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1 juillet 2023 6 01 /07 /juillet /2023 12:56

Un aboutissement inévitable au XXI° siècle en France : le socialisme ; (Partie 5)

Liberté d'indifférence : Leibniz « Théodicée » : «  Il y a donc une liberté de contingence , ou en quelque façon d'indifférence, pourvu qu'on entende par l’indifférence que rien ne nous nécessite pour l'un ou l'autre parti ; mais il n'y a jamais indifférence d'équilibre, c'est-à-dire où tout soit parfaitement égal de part et d'autre sans qu'il y ait plus d'inclination vers un côté . »

L'âne de Buridan : Le paradoxe de l’âne de Buridan est une parabole selon laquelle un âne mourrait de faim entre deux picotins d'avoine placés à égale distance de lui (ou entre un seau contenant de l'avoine et un seau contenant de l'eau), faute de pouvoir choisir. 

Un acte gratuit est le fait d'agir en dehors de toute raison, motivation et/ou incitation. Cela peut apparaître comme la volonté de prouver sa liberté, de se montrer à soi-même que rien ne peut l'entraver. Dans ce cas-là, le motif de l'acte peut apparaître comme l'absence de motif.

Il peut aussi être un signe de charité, preuve de la bienveillance que l'on porte envers autrui, dans un geste d'amour désintéressé ou d'empathie.

Dans « Les Caves du Vatican » d'André Gide le héros, Aficionado, précipite dans le vide un vieillard assis en face de lui dans un train. Mais il comprend que son acte n'était pas gratuit, puisqu'il avait pour but de prouver qu'il existe des actes gratuits.


I ) Bossuet, Spinoza, Voltaire .

A) Bossuet

Le présent travail est inspiré notamment par l'ouvrage fondamental de Bossuer, « Discours sur l'histoire universelle », qui a servi en particulier pour l'éducation du dauphin , fils de Louis XVI, dont Bossuer était le précepteur . Il convient de bien distinguer ce que Bossuer , au XVII° siècle , entendait par « monde » , « histoire universelle du monde », et « la Religion » .

Le monde : C'est le monde connu du XVII° siècle, surtout le pourtour de la mer Méditerranée, que Bossuet décrit en douze époques , à partir de la Bible et des auteurs antiques, dont en particulier les épisodes suivants : La Création du monde, 4000 avant notre ère, etc. la Prise de Troie, Romulus ou Rome fondée, Cyrus, Scipion , ou Carthage vaincue, Constantin, ou la Paix de l’Église, Charlemagne, ou l'établissement du nouvel Empire.

Il y a une seule civilisation réelle, la civilisation chrétienne, les autres cultures (Afrique, Asie, Amérique) étant rejetées dans l'ombre. Surtout, il y a une seule Religion ,celle instaurée par Jésus-Christ. L es autres spiritualités sont soit niées, soit sont autre chose (paganisme, idolâtrie, etc.). LA Religion est manifestée par l’Église catholique romaine, à Rome.

Bien évidemment, cela n'a plus rien à voir avec l'histoire universelle telle qu'écrite aujourd'hui. Cela nécessite la mise au point suivante :

En sortir de l'Histoire raciste : Non, l'Occident n'a pas inventé la science ; non, la religion de l'Occident n'est pas la seule et vraie religion.

Nos universalismes ne sont pas seulement issus de la pensée européenne (Lumières, etc.). La colonisation du monde par l'Europe, quand elle n'a pas conduit à la décimation ou l'extermination pure et simple des peuples autonomes, a entraîné l'extinction de modes de vie, de formes de vie culturelle et de l'héritage biologique, culturel et social des sociétés colonisées. Partout, les colonisateurs ont aspiré à imposer aux colonisés leur vision du monde. Dans les conditions actuelles de la mondialisation, les systèmes de connaissance occidentaux ont réussi, avec succès, à dominer le monde dans presque tous les domaines de la vie. Ainsi, la science aurait ses racines en Occident et serait née chez les Grecs. Ce récit a été construit en trois phases : 1) Origine grecque de la science (négation des rôles de l’Égypte, de l'Inde, de la chine, des pays arabes, etc.). Création d'Euclide et de Ptolémée. 2) Fabrication des légendes des révolutions euclidienne et newtonienne (revendications de « redécouvertes indépendantes », qui est une tendance à la fraude dans l'écriture de l'histoire occidentale). (Par exemple, Copernic a refusé de reconnaître ses sources islamiques). 3) Triomphe du racisme et du colonialisme occidental : C'est celui qui écrit l'histoire qui dicte les règles . De même la religion chrétienne a été considérée longtemps comme la seule et ultime religion, à laquelle il fallait se plier de gré ou de force. Cette origine de la science a été fabriqué en trois étapes : 1 ) Une origine grecque de la science a été inventé pendant les Croisades. 2) La connaissance a été théologiquement aseptisée pendant l'Inquisition et l'intolérance religieuse. Des connaissances « païennes » ont été appropriées par les Européens, et réinterprétées pour les rendre recevable théologiquement. 3) Enfin, les historiens raciste se sont appuyés sur cet héritage pour glorifier la civilisation blanche et déprécier les autres civilisations. Leur conception est présentée comme la seule légitime, ce qui a poussé les autres cultures à imiter l'Occident.

Ceci étant dit, que retenir de cette forme d'histoire ?


 


 

Bossuet (page 428) : « En un mot, il n'y a point de puissance humaine qui ne serve malgré elle à d'autres desseins que les siens. Dieu seul sait tout réduire à sa volonté. C'est pourquoi tout est surprenant , à ne regarder que les causes particulières, et néanmoins tout s'avance avec une suite réglée. Ce Discours vous le fait entendre ... »


 

Bossuet (page 427) : « Il faut tout rapporter à une Providence. »

C’est une conception simpliste. Les événements se succèdent, soit arbitrairement, soit selon un certain déterminisme (dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent les mêmes effets : si l’événement a se produit, b se produira nécessairement). Cette évolution peut avoir un sens (il y a alors progrès de la civilisation). Selon Bossuet (34) qui partage cette conception, il existe une Providence divine, qui crée l’histoire, qui en est la véritable cause, l’homme n’en est que l’instrument.


 


 

Bossuet (page 94) : « Épicure, Athénien, chef des philosophes qui portent son nom, si toutefois on peut nommer philosophes ceux qui niaient ouvertement la Providence, et qui ignorant ce que c'est que le devoir, définissaient la vertu par le plaisir. »


 

B) Spinoza

1646-1650 : Spinoza se prépare peut-être au rabbinat.

1656 : Spinoza est dénoncé à la synagogue d'Amsterdam. Un soir, un fanatique tente de tuer Spinoza d'un coup de poignard. 27 juillet : le Conseil des rabbins publie l'arrêt d'exclusion.

La liberté au sens spinoziste : « L'homme libre, c'est-à-dire celui qui vit suivant les seuls conseils de la raison, n'est pas dirigé dans sa conduite par la crainte de la mort, mais il désire directement le bien, etc. » Spinoza, Éthique, IV, pro. LXVII . (Livre V : « De la liberté »).

Dans la tradition judaïque, il existe quatre niveaux d'interprétation de la Torah :

  • le Pshat : sens littéral ou obvie ;

  • le Semez : sens allusif (littéralement : allusion) ;

  • le Drash : sens homilétique et métaphorique ;

  • le Sod (kabbale) : sens mystique (littéralement : secret).

L'acronyme forme « perds » (PaRDeS), qui signifie « paradis ». Le Midas se concentre sur le remuez et le crash.

Le sens mystique ou secret (sod) fait l'objet plus particulièrement des études kabbalistiques.

Le Dieu de Spinoza :

Pour certains, Spinoza est un athée, qui a couvert son athéisme par la notion de « Dieu », et c'est pourquoi il aurait été condamné par la synagogue d'Amsterdam (excommunication) . Ainsi Voltaire déclare : « Spinoza était non seulement athée, mais il enseigna l'athéisme. (…) Les athées sont pour la plupart des savants hardis et égarés qui raisonnent mal, et qui, ne pouvant comprendre la création, l'origine du mal, et d'autres difficultés, ont recours à l'hypothèse de l'éternité des choses et de la nécessité . » (page 56). Dans ce cas, Spinoza serait l'un des inspirateurs de la philosophie des Lumières du XVIII° siècle, puis de Hegel et de Karl Marx. Que recouvre alors la notion de « Dieu » ? Dieu est une substance , la totalité du réel, de la matière du monde ou de l'univers. Cette substance s'est peu à peu diversifiée : matière inerte, puis vivant et enfin pensée et conscience). En l'homme cette substance se manifeste selon deux modes : l'étendue et la pensée.


 

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30 juin 2023 5 30 /06 /juin /2023 14:26

Un aboutissement inévitable au XXI° siècle en France : le socialisme ; (Partie 4)

3) La révolution d'octobre 1917 et le socialisme :

Il faut aller chercher le successeur le plus important de Karl Marx et Friedrich Engels du côté de la Russie de la fin du XIX° siècle et du début du XX° siècle : il s'agit de Lénine, qui a développé le marxisme sur différents points(comme la possibilité de réaliser la révolution prolétarienne dans un pays arriéré comme la Russie, devenue un maillon faible, dans le cadre de la crise mondiale du capitalisme et de la première guerre mondiale. Il a aussi développé l'analyse du capitalisme, en actualisant l'analyse marxiste, en montrant que le capitalisme est passé à son stade suprême, l'impérialisme., qui est une forme de capitalisme monopoliste d’État. Il a retenu notamment la leçon de Karl Marx , suite à la Commune de Paris de 1871 : il faut non seulement s'emparer de l’État bourgeois, mais briser et détruire celui-ci, pour le remplacer par une dictature du prolétariat. Dans l'histoire, toute domination d’une classe sociale sur les autres classes d'une société est une dictature, la classe dominante se réservant l’application de la démocratie pour ses seuls intérêts. Ainsi peut-on parler de démocratie bourgeoise, de parlement bourgeois et de république bourgeoise. Marx a précisé que la Commune de Paris de 1871 était le premier modèle de dictature du prolétariat sur la bourgeoisie , et de démocratie populaire pour le peuple ; et donc c'est le premier régime où la dictature s'exerce sur une extrême minorité, les anciens exploiteurs, pour éviter leur restauration, et où la démocratie s'exerce pour l'immense majorité du peuple.

Lénine a également analysé la guerre, qui est une guerre impérialiste de repartage des pays colonisés entre les puissances capitalistes, et la seul façon de s'y opposer, c'est de s'opposer, dans chaque pays , à sa propre bourgeoisie ou classe exploiteuse, par la guerre révolutionnaire, ou la guerre de libération nationale.

D' autres successeurs de Marx sont Staline, Trotski, Mao Tsé-toung, etc.

4) Tentative d'analyse marxiste de l'époque contemporaine :

Voici ce que l'on peut dire du XX° siècle, si on fait un bilan global : de la première crise mondiale du capitalisme, au début du XX° siècle, il est résulté une première guerre mondiale impérialiste de repartage du monde, et également le triomphe de la révolution d'octobre 1917, en Russie , dont a résulté la création de l'URSS. Puis une crise économique et sociale à laquelle a succédé la seconde guerre mondiale opposant les pays dits « libres » aux trois régimes fascistes de l'Allemagne, de l'Italie et du Japon. L'URSS, après s'être développé grandement, a apporté sans aucun doute l'effort principal pour triompher du fascisme nazi, le fascisme étant défini par les marxistes comme la domination dans un pays de la fraction la plus barbare de la classe bourgeoise. Le résultat est à la fois, d'une part la création d'un camp socialiste comprenant la République Populaire de Chine et une partie de l'Europe orientale, en plus de l'URSS, s'opposant au camp capitaliste et impérialiste, dirigé par la superpuissance américaine, et d'autre part, une zone des tempêtes comprenant les divers pays en voie de développement , avec de nombreuses guerres locales (Corée, Vietnam, Cambodge, Afrique, etc.) et des guerres civiles et de libération nationale de diverses ampleurs (Inde, Pakistan, Grèce, Philippines, Cuba, Chili, Afrique, etc. ). La seconde moitié du XX° siècle a vu des restaurations du capitalisme , d'abord l'URSS, en 1953, puis les pays européens, et enfin la Chine continentale en 1976 (Retour en arrière, dans une histoire en spirale). La Russie et la Chine sont devenus des pays fascistes . La Russie reste une puissance nucléaire, mais a été considérablement affaiblie en 1989. D'autre part, le capitalisme s'est considérablement développé, notamment par l'exploitation des néo-colonies, mais aussi grâce à de nombreuses découvertes scientifiques (informatisation, etc.) dans le cadre de la mondialisation. D'autres pays se sont développés, devenant des puissances moyennes, qui mènent des politique agressives au niveau local (Iran, Israël, Turquie, Brésil, etc.)

La France s'est également développé, d'un point de vue capitaliste (amélioration de la productivité du travail, augmentation du nombre des bourgeois très riches, mais aussi appauvrissement des classes laborieuses, et déclassement des classes dites moyennes (moyenne et petite bourgeoisie). Avec une difficulté certaine à maintenir sa main-mise sur les pays africains, anciennes colonies (Franc CFA, etc.) disputés par la Chine, la Russie, les USA, etc. Au niveau de la classe bourgeoise française, une fraction, dominante, s'est mise sous la direction des USA (et de l'Otan), une autre fraction , minoritaire, opte pour une alliance avec la Chine et/ou la Russie. Depuis le début du XXI° siècle a débuté une phase nouvelle qui comporte, à la fois une seconde crise mondiale du capitalisme (crise de 2008, crise de 2022, inflation fermetures d'entreprises, etc.) et les prémices d'une troisième guerre impérialiste mondiale, dont l'agression de l'Ukraine, (gérée par les oligarques fascisants) constitue le début, mais aussi un réarmement de la plupart des pays moyens, dont la France. Cette guerre de rapine mondiale opposera l'impérialisme américain, superpuissance hégémonique mais en déclin, et ses alliés à la superpuissance montante qu'est la Chine et ses alliés, dont la Russie.

La seule façon d'empêcher cette guerre injuste, c'est de lui opposer une guerre juste, chaque peuple s'opposant à sa classe bourgeoise, ou à sa classe dominante ; reste à savoir si la France constitue un maillon faible et si la classe ouvrière française est capable de créer un parti pouvant faire la révolution socialiste en s'alliant avec l'ensemble du peuple dans le cadre d'une guerre populaire pour le pain , la paix et l'indépendance et la liberté par rapport aux deux camps impérialistes américain et chinois.

Conclusion :

  • Pendant l'histoire, la liberté, c'est prendre conscience de notre aliénation et lutter pour la libération.

  • Le capitalisme a eu un rôle positif et révolutionnaire dans l'histoire : il a mis fin au régime féodal, en le remplaçant, et il a aussi permis un essor sans précédent de la richesse des nations. Mais il présente de nombreuses limites, dont notamment les deux suivantes : il accapare la richesse à un bout de la société, au profit d'une extrême minorité, de plus en plus riche, et il appauvrit la grande majorité du peuple, à l'autre bout de la société. Par ailleurs, il raisonne sur les besoins au niveau de chaque entreprise, et non au niveau d'une planification de toute la société. Il en résulte un développement anarchique, qui conduit à des crises périodiques, à la fois de pénurie, et de surdéveloppement de marchandises, qui ne trouve pas de demande. Arrive un moment où la classe dirigeant ne peut plus diriger rationnellement la société et où le peuple ne supporte plus cette direction. C'est alors qu'éclate une période révolutionnaire qui met fin au système capitaliste , pour le remplacer par un système plus juste et plus démocratique. Peut-être que ce moment est arrivé ? Dans le fond, ni la minorité de la bourgeoisie, ni l'ensemble du peuple ne sont satisfait de cette réalité , qui se déroule de façon automatique, sans que ni les uns ni les autres ne puissent s'en contenter. La liberté, c'est bien de prendre conscience e de cette réalité et d'en finir pour progresser et sortir de cette aliénation.

  • Après l'histoire, la liberté, c'est être heureux en ayant conscience des déterminismes.

Bibliographie :

- Karl Marx et Friedrich Engels « La Manifeste du Parti Communiste »

- Karl Marx « Le Capital »

- Lénine « L'impérialisme, stade suprême du capitalisme »

« Nous avons un libre-arbitre »

Thèse 2 : L'homme n'est pas « un empire dans un empire ». Il est assujetti aux loi universelles. Il connaît la joie et la béatitude lorsqu'il adhère à cette nécessité, qui est la Providence. Il est méchant, triste, lorsqu'il s'imagine un libre-arbitre, et s'oppose au dessein et au plan divin. La religion, c'est la science et la connaissance de la voie de Dieu. La loi divine qui donne aux hommes la véritable béatitude et leur enseigne la vraie vie, est commune à tous les hommes : elle est innée à l'âme humaine, et comme écrite en elle.

Introduction : Le libre-arbitre. La liberté d'indifférence.

Voici comment le « Vocabulaire technique et critique de la philosophie » d'André Lalande définit le libre arbitre : « Sens le plus usuel (Libre arbitre indifférent) : puissance « de choisir ou de ne pas choisir un acte », telle qu'on en fait « l'épreuve dans les choses où il n'y a aucune raison qui nous penche d'un côté plutôt que de l’autre », Bossuet « Traité du Libre-Arbitre ». – « L'homme se croit libre : en d'autres termes, il s'emploie à diriger son activité comme si les mouvements de sa conscience et par suite les actes qui en dépendent n'étaient point seulement une fonction des antécédents, conditions ou circonstances données quelconques, … mais pouvaient varier par l'effet de quelque chose qui est en lui et que rien, non pas même ce que lui-même est avant le dernier moment qui précède l'action, ne prédétermine . » Renouveler, « Science de la Morale ».

Ce terme désigne à la fois l'indétermination de la volonté placée en face d'un choix (ce qu'on appelle liberté d'indifférence) et le pouvoir de la volonté d'agir comme cause première. Ce concept est forgé par Augustin pour dire que l'homme est seul responsable du péché et qu'il n'y a pas de cause du mal en Dieu.


 

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29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 11:19

Un aboutissement inévitable au XXI° siècle en France : le socialisme ; (Partie 3)

L'ancienne contradiction entre féodaux et féaux, est remplacée par une nouvelle contradiction entre diverses classes sociales, la contradiction principale s’effectuant entre bourgeoisie et prolétariat, avec de nouveaux des développements violents (Commune de Paris de 1871, Front Populaire de 1936, etc.) , des développements « pacifiques » , des interventions extérieures (guerres, pillages des pays du Tiers-Monde, etc), et donc des avancées et des reculs.

Le matérialisme dialectique est donc une science, qui utilise les méthodes des sciences physiques et sciences humaines (méthode expérimentale, etc.), et le matérialisme dialectique doit donc s'adapter en fonction des progrès des sciences. De même le matérialisme historique est la science qui étudie le mouvement de l’histoire ; c'est aussi l'idéologie de la classe ouvrière (prisse du pouvoir, État socialiste, dictature du prolétariat, démocratie populaire, etc.)

A noter donc , que ce développement des sociétés est automatique, sans intervention extérieure (divine), indépendamment de la volonté des hommes. En somme, peu à peu, à travers cette histoire universelle, les hommes , indépendamment de leur volonté, parviennent à alléger les conditionnement et leur aliénation, en se libérant des contraintes physiques et matérielles, mais ceci non pas de façon aléatoire, mais à travers des lois, que, pour les sociétés, il est possible de décrypter dans l'histoire.

Mais il n'y a pas de fatalité : même si la conscience est secondaire, par rapport au sous-bassement matériel et économique, la conscience étant elle-même matérielle (monisme), par contre la conscience joue un rôle dynamique et rétroagit sur l'infrastructure. La conscience agit selon des lois objectives.

Marx s'est opposé à tout spontanéisme, et au rôle actif de l'homme, notamment des idéologues de toutes les classes. Mais souvent cette action est recouverte d'un voile qui obscurcit la réalité . Ainsi, dans la contradiction principale, tant les bourgeois, que les prolétaires sont aliénés, malheureux, agissant uniquement en fonction de ce qui découle de leur position de classe. Mais pour agir dans le sens de l'histoire, la classe ouvrière doit édifier un Parti communiste, un Front uni unissant toutes les classes intermédiaires (colle le Tiers État en 1789), et une Armée. Comme dit Marx : « Il faut transformer les armes de la critique en critique des armes. »

Tout comme Sigmund Freud, ou Frédéric Nietzsche, Karl Marx a effectué une rupture, ce que l'on a appelé une révolution copernicienne (Copernic a démontré que ce n'est pas le soleil qui tourne autour de la terre, mais que c'est la terre qui tourne autour du soleil. De même :

- Sigmund Freud a mis , au centre de la personne humaine, l’inconscient (le ça, le sur-moi) , en lieu et place du moi, rejeté à la périphérie, donnant les bases de la psychologie ;

- Frédéric Nietzsche a mis en second rang la morale, et au centre la volonté de puissance, « par delà le bien et le mal ;

- enfin Karl Marx a rejeté au second plan la conscience sociale, la superstructure en général, et mis au centre l'infrastructure, l'économie, les individus agissant indépendamment de leur volonté.

III) Quelques applications à l 'histoire :

1) Les formations sociales . Les successeurs de Karl Marx.

Si Karl Marx s'est attaché surtout à analyser la formation capitaliste dans les pays européens, en particulier dans son ouvrage « Le Capital », en trois livres, depuis le XIX° siècle, de nombreux auteurs ont analysé d'autres formations sociales. Quant à l'analyse du capitalisme, la dernière tentative est celle de « Le Capital au XXI° siècle » de l'économiste français Thomas Picketty.

A l'époque de Karl Marx, il existait d'autres philosophes qui ont essayé de penser la société, comme les anarchistes, Proudhon, Bakounine, etc. Le point commun de ces auteurs, avec Karl Marx, c'est qu'ils voulaient également en finir avec les aspects négatifs de la société bourgeoise, par une révolution sociale. A la différence de Karl Marx, les anarchistes pensaient qu'il est possible de supprimer l’État bourgeois, sans créer un nouvel État, transitoire, socialiste.

Avant Marx, il y avait les « socialistes utopiques » tels Robert Owen en Grande-Bretagne, Saint-Simon, Charles Fourier, Étienne Cabet et Philippe Buchez en France   : ceux-ci étaient idéalistes, car ils pensaient pouvoir convaincre , par la persuasion, et sans violence, les dirigeants bourgeois de la société, afin que ceux-ci entreprennent des réformes nécessaires, dont un repartage des richesses.

De nombreux auteurs, d'abord disciples de Karl Marx, deviendront ensuite « révisionnistes », c'est-à-dire qu'ils trahissaient l'esprit du marxisme, en élaborant des théories qui s'opposent à la base marxiste. Parmi ces idées révisionnistes, notons les plus courantes :

- l'économisme : La classe ouvrière doit se consacrer uniquement à la défense de ses intérêts économiques (dont les salaires) et ne pas se mêler de politique, en laissant celle-ci aux représentants spécialisés de la classe bourgeoise ; pour le marxisme, la classe ouvrière doit bien évidemment lutter pour ses intérêts immédiats, dont le salaire, le droit de se syndiquer, mais elle doit aussi inévitablement satisfaire sa mission historique, qui est le renversement de l’État bourgeois, et la lutte pour le tout, dont le pouvoir politique.

-le pacifisme et le réformisme  : la révolution violente (opposer à la violence réactionnaire de l’État bourgeois la violence révolutionnaire du parti prolétarien) n'est plus indispensable à notre époque. Il est possible de passer au socialisme par les réformes et en particulier par le vote et le suffrage universel. C'est la théorie du passage pacifique au socialisme ; le marxisme considère qu'il faut lutter pour toutes les réformes qui améliorent les conditions de vie des travailleurs, mais sans négliger la lutte stratégique pour le pouvoir. Car les réformes seront inévitables reprises par la bourgeoisie, dès qu'elle en a l'occasion.

-on peut arrêter la roue de l'histoire, il n'y a pas de déterminisme, pas de loi d'airain infaillible, etc.

A noter que divers pays présentent leur régime comme étant du socialisme, alors qu'il s'agit d'un simulacre de socialisme, socialisme en paroles, mais fascisme divers dans les faits (dictature d'une oligarchie, d'une couche sociale bourgeoise, etc.). Ce qui compte, c'est la pratique et l'analyse du régime sur les points suivants : démocratie pour qui, dictature sur qui ? Exemples de tels régimes : la Corée du Nord, le Cambodge du Kampuchéa, Cuba, Vietnam, etc.

2) La révolution française de 1789 et le capitalisme :

Karl Marx a beaucoup étudié la période qui a conduit , puis a suivi la révolution française de 1789-1794, et notamment les auteurs du siècle des Lumières, dont le matérialiste Denis Diderot, Jean Paul Marat, etc. Il a examiné l'essor de la classe bourgeoise depuis le haut moyen âge, et les luttes de fractions au cours de la révolution française, entre la droite bourgeoise (dont les girondins) et la gauche bourgeoise (les Montagnards) qui voulaient mieux intégrer les classes populaires du Tiers-Etat dans le processus révolutionnaire. Également, il a constaté qu'une fraction non négligeable de l'ancienne classe aristocratique a rejoint les rangs de la révolution , dont des philosophes comme Montesquieu, favorables à une monarchie constitutionnelles, comme en Angleterre, ou bien des hauts prélats défroques (Abbé Grégoire, , etc.).

Ainsi Marx a souligné l'importance des intellectuels sur le mouvement révolutionnaire, en particuliers, ceux de l'ancienne classe dirigeante, qui rejoignent la révolution. C'était son cas, puisque, en tant que membre de la classe moyenne prussienne, il n'a pas hésité à se mettre au service de la classe ouvrière.


 

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28 juin 2023 3 28 /06 /juin /2023 10:38


 

Un aboutissement inévitable au XXI° siècle en France : le socialisme ; (Partie 2)

Introduction

  1. Le déterminisme absolu tant au niveau collectif qu' individuel :

    1) Les classes sociales et la lutte de classes :

    La notion de classe sociale est un concept de la sociologie, que l'on rencontre , par exemple, au sens de groupe social, dans « La République » de Platon. Les classes sociales ne sont pas forcément antagoniques, et elles peuvent collaborer au bon fonctionnement de la société. Le concept de luttes de classes émerge chez les historiens libéraux bourgeois au XIX° siècle, comme François Guizot, Augustin Thierry ou Adolphe Thiers.

    Pour Karl Marx, l'histoire est l'histoire de la lutte des classes et le progrès se réalisent par cette lutte qui conduit à remplacer à la direction d'une société une classe dominante par une autre classe jusque là dominée.

    Ainsi, le système esclavagiste a vu la domination des esclaves par la classe des propriétaires terriens, également propriétaires d'esclaves . Au cours des luttes, ce système a été remplacé par le système féodal, qui a vu la domination des seigneurs féodaux sur les paysans et les serfs. Enfin ce système féodal a été remplacé par le système capitaliste, qui a vu le triomphe de la classe capitaliste sur le peuple, dont le prolétariat, classe des travailleurs .

    Par classe sociale, on entend un ensemble de gens qui, dans la production jouent un rôle similaire, sont à l'égard des autres hommes dans des rapports identiques. Ainsi, chacun d'entre nous fait partie d'une classe sociale, appartenance qui détermine notamment nos conceptions et notre réalité sociale.

    2) L'histoire : L'histoire est une science et elle a un sens :

    L'histoire est une science qui a ses lois , tout comme les sciences physiques la chimie, et la biologie. Mais c'est une science humaine, qui ne repose pas sur l'expérimentation et la méthode expérimentale, mais qui peut faire l'objet d'un savoir rigoureux et objectif , tout comme la sociologie et la psychologie, qui naissent également au XIX° siècle. L'évolution historique ne décrit pas des cycles, comme pour Platon , par exemple (la Grande Année) et le retour périodique du Même, mais sur une ligne des temps qui va de moins l'infini à plus l'infini. Pour Marx, l'histoire d écrit une évolution en spirale, avec un sens, vers l'avenir. Ainsi, il décrit la succession inévitable de plusieurs formations sociales, qui passent par : la communisme primitif, l'esclavagisme , le système féodal, la capitalisme, le socialisme et le communisme supérieur. L'histoire a donc un sens, et ce progrès se traduit, d'une part par une augmentation considérable, à chaque étape , du surprofit, ainsi, qu'à terme, la suppression des classes sociales et de l’État. Chaque système se caractérise par la domination d'une classe sociale minoritaire, aux dépens des autres classes majoritaires, et seule le socialisme se caractérise par la domination de la majorité des classes laborieuses, sur la classe bourgeoise minoritaire. L’État est l'instrument de la classe dominante, qui règle le fonctionnement de la société, par la violence (impôts, police, armée). Se sont donc succédé un État esclavagiste, un État féodal, un État capitaliste et un État socialiste.

    3) Les « héros » et la masse :

    Ainsi , si l'on prend le système capitaliste, on ne peut porter sur le comportement du bourgeois une appréciation morale : il n'est ni bon, ni méchant, mais il se comporte en bourgeois parce tel est sa situation sociale. Il n'a aucun choix, car le système décide de tout. Il est placé dans une fonction sociale qui fait en sorte qu'il exploite les membres de la classe ouvrière. Il opprime les salariés, par la notion de plus-value, qui consiste à escroquer une partie non payée du travail. Il en est de même du prolétaire : celui-ci n'est ni bon, ni mauvais, mais il doit se comporter de telle sorte qu'il s'oppose à l'exploitation de son travail, et qu'à un moment de l'évolution, il entre en contradiction avec le système capitaliste, et, se regroupant avec tous les membres de sa classe le renverse de manière violente, pour remplacer l’État capitaliste par un État socialiste .

    Écrire l'histoire, c'est décrire les divers mouvements sociaux, car seul le peuple crée cette histoire. Ce n'est plus l'histoire de « héros » individuels, mais d'un ensemble social qui évolue et se transforme. Ainsi, le bourgeois ne pense pas arbitrairement ses pensées et ses actions, mais il pense et agit en fonction de ce qu'il pense. La connaissance, y compris celle de l'histoire et des luttes de classes, n'est que le reflet dans la conscience de chacun de la réalité mouvante. Il faut d'ailleurs se méfier de ce que chacun pense (y compris de lui-même), car ce ne sont souvent que des affabulations , derrière lesquelles il faut retrouver la réalité latente.

  2. La libération de l'aliénation, du conditionnement et de la surdétermination :

    1) Matérialisme et idéalisme :

    La philosophie se scinde en deux conceptions antagoniques du monde, le matérialisme et l'idéalisme. L'idéalisme est l'idéologie des classes exploiteuses et possédantes. Pour ces classes sociales, l'esprit est premier (Dieu, ou l'Idée). Exemples : Platon (le mondes des Idées) ou Hegel (l'Esprit). Les classes dominantes utilisent la religion (opium du peuple) pour tromper les masses travailleuses, en créant un arrière-monde illusoire . Pour les travailleurs, seule existe la matière. Les idées, la conscience , sont secondaires, et rétroagissent sur la matière. Le socle de la société, c'est l'économie. Avant de penser le monde, il faut d'abord nourrir, loger, habiller la société.

    C'est pourquoi, qu'ils en aient une conscience claire , ou bien obscure, la société repose sur une infrastructure, qui sont les conditions économiques de la production des divers moyens de production et aux divers biens indispensables à la reproduction de la société. Sur cette infrastructure vient s'adosser une superstructure, qui comprend notamment les diverses institutions (l’État, les institutions, les religions, les sciences, l'école, etc.)

    Ainsi, la science permet de développer les moyens de production, et elle rétroagit sur l'aspect matériel de la société.

    Peu à peu, depuis le communisme primitif (chasse et cueillette, tribus), jusqu'au capitalisme, la société a produit collectivement un surprofit de plus en plus abondant, permettant d'abord à une minorité de propriétaires de terres et d'esclaves, de se libérer de la production , pour disposer de plus en plus de temps disponible, et de lever des impôts, affectés soit à la science et à la philosophie, soit à la création de moyens de coercition, soit vers l’intérieur (police) soit vers l'extérieur (armée) pour lutter contre les classes dominées (esclaves). Avec le capitalisme, le développement de la productivité, et l'exploitation des pays coloniaux, ce surprofit est gigantesque, et a permis aux premières sociétés capitalistes de connaître un immense développement (guerres de rapines, paupérisation absolue et relative des classes populaires, développement des sciences, jusqu'à la robotisation et l'informatisation, etc.).

    2) Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique :

    L'origine du marxisme a connu trois sources principales : d'abord le syndicalisme en Angleterre, pays capitaliste le plus développé au XIX° siècle, ensuite le socialisme en France (Saint-Simon, Fourier, etc.) et enfin la philosophie en Allemagne (Hegel). De plus Karl Marx et Friedrich Engels ont participé à toutes les luttes sociales qui ont parsemé le développement du capitalisme en Europe (Luttes en Prusse, en France, en particulier la révolution de 1848 et la Commune de Paris de 1871, luttes en Angleterre, dont la création de l'Association Internationale des Travailleurs, dite « Première Internationale ouvrière, etc.). Enfin , Marx et Engels étaient foncièrement athée et matérialistes, comme tous les hégéliens dits de gauche. A noter que Karl Marx , fils d'un rabbin, époux d'une fille d'aristocrate prussien, dont le frère sera un ministre conservateur éminent du roi de Prusse, a fait sa thèse de philosophie à l'université de Berlin sur les auteurs matérialistes grecs, Démocrite et Épicure.

    Mais la philosophie de Hegel était un idéalisme, et comme le dit Marx, il a fallu la redresser et le remettre sur les pieds. Selon la dialectique, la matière est mouvement, et la science décrit ce mouvement. Dieu devient inutile, puisque chaque chose, comporte en soi une contradiction, avec au moins deux aspects (plus et moins). Les deux aspects se développent, l'un devenant prioritaire ou dominant et la chose se transforme.

    Le matérialisme historique est l'application du matérialisme dialectique aux sociétés humaines. En ce sens, Marx est le créateur de l'histoire en tant que science. Exemple : d'abord il y a la société féodale, qui comporte diverses classes sociales. Deux classes se distinguent : la classe aristocratique (les Seigneurs, les grands prélats, les propriétaires féodaux,...) et le Tiers État (les artisans, les paysans, les marchands, les premiers ouvriers, etc.). Une classe va connaître un grand développement , grâce au capital financier et au capital marchand : ce sont les habitants des bourgs ou bourgeois. De dominée, cette classe devient dominante, alors que la classe aristocratique, de dominante, devient dominée. A un moment donné, éclate une crise, c'est en France la révolution de 1789, et la classe bourgeoise prend tous les pouvoirs (pouvoir économique, culturel, pouvoirs qu'elle possédait déjà en grande partie, et surtout pouvoir politique, en brisant l’État féodal pour construire un État bourgeois). Cette lutte entre la classe aristocratique et la classe bourgeoise va se poursuivre de 1789 à 1871, la classe bourgeoise devenant alors , avec la troisième république, définitivement dominante. A noter deux points :

    -Le premier : le renversement du système féodal a bénéficié de l'aide de l'ensemble du Tiers État y compris la classe ouvrière, car toutes les couches dominées avaient un intérêt objectif au renversement du féodalisme, système devenu obsolète.

    -Le second : le renversement de l'ancien et l'instauration du nouveau n 'est pas fait de façon linéaire, brutale, mais sur une longue période , avec des mouvements « en arrière », des restaurations de la classe féodale (Louis XVIII, etc.) , des périodes de développement plus violent (Terreur de 1793) plus « pacifique » (Louis-Philippe : « Enrichissez-vous » disait Guizot) ou des compromis (Napoléon III) … Ceci parce que la marche de l'histoire est en spirale, avec des retours en arrière, mais globalement l'histoire progresse immanquablement vers un mieux.


 

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27 juin 2023 2 27 /06 /juin /2023 09:59

Un aboutissement inévitable au XXI° siècle en France : le socialisme ; (Partie 1)

Préambule :

1) L'autorité, pouvoir légitime :
Il y a deux manières de pratiquer l'autorité :
  • L'autorité asservissante : Il y a l'autorité qui use du pouvoir et du savoir-faire dont elle dispose pour subordonner les autres à ses fins particulières, et qui ne cherche qu'à s’emparer d'eux pour les mettre à profit.

  • L'autorité libératrice : Il y a l'autorité qui use du pouvoir et du savoir-faire dont elle dispose pour se subordonner elle-même , en un sens , à ceux qui lui sont soumis, et qui, liant son sort à leur sort, poursuit avec eux une fin commune.

Illustration :

-Spinoza : Spinoza a rédigé deux Traité, le « Traité des autorités théologique et politique » et le « Traité de l'autorité politique », autorité signifiant « pouvoir légitime ». Il présente le peuple hébreu géré par Moïse , comme une forme d'autorité libératrice. C'est un système « démocratique », la démocratie, ou « libre république », ou « république » étant le seul régime qui soit tout à fait naturel et rationnel ((Page 1041) régime plus pacifique, plus libre que les autres (Page 830-831). En effet, Moïse, et les dirigeants, ainsi que le peuple obéissent à la même Loi divine. Mais avec la création de la monarchie, il a été mis fin à ce régime, et chaque roi est apprécié, selon qu'il s'est lui-même soumis ou non à la Loi divine commune.

-La fin de l'Ancien Régime (1789-1793) : Cela correspond à une autorité asservissante . Il y a d'une part, deux ordres, les nobles et le clergé, et d'autre part le Tiers État . La classe aristocratique n'est pas soumise à la même Règle que le peuple. A un moment donné, la grande majorité de la classe dirigeante ne fait plus partie de la nation (émigration), et il y a renversement du féodalisme . Diderot , article « Représentants », (Page 297) : « Sous le gouvernement féodal, la noblesse et le clergé eurent longtemps le droit exclusif de parler au nom de toute la nation, ou d'en être les uniques représentants ».

-La France au XXI° siècle : La grande bourgeoise fait-elle encore partie du peuple français ? Il y a autorité asservissante. Voir la loi retraite.

  1. Ce qui rend un pouvoir/une autorité illégitime :

    - Montesquieu : Souvent, les idéologues représentant la classe dominante, considèrent que le peuple n'est pas qualifié pour diriger la société : ils mettent le peuple, par rapport à l'élite, dans une relation d'enfants à adultes et parents ; le peuple est « mineur », « incapable », etc. C'est le cas , par exemple, de Montesquieu, représentant de la bourgeoisie montante, qui déclare dans son ouvrage , « De l'Esprit des Lois » : Le peuple étant ignorant, y compris de ses propres intérêts et de ce qui peut faire son bonheur, en quelque sorte, la classe possédante se charge des intérêts , y compris du peuple, et fait le bonheur de celui-ci, y compris contre sa propre volonté. « Le peuple est admirable pour choisir ceux à qui il doit confier quelque partie de son autorité. » (Page 132). « Comme la plupart des citoyens, qui ont assez de suffisance pour élire, n'en ont pas assez pour être élus ; de même le peuple , qui a assez de capacité pour se faire rendre compte de le gestion des autres, n'est pas propre à gérer par lui-même. » (Page 133).

    - Jean-Jacques Rousseau : Ou bien , le peuple est juste capable de désigner les futurs dirigeants, en choisissant parmi des notables présentés par la classe dominante. Voir Jean-Jacques Rousseau, dans la « Contrat social ». « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté générale ne se représente point : elle est la même , ou elle est autre ; il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi. Le peuple anglais pense être libre ; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement ; sitôt qu'ils sont élus, il est esclave , il n'est rien . Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde. » (Page 122-123).

    - Diderot : Importance de la représentation. Article « Représentants » (Page 302) : « Le noble ou le guerrier, le prêtre ou le magistrat, le commerçant, le manufacturier et le cultivateur, sont des hommes également nécessaires ; chacun d'eux sert à sa manière la grande famille dont il est membre ; tous sont enfants de l’État, le souverain doit entrer dans leurs besoins divers ; mais pour les connaître, il faut qu'ils puissent se faire entendre ; et pour se faire entendre sans tumulte, il faut que chaque classe ait le droit de choisir ses organes ou ses représentants ; (…) ».

    - XIX° Siècle : Divers moyens pour rendre une autorité illégitime :

    Désigner un groupe dominant/ Exemple : les ordres aristocratiques et religieux (300 000 personnes dominent sur 20 millions de sujets)

    Ne pas attribuer les modalités d'exercice de l'autorité à tous les citoyens : suffrage censitaire, élection d'une assemblée par 160 000 grands électeurs (le Sénat) ; refus du vote pour les femmes ; désigner les candidats aux élections ; refuser le mandat impératif : refuser de rendre compte à ses mandants, etc.

3) Origine de l'autorité :

Selon Diderot (Dans l'Encyclopédie, article « autorité politique »), aucun homme n'a reçu le droit de commander aux autres. La nature a établi quelque autorité , c'est la puissance paternelle. Celle-ci a un début et une fin : la naissance de l'enfant , et la fin, quand l'enfant devient autonome.

Toute autre autorité vient d'une autre origine que la nature. Il y a deux sources :

  • ou la force et la violence de celui qui s'en est emparé ;

  • ou le consentement de ceux qui y sont soumis par un contrat fait ou supposé entre eux , et celui à qui ils ont déféré l'autorité.

  1. La classe bourgeoise exerce son autorité politique sur le peuple :

Mettre un terme à l'appropriation privée des moyens de production, instaurer au XXI° siècle le socialisme et la démocratie populaire.

La classe bourgeoise impose ses règles au peuple

« Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus » est un verset de saint Paul dans le Nouveau Testament (deuxième épître aux Thessaloniciens, chapitre 3, verset 10), repris   par Lénine pendant la révolution russe du début des années 1900.

« Sommes-nous tous aliénés, conditionnés, surdéterminés ?»

Thèse 1 : Tout est déterminé : l'histoire, tant collective qu'individuelle . L'humanité fait partie de la Nature. L'homme est libre lorsqu'il adhère à ce mouvement nécessaire, qu'il en étudie, connaît et comprend (aime) les lois. L'homme est aliéné et conditionné lorsqu'il s'oppose à ce mouvement nécessaire et en ignore les tenants et aboutissants. La science, c'est la connaissance de la nécessité.


 

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26 juin 2023 1 26 /06 /juin /2023 10:19

 

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 46)

CHAPITRE IX

 

 

 

EN GUISE DE CONCLUSION

 

 

 

OBJECTIVISME ET OBJECTIVITE SCIENTIFIQUE

 

 

 

A tout moment, dans toutes les situations, il existe différents points de vue. Chaque point de vue représente un point de vue de classe, les intérêts d’une classe.

« Dans une société de classes, chaque homme vit en tant que membre d’une classe déterminée et il n’existe aucune pensée qui ne porte une empreinte d’une classe. »

Le concept de dictature de classe chez Lénine ne peut être exposé que d’un point de vue de classe : il s’agit alors de savoir qui servir, la classe bourgeoisie ou le classe ouvrière ?

Quand on se détermine par rapport aux intérêts de la classe ouvrière et de la révolution, quitte à ce que le point de vue soit momentanément minoritaire, cela s’appelle « oser aller à contre-courant » : le problème est alors de savoir, à propos du concept de dictature du prolétariat, quel point de vue répond aux intérêts des travailleurs. On se détermine alors résolument en prenant parti.

Quand on se détermine par rapport au point de vue « majoritaire », cela s’appelle l’opportunisme : on prétend alors rendre compte « objectivement » de tous les points de vue, de la réalité, sans prendre parti. La presse bourgeoise aussi prétend à l’ « objectivité ». Lénine eut à combattre une telle conception venant de la part de ceux qu’on appelait les « marxistes légaux ». A ce sujet il écrivait :

« Quiconque est consciemment ou inconsciemment partisan du régime bourgeois ne peut manquer d’être séduit par la théorie de l’objectivisme. »

L’objectivisme est une théorie bourgeoise qui vise à nier la lutte de classes, en prétendant se placer au-dessus des classes et des partis pour mieux faire passer le point de vue de la classe bourgeoise. Au nom de l’ « objectivité » la bourgeoisie accuse le marxisme-léninisme d’être partisan, pour dissimuler son propre point de vue de classe.

Le propre du prolétariat est au contraire son esprit de parti. Il juge et combat en fonction des intérêts du prolétariat, en sachant que tant qu’il y aura des classes, il y aura aussi des luttes de classes, il y aura des idées représentant les intérêts de la bourgeoisie et d’autres représentants les intérêts du prolétariat. Il ne faut pas se dissimuler le fait que tout point de vue est un point de vue de classe et c’est pourquoi nous ne prétendons pas à l’ « objectivité » en traitant le concept de dictature chez Lénine. C’est là le premier caractère du marxisme : le marxisme est l’idéologie du prolétariat. Un second caractère du marxisme est qu’il fonde son action sur la connaissance de la réalité objective, et non sur un dogme ou un quelconque désir subjectif :

« La philosophie marxiste – le matérialisme dialectique – a deux particularités évidentes. La première, c’est son caractère de classe : elle affirme ouvertement que le matérialisme dialectique sert le prolétariat ; la seconde, c’est son caractère pratique : elle met l’accent sur le fait que la théorie dépend de la pratique, que la théorie se fonde sur la pratique, et à son tour, sert la pratique. »

Aussi s’il est important de « connaître » le marxisme, cela est insuffisant, car, « le marxisme n’est pas un dogme mais un guide pour l’action » (Mao Tsetoung) ; il est essentiel de connaître les conditions spécifiques de la France et de savoir appliquer le marxisme : l’universel n’existe que dans le particulier.

L’application du marxisme-léninisme aux conditions spécifiques de la France ne peut et ne doit être transposée dogmatiquement à partir d’aucune autre expérience révolutionnaire concrète. Cette vérité ne signifie nullement que les expériences historiques du mouvement ouvrier international ne comportent pas différents enseignements et principes de portée universelle. La Commune de Paris, la Révolution d’Octobre 1917, la Révolution chinoise de 1949, la grande Révolution culturelle prolétarienne de Chine et d’autres révolutions ont enrichi la connaissance du prolétariat révolutionnaire sur les plans théoriques, stratégiques, tactiques, politiques et organisationnels.

Tout en tenant compte de ces enseignements et de ces principes, la préparation et le processus de la révolution prolétarienne en France ne pourront remporter de succès qu’en étudiant minutieusement la situation objective française, qu’en tenant compte des caractères spécifiques propres à la situation en France : la révolution prolétarienne en France devra se développer dans les conditions d’un pays capitaliste hautement développé et parvenu au stade suprême du capitalisme monopoliste d’Etat.

 

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25 juin 2023 7 25 /06 /juin /2023 11:06

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 45)

 

  1. LE « DEPERISSEMENT » DE L’ETAT

 

« L’abolition du pouvoir d’Etat est l’objectif que se sont assignés tous les socialistes, Marx en tête. Tant que cet objectif n’est pas atteint, la démocratie véritable, c’est-à-dire la liberté et l’égalité, est irréalisable. Or, seule la démocratie soviétique ou prolétarienne conduit pratiquement à ce but car, en associant les organisations des masses laborieuses, constamment et nécessairement, à la gestion de l’Etat, elle commence sur le champ à préparer le dépérissement complet de tout Etat. » (253)

 

LA DICTATURE DE LA MAJORITE

 

Il peut y avoir dictature de la minorité sur la majorité, et il peut y avoir dictature de la majorité sur la minorité : c’est ce qui distingue la dictature de la bourgeoisie de la dictature du prolétariat, le capitalisme du socialisme. La dictature, c’est un pouvoir illimité en dehors des lois, s’appuyant sur la force au sens le plus direct du mot. La force sur laquelle s’appuie et tend à s’appuyer le socialisme, ce nouveau pouvoir, ce n’est ni la force des baïonnettes, ni la force de l’argent, ni la force d’anciennes institutions établies. Les nouveaux organes du pouvoir prolétarien n'ont ni armes, ni argent, ni institutions anciennes. Leur force s’appuie sur la masse du peuple. Voilà la différence fondamentale entre le nouveau pouvoir et tous les vieux pouvoirs antérieurs.

Les organes du pouvoir de la minorité ont pour but de maintenir la dictature de la minorité sur la majorité à l’aide d’expédients policiers, en éloignant la masse populaire de toute participation réelle au pouvoir et de toute surveillance réelle sur le pouvoir. L’ancien pouvoir se méfie systématiquement de la masse, il a peur de la clarté, et se maintient dans le mensonge.

Les organes du pouvoir de la majorité ont pour but de maintenir la dictature de la majorité sur une minorité d’exploiteurs et d’oppresseurs policiers. Le nouveau pouvoir, dictature de l’immense majorité, se maintient et ne peut se maintenir exclusivement qu’à l’aide de la confiance des larges masses, exclusivement en invitant de la façon la plus libre et la plus large, toute la masse à participer au pouvoir. Il n’y a rien de caché, rien de secret, aucun règlement, aucune formalité. C’est un pouvoir qui s’offre à la vue de tous, qui fait tout sous les yeux de la masse, accessible à la masse, issu directement de la masse, c’est l’organe direct et sans intermédiaire de la masse populaire et de sa volonté. Voilà la différence fondamentale entre la dictature contre le peuple et la dictature du peuple révolutionnaire.

On ne saurait accomplir la transition du capitalisme au socialisme sans que l’hégémonie appartienne à la seule classe instruite par le capitalisme en vue de la grande production, et qui est seule à rompre avec les intérêts du petit producteur. Mais il est impossible d’exercer la dictature du prolétariat par l’intermédiaire de l’organisation qui le groupe tout entier. Car le prolétariat est une classe si morcelée, si corrompue ça et là, que l’organisation qui le groupe tout entier est incapable d’exercer directement sa dictature. Seul le peut l’avant-garde, le parti qui a « absorbé » l’énergie révolutionnaire de la classe. Il se forme une sorte de mécanisme qui est la base même de la dictature du prolétariat, l’essence de la transition du capitalisme au socialisme. Si ce n’est pas tout le peuple qui réalise la dictature, mais seulement le peuple révolutionnaire, celui-ci cependant ne craint en rien l’ensemble du peuple, et dévoile à tout le peuple les mobiles de ses actes et tous leurs détails, et invite volontiers tout le peuple à participer non seulement à la « gestion » de l’Etat, mais aussi au pouvoir, à participer à l’organisation même de l’Etat.

 

LA BOURGEOISIE A BESOIN DE L’ETAT

 

Dans la société capitaliste existe « l’Etat au sens propre ». La démocratie est purement exceptionnelle, elle n’est jamais complète. Il y a démocratie pour les riches et pour une petite couche du prolétariat. Les pauvres sont laissés à l’écart.

Du capitalisme, l’humanité ne peut passer directement qu’au socialisme, c’est-à-dire à la propriété collective des moyens de production et à la répartition des produits selon le travail de chacun. Le socialisme se transforme nécessairement et peu à peu en communisme, c’est-à-dire on passe à la phase où « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

 

LE PROLETARIAT A BESOIN DE L’ETAT

 

Le socialisme, c’est une période de transition, la dictature du prolétariat. L’Etat du type de transition n’est plus un Etat « au sens propre » :

« L’Etat, au sens propre du mot, c’est le commandement exercé sur les masses par des détachements d’hommes armés, séparés du peuple.

Notre nouvel Etat naissant est lui aussi un Etat, car il faut des détachements d’hommes armés, il nous faut un ordre rigoureux, il nous faut user de violence pour réprimer sans merci toutes les tentatives de la contre-révolution (…). Mais notre nouvel Etat naissant n’est déjà plus un Etat au sens propre, car en bien des endroits de la Russie ces détachements d’hommes armés, c’est la masse elle-même, le peuple entier, et non pas quelqu’un au-dessus de lui, séparé de lui, privilégié, pratiquement inamovible. » (254)

La démocratie est presque complète, limitée seulement par la répression de la résistance de la bourgeoisie. La démocratie existe pour les pauvres. Mais il y a répression par la force de la résistance des riches. La dictature du prolétariat est une période de transition entre le capitalisme et le communisme ; il va donc de soi que l’Etat qui correspond à la période de transition politique qu’est la dictature du prolétariat, est lui-même un Etat de transition ; ce n’est plus un « Etat au sens propre », mais une transition entre l’Etat et le non-Etat.

 

L’ETAT DEPERIT

 

La société communiste voit le dépérissement de l’Etat. La démocratie réellement complète devient une habitude et de ce fait dépérit.

« L’abolition du pouvoir d’Etat est l’objectif que se sont assignés tous les socialistes, Marx en tête. Tant que cet objectif n’est pas atteint, la démocratie véritable, c’est-à-dire la liberté et l’égalité, est irréalisable. Or seule la démocratie soviétique ou prolétarienne conduit pratiquement à ce but car, en associant les organisations des masses laborieuses, constamment et nécessairement, à la gestion de l’Etat, elle commence sur-le-champ à préparer le dépérissement complet de tout Etat. » (255)

La démocratie complète n’est identique à aucune démocratie d’aucune sorte. La démocratie complète qui devient l’habitude, et de ce fait dépérit, fait place au principe : « De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins ».

C’est-à-dire le socialisme, c’est la suppression des classes et, simultanément de l’appareil de contrainte d’une classe sur une autre : l’Etat.

La démocratie est une des formes de l’Etat. Or les marxistes-léninistes sont adversaires de tout Etat. Le marxisme se distingue de l’anarchisme en ce qu’il reconnaît la nécessité d’un Etat pour passer au socialisme mais, et c’est ce qui le distingue de l’opportunisme, d’un Etat de type nouveau comme la Commune de 1871, comme les Soviets des députés ouvriers de 1917, et non d’un Etat comme la république démocratique bourgeoise de type habituel.

 

 

 

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24 juin 2023 6 24 /06 /juin /2023 10:36

 

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 44)

 

  1. LE CONTRÔLE OUVRIER

 

Le rôle du contrôle ouvrier dans la construction du socialisme est d’empêcher la restauration du capitalisme, d’éviter le révisionnisme et de donner la direction du pouvoir à la classe ouvrière. Le pouvoir ou contrôle de la clase ouvrière est un des premiers principes du marxisme-léninisme. La classe ouvrière, sous la direction du Parti, fait la révolution, et la mène à son terme, construit le socialisme. La classe ouvrière est la classe dirigeante du pays, et elle doit contrôler la vie de tout le pays ; ne pas s’éloigner de ce principe est la condition essentielle pour que le socialisme subsiste :

« C’est là la preuve d’une vérité indiscutable au point de vue théorique, la preuve que le pouvoir des Soviets est un nouveau type d’Etat, sans bureaucratie, sans police, sans armée permanente, où la démocratie bourgeoise fait place à une démocratie nouvelle qui porte au premier plan l’avant-garde des masses laborieuses, fait de celles-ci le pouvoir législatif et exécutif, leur confie la défense militaire, et crée un appareil susceptible de rééduquer les masses. » (242)

Les partis révisionnistes voient la classe ouvrière comme uniquement liée à la production. Elle doit produire de plus en plus et se limiter aux problèmes économiques de l’entreprise. Les capitalistes considèrent l’ouvrier seulement comme une main-d’œuvre sans qualité ; ils essaient d’éloigner la classe ouvrière du domaine politique, et veulent en faire une classe apolitique. Le marxisme au contraire dit que le prolétariat doit s’occuper de politique :

« Il faut lutter contre le préjugé selon lequel seule la bourgeoisie est capable de gouverner l’Etat. Le prolétariat doit assumer la charge de gérer l’Etat. » (243)

« Ce préjugé, le plus ignoble de tous les préjugés bourgeois (…) selon lequel un simple ouvrier ou un simple paysan ne peut gouverner l’Etat. Il le peut et il apprendra à le faire s’il s’y met. » (244)

Pour les révisionnistes, seul le Parti et les dirigeants vont s’occuper de politique ; c’est une thèse contre-révolutionnaire. Dans les pays socialistes qui se sont transformés à nouveau en pays capitalistes, tel l’Union soviétique, la classe ouvrière a perdu sa vigilance et son rôle dirigeant. Elle a oublié le principe selon lequel tous devaient lui rendre compte de leurs activités. Ainsi des traîtres ont pu prendre le pouvoir : une leçon que l’on peut tirer de cela est qu’il faut augmenter sans cesse le rôle dirigeant de la classe ouvrière sur tous les domaines de la vie :

« Notre but est de faire remplir gratuitement les fonctions d’Etat par tous les travailleurs, une fois qu’ils ont terminé leurs huit heures de « tâches » dans la production : il est particulièrement difficile d’y arriver, mais là seulement est la garantie de la consolidation définitive du socialisme. » (245)

Dans un pays où existe la dictature du prolétariat, comment comprendre le contrôle ouvrier ? Jusqu’à aujourd’hui, il s’est manifesté sous trois formes :

  • Le contrôle du Parti

  • Le contrôle de l’Etat

  • Et le contrôle ouvrier direct.

 

  1. La direction du Parti est une forme des plus élevées du contrôle ouvrier :

 

« Dictature d’un seul parti, oui ! Telle est notre position, et nous ne pouvons quitter ce terrain, parce que c’est là le parti qui, au cours de dizaines d’années, a compris la place d’avant-garde de l’ensemble du prolétariat industriel des fabriques et des usines. » (246)

Le contrôle du Parti s’exerce partout. Plus fort est le Parti, plus fort est le contrôle ouvrier du Parti. Aussi toute la classe ouvrière est intéressée au renforcement du Parti. Pour renforcer le contrôle ouvrier du Parti, il est nécessaire que la classe ouvrière fasse tous ses efforts pour réaliser le programme du Parti : il faut augmenter la prolétarisation du Parti et augmenter le nombre de cadres ouvriers dans le Parti. En un mot pour renforcer le contrôle de la classe ouvrière, il est nécessaire de renforcer le rôle dirigeant du Parti.

C’est là le rôle de toute la classe ouvrière et de ses alliés révolutionnaires :

« La dictature du prolétariat est inévitable lors du passage au socialisme, mais elle ne s’exerce pas par l’intermédiaire de l’organisation groupant tous les ouvriers de l’industrie. Pourquoi ? (…). Les choses se passent ainsi : le Parti absorbe en quelque sorte l’avant-garde du prolétariat, et c’est elle qui exerce la dictature du prolétariat. Mais sans un fondement tel que les syndicats, il est impossible d’exercer la dictature, de s’acquitter des fonctions d’Etat. » (247)

 

  1. La classe ouvrière exerce aussi son contrôle par l’intermédiaire de l’Etat : l’Etat de la classe ouvrière, l’Etat socialiste, est un Etat de dictature du prolétariat, un Etat aux mains de la classe ouvrière.

 

« Sans un certain recensement et contrôle exercés par l’Etat sur la production et la répartition des produits, le pouvoir des travailleurs, la liberté des travailleurs, ne pourront pas se maintenir, et le retour sous le joug du capitalisme sera inévitable. » (248)

L’Etat exerce son contrôle sur tous les appareils administratifs, sur le travail de tous les cadres administratifs. Pour renforcer le contrôle de la classe ouvrière, il faut renforcer toujours le contrôle de l’Etat et renforcer le caractère de classe de l’Etat (contrairement aux révisionnistes d’Union soviétique et d’ailleurs qui prétendent que chez eux l’Etat appartient « à tout le peuple » et n’a plus aucun caractère de classe.)

C’est donc avec l’Etat que la classe ouvrière renforce son contrôle sur tout.

« Le pouvoir d’Etat aux mains d’une seule classe, du prolétariat, peut et doit devenir un instrument pour attirer aux côtés du prolétariat les masses laborieuses non prolétariennes, un instrument pour conquérir les masses sur la bourgeoisie et les partis petits bourgeois. » (249)

 

  1. Le contrôle de la classe ouvrière par le Parti et par l’Etat ne suffit pas : ces formes de contrôle ouvrier existaient aussi en Union soviétique et dans d’autres pays, et cela n’a pas empêché leur dégénérescence. Il faut une troisième forme de contrôle : le contrôle direct de la classe ouvrière. L’élimination du contrôle direct a entraîné en Union soviétique et dans d’autres pays la dégénérescence du Parti et du pouvoir d’Etat. Lénine a de nombreuses fois mis en garde pour que le contrôle direct soit appliqué sans aucune exception :

« C’est le contact des Soviets avec le « peuple » des travailleurs qui crée précisément des formes particulières de contrôle par en bas, comme, par exemple, la révocation des députés, formes que l’on doit maintenant développer avec un zèle tout particulier. » (250)

Le contrôle direct de la classe ouvrière est quelque chose de nouveau qui s’est développé en Chine de 1949 à la mort de Mao Tsetoung. La direction politique, idéologique et économique de la classe ouvrière n’est pas l’affaire du seul Parti et de l’Etat.

Quels sont les buts du contrôle ouvrier direct ? Développer l’initiative des ouvriers, attirer toute la classe ouvrière dans la réalisation du socialisme :

« De même qu’ils étaient des centaines à l’époque du servage, de même que des milliers et des dizaines de milliers à édifier l’Etat à l’époque du capitalisme, de même aujourd’hui la révolution socialiste ne peut être accomplie qu’avec la participation pratique, active et directe de dizaine de millions d’hommes à la gestion de l’Etat. » (251)

Le contrôle direct de la classe ouvrière est une expression de la démocratie dans la production, et une arme puissante pour lutter contre le bureaucratisme (Lénine disait : « extirper encore et toujours l’ivraie du bureaucratisme »).

Le contrôle direct permet à la classe ouvrière le contrôle sur les autres couches. C’est un moyen d’éducation de la classe ouvrière. Le contrôle ouvrier doit s’exercer sur les organisations du Parti, sur l’appareil administratif d’Etat, sur l’appareil économique, dans l’entreprise et au dehors, sur tout et partout.

Le Parti et l’Etat se bureaucratisent si le contrôle ouvrier est faible. La lutte pour le renforcement du contrôle ouvrier ne se mène pas par des décrets mais il s’agit d’une nouvelle façon de vivre et de penser. Avec ce contrôle, la classe ouvrière défend la dictature du prolétariat.

L’objectif principal du contrôle ouvrier direct est que la classe ouvrière préserve l’application juste de la ligne marxiste-léniniste du Parti. Un autre objectif est l’application des lois du pouvoir.

Le contrôle ouvrier direct est nouveau et un problème actuel, posé du point de vue théorique par Lénine et qui s’est posé pratiquement et théoriquement en Chine : c’est de trouver des moyens d’intervention directe des masses dans tous les domaines de la vie :

« En un mot, pour autant que les masses laborieuses se mettent elles-mêmes à gérer l’Etat et à créer une force armée qui soutient l’ordre existant, l’appareil spécial de gestion disparaît, l’appareil spécial d’une certaine violence de la part de l’Etat disparaît, et nous ne pouvons plus être dès lors pour la démocratie sous son ancienne forme. » (252)

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23 juin 2023 5 23 /06 /juin /2023 14:34

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 43)

 

  1. LE LIEN AUX MASSES

 

Sous la dictature du prolétariat, les masses ne sauraient avoir l’intelligence pour juger de tous les problèmes.

Cela est dû (cause interne) à la nature petite bourgeoise d’une partie des masses, comme la bourgeoisie moyenne et petite : cette nature présente deux aspects ; le passé de la petite bourgeoisie la rapproche de la bourgeoisie, l’avenir de la petite bourgeoisie la rapproche du prolétariat. Cela est dû aussi (cause externe) à la duperie, la démagogie et l’utilisation de la force à leur égard, force qui se traduit par l’idéologie ou la force armée ouverte, par « la carotte et le bâton ». Le prolétariat révolutionnaire peut et doit démasquer la nature réelle de la bourgeoisie aux yeux des autres couches et classes sociales et leur donner une conscience vraie de ce qui les opprime et les exploite, car :

« Seule une organisation distincte, des ouvriers salariés, qui mène une lutte de classe conséquente, est capable d’arracher les paysans à l’influence de la bourgeoisie et de les éclairer sur la situation inextricable des petits producteurs dans la société capitaliste. » (236)

Dans la société capitaliste, il y a deux pôles d’attraction et deux seulement : le pôle positif, le prolétariat, et le pôle négatif, la bourgeoisie. Le prolétariat doit montrer aux autres classes et couches sociales quels sont leurs intérêts, qui les opprime et qui les exploite, et comment se libérer, en s’organisant et en combattant pour le socialisme.

Le prolétariat révolutionnaire doit particulièrement combattre les illusions qui enchaînent les classes moyennes : Lénine cite en particulier « les préjugés et les illusions démocratiques petits bourgeois sur l’ « égalité » des classes, la démocratie « conséquente » ou « pure », et la solution des grands problèmes historiques par des votes ». Il est ridicule de poser les problèmes du point de vue de la majorité et de la minorité : c’est se placer du point de vue de la légalité bourgeoise. L’expérience historique, mais aussi l’expérience quotidienne des masses, démontre qu’elles doivent d’abord prendre le pouvoir sous la direction du prolétariat révolutionnaire, briser l’Etat bourgeois, émanciper les masses de l’oppression politique, idéologique et militaire. L’ « égalité » est une duperie si elle est contraire aux intérêts de la libération du travail de l’oppression capitaliste. Elle signifie ni plus ni moins que la suppression des clases, et donc de la suppression de la cause des privilèges de classe, de la possibilité de vivre en parasite aux dépens du travail d’autrui. D’autre part, la « démocratie » bourgeoise, et le parlementarisme ont été organisés de façon à éliminer avant tout les masses laborieuses de l’appareil administratif.

L’Etat bourgeois est un service spécial au-dessus de la population et chaque individu le ressent comme une contrainte. Il a pour but de maintenir et de reproduire les classes, l’exploitation de l’homme par l’homme, la propriété privée des moyens de production par la classe capitaliste, basée non sur le travail personnel, mais sur le vol.

Seul le prolétariat est capable de renverser la bourgeoisie car il est la seule classe groupée et éduquée par le capitalisme pour cela, la seule classe capable de réunir autour d’elle l’ensemble du peuple et de « neutraliser » les hésitants et d’entraîner le peuple vers sa libération :

« Les préjugés et les illusions démocratiques petits-bourgeois (sur l’ « égalité » des classes, la démocratie « conséquente » ou « pure », la solution des grands problèmes historiques par des votes, etc.) sont substitués à la lutte de classe. On ne veut pas comprendre que le prolétariat qui a conquis le pouvoir d’Etat ne cesse pas pour autant sa lutte de classe, qu’il la continue sous une autre forme, par d’autres moyens. La dictature du prolétariat est la lutte de classe du prolétariat menée à l’aide d’un instrument tel que le pouvoir d’Etat ; l’un de ces objectifs de cette lutte de classe est de montrer par une longue expérience, par une longue série d’exemples pratiques, aux couches laborieuses non prolétariennes qu’elles ont bien plus intérêt à se prononcer pour la dictature du prolétariat que pour celle de la bourgeoisie, et qu’il n’existe pas de troisième solution. » (237)

En luttant pour la dictature du prolétariat et le renversement de la bourgeoisie capitaliste, en instaurant la dictature du prolétariat et en édifiant le socialisme, la classe ouvrière démontre qu’elle est la seule capable de prendre la direction des masses pour supprimer les classes. Seul le prolétariat a été éduqué par le capitalisme : par l’école du travail, par la lutte dans l’unité contre la classe des capitalistes, par le socialisme scientifique, le prolétariat a assimilé toute la civilisation urbaine et s’est montré capable de mener la grande production moderne ? Seul le prolétariat rompt résolument tous les ponts avec la classe bourgeoise : il n’a aucun intérêt particulier à défendre, aucun privilège, si ce n’est de les supprimer tous. Seul le prolétariat est capable, de par sa discipline, et de par son esprit de sacrifice, d’attirer derrière lui l’ensemble du peuple, de briser les chaînes du passé et de frayer à tout le peuple un chemin vers l’avenir.

« Pour vaincre, pour créer et consolider le socialisme, le prolétariat doit accomplir une double tâche : premièrement, entraîner par l’héroïsme indéfectible de sa lutte révolutionnaire contre le capital la masse des travailleurs et des exploités ; l’entraîner, l’organiser, la diriger en vue de jeter bas la bourgeoisie et de briser entièrement sa résistance ; deuxièmement, mener à sa suite la masse des travailleurs et des exploités, ainsi que les couches petites bourgeoises, dans la voie de la nouvelle construction économique, de l’établissement de relations sociales nouvelles, d’une nouvelle organisation du travail, qui allie le dernier mot de la science et de la technique bourgeoise à l’union massive des travailleurs conscients, artisans de la grande production socialiste. » (238)

 

  1. LA LIGNE DE MASSE

 

Il existe une conception opportuniste de la ligne de masse, ou plus exactement une conception qui se voudrait une mise en œuvre de la ligne de masse, alors qu’elle n’a rien à voir avec elle. En quoi consiste-t-elle ? Elle dit qu’il faut partir du niveau de conscience des masses, c’est-à-dire des questions revendicatives, des préoccupations immédiates des masses, et ce n’est que lorsque nous serons apparus comme les meilleurs défenseurs des masses que nous pourrons dénoncer le révisionnisme. Autrement, nous risquerions de nous « couper » des masses. Il est clair comme le jour que, si cette conception prétend lutter contre le révisionnisme, elle le combat en paroles, mais dans les faits, elle laisse les masses sous la direction politique et idéologique de la bourgeoisie.

La ligne de masse telle qu’elle est définie par le marxisme-léninisme repose sur le matérialisme historique. Ce ne sont pas les individus qui font l’histoire, contrairement à ce qu’affirment la bourgeoisie et l’idéalisme. Les transformations historiques sont l’œuvre des masses, du peuple et non pas de prétendus « génies » comme l’affirme la bourgeoisie.

La révolution et l’édification du socialisme ne peuvent pas être l’œuvre des seuls communistes et de leur parti :

« Bâtir la société communiste par les mains des communistes est une idée puérile s’il en fut. Les communistes sont une goutte dans l’océan, une goutte dans l’océan populaire. (…)C’est que dans la masse populaire, nous sommes comme une goutte d’eau dans l’océan et nous ne pouvons exercer le pouvoir qu’à la condition d’exprimer exactement ce dont le peuple a conscience. Sinon, le Parti communiste ne conduira pas le prolétariat, celui-ci n’entraînera pas derrière lui les masses, et route la machine se disloquera. » (239)

Le Parti communiste ne peut jouer son rôle que s’il est capable de mobiliser les masses, s’il est lié à elles, pour qu’elles engagent la transformation révolutionnaire de la société. C’est là ce qui fonde la ligne de masse. Quels en sont les principes ? Il s’agit pour les communistes, lorsqu’ils ont un rôle de direction, d’être capables de mobiliser ceux qu’ils dirigent, de les amener à prendre conscience, à prendre eux-mêmes en mains des responsabilités, de façon à ce que le plus grand nombre de personnes possible participent aux responsabilités et à l’action :

« Une des erreurs les plus grandes et les plus dangereuses que commettent les communistes (comme, d’ailleurs les révolutionnaires en général qui ont mené à bien le début d’une grande révolution), c’est de se figurer que la révolution peut être accomplie par les mains des seul révolutionnaires. Or, pour assurer le succès de toute action révolutionnaire sérieuse, il faut comprendre et savoir appliquer pratiquement l’idée que les révolutionnaires ne peuvent jouer un rôle que comme avant-garde de la classe réellement avancée et viable. Sans alliance avec les non communistes dans les domaines d’activité les plus divers, il ne saurait être question d’aucun succès en matière de construction de la société communiste. » (240)

Donc la ligne de masse est opposée à l’autoritarisme, c’est-à-dire à l’attitude qui consiste à imposer son point de vue aux masses que l’on dirige.

Mais il y a un second aspect de la ligne de masse : appliquer la ligne de masse signifie pour le marxisme-léninisme exposer sans rien cacher ses positions, mais ne pas chercher à imposer ces positions de façon autoritaire, si les masses ne les ont pas encore fait leur. Par exemple, que signifie aujourd’hui en France, « exprimer les idées présentes dans le peuple » ? Il s’agit d’abord de se poser la question : quelle est dans notre société l’idéologie dominante ? Il est clair qu’il s’agit de l’idéologie de la classe dominante, de l’idéologie bourgeoise. « Exprimer les idées présentes dans le peuple » ne peut aboutir qu’à refléter l’idéologie dominante et à la reproduire.

L’électoralisme est à l’heure actuelle dominante dans le peuple : donc on reflètera les illusions électoralistes. Mais ce ne sont pas ces points de vue « majoritaires » qui répondent aux intérêts des travailleurs : une position peut être majoritaire à un moment donné sans être juste pour autant. L’opportunisme consiste justement à suivre un point de vue parce qu’il est « majoritaire » ; mais un principe du marxisme-léninisme est d’ « oser aller à contre-courant » et de ne jamais perdre de vue le point de vue des intérêts du peuple.

Une ligne politique est le reflet d’une certaine conception du monde. Toute lutte de lignes est le reflet de la lutte des classes. Ainsi la ligne révisionniste est la ligne bourgeoise infiltrée dans le mouvement ouvrier : les idées des révisionnistes sont les idées de la bourgeoisie infiltrée dans la classe ouvrière. Entre la ligne révisionniste et la ligne marxiste-léniniste, il y a les intérêts inconciliables de deux classes ennemies, la bourgeoisie et le prolétariat, il y a une lutte à mort ; il ne saurait y avoir coexistence pacifique. Le révisionnisme moderne est le dernier rempart de l’impérialisme agonisant : c’est dans le combat contre lui que s’édifie la ligne du Parti et que se pratique le marxisme-léninisme. Le révisionnisme est en effet par la ligne politique et l’idéologie qu’il développe, l’obstacle principal à la révolution dans notre pays : l’attitude adoptée à son égard est un critère qui permet de différencier le révolutionnaire authentique du révolutionnaire en paroles.

L’autoritarisme et le fait d’exprimer les idées présentes dans les masses ne considèrent qu’un seul aspect de la ligne de masse. Il faut partir des masses pour retourner aux masses : systématiser les idées des masses est le rôle du Parti, porteur de l’idéologie révolutionnaire :

« Le marxisme enseigne (…) que le parti politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire le parti communiste est le seul capable de grouper, d’éduquer et d’organiser l’avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses, qui est seul en mesure de s’opposer aux inévitables oscillations petites bourgeoises de ces masses, aux inévitables traditions et récidives de l’étroitesse, corporative ou des préjugés corporatifs dans le prolétariat, et de diriger toutes les activités unifiées de l’ensemble du prolétariat, c’est-à-dire le diriger politiquement et, par son intermédiaire, guider toutes les masses laborieuses. Autrement la dictature du prolétariat est impossible. » (241)

 

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22 juin 2023 4 22 /06 /juin /2023 10:04

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 42)

 

 

 

Le premier aspect de la dictature du prolétariat, la violence nécessaire contre les anciens exploiteurs et leurs alliés révisionnistes est un héritage de l’ancienne société ; ce « reste » de l’ancienne société est destiné à disparaître au fur et à mesure du renforcement de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire de la suppression des classes et de l’extinction de l’Etat, instrument de domination. Cette violence a complètement disparu au stade supérieur du communisme.

Le second aspect de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire la démocratie pour le peuple, est quelque chose de tout à fait nouveau, destiné à se développer : ce qui est essentiel c’est la discipline prolétarienne des uns sur les autres, l’autodiscipline exercée par la persuasion, la critique et l’autocritique, car le peuple ne saurait « exercer la violence sur lui-même ».

Un des critères pour juger de la nature de classe d’une société (socialiste ou capitaliste ?) est de voir quelle classe détient le pouvoir d’Etat, quelle est la nature de classe de l’Etat, autrement dit, qui exerce la violence sur qui : si la masse est tenue à l’écart de la gestion de l’Etat, c’est une dictature de la bourgeoisie, et l’Etat est un Etat capitaliste, peu importe sa forme, république démocratique bourgeoise comme en France aujourd’hui, ou dictature social fasciste de type hitlérien comme en Union soviétique depuis l’arrivée des révisionnistes au pouvoir. Si la masse participe de plus en plus à la gestion de l’Etat, tenant à l’écart la bourgeoisie et ayant pour but final l’extinction de l’Etat, tendant sans cesse vers ce but, alors nous avons affaire à une dictature du prolétariat, et l’Etat est un Etat prolétarien, peu importe sa forme historique, assemblées générales de la Commune ou Soviets de Russie.

Ce but de la dictature du prolétariat est de fonder le socialisme, de supprimer la division de la société en classes, de faire de tous les membres de la société des travailleurs, et de priver de base toute exploitation de l’homme par l’homme. Cette édification du socialisme se fait avec les éléments d’un capitalisme renversé : ces hommes donc proviennent d’une société où l’idéologie dominante était fondée sur l’exploitation, sur la recherche individuelle du profit, sur l’égoïsme, sur le mépris du travail manuel. Ces hommes sont, sans préparation, projetés du jour au lendemain dans des conditions d’existence entièrement nouvelles, et où on fait appel à leur initiative et à leur responsabilité personnelles. Mais on ne doit pas dire à ces gens : « débrouillez-vous » et, au nom de la « liberté » nouvellement acquise, les laisser entièrement livrés à eux-mêmes et à eux seul. Il est certain que nombreux sont parmi eux ceux qui vont dégénérer, du fait de leurs habitudes, de ce qu’ils ont vu et vécu jusque là : en cela, la dégénérescence de l’Union soviétique constitue un exemple par la négative, qu’il convient d’étudier à fond.

La dictature du prolétariat est une dictature qu’exerce le peuple révolutionnaire, sous la direction du prolétariat révolutionnaire organisé en parti marxiste-léniniste, c’est-à-dire la dictature est exercée par la fraction du peuple préparée et éduquée à cet effet par le capitalisme et le marxisme-léninisme.

« L’ouvrier n’a jamais été séparé de l’ancienne société par une muraille de Chine. Et il a conservé une bonne part de la psychologie traditionnelle de la société capitaliste. Les ouvriers construisent une société nouvelle, sans s’être transformés en hommes nouveaux, débarrassés de la boue du monde ancien ; ils sont encore jusqu’aux genoux plongés là-dedans. Le nettoyage de cette boue ne peut être encore qu’un rêve ? Ce serait l’utopie la plus fallacieuse de penser qu’on peut le faire sur le champ ! » (234)

Il n’est pas vrai que le « nouveau » s’improvise, qu’il naît de la seule spontanéité, du « hasard » qui ferait bien les choses. Il n’est pas vrai que l’on puisse laisser l’initiative du nouveau aux masses.

La dictature du prolétariat est exercée par le peuple révolutionnaire mais celui-ci demeure profondément lié au peuple entier, l’amenant au fur et à mesure, par sa libération des exploiteurs et par l’application de mesures révolutionnaires, à participer pleinement à la gestion de l’Etat. Ce mécanisme qui fait que le prolétariat révolutionnaire, organisé en parti, aspire l’énergie révolutionnaire de tout le peuple, et épure ses rangs en luttant et en écartant tous les éléments corrompus, exploiteurs et oppresseurs, les éléments dégénérés et opportunistes, ainsi que les éléments bureaucrates qui s’éloignent de plus en plus du peuple, ce mécanisme constitue l’essence de la dictature du prolétariat. Si ce mécanisme fonctionne bien, c’est-à-dire si l’avant-garde révolutionnaire reste fidèle au marxisme-léninisme, applique bien le marxisme, et corrige ses erreurs comme il faut, la dictature du prolétariat se renforce et le pouvoir socialiste s’accroît. Si ce mécanisme fonctionne mal, c’est-à-dire si l’avant-garde révolutionnaire ne lutte pas dans ses rangs et à l’extérieur comme il faut contre l’impérialisme et l’opportunisme, la dictature du prolétariat s’affaiblit et le pouvoir socialiste décline : par un bond qualitatif, il peut même se transformer en son contraire, comme cela a été le cas en Union soviétique, ou le pouvoir est à nouveau passé pour quelques temps aux mains d’une bourgeoisie des plus réactionnaires.

Il est très important de connaître l’essence de la dictature du prolétariat, aussi allons-nous étudier dans les paragraphes suivants :

  • A) Le lien aux masses

  • B) La ligne de masse

  • C) Le contrôle ouvrier

  • D) Le dépérissement de l’Etat

 

Le dépérissement de l’Etat est en effet le but final et le résultat de la dictature du prolétariat : la dictature contient en germe l’extinction complète de l’Etat. La dictature du prolétariat est une période de transition entre le capitalisme et le stade supérieur du communisme ; aussi l’Etat de la dictature du prolétariat est un Etat transitoire entre l’Etat bourgeois et le non-Etat. Ce n’est plus un Etat au sens propre.

 

L’essence de la dictature du prolétariat, c’est de partir du peuple pour retourner au peuple ; cette dictature est exercée uniquement par le peuple révolutionnaire, et il ne peut en être autrement. Mais le but que se fixe l’avant-garde révolutionnaire est de rapprocher sans cesse le peuple entier de la gestion de l’Etat, de régler en commun les affaires sociales, communes. La relation entre l’avant-garde et l’ensemble du peuple est un va-et-vient pendulaire du bas vers le haut et du haut vers le bas : les deux, le bas et le haut, sont indissociables, autrement il n’y a pas ou il n’y a plus dictature du prolétariat. En effet, nous avons vu qu’il n’est pas possible de laisser l’initiative du nouveau, l’édification de la nouvelle société à la spontanéité des masses : ce serait un retour inévitable à l’ancien. Il faut aller du haut vers le bas. Mais nous avons vu aussi qu’il est impossible aux communistes seuls d’édifier la nouvelle société ; seul la masse est le héros de l’histoire, et elle est seule capable de se saisir du nouveau et de détruire l’ancien. Il faut aller du bas vers le haut.

Ce mécanisme est un : dissocier ses deux aspects, c’est commettre une erreur. Aller uniquement du haut vers le bas, c’est commettre une erreur : l’autoritarisme. Le marxisme-léninisme est l’ennemi de l’autoritarisme ; on ne peut utiliser la contrainte et la violence d’aucune sorte à l’égard du peuple, si on est lié au peuple. Staline a parfois commis cette erreur.

Si on commet l’erreur, il convient de la corriger. Si on la commet de nombreuses fois, on court le risque de couper l’avant-garde révolutionnaire de la masse, et donc de transformer le contenu idéologique prolétarien de l’avant-garde en son contraire, en une idéologie bourgeoise, qui impose ses mesures au peuple par la ruse, le mensonge, le secret, en tout cas toujours par la contrainte et la violence.

Une autre forme de l’autoritarisme, qui donne le même résultat, le renforcement de l’idéologie bourgeoise, est le désir d’ « introduire » le « socialisme » par en haut : c’est ce que se proposait Trotski. Ceci est dû à un manque de confiance dans les masses, qui, s’il n’est pas extirpé, mène à un renforcement de la bourgeoisie.

La révolution, c’est-à-dire la prise du pouvoir dans un premier temps, ne suffit pas pour transformer fondamentalement toutes les structures anciennes. Si elle brise l’Etat de la classe exploiteuse, il ne suffit pas de quelques décrets pour mettre en place des structures nouvelles. On ne peut « introduire » le socialisme à l’aide d’un « plan » élaboré en chambre. De plus on ne peut que retarder l’édification du socialisme et la compliquer avec des mesures législatives ou administratives précipitées ou imprudentes. Le socialisme est justement l’entrée sur la scène historique des masses qui font l’histoire : il s’agit seulement d’aider les masses à se dégager des anciennes entraves, en leur apportant la conscience de ce qu’elles sont : la force motrice de l’histoire, le héros qui crée la société nouvelle.

« Les ouvriers et les paysans n’ont pas encore suffisamment confiance en eux-mêmes, en leurs propres forces ; une tradition séculaire les a trop habitué à attendre des ordres d’en haut. Ils ne se sont pas encore complètement faits à l’idée que le prolétariat est la classe dominante, et l’on compte encore parmi eux des éléments terrorisés, comprimés, qui s’imaginent devoir passer par l’ignoble école de la bourgeoisie. » (235)

Toutes les expériences de l’histoire sont là pour démontrer la nécessité absolue d’une transformation profonde sur le plan idéologique, d’une inévitable révolution idéologique permanente, si l’on désire aboutir de manière durable aux objectifs proposés par la révolution elle-même. De ce point de vue le phénomène de dégénérescence de la société soviétique par rapport aux idéaux bolcheviks, si magistralement proclamés par Lénine au moment même de la tourmente que fut la victorieuse Révolution d’Octobre 1917 constitue un exemple par la négative.

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