritt a remporté le bras de fer juridique qui l'opposait au conseil général de l'Oise. Directeur des services financiers de la collectivité, l'homme avait été visé par une mutation interne qu'il estimait injuste. D'où une procédure lancée devant le tribunal administratif d'Amiens. Au cœur du litige, selon lui : des billets d'avion utilisés par le président du conseil général, Yves Rome (PS), et son épouse pour se rendre en voyage officiel à Zahlé, au Liban, en octobre 2009.

Jean-Bernard Ritt en est convaincu : ce sont ces fameux billets qui sont à l'origine de sa soudaine disgrâce. Il affirme en effet avoir refusé, par déontologie, de faire prendre en charge par le service de la comptabilité le billet d'avion de l'épouse du président. Selon lui, ce refus l'aurait mené tout droit dans un placard doré du conseil général de l'Oise. De garant des finances du département, l'homme est devenu, du jour au lendemain, directeur général adjoint en charge de… la prospective. Un poste sans consistance dont les fonctions ne figurent même pas dans l'organigramme du conseil général.
Le billet d'avion de l'épouse d'Yves Rome
« Je suis devenu quelqu'un d'indésirable », regrette l'intéressé, persuadé dans cette affaire d'avoir été victime d'une « sanction déguisée. » A dire vrai, le tribunal administratif d'Amiens se garde bien d'assimiler la mutation interne de Jean-Bernard Ritt à une sanction. Toutefois, les juges estiment que cette mutation est entachée d'illégalité et doit être annulée. Ils considèrent que Jean-Bernard Ritt n'a jamais été informé des motifs de cette mutation. « Je n'ai pas été prévenu oralement ou par écrit », confirme l'intéressé. De son côté, le conseil général a pris acte de la décision du tribunal et annonce qu'il ne fera pas appel. A l'hôtel du département, on relève toutefois que « le tribunal s'est uniquement prononcé sur la forme et non sur le fond ». L'entourage d'Yves Rome note également que « M. Ritt est débouté de ses demandes d'indemnisation ». Les juges considèrent que la collectivité lui a offert un nouvel emploi qui, certes, « amoindrissait ses responsabilités antérieures » mais correspondait « à son grade ». De toute façon, Jean-Bernard Ritt a depuis longtemps quitté l'Oise pour migrer un peu plus au nord, vers le conseil général du Pas-de-Calais.

 

 

 

 

 

 

 

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16 août 2023 3 16 /08 /août /2023 09:07

(Partie 18) LE MINOTAURE BOUFFI

 

ACTE 4

LES DOUZE TRAVAUX D’HERCULE

 

Hercule est à la fois le symbole :

De la matière première des alchimistes, qui, après divers travaux, de plomb se transforme en or ;

Et aussi la destinée de tout homme, qui, après un certain travail, transforme le petit je en Soi. L’homme vulgaire, après douze expériences qui ont duré un cycle de dix années, devient le nouvel homme.

Hercule est à la fois un demi-dieu, fils de Zeus (le Soi) et fils d’une mortelle (le corps). Il ne doit s’identifier ni au Soi, ni au corps. A l’issue des douze épreuves, il devient lui-même dieu (fin des réincarnations).

 

1 Le rappel du placard :

 

LA FORCE. Maîtrise du corps. A chaque moment reprendre le dessus et me rappeler que je suis le Témoin. Accepter aussi les moments de faiblesse et de relâchement.

Étouffer le lion de Némée à la peau impénétrable, et rapporter sa dépouille rappel constant d’être placardisé

 

Visite de M. Olive MASCULIN à Bello, le mardi 9 mars 2010 :

Visite de l’Hôtel du Département :

Les jardins, le jet d’eau, le bâtiment principal et les appartements.

Le garage : sont alignés les véhicules de fonction des directeur général de services et directeurs généraux adjoints. Depuis ma mise au placard, je ne dispose plus d’un emplacement spécifique. Mon véhicule attribué est une Mégane Renault. Mon véhicule est stationné sur un emplacement de « directeur visiteur ».

Mon remplaçant bénéficie d’une Laguna.

Mon bureau : il n’a pas de nom. C’est un « anonymat » voulu. Petit, il est situé entre deux armoires. Dans un coin, les affaires en vrac de la personne qui occupait le bureau auparavant, affaires datées de 2009. Une précédente victime ?

Taille :

Ancien service.

Presse : du jour au lendemain, suppression de toute la presse tant locale que nationale.

Secrétariat : plus de secrétariat.

Matériel : informatique, téléphone, imprimante : matériel sobre, pour le moins, souvent défectueux. Ainsi, je dois, avant démarrage, débrancher le fil de l’ordinateur pour pouvoir le mettre en route.

Documents non rangés dans les couloirs.

Site Internet : arrivée de mon remplaçant. Ma nouvelle prise de fonction n’est annoncée nulle part, ni par note, ni par email, ni par intranet.

Début juin 2010 : Olivier Masquerel m’appelle au téléphone, sur commande : « Vous êtes mal, vous devez prendre le poste qui vous est proposé. »

Sans cesse, le placard se rappelle à moi, ne serait-ce que par le matériel défectueux, la mise en route plus que pénible de l’ordinateur, avec l’une ou l’autre pièce bancale, la souris ou autre. Sans cesse il faut s’y reprendre à plusieurs fois.

Chaque fois que Françoise me rend visite dans mon bureau, rarement, il est vrai, c’est pour me prendre quelque chose : le code général des collectivités territoriales, l’ouvrage Lamy sur les finances des collectivités territoriales,…, ceci sans doute à la demande de son chef de service.

Certains jours, en m’installant devant mon micro-ordinateur, je constate la disparition de certains programmes (par exemple à ce jour, le 14 juin 2010, disparition du programme POSEIDON).

D’autres jours, installation d’une pancarte avec mon nom sur la porte.

 

2 Le regard des autres :

 

LE REGARD. Se libérer des conventions sociales. Ma mère est mon gourou sur ce point : c’est une forme d’adaptation et de survie du petit je dans un monde barbare.

Tuer l'hydre de Lerne, dont les têtes tranchées repoussaient sans cesse. Symbole du regard des autres sur le placardisé.

 

« Quand ils sont venus chercher les communistes,

Je n'ai rien dit,

Je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,

Je n'ai rien dit,

Je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,

Je n'ai pas protesté,

Je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,

Je n'ai pas protesté,

Je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher,

Et il ne restait personne pour protester. »

 

Poème de Martin Niemöller

 

Peur des collègues de me rencontrer. Que ce soit les fonctionnaires, les francs Maçons,…

En quelque sorte, je suis mort professionnellement, et la mort fait peur. C’est ce qu’a verbalisé M. Duhaut : pour la collectivité du Conseil général de l’Isare, je n’existe déjà plus.

Les personnes extérieures penseront toujours que, s’il y a placard, c’est la faute du placardisé. Il n’a que ce qu’il mérite. Quelque part, ce qui lui arrive est de son fait.

 

3 Garder malgré tout le corps intact.

 

LA SANTE. La volonté de l’ennemi est de faire déraper, de faire en sorte que les armes soient retournées contre soi-même. C’est utiliser l’autodestruction.

Rapporter vivant l'énorme sanglier d'Érymanthe. Garder intact le corps malgré tout, éviter le suicide.

Idée de suicide, d’en finir une fois pour toute, sur le lieu de travail. Par rapport à soi-même ! Pour donner raison aux persécuteurs ?

S’obliger à des rencontres, en sachant malgré tout que le placardisé est un pestiféré, et que ceux qui choisiront de le rencontrer auront du courage, ne serait-ce que pour le saluer.

Il y a de longs moments de solitude et d’attente. Attente de quoi ? Que quelqu’un intervienne et constate l’injustice qui est faite. Attente d’une lettre apportant un secours ou une embauche. Tout cela semble vain.

 

4 Vaincre la rumeur et la malversation

 

PREVOIR. C’est faire courir la rumeur. Retourner la communication à mon profit.

Vaincre à la course la biche de Cérynie aux sabots d'airain et aux bois de bronze, créature sacrée d'Artémis. Vaincre la rumeur et la malversation.

Le directeur général des services rappelle que je n’existe plus pour le conseil général.

Chacun fait en sorte de me le faire comprendre.

Servi le dernier, en ronchonnant pour tous les services demandés (billets de train,…).

Reprise, sans m’en avertir du code général des collectivités territoriales.

Faire comprendre que je ne sers à plus rien, que je suis inutile et même que j’occupe indûment une place.

Culpabiliser.

 

Rencontre samedi 10 avril 2010, vers 11 heures, de M. Brun, payeur départemental.

Il m’informe que le Président n’a toujours pas mis en paiement à ce jour la facture relative au billet d’avion de son épouse. Il a vu passé le contrat de recrutement d’un directeur des ressources humaines, mais n’a pas vu le contrat relatif au recrutement d’un directeur des services financiers, qu’il pense passé dans la masse des mandatements.

Mon successeur est sur ses gardes : il n’ose pas prendre d’initiatives, il prend beaucoup d’égards, et se réfugie derrière les avis des uns et des autres, ce qui, faute d’informations fermes et fiables, bloque le travail des agents de la paierie. Il a notamment beaucoup de mal à mettre en œuvre le réseau de correspondants financiers.

Le fait de ne pas dire les choses, fait courir un risque aux équilibres financiers du conseil général. En effet, en raison des choix un peu légers effectués, le budget primitif est en équilibre précaire.

 

5 Mette de l’ordre dans la gestion financière.

 

ORDRE. Tableau prévisionnel.

Nettoyer les écuries d'Augias, qui ne l'avaient jamais été. Mettre de l’ordre dans la gestion financière.

Aucune prospective à trois années des finances départementales.

 

Rencontre le 8 avril 2010, 11 heures 30 avec M Duhaut, dans son bureau.

 

D’abord, le directeur général des services s’intéresse à mes recherches de postes et je l’informe des contacts en cours.

Puis il m’informe que le Conseil général a été destinataire de mon recours.

Il trouve le procédé inélégant. Devais-je lui demander l’autorisation ?

Discours contradictoire : il estime que la demande formulée d’un congé spécial est illégale et immorale. Mais il parle également d’une transaction et d’une possibilité de m’attribuer un congé spécial. Encore faut-il être deux pour effectuer une transaction.

Il me menace de me prendre les divers avantages en nature.

Le débat est clôturé par : « Quelle autisme ! » qui m’est adressé. On ressent un DGS en colère, qui ne maîtrise pas la situation. La décision appartiendra donc au Président.

Contradiction flagrante : d’un côté M. Duhaut m’encourage à chercher un poste et m’incite donc à poursuivre mes recherches, de l’autre côté, il m’indique qu’il serait en droit de me demander un travail sur le prospective.

Le DGS insiste sur deux points :

Le fait que j’ai demandé moi-même, un soir de grande fatigue, que mon dossier soit remis au Cabinet de recrutement Profess, qui m’a recruté. Cela indique donc que je ne me sentais pas bien dans les conditions du conseil général de l’Oise. J’ai traité également l’affaire du billet d’avion de Mme Minotaure de « peccadilles ». A noter d’une part, que le Cabinet de recrutement Profess n’a pas fait d’effort pour me retrouver un poste à la hauteur du poste que j’occupais à Mons et que d’autre part, le billet d’avion, que j’ai contribué à solutionner, pas seul, avec le DGS et les services, est une bien petite affaire par rapport à l’équilibre du budget 2010 du Conseil Général !

Le fait que j’ai dis que le budget 2010, tel que proposé par le Président, « n’était pas sincère et en équilibre réel ». Si je ne fais pas mon travail d’expert et de technicien des finances et du budget, je sers à quoi ? M. Duhaut me reproche également de ne pas avoir été le candidat idéal, trop directeur des finances et pas assez directeur général adjoint. Pour fabriquer en moins de six mois, un budget solide, avec un DGS qui me cisaille la branche dans mon dos, au lieu de constituer son équipe, et de m’aider sur le résultat final, pour ma part, je suis plutôt fier du résultat !

M. Duhaut m’indique également n’avoir rien fait pour solutionner les difficultés causées par Mme G, à savoir le départ quasi forcé des trois contrôleurs de gestion et auditeurs en moins de deux mois. Il oublie de préciser que, dès octobre 2010, j’avais proposé la mutation de Mme G, et sa réponse fut : « Si l’un des deux (Mme G ou moi-même), doit partir, c’est vous-même (moi, donc) ! ». Les choses étaient donc bien établies !

 

M. Duhaut m’explique que lui-même, ayant été sous-préfet, un jour, d’un arrondissement, le lendemain, il ne l’était plus. Les gens ne le saluaient plus dans la rue. Il donne l’impression que ma mise au placard est une basse vengeance d’une situation mal vécue par lui-même.

 

6 Se maintenir dans le coup.

 

Garder la dignité contre vent et marée. Sans être dupe du néant. Rester flexible.

Tuer les oiseaux du lac Stymphale aux plumes d'airain. Aller à l’affrontement et aux réunions, se maintenir dans le coup.

Aller aux réunions auxquelles on a droit.

 

7 Vaincre le Minotaure

 

Dompter le taureau crétois de Minos, que celui-ci n'avait pas voulu rendre à Poséidon. Vaincre le minotaure,

 

8 Résister

 

Manger l’autre : le faire soi.

Capturer les juments mangeuses d'hommes de Diomède. Rester vivant. Résister.

 

9 Première mort. Plus de passé

 

La ceinture coupe le corps en deux, avec le haut et le bas. C’est aussi le symbole de la richesse (matérielle et spirituelle) accumulée. La remettre, c’est s’en défaire.

Rapporter la ceinture d'Hippolyte, la fille d'Arès et reine des Amazones. Progresser en sagesse et aller vers la libération. Première mort. Plus de passé.

Reprise des livres que j’avais commandés lors de mon arrivée par la secrétaire, Françoise : le code général des collectivités territoriales, le WEKA sur les finances,…

 

10 Deuxième mort. Plus de futur.

 

Rendre la totalité, y compris le futur.

Vaincre Géryon le géant aux trois corps, et ramener son troupeau de bœufs. Deuxième mort. Être à côté du corps. Plus de futur.

Discours de M. Duhaut : je n’ai plus d’avenir au Conseil Général de l’Isare.

 

 

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