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10 juin 2022 5 10 /06 /juin /2022 14:02

(Partie 4) De quel type de députés a besoin le peuple dans un parlement bourgeois ?

Décidément, les révolutionnaires n'ont pas la même conception du monde que les thuriféraires de la NUPES : l 'analyse de la réalité n''est pas la même. La dialectique permet de distinguer ce qui apparaît fort aujourd'hui, va s'écrouler demain, et ce qui est faible aujourd'hui va se développer et s'imposer.

Analyser :

  • Comment on devient député dans la France démocratique bourgeoisie ?

  • Quelle est la fonction d'un député dans la France démocratique bourgeoise ?

  • Quels sont les pouvoirs du parlement bourgeois ?

  • De quel type de député a besoin le peuple dans une république démocratique bourgeoise ?

  • Quelle est la nature d'un député populaire ?

Bien connaître la nature de la couche bourgeoise dite de la « classe moyenne » et de la petite bourgeoisie .


 

  • Comment on devient député dans la France démocratique bourgeoisie ?

Il suffit d'examiner au cas par cas, comment sont élus les députés de la bourgeoisie. Prenons le cas de la dynastie des trois Dassault ( le grand-père, le père et le fils). Il est bien connu et documenté que la famille Dassault utilise tous les moyens possibles pour devenir élus de la république bourgeoise, tant au niveau local qu'au niveau national : la fortune personnelle, les médias (comme le journal « Figaro », etc. Ainsi, ils distribuent des billets (100 francs, ou 100 euros) la veille des scrutins pour obtenir les votes, allant parfois à de petites fortunes (autrefois 20 000 francs, aujourd'hui 20 000 euros) à de petits caïds pour obtenir , (dans le cadre du communautarisme), le vote de fractions de familles ou de quartiers populaires … La presse locale a aussi relaté comment, par exemple Olivier Dassault parcourait diverse réunions de sa circonscriptions, le coffre de sa voiture de service rempli de babioles de toutes sortes (verroteries, poupées, …) pour les distribuer aux enfants ou aux personnes âgées. Pour d'autres partis, dits de « gauche », mais ce n'est pas quelque chose qui n’appartiens qu'à eux, c'est la distribution de cadeaux divers, dans le cadre d'un « achat du vite » : ainsi, dans le département de l'Oise, l'ancien président du conseil général, membre du parti dit socialiste, faisait le cadeau, lors d'un mandat, d'un portable pour tous les collégiens du département, un autre mandat, d'un siège pour enfant , dans la voiture, pour toute naissance dans une famille du département. Ce baron socialiste , président du conseil général de l'Oise pendant dix années, grand cumulard, est depuis 2017, un partisan de Macron. Et dans le gouvernement de 2022, son épouse est ministre ,  ministre déléguée en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances . Bien évidemment, chaque cas d'élu de gauche est considéré comme un cas particulier, comme une sorte de trahison personnelle. Mais il convient quand même, après tant d'années, de considérer cette façon de faire non pas comme autant de démarches individuelles, mais bien comme une ligne politique, qui est celle de tous les opportunistes.

De plus tous les moyens sont bons pour gagner des électeurs : offrir un appartement en location, une place dans la crèche, un emploi dans une collectivité locale, etc. Souvent, les cadres qui entourent un élu sont « arrosés » de toutes sortes de cadeaux, ce qui les lie de façon indéfectible … En échange, lors des divers scrutins, toutes ces personnes votent et font voter leur environnement , pour ces élus.

Pour ce qui est de l'action des élus bourgeois, il suffit de faire le bilan des quarante dernières années : soit le cas du bon docteur Alain J., cumulard en Moselle. De par ses fonctions, cet élu est beaucoup intervenu dans le domaine de la santé. Il a donc écrit beaucoup d'ouvrages sur ce domaine (personnel soignant, EHPAD, hôpitaux, etc.) . Indéniablement tous ses diagnostiques sont excellents : nécessité de former mieux et plus de personnel, humanisation nécessaires des institutions médicales, maisons de retraite et hôpitaux, etc. Mais le problème, c'est qu'il n'a rien fait, que c'était uniquement des paroles, bien utiles pour se faire réélire. Mais lui-même n'avait aucun moyen et l’État bourgeois a continué de « rentabiliser » le secteur de la santé (suppression de lits d'hôpitaux, etc.).

Ainsi, on peut examiner chaque élu bourgeois, tant en ce qui concerne les méthodes pour se faire élire , que les moyens mis en œuvre pour réaliser son programme : la conclusion est que tout est fait pour brasser de l'air et faire en sorte que le système bourgeois perdure en l'état. Tout en ajoutant les méthodes peu scrupuleuses pour trafiquer les marchés publics et s’enrichir de façon frauduleuse. (Voir les cas Pasqua, Balkany, etc.). Ceci explique la haine que suscite tous ces élus à leur encontre.


 

Quelle est la fonction d'un député dans la France démocratique bourgeoise ?

Toutes les mesures fondamentales prises au parlement vont à l'encontre des intérêts populaires (législation du travail , des propriétés, des impôts, usage de la force contre le peuple (police) et contre les pays en voie de développement (politique impérialiste de l'armée), etc.). Un député , élu par le peuple a pour tâche essentielle de soutenir les luttes populaires, d'une part, et de dénoncer à la fois les objectifs capitalistes (traités inégaux avec les pays en voie de développement, politique impérialiste , notamment dans les ex-colonies française, y compris les « départements d'outre-mer, etc.) et le caractère formaliste du parlementarisme bourgeois, d'autre part. Les députés de La France Insoumise ont-ils réalisés ces objectifs lors de la dernière législature, ou bien ont-ils tentés de démontrer qu'ils seraient de meilleurs gestionnaires du capitalisme français, plus « humanistes », plus « justes » etc. ?


 

Quels sont les pouvoirs du parlement bourgeois ?

Il s'agit de ne pas donner les pleins pouvoirs à Macron, disent les autres candidats ? Mais , que ce soit avec Macron, Le Pen, Mélenchon, ou tout autre candidat, c'est bien les monopoles capitalistes qui ont les pleins pouvoirs , non ? Pour leur prendre le pouvoir, il faut rompre avec le système existant et donner les pleins pouvoirs au peuple ! C'est ce que souhaite la NUPES ?

Les partisans de la NUPES donnent une légitimité à Macron et à la bourgeoisie, en étant inféodé à la légitimité que donnerait les élections bourgeoises …

Une police « plus démocratique », mais qui reste un pilier de l’État bourgeois (et donc qui défend prioritairement l' »homme aux écus », le bourgeois, contre la classe laborieuse...

Conçues de cette façon, les élections sont un frein aux luttes sociales : « Votez pour la NUPES, c'est garantir un pouvoir d'achat décent » ? Quelle blague !

Une fois pour toute, le véritable pouvoir est économique, et il est aux mains des monopoles capitalistes et des banques. Le gouvernement de la république bourgeoise se contente de gérer les affaires courantes de la classe bourgeoise, et au seul profit de cette dernière. C'est donc une illusion de penser qu'une majorité va émerger du parlement bourgeois et légiférer en faveur des intérêts populaires. Au mieux, il s'agit d'augmenter la taille des miettes distribuées. Mais sûrement pas de supprimer l'esclavage salarié et de donner le pouvoir au peuple.


 

De quel type de député a besoin le peuple dans une république démocratique bourgeoise ?

Par rapport aux députés classiques, le député populaire dans une république démocratique bourgeoise, devrait se caractériser au moins par quatre éléments :

1. Le style de vie : Par son style de vie, le député prolétarien doit rester proche du peuple. C'est-à-dire que tous ses revenus additionnés ne doivent pas dépasser le revenu moyen d'un ouvrier. Si toutes ses dépenses relatives à son mandat doivent être pris en charge, par contre, ce qui dépasse le revenu moyen doit être reversé dans la caisse commune (du Parti, de la cause, etc.). De plus, le député populaire reste toujours sous l'appréciation vigilante de ses camarades, ce qui signifie qu'à tout moment, il peut être démis de ses mandats. Ainsi, contrairement aux députés classiques de la bourgeoisie, ce type de député est profondément lié au peuple, et il ne vie pas dans un monde à part, dans des conditions sociales excessives de luxe. Par ailleurs, il n'est pas livré à lui-même, sans jamais devoir rendre compte de son mandat.

2. Le développement des luttes populaires et de la démocratie populaire : Que ce soit au niveau national comme au niveau local, seule l'association du peuple à tous les organes du pouvoir (municipalités, entreprises, etc.) pourra permettre la démocratie populaire. Cela ne peut se faire que dans divers comités de gestion à la base ...

3. La dénonciation du formalisme de la démocratie bourgeoise :

Lutte Ouvrière au Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais  avait permis de dénoncer les diverses aides économiques apportées aux entreprises à l'aide des impôts. Il est vrai que la bourgeoisie a su écarter les militants de Lutte Ouvrière des organes vraiment dirigeants de la région (la commission permanente), et en dissimulant les aides réelles sous un verbiage comptable … Le secret (des budgets, etc.) est bien une méthode de gestion bourgeoise, auquel s'oppose la transparence totale populaire.

4. L'internationalisme prolétarien : Seuls la bourgeoisie (dans le cadre de la mondialisation) et le prolétariat (dans le cadre de l'internationalisme ) ont une réflexion au-delà du nationalisme et du chauvinisme (qui va se manifester par une nouvelle guerre de repartage du monde, entre les divers camps impérialistes). Si la bourgeoisie met au premier plan ses intérêts économiques et financiers, le prolétariat lutte pour la paix, et fait la guerre contre la guerre injuste de l'impérialisme. Ainsi le peuple ukrainien doit lutter pour son indépendance et pour la révolution socialiste (mondiale), à la fois contre l'impérialisme américain et contre l'impérialisme russe (et chinois). De même le peuple français doit refuser de servir les intérêts de sa bourgeoisie sur le plan extérieur, et lutter pour prendre tous les pouvoirs à sa propre bourgeoisie, afin d'instaurer un État socialiste, première étape sur la voie de la révolution mondiale. C'est bien la voie prônée par la NUPES ?

La seule question qui reste est celle-ci : est-il vraiment opportun, pour satisfaire les intérêts égoïstes de pouvoir de quelques-uns de laisse faire une expérience , de plus, de l'union de la gauche (après celle de 1981) ?

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5 juin 2022 7 05 /06 /juin /2022 10:16

(Partie 3) De quel type de députés a besoin le peuple dans un parlement bourgeois ?

Un appel pour voter NUPES, dans quel but ? Lutter contre le système capitaliste ou lutter contre Macron ?

L'erreur commise , dans le cadre de cette pétition, est de considérer les élections (présidentielles, parlementaires, locales, etc.) en soi et pour soi.

Prenons l'exemple des élections parlementaires. Il convient de prendre en compte divers éléments (« Analyse concrète d'une situation concrète » disait-on autrefois). Premièrement ces élections se situent à un moment d'une formation sociale. Celle-ci est le capitalisme avancé, sous sa forme impérialiste pourrissante, antichambre du socialisme. Il s'agit d'élections se déroulant dans le cadre d'un État bourgeois, pour élire des députés dans un parlement bourgeois, donc une république avec une démocratie bourgeoise. Ceci se déroule dans le cadre de la superstructure.

Pour l'infrastructure, il y a domination des monopoles capitalistes, avec une crise économique et générale profonde, que la classe bourgeoise tente de faire payer à la classe des travailleurs et à la classe moyenne, y compris en ayant recours à la guerre impérialiste (Afrique, Ukraine, etc.).

En France, il y a diverses classes et couchers sociales, dont la classe dominante, la classe bourgeoise, (dont les très riches, le CAC 40,..) opposée à la classe du prolétariat, ainsi que diverses couches intermédiaires, dont la petite-bourgeoisie.

Il y a deux lignes qui s'affrontent dans la classe ouvrière : l'une, c'est de considérer que la seule solution est la destruction de l’État bourgeois, à remplacer par un État socialiste, puis communiste. Les élections font partie des éléments à prendre en compte, Mais l'élément essentiel, ce sont les diverses luttes, dans l'entreprise, et dans la ville, dans les divers comités. L'autre ligne est très diverse : elle considère que l'on parvient au socialisme par les réformes ; et même il est possible de réformer l’État bourgeois, instrument neutre, qui peut devenir plus démocratique, plus juste, …

S'il y a une frange de la petite bourgeoisie qui , de plus en ^plus rejoindra le point de vue du prolétariat, il y a aussi aujourd'hui toute une catégorie de petits-bourgeois, qui se p^lacent dans la logique bourgeoise : ils pensent que s'ils prennent la place de la bourgeoise, grâce à une « majorité électorale », ils pourront apporter des réformes à l’État qui atténuent l'esclavage salarié.

Le parlement bourgeois a toujours fonctionné avec une majorité et une minorité, l'une ou l'autre prenant les rênes de l’État à tour de rôle. Depuis toujours, il y a une forme d' « opposition » , qui s'oppose, non pas au régime bourgeois, mais à la fraction de la classe bourgeoise qui détient le pouvoir.

Il en est ainsi du Rassemblement National : c celui-ci s'oppose au néo-libéralisme de Macron , non à l 'État capitaliste. Il en est de même de La France Insoumise, « opposition de gauche » au néo-libéralisme de Macron, mais nullement opposé à l’État capitaliste.

Prenons l'attitude des députés , tant de droite que de gauche : voilà des années qu'ils ont établi un diagnostic des maux du capitalisme. Leur propositions consistent à faire des réformettes, qui ne règlent rien. Ce qu'ils disent : « Votez pour moi, et cela ira mieux ! » Y compris lors des élections locales : qui a fait le bilan de la présence , douze années , de la « gauche «  à la mairie de Metz ? Par exemple, y a-t-il un changement de gestion dans les maisons de retraite ? Ailleurs ?

Cet électoralisme est démobilisateur : « attendez, disent-ils , que l'on prenne le pouvoir, et les choses iront mieux. Inutile de lutter, de faire grève, etc. Voter, c 'est lutter/ Et si cela ne fonctionne pas cette fois-ci, attendez le prochaines élections ! ». La frange de la petite bourgeoisie qui est sur cette ligne (de fait, il s'agit d'inféoder les classes populaires à la classe bourgeoise, il s'agit de prôner la collaboration de classe, et de préserver les structures bourgeoises,), sont en fait, opposés à un changement radical, car ils n'en ont pas besoin.

Au niveau inter=national, cette frange ne prône pas l’internationalisme prolétarien mais contribue à préserver les intérêts de l'impérialisme français (voir Jean Yves Le Driant et autres). Demain, en cas de guerre mondiale, ils ne mettront pas en avant la lutte contre leur propre classe dominant (pourquoi le feraient-ils demain, puisqu'ils ne le font pas aujourd'hui ? ) mais continueront à mettre les masses laborieuses sous la coupe de la classe bourgeoise, comme « chair à canon ».

Il convient de faire le portrait des députés dont le peuple a besoin dans la phase actuelle : de simples opposants , sur des positions bourgeoises, contre la fraction bourgeoise qui détient le pouvoir, ou bien des députés populaires, dénonçant le formalisme de la « démocratie «  bourgeoise et soutenant les luttes populaires ?

Examinez de près l'action des élus bourgeois : ils ne cherchent jamais à associer les masses travailleuses aux diverses décisions, mais s'appuient exclusivement sur les administrations de l’État bourgeois (Pôle Emploi, etc.)

Sachant que , de toute façon, quelle que soit la fraction bourgeoise au pouvoir, elle est toujours au service du patronat capitaliste ; Et même si une partie de la petite bourgeoisie espère un débordement, pour aller vers des luttes plus révolutionnaires, cela n'est possible que si le peuple est mobilisé (a sa propre armée, dispose de l'autonomie prolétarienne,etc.)

Alors , on peut se gausser du faible score électoral de LO et autres. Ceux qui citent ces faibles résultats sont victimes de l'électoralisme bourgeois : il est possible de renverser l’État bourgeois, la logique capitaliste, par le recours aux élections (voir le Chili en 1973).

Cependant il vaut mieux un faible score électoral, avec une ligne politique juste, que des illusions électoralistes, dont les personnes de mon âge, ayant vécu l'expérience Mitterrand , devraient être définitivement guéri ! Nous somme à une nouvelle époque, de crise générale du système capitaliste, avec le risque d'une nouvelle guerre impérialiste de repartage du monde. Il vaut infiniment mieux préparer le plus grand nombre à s'émanciper de l'idéologie collaborationniste , et de préparer les cadres du futur parti révolutionnaire.

La façon dont se sont dégonflés les scores électoraux du PCF, du PS, de LR, etc. devraient être un signe pour chacun !

C'est pourquoi, même si la ligne révolutionnaire est minoritaire au s sein du NPA aujourd'hui, il est certain pour moi qu'elle deviendra vite majoritaire devant l'époque qui vient, et que son intérêt sera alors de lâcher la main de toute la frange petite-bourgeoise, gonflée d'illusions sur la possibilité de réformer l’État bourgeois ! Prenez exemple sur les députés populaires (Commune de Paris, ou lorsque le PCF était révolutionnaire, favorable à la dictature du prolétariat), qui ont mis en œuvre la démocratie populaire. Quant à Jean Luc Mélenchon, après cinquante années de divers mandats électoraux, dont le plus long est sénateur du parti socialiste, il est loin des préoccupations populaires ! Son union ne vise qu'à sauvegarder les postes de divers partis en perdition (PCF, PS, etc) et, au mieux, à prendre le pouvoir au niveau national, d'un État bourgeois, et au pire à être l'opposition bourgeoise de gauche au néolibéralisme de Macron. C'est pourquoi cette pétition n'a aucun intérêt !

Sauf à démontrer bien sûr que la démarche de LFI et JLM fait avancer la cause populaire vers un État socialiste, et ne constitue pas un illusoire réaménagement de l’État capitaliste vers « plus de libertés, de démocratie, de justice, de partage des richesses, etc. »

Si LFI a un peu de respect pour son électorat potentiel, qu'attendent les 17 députés de la législature précédente pour faire un bilan , non pas pour faire mieux fonctionner la pseudo-démocratie d'un parlement bourgeois, mais pour mettre en place une réelle démocratie populaire, qui rende compte ?

JLM et ses thuriféraires ont suffisamment de culture marxiste, léniniste et trotskiste , pour savoir que, privilégier la seule voie électorale, c'est vouloir pérenniser le système capitaliste et refuser son remplacement par un État socialiste. Ou bien qu'il explique par quelle voie il compte aboutir au progrès social, à l'instauration d'une démocratie populaire, à la lutte contre la guerre impérialiste … S'il ne le fait pas, n’est-ce pas parce qu'il s'agit d'un escroc politique ? Car dans le contexte actuel, tout miser sur les élections constitue un facteur de démobilisation quant aux luttes réelles pour une frange de travailleurs. Mais ceux-ci, par leur abstention massive, démontrent néanmoins globalement une forte maturité face au système (notamment électoral) bourgeois, en particulier dans les quartiers populaires …


 

P.S. : Néanmoins, la pétition aura une seule utilité : mesurer localement la force petite bourgeoise (ATTAC et autres,...) qui souffre d'un déclassement et d'une prolétarisation due aux excès du néo-libéralisme, qui veut donc limiter les effets néfastes de ceux-ci (si c'est possible? Voir 1981, puis 1984) tout en refusant de s'attaquer à la racine du mal, qui est l’existence du système capitaliste (dont la propriété des moyens de production par les monopoles, et la baisse tendancielle du taux de profit), et en refusant le travail ardu, long, pénible, du remplacement de ce système par un État socialiste qui instaure une démocratie populaire , programme qui sera de plus en plus à l'ordre du jour … C'est ce que mesurera également le score national de NUPES, indiquant ainsi le travail de persuasion et de propagande qu'il reste à faire … A bas toutes les formes d'opportunisme ! Vive la Révolution prolétarienne !

Le 03/06/2022


 

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4 juin 2022 6 04 /06 /juin /2022 12:35

(Partie 2) De quel type de députés a besoin le peuple dans un parlement bourgeois ?

La démocratie bourgeoise, tout en proclamant solennellement l'égalité de tous les citoyens , masque hypocritement la domination des capitalistes exploiteurs et trompe les masses en leur faisant croire qu'une égalité réelle peut exister entre exploiteurs et exploités. Aussi démocratique soit-il, tout État où existe la propriété privée de la terre et des moyens de production , où règne le capital, est un État capitaliste , une machine aux mains des capitalistes pour maintenir dans la soumission la classe ouvrière et la classe moyenne. Le suffrage universel, le parlement , etc. ne sont que la forme, qui ne change rien au fond.

*Du moment qu'il existe, le capital règne sur toute la société , et aujourd'hui de manière bien plus prégnante qu'au XX° siècle, et aucune république démocratique, aucune loi électorale n'y change rien. C'est le capital qui règne. La force du capital est tout, le pouvoir financier, les banques, sont tout ; le parlement , les élections, ne sont que des marionnettes, des fantoches.

Le rêve de la classe bourgeoise a toujours été de cantonner les travailleurs à l'état d'électeur (« Voter, c'est lutter », disait le Parti Communiste Français révisionniste), puis de retourner dans l'usine, pour , à la rigueur, combattre pour des augmentations de salaires dans le cadre des syndicats jaunes. Alors que la classe ouvrière lutte tous les jours pour le pain, le travail, le logement, etc.

Une partie de la classe moyenne a repris à son compte cet électoralisme et ce crétinisme parlementaire : votez, puis retournez à votre lieu de travail jusqu'à la prochaine échéance électorale ! Contre le monopole des médias, aux ordres de la classe bourgeoise, sont apparus les réseaux sociaux ! La volonté du peuple serait capable de s'exprimer autrement que dans des luttes de classes âpres, quotidiennes, à l'usine, dans les bureaux, dans les quartiers, etc.

Par les élections législatives, « Un autre monde est encore possible ! » dit La France Insoumise . Ce monde, ce sera encore celui du capital. L'Union est-elle vraiment populaire ? A-t-elle lieu à la base et au sommet, ou bien seulement entre divers appareils, rejetés de plus en plus par les masses populaires ? Ne s'agit-il pas plutôt d'une manœuvre pour faire réélire divers apparatchiks et « nouvelles classes de riches » ? Alors qu'une nouvelle ère de révolutions a commencé, La France Insoumise, le P « C » F , EELV, le PS, etc. lui tournent le dos et se mettent à célébrer la beauté de la démocratie bourgeoise agonisante. Les classes opprimées se voient octroyer le droit, une fois en quelques années, de choisir le mandataire des classes possédantes qui « représentera et réprimera » le peuple, y compris au parlement.

Sans doute , il faut des députés du peuple, mais des députés qui dénoncent le système capitaliste et font entrevoir ce que sera l’État socialiste et le parlement socialiste. Ces députés briseront les illusions petites-bourgeoises d'un État au-dessus des classes, neutres, qu'il est possible de faire fonctionner autrement. Mitterrand n'était-il pas soumis au capital ? Et Hollande à la grande finance ?

Prenez la politique extérieure. Il n'est pas de pays bourgeois, même le plus démocratique , où elle se fasse au grand jour. Partout, les masses sont dupées dans les pays démocratiques comme la France, la duperie étant très raffinée. Il s'agit bien de faire tomber le voile du secret de la politique extérieure, et c'est là un marqueur essentiel entre un socialiste honnête, un communiste authentique et un hypocrite et fieffé petit-bourgeois. A l'époque des guerres de rapine et des traités secrets sur le « partage des zones d'influence » (c'est-à-dire sur le partage du monde par les brigands capitalistes), ce fait a une importance capitale : d » là dépendent la paix , la vie ou la mort de millions d'hommes. Par exemple, en Ukraine, il est normal de lutter pour une nation indépendante, libre, socialiste. Il est anormal de mourir pour l'OTAN, ou pour la Russie. Or qu'a dit Jean Luc Mélenchon à la journaliste Léa Salamé concernant la politique extérieure ? Qu'elle sera traitée entre deux hommes, loin des masses, entre le président de la république et son premier ministre. Qui, entre autres continueront à exploiter les territoires d'outre-mer et d'Afrique ! N'a-t-on pas vu un député (Alexis Corbière) regretter d'avoir livré un « secret » de la commission de la défense nationale à un média ? C'est quoi ces députés complices des secrets de la bourgeoisie ?

Dans le cadre de la V° république bourgeoise, la gestion de l' »empire », c'est-à-dire la politique de l’impérialisme français relève de la « chasse-gardée » du président de la république, qui ne rend aucun compte , ni au parlement, ni au gouvernement, ni donc aux masses populaires. Voir par exemple, la guerre civile au Rwanda, les divers conflits en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye, etc, ou bien en matière de ventes d'armes , domaine où excelle le « socialiste » Jean Yves Le Drian. C'est dire que ces personnes sont responsables de millions de morts, sans compter les réfugiés, et qu'il devront rendre des comptes à la justice populaire.

Voilà donc une formation capitaliste agonisante, et le XXI° siècle est celui de l'instauration, au niveau de l'humanité, d'une formation socialiste. Déjà les quatre cavaliers sont en route, depuis un moment déjà, avec l’éclosion de la deuxième crise générale du capitalisme, à savoir la peste (maladie de la vache folle, COVID-19, empoisonnements alimentaires, pesticides, chlordécone, etc.), la guerre (multiples conflits armés : Libye, Syrie, Ukraine, Yémen, etc. conduisant directement à une troisième guerre mondiale, pour le repartage du monde entre les impérialismes), la famine (crise économique sans précédant, chômage, chute du pouvoir d'achat, paupérisation des classes laborieuses et des classe moyennes, etc.) et la mort (écocide, pollutions de l'air, de l'eau, de la terre ,etc .) suivie de l'enfer pour les anciens exploiteurs (dictature du prolétariat de l'immense majorité du peuple sur l'extrême minorité de la classe bourgeoise, démocratie réelle populaire, etc.) .

Ainsi, si on fait le bilan de l'activité parlementaire des dix sept députés de La France Insoumise, plusieurs questions se posent :

  • Au niveau international, ont-ils mis en exergue les différents accords secrets dont ils ont eu connaissance (Mali, etc.), ou bien ont-ils contribué à couvrir ces secrets ?

  • Au niveau national, ont-ils dénoncés le formalisme de la démocratie bourgeoise et du parlementarisme bourgeois, ou bien ont-ils la volonté de démontrer qu'une autre pratique parlementaire bourgeoise est possible, dans le cadre d'une France capitaliste ?

Et pour l'avenir :

  • L'Union populaire vise -t-elle à faire réélire les sortants et à apparaître comme l'opposition à Macron et à la droite, dans le cadre de la France capitaliste, ou bien d'être une force qui vise à rompre avec l'ancien régime et à instaurer une dictature du prolétariat ?

    Le 04/05/2022

Analyser :

  • Comment on devient député dans la France démocratique bourgeoisie ?

  • Quelle est la fonction d'un député dans la France démocratique bourgeoise ?

  • Quels sont les pouvoirs du parlement bourgeois ?

  • De quel type a besoin le peuple dans une république démocratique bourgeoise ?

  • Quelle est la nature d'un député populaire ?

Bien connaître la nature de la couche bourgeoise dite de la « classe moyenne » et de la petite bourgeoisie .


 

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3 juin 2022 5 03 /06 /juin /2022 18:57

(Partie 1) De quel type de députés a besoin le peuple dans un parlement bourgeois ?

Concernant l'Union Populaire (ou Nouvelle Union populaire écologique et sociale), voici la question centrale : avoir des députés, mais pour faire quoi ? Je me place d'un point de vue marxiste-léniniste . Il faut aussi tenir compte du contexte national et international.

Voici ce que disait Anatole France, au début du XX° siècle, un compagnon de route du communisme.

Au niveau national : « Après s'être soustraite à l'autorité des rois et des empereurs, après avoir proclamé trois fois sa liberté , la France s'est soumise à des compagnies financières qui disposent des richesses du pays et, par le moyen d'une presse achetée, dirigent l'opinion. »

Au niveau international : « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. »

La France est un pays capitaliste et impérialiste. L’État français est celui de la classe dominante, la bourgeoise. C'est un capitalisme pourrissant et finissant. Les conditions objectives sont réunies pour passer d'une formation sociale capitaliste à une formation sociale socialiste .Cela signifie détruire l’État bourgeois et le remplacer par un État socialiste et la dictature du prolétariat.

Il faut donc bien analyser la nature des parlements bourgeois. Plus la démocratie est puissamment développée , et plus la Bourse et les banquiers se soumettent les parlements bourgeois. Il faut utiliser le parlementarisme bourgeois. Mais il ne faut pas oublier le caractère limité et relatif , au point de vue historique , du parlementarisme bourgeois. Dans l’État bourgeois le plus démocratique, les masses opprimées se heurtent constamment à la contradiction criante entre l'égalité nominale proclamée par la « démocratie » des capitalistes et les milliers de restrictions et de subterfuges réels , qui font des travailleurs des esclaves salariés. Cette contradiction précisément ouvre les yeux des masses sur la pourriture, la fausseté , l'hypocrisie du capitalisme.

Si l'on considère l'évolution du parlementarisme du début du XX° siècle à aujourd'hui, cet aspect n'a fait que s'amplifier.

Sous de Gaulle on parlait de « godillots ». Sous Mitterrand, c'était les affidés. Avec Macron ce sont les « play mobiles ».

Ainsi, j'ai connu, à Thionville, un député socialiste , élu dans la vague rose de 1981, du nom de Malgras. C'était un contrôleur de la sidérurgie. En tant que député, son pouvoir était nul, et il n'a rien pu faire pour empêcher le démantèlement de la sidérurgie. Par contre, il a mené la belle vie, la base du pari socialiste lui attribuant le sobriquet de « Bongras ». Et en effet, faisant bombance au restaurant de l'assemblée nationale, il a pris de l'embonpoint. De plus il a rejeté son épouse pour se mettre à la colle avec une jeunette et il a échangé son modeste appartement de technicien pour un grand duplex bourgeois.

A Longwy, j'ai connu également ce que l'on fait de mieux comme député socialiste, très honnête au sens de la morale bourgeoise du terme, et lui était un haut cadre de la sidérurgie. Son nom : Jean Paul Durieux. Il n'a rien empêché non plus, malgré les belles promesses de Mitterrand (« Pas un seul licenciement »). De plus il a participé à la « restructuration du bassin de Longwy dans le cadre du pôle européen de développement aux côtés de la CFDT et autres, dont les représentants du patronat (Bernard Labbé) . Voici sa manière de procéder en tant que député (puis maire de Longwy) : lorsqu'il recevait un habitant pour une demande (emploi, logement, etc.), il ne disait jamais non. Mais il se contentait d'envoyer l'habitant vers l'administration concernée, avec un mot de recommandation. Bien évidemment l'administration ne pouvait pas faire grand chose. Mais l’habitant pensait : « Quel homme de bien que ce député Durieux ; mais quels salauds au niveau des administrations ! » .

Le parlement bourgeois, fût-il le plus démocratique dans la république la plus démocratique, où la propriété des capitalistes et leur pouvoir sont maintenus , est une machine destinée à un double rôle :

  • gérer les affaires de la classe capitaliste (voir le rôle des divers lobbies, tant au niveau national que européen). De plus en plus les propositions de lois sont déposées par le gouvernement, qui n'est qu'un comité de gestion des affaires capitalistes ;

  • réprimer les millions de travailleurs par une poignée d'exploiteurs.

Aujourd'hui, plus qu'avant, les députés n'ont aucun rôle et ils le disent eux-mêmes. Prenez le députés B. : pour lui-même, il a acquis une belle maison dans le quartier huppé et tranquille de la Grange aux Bois, et une grosse cylindrée. Il habite à moins de un kilomètre d'une maison de retraite : a-t-il fait une seule fois une visite de celle-ci ? C'est-il préoccupé de la vie quotidienne des citoyens ?

L'organisation de l’État et sa nature de classe , dans la démocratie bourgeoise, font que les capitalistes , par mille stratagèmes – d'autant plus ingénieux et efficace que la démocratie « pure » est plus développée –, écartent les masses de la participation à la gestion du pays, de la liberté de la ^presse, des médias, etc. Milles barrières s'opposent à la participation des masses exploitées et travailleuses au parlement bourgeois, lequel, dans une démocratie bourgeoise, ne résout jamais les questions majeures, car celles-ci sont tranchées par les banques et les groupes du patronat, dont le gouvernement et les « experts » se font l'écho.

Et les ouvriers savent et sentent, voient et saisissent à merveille que le parlement bourgeois est pour eux un organisme étranger, un instrument d'oppression des prolétaires par la bourgeoisie, l'organisme d'une classe hostile , d'une minorité d 'exploiteurs. D'où l'importance grandissante de l'abstention !

Dix sept députés de La France Insoumise ont siégé pendant cinq années au Parlement. Dommage que l'on ne lise nulle part un bilan de leur activité , et des résultats de celle-ci. Pourtant, rendre compte, pour des parlementaires, n'est-ce pas là la base même de la démocratie populaire ?

Il ne faut pas oublier que le parti dominant de la démocratie bourgeois (la droite ou la « gauche » socio-libérale) n'accorde la défense de la minorité qu'à un autre parti bourgeois. Tandis que les travailleurs, dans toute question sérieuse, profonde, fondamentale (retraite, pouvoir d'achat, droit du travail, etc.) reçoit en guise de réponse la violence policière et la répression (gilets jaunes, étudiants , etc.). Plus la démocratie est développée, et plus elle est près, en cas de divergence politique profonde et dangereuse pour la bourgeoisie , d'exercer la violence réactionnaire.

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30 mai 2022 1 30 /05 /mai /2022 08:52

Liberté, égalité, fraternité (Partie 46)

CHAPITRE IX

 

 

 

EN GUISE DE CONCLUSION

 

 

 

OBJECTIVISME ET OBJECTIVITE SCIENTIFIQUE

 

 

 

A tout moment, dans toutes les situations, il existe différents points de vue. Chaque point de vue représente un point de vue de classe, les intérêts d’une classe.

« Dans une société de classes, chaque homme vit en tant que membre d’une classe déterminée et il n’existe aucune pensée qui ne porte une empreinte d’une classe. »

Le concept de dictature de classe chez Lénine ne peut être exposé que d’un point de vue de classe : il s’agit alors de savoir qui servir, la classe bourgeoisie ou le classe ouvrière ?

Quand on se détermine par rapport aux intérêts de la classe ouvrière et de la révolution, quitte à ce que le point de vue soit momentanément minoritaire, cela s’appelle « oser aller à contre-courant » : le problème est alors de savoir, à propos du concept de dictature du prolétariat, quel point de vue répond aux intérêts des travailleurs. On se détermine alors résolument en prenant parti.

Quand on se détermine par rapport au point de vue « majoritaire », cela s’appelle l’opportunisme : on prétend alors rendre compte « objectivement » de tous les points de vue, de la réalité, sans prendre parti. La presse bourgeoise aussi prétend à l’ « objectivité ». Lénine eut à combattre une telle conception venant de la part de ceux qu’on appelait les « marxistes légaux ». A ce sujet il écrivait :

« Quiconque est consciemment ou inconsciemment partisan du régime bourgeois ne peut manquer d’être séduit par la théorie de l’objectivisme. »

L’objectivisme est une théorie bourgeoise qui vise à nier la lutte de classes, en prétendant se placer au-dessus des classes et des partis pour mieux faire passer le point de vue de la classe bourgeoise. Au nom de l’ « objectivité » la bourgeoisie accuse le marxisme-léninisme d’être partisan, pour dissimuler son propre point de vue de classe.

Le propre du prolétariat est au contraire son esprit de parti. Il juge et combat en fonction des intérêts du prolétariat, en sachant que tant qu’il y aura des classes, il y aura aussi des luttes de classes, il y aura des idées représentant les intérêts de la bourgeoisie et d’autres représentants les intérêts du prolétariat. Il ne faut pas se dissimuler le fait que tout point de vue est un point de vue de classe et c’est pourquoi nous ne prétendons pas à l’ « objectivité » en traitant le concept de dictature chez Lénine. C’est là le premier caractère du marxisme : le marxisme est l’idéologie du prolétariat. Un second caractère du marxisme est qu’il fonde son action sur la connaissance de la réalité objective, et non sur un dogme ou un quelconque désir subjectif :

« La philosophie marxiste – le matérialisme dialectique – a deux particularités évidentes. La première, c’est son caractère de classe : elle affirme ouvertement que le matérialisme dialectique sert le prolétariat ; la seconde, c’est son caractère pratique : elle met l’accent sur le fait que la théorie dépend de la pratique, que la théorie se fonde sur la pratique, et à son tour, sert la pratique. »

Aussi s’il est important de « connaître » le marxisme, cela est insuffisant, car, « le marxisme n’est pas un dogme mais un guide pour l’action » (Mao Tsetoung) ; il est essentiel de connaître les conditions spécifiques de la France et de savoir appliquer le marxisme : l’universel n’existe que dans le particulier.

L’application du marxisme-léninisme aux conditions spécifiques de la France ne peut et ne doit être transposée dogmatiquement à partir d’aucune autre expérience révolutionnaire concrète. Cette vérité ne signifie nullement que les expériences historiques du mouvement ouvrier international ne comportent pas différents enseignements et principes de portée universelle. La Commune de Paris, la Révolution d’Octobre 1917, la Révolution chinoise de 1949, la grande Révolution culturelle prolétarienne de Chine et d’autres révolutions ont enrichi la connaissance du prolétariat révolutionnaire sur les plans théoriques, stratégiques, tactiques, politiques et organisationnels.

Tout en tenant compte de ces enseignements et de ces principes, la préparation et le processus de la révolution prolétarienne en France ne pourront remporter de succès qu’en étudiant minutieusement la situation objective française, qu’en tenant compte des caractères spécifiques propres à la situation en France : la révolution prolétarienne en France devra se développer dans les conditions d’un pays capitaliste hautement développé et parvenu au stade suprême du capitalisme monopoliste d’Etat.

 

 

 

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29 mai 2022 7 29 /05 /mai /2022 16:36

Liberté, égalité, fraternité (Partie 44)

 

  1. LE CONTRÔLE OUVRIER

 

Le rôle du contrôle ouvrier dans la construction du socialisme est d’empêcher la restauration du capitalisme, d’éviter le révisionnisme et de donner la direction du pouvoir à la classe ouvrière. Le pouvoir ou contrôle de la clase ouvrière est un des premiers principes du marxisme-léninisme. La classe ouvrière, sous la direction du Parti, fait la révolution, et la mène à son terme, construit le socialisme. La classe ouvrière est la classe dirigeante du pays, et elle doit contrôler la vie de tout le pays ; ne pas s’éloigner de ce principe est la condition essentielle pour que le socialisme subsiste :

« C’est là la preuve d’une vérité indiscutable au point de vue théorique, la preuve que le pouvoir des Soviets est un nouveau type d’Etat, sans bureaucratie, sans police, sans armée permanente, où la démocratie bourgeoise fait place à une démocratie nouvelle qui porte au premier plan l’avant-garde des masses laborieuses, fait de celles-ci le pouvoir législatif et exécutif, leur confie la défense militaire, et crée un appareil susceptible de rééduquer les masses. » (242)

Les partis révisionnistes voient la classe ouvrière comme uniquement liée à la production. Elle doit produire de plus en plus et se limiter aux problèmes économiques de l’entreprise. Les capitalistes considèrent l’ouvrier seulement comme une main-d’œuvre sans qualité ; ils essaient d’éloigner la classe ouvrière du domaine politique, et veulent en faire une classe apolitique. Le marxisme au contraire dit que le prolétariat doit s’occuper de politique :

« Il faut lutter contre le préjugé selon lequel seule la bourgeoisie est capable de gouverner l’Etat. Le prolétariat doit assumer la charge de gérer l’Etat. » (243)

« Ce préjugé, le plus ignoble de tous les préjugés bourgeois (…) selon lequel un simple ouvrier ou un simple paysan ne peut gouverner l’Etat. Il le peut et il apprendra à le faire s’il s’y met. » (244)

Pour les révisionnistes, seul le Parti et les dirigeants vont s’occuper de politique ; c’est une thèse contre-révolutionnaire. Dans les pays socialistes qui se sont transformés à nouveau en pays capitalistes, tel l’Union soviétique, la classe ouvrière a perdu sa vigilance et son rôle dirigeant. Elle a oublié le principe selon lequel tous devaient lui rendre compte de leurs activités. Ainsi des traîtres ont pu prendre le pouvoir : une leçon que l’on peut tirer de cela est qu’il faut augmenter sans cesse le rôle dirigeant de la classe ouvrière sur tous les domaines de la vie :

« Notre but est de faire remplir gratuitement les fonctions d’Etat par tous les travailleurs, une fois qu’ils ont terminé leurs huit heures de « tâches » dans la production : il est particulièrement difficile d’y arriver, mais là seulement est la garantie de la consolidation définitive du socialisme. » (245)

Dans un pays où existe la dictature du prolétariat, comment comprendre le contrôle ouvrier ? Jusqu’à aujourd’hui, il s’est manifesté sous trois formes :

  • Le contrôle du Parti

  • Le contrôle de l’Etat

  • Et le contrôle ouvrier direct.

 

  1. La direction du Parti est une forme des plus élevées du contrôle ouvrier :

 

« Dictature d’un seul parti, oui ! Telle est notre position, et nous ne pouvons quitter ce terrain, parce que c’est là le parti qui, au cours de dizaines d’années, a compris la place d’avant-garde de l’ensemble du prolétariat industriel des fabriques et des usines. » (246)

Le contrôle du Parti s’exerce partout. Plus fort est le Parti, plus fort est le contrôle ouvrier du Parti. Aussi toute la classe ouvrière est intéressée au renforcement du Parti. Pour renforcer le contrôle ouvrier du Parti, il est nécessaire que la classe ouvrière fasse tous ses efforts pour réaliser le programme du Parti : il faut augmenter la prolétarisation du Parti et augmenter le nombre de cadres ouvriers dans le Parti. En un mot pour renforcer le contrôle de la classe ouvrière, il est nécessaire de renforcer le rôle dirigeant du Parti.

C’est là le rôle de toute la classe ouvrière et de ses alliés révolutionnaires :

« La dictature du prolétariat est inévitable lors du passage au socialisme, mais elle ne s’exerce pas par l’intermédiaire de l’organisation groupant tous les ouvriers de l’industrie. Pourquoi ? (…). Les choses se passent ainsi : le Parti absorbe en quelque sorte l’avant-garde du prolétariat, et c’est elle qui exerce la dictature du prolétariat. Mais sans un fondement tel que les syndicats, il est impossible d’exercer la dictature, de s’acquitter des fonctions d’Etat. » (247)

 

  1. La classe ouvrière exerce aussi son contrôle par l’intermédiaire de l’Etat : l’Etat de la classe ouvrière, l’Etat socialiste, est un Etat de dictature du prolétariat, un Etat aux mains de la classe ouvrière.

 

« Sans un certain recensement et contrôle exercés par l’Etat sur la production et la répartition des produits, le pouvoir des travailleurs, la liberté des travailleurs, ne pourront pas se maintenir, et le retour sous le joug du capitalisme sera inévitable. » (248)

L’Etat exerce son contrôle sur tous les appareils administratifs, sur le travail de tous les cadres administratifs. Pour renforcer le contrôle de la classe ouvrière, il faut renforcer toujours le contrôle de l’Etat et renforcer le caractère de classe de l’Etat (contrairement aux révisionnistes d’Union soviétique et d’ailleurs qui prétendent que chez eux l’Etat appartient « à tout le peuple » et n’a plus aucun caractère de classe.)

C’est donc avec l’Etat que la classe ouvrière renforce son contrôle sur tout.

« Le pouvoir d’Etat aux mains d’une seule classe, du prolétariat, peut et doit devenir un instrument pour attirer aux côtés du prolétariat les masses laborieuses non prolétariennes, un instrument pour conquérir les masses sur la bourgeoisie et les partis petits bourgeois. » (249)

 

  1. Le contrôle de la classe ouvrière par le Parti et par l’Etat ne suffit pas : ces formes de contrôle ouvrier existaient aussi en Union soviétique et dans d’autres pays, et cela n’a pas empêché leur dégénérescence. Il faut une troisième forme de contrôle : le contrôle direct de la classe ouvrière. L’élimination du contrôle direct a entraîné en Union soviétique et dans d’autres pays la dégénérescence du Parti et du pouvoir d’Etat. Lénine a de nombreuses fois mis en garde pour que le contrôle direct soit appliqué sans aucune exception :

« C’est le contact des Soviets avec le « peuple » des travailleurs qui crée précisément des formes particulières de contrôle par en bas, comme, par exemple, la révocation des députés, formes que l’on doit maintenant développer avec un zèle tout particulier. » (250)

Le contrôle direct de la classe ouvrière est quelque chose de nouveau qui s’est développé en Chine de 1949 à la mort de Mao Tsetoung. La direction politique, idéologique et économique de la classe ouvrière n’est pas l’affaire du seul Parti et de l’Etat.

Quels sont les buts du contrôle ouvrier direct ? Développer l’initiative des ouvriers, attirer toute la classe ouvrière dans la réalisation du socialisme :

« De même qu’ils étaient des centaines à l’époque du servage, de même que des milliers et des dizaines de milliers à édifier l’Etat à l’époque du capitalisme, de même aujourd’hui la révolution socialiste ne peut être accomplie qu’avec la participation pratique, active et directe de dizaine de millions d’hommes à la gestion de l’Etat. » (251)

Le contrôle direct de la classe ouvrière est une expression de la démocratie dans la production, et une arme puissante pour lutter contre le bureaucratisme (Lénine disait : « extirper encore et toujours l’ivraie du bureaucratisme »).

Le contrôle direct permet à la classe ouvrière le contrôle sur les autres couches. C’est un moyen d’éducation de la classe ouvrière. Le contrôle ouvrier doit s’exercer sur les organisations du Parti, sur l’appareil administratif d’Etat, sur l’appareil économique, dans l’entreprise et au dehors, sur tout et partout.

Le Parti et l’Etat se bureaucratisent si le contrôle ouvrier est faible. La lutte pour le renforcement du contrôle ouvrier ne se mène pas par des décrets mais il s’agit d’une nouvelle façon de vivre et de penser. Avec ce contrôle, la classe ouvrière défend la dictature du prolétariat.

L’objectif principal du contrôle ouvrier direct est que la classe ouvrière préserve l’application juste de la ligne marxiste-léniniste du Parti. Un autre objectif est l’application des lois du pouvoir.

Le contrôle ouvrier direct est nouveau et un problème actuel, posé du point de vue théorique par Lénine et qui s’est posé pratiquement et théoriquement en Chine : c’est de trouver des moyens d’intervention directe des masses dans tous les domaines de la vie :

« En un mot, pour autant que les masses laborieuses se mettent elles-mêmes à gérer l’Etat et à créer une force armée qui soutient l’ordre existant, l’appareil spécial de gestion disparaît, l’appareil spécial d’une certaine violence de la part de l’Etat disparaît, et nous ne pouvons plus être dès lors pour la démocratie sous son ancienne forme. » (252)

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 45)

 

  1. LE « DEPERISSEMENT » DE L’ETAT

 

« L’abolition du pouvoir d’Etat est l’objectif que se sont assignés tous les socialistes, Marx en tête. Tant que cet objectif n’est pas atteint, la démocratie véritable, c’est-à-dire la liberté et l’égalité, est irréalisable. Or, seule la démocratie soviétique ou prolétarienne conduit pratiquement à ce but car, en associant les organisations des masses laborieuses, constamment et nécessairement, à la gestion de l’Etat, elle commence sur le champ à préparer le dépérissement complet de tout Etat. » (253)

 

LA DICTATURE DE LA MAJORITE

 

Il peut y avoir dictature de la minorité sur la majorité, et il peut y avoir dictature de la majorité sur la minorité : c’est ce qui distingue la dictature de la bourgeoisie de la dictature du prolétariat, le capitalisme du socialisme. La dictature, c’est un pouvoir illimité en dehors des lois, s’appuyant sur la force au sens le plus direct du mot. La force sur laquelle s’appuie et tend à s’appuyer le socialisme, ce nouveau pouvoir, ce n’est ni la force des baïonnettes, ni la force de l’argent, ni la force d’anciennes institutions établies. Les nouveaux organes du pouvoir prolétarien n'ont ni armes, ni argent, ni institutions anciennes. Leur force s’appuie sur la masse du peuple. Voilà la différence fondamentale entre le nouveau pouvoir et tous les vieux pouvoirs antérieurs.

Les organes du pouvoir de la minorité ont pour but de maintenir la dictature de la minorité sur la majorité à l’aide d’expédients policiers, en éloignant la masse populaire de toute participation réelle au pouvoir et de toute surveillance réelle sur le pouvoir. L’ancien pouvoir se méfie systématiquement de la masse, il a peur de la clarté, et se maintient dans le mensonge.

Les organes du pouvoir de la majorité ont pour but de maintenir la dictature de la majorité sur une minorité d’exploiteurs et d’oppresseurs policiers. Le nouveau pouvoir, dictature de l’immense majorité, se maintient et ne peut se maintenir exclusivement qu’à l’aide de la confiance des larges masses, exclusivement en invitant de la façon la plus libre et la plus large, toute la masse à participer au pouvoir. Il n’y a rien de caché, rien de secret, aucun règlement, aucune formalité. C’est un pouvoir qui s’offre à la vue de tous, qui fait tout sous les yeux de la masse, accessible à la masse, issu directement de la masse, c’est l’organe direct et sans intermédiaire de la masse populaire et de sa volonté. Voilà la différence fondamentale entre la dictature contre le peuple et la dictature du peuple révolutionnaire.

On ne saurait accomplir la transition du capitalisme au socialisme sans que l’hégémonie appartienne à la seule classe instruite par le capitalisme en vue de la grande production, et qui est seule à rompre avec les intérêts du petit producteur. Mais il est impossible d’exercer la dictature du prolétariat par l’intermédiaire de l’organisation qui le groupe tout entier. Car le prolétariat est une classe si morcelée, si corrompue ça et là, que l’organisation qui le groupe tout entier est incapable d’exercer directement sa dictature. Seul le peut l’avant-garde, le parti qui a « absorbé » l’énergie révolutionnaire de la classe. Il se forme une sorte de mécanisme qui est la base même de la dictature du prolétariat, l’essence de la transition du capitalisme au socialisme. Si ce n’est pas tout le peuple qui réalise la dictature, mais seulement le peuple révolutionnaire, celui-ci cependant ne craint en rien l’ensemble du peuple, et dévoile à tout le peuple les mobiles de ses actes et tous leurs détails, et invite volontiers tout le peuple à participer non seulement à la « gestion » de l’Etat, mais aussi au pouvoir, à participer à l’organisation même de l’Etat.

 

LA BOURGEOISIE A BESOIN DE L’ETAT

 

Dans la société capitaliste existe « l’Etat au sens propre ». La démocratie est purement exceptionnelle, elle n’est jamais complète. Il y a démocratie pour les riches et pour une petite couche du prolétariat. Les pauvres sont laissés à l’écart.

Du capitalisme, l’humanité ne peut passer directement qu’au socialisme, c’est-à-dire à la propriété collective des moyens de production et à la répartition des produits selon le travail de chacun. Le socialisme se transforme nécessairement et peu à peu en communisme, c’est-à-dire on passe à la phase où « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

 

LE PROLETARIAT A BESOIN DE L’ETAT

 

Le socialisme, c’est une période de transition, la dictature du prolétariat. L’Etat du type de transition n’est plus un Etat « au sens propre » :

« L’Etat, au sens propre du mot, c’est le commandement exercé sur les masses par des détachements d’hommes armés, séparés du peuple.

Notre nouvel Etat naissant est lui aussi un Etat, car il faut des détachements d’hommes armés, il nous faut un ordre rigoureux, il nous faut user de violence pour réprimer sans merci toutes les tentatives de la contre-révolution (…). Mais notre nouvel Etat naissant n’est déjà plus un Etat au sens propre, car en bien des endroits de la Russie ces détachements d’hommes armés, c’est la masse elle-même, le peuple entier, et non pas quelqu’un au-dessus de lui, séparé de lui, privilégié, pratiquement inamovible. » (254)

La démocratie est presque complète, limitée seulement par la répression de la résistance de la bourgeoisie. La démocratie existe pour les pauvres. Mais il y a répression par la force de la résistance des riches. La dictature du prolétariat est une période de transition entre le capitalisme et le communisme ; il va donc de soi que l’Etat qui correspond à la période de transition politique qu’est la dictature du prolétariat, est lui-même un Etat de transition ; ce n’est plus un « Etat au sens propre », mais une transition entre l’Etat et le non-Etat.

 

L’ETAT DEPERIT

 

La société communiste voit le dépérissement de l’Etat. La démocratie réellement complète devient une habitude et de ce fait dépérit.

« L’abolition du pouvoir d’Etat est l’objectif que se sont assignés tous les socialistes, Marx en tête. Tant que cet objectif n’est pas atteint, la démocratie véritable, c’est-à-dire la liberté et l’égalité, est irréalisable. Or seule la démocratie soviétique ou prolétarienne conduit pratiquement à ce but car, en associant les organisations des masses laborieuses, constamment et nécessairement, à la gestion de l’Etat, elle commence sur-le-champ à préparer le dépérissement complet de tout Etat. » (255)

La démocratie complète n’est identique à aucune démocratie d’aucune sorte. La démocratie complète qui devient l’habitude, et de ce fait dépérit, fait place au principe : « De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins ».

C’est-à-dire le socialisme, c’est la suppression des classes et, simultanément de l’appareil de contrainte d’une classe sur une autre : l’Etat.

La démocratie est une des formes de l’Etat. Or les marxistes-léninistes sont adversaires de tout Etat. Le marxisme se distingue de l’anarchisme en ce qu’il reconnaît la nécessité d’un Etat pour passer au socialisme mais, et c’est ce qui le distingue de l’opportunisme, d’un Etat de type nouveau comme la Commune de 1871, comme les Soviets des députés ouvriers de 1917, et non d’un Etat comme la république démocratique bourgeoise de type habituel.

 

 

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27 mai 2022 5 27 /05 /mai /2022 10:30

Liberté, égalité, fraternité (Partie 43)

 

  1. LE LIEN AUX MASSES

 

Sous la dictature du prolétariat, les masses ne sauraient avoir l’intelligence pour juger de tous les problèmes.

Cela est dû (cause interne) à la nature petite bourgeoise d’une partie des masses, comme la bourgeoisie moyenne et petite : cette nature présente deux aspects ; le passé de la petite bourgeoisie la rapproche de la bourgeoisie, l’avenir de la petite bourgeoisie la rapproche du prolétariat. Cela est dû aussi (cause externe) à la duperie, la démagogie et l’utilisation de la force à leur égard, force qui se traduit par l’idéologie ou la force armée ouverte, par « la carotte et le bâton ». Le prolétariat révolutionnaire peut et doit démasquer la nature réelle de la bourgeoisie aux yeux des autres couches et classes sociales et leur donner une conscience vraie de ce qui les opprime et les exploite, car :

« Seule une organisation distincte, des ouvriers salariés, qui mène une lutte de classe conséquente, est capable d’arracher les paysans à l’influence de la bourgeoisie et de les éclairer sur la situation inextricable des petits producteurs dans la société capitaliste. » (236)

Dans la société capitaliste, il y a deux pôles d’attraction et deux seulement : le pôle positif, le prolétariat, et le pôle négatif, la bourgeoisie. Le prolétariat doit montrer aux autres classes et couches sociales quels sont leurs intérêts, qui les opprime et qui les exploite, et comment se libérer, en s’organisant et en combattant pour le socialisme.

Le prolétariat révolutionnaire doit particulièrement combattre les illusions qui enchaînent les classes moyennes : Lénine cite en particulier « les préjugés et les illusions démocratiques petits bourgeois sur l’ « égalité » des classes, la démocratie « conséquente » ou « pure », et la solution des grands problèmes historiques par des votes ». Il est ridicule de poser les problèmes du point de vue de la majorité et de la minorité : c’est se placer du point de vue de la légalité bourgeoise. L’expérience historique, mais aussi l’expérience quotidienne des masses, démontre qu’elles doivent d’abord prendre le pouvoir sous la direction du prolétariat révolutionnaire, briser l’Etat bourgeois, émanciper les masses de l’oppression politique, idéologique et militaire. L’ « égalité » est une duperie si elle est contraire aux intérêts de la libération du travail de l’oppression capitaliste. Elle signifie ni plus ni moins que la suppression des clases, et donc de la suppression de la cause des privilèges de classe, de la possibilité de vivre en parasite aux dépens du travail d’autrui. D’autre part, la « démocratie » bourgeoise, et le parlementarisme ont été organisés de façon à éliminer avant tout les masses laborieuses de l’appareil administratif.

L’Etat bourgeois est un service spécial au-dessus de la population et chaque individu le ressent comme une contrainte. Il a pour but de maintenir et de reproduire les classes, l’exploitation de l’homme par l’homme, la propriété privée des moyens de production par la classe capitaliste, basée non sur le travail personnel, mais sur le vol.

Seul le prolétariat est capable de renverser la bourgeoisie car il est la seule classe groupée et éduquée par le capitalisme pour cela, la seule classe capable de réunir autour d’elle l’ensemble du peuple et de « neutraliser » les hésitants et d’entraîner le peuple vers sa libération :

« Les préjugés et les illusions démocratiques petits-bourgeois (sur l’ « égalité » des classes, la démocratie « conséquente » ou « pure », la solution des grands problèmes historiques par des votes, etc.) sont substitués à la lutte de classe. On ne veut pas comprendre que le prolétariat qui a conquis le pouvoir d’Etat ne cesse pas pour autant sa lutte de classe, qu’il la continue sous une autre forme, par d’autres moyens. La dictature du prolétariat est la lutte de classe du prolétariat menée à l’aide d’un instrument tel que le pouvoir d’Etat ; l’un de ces objectifs de cette lutte de classe est de montrer par une longue expérience, par une longue série d’exemples pratiques, aux couches laborieuses non prolétariennes qu’elles ont bien plus intérêt à se prononcer pour la dictature du prolétariat que pour celle de la bourgeoisie, et qu’il n’existe pas de troisième solution. » (237)

En luttant pour la dictature du prolétariat et le renversement de la bourgeoisie capitaliste, en instaurant la dictature du prolétariat et en édifiant le socialisme, la classe ouvrière démontre qu’elle est la seule capable de prendre la direction des masses pour supprimer les classes. Seul le prolétariat a été éduqué par le capitalisme : par l’école du travail, par la lutte dans l’unité contre la classe des capitalistes, par le socialisme scientifique, le prolétariat a assimilé toute la civilisation urbaine et s’est montré capable de mener la grande production moderne ? Seul le prolétariat rompt résolument tous les ponts avec la classe bourgeoise : il n’a aucun intérêt particulier à défendre, aucun privilège, si ce n’est de les supprimer tous. Seul le prolétariat est capable, de par sa discipline, et de par son esprit de sacrifice, d’attirer derrière lui l’ensemble du peuple, de briser les chaînes du passé et de frayer à tout le peuple un chemin vers l’avenir.

« Pour vaincre, pour créer et consolider le socialisme, le prolétariat doit accomplir une double tâche : premièrement, entraîner par l’héroïsme indéfectible de sa lutte révolutionnaire contre le capital la masse des travailleurs et des exploités ; l’entraîner, l’organiser, la diriger en vue de jeter bas la bourgeoisie et de briser entièrement sa résistance ; deuxièmement, mener à sa suite la masse des travailleurs et des exploités, ainsi que les couches petites bourgeoises, dans la voie de la nouvelle construction économique, de l’établissement de relations sociales nouvelles, d’une nouvelle organisation du travail, qui allie le dernier mot de la science et de la technique bourgeoise à l’union massive des travailleurs conscients, artisans de la grande production socialiste. » (238)

 

  1. LA LIGNE DE MASSE

 

Il existe une conception opportuniste de la ligne de masse, ou plus exactement une conception qui se voudrait une mise en œuvre de la ligne de masse, alors qu’elle n’a rien à voir avec elle. En quoi consiste-t-elle ? Elle dit qu’il faut partir du niveau de conscience des masses, c’est-à-dire des questions revendicatives, des préoccupations immédiates des masses, et ce n’est que lorsque nous serons apparus comme les meilleurs défenseurs des masses que nous pourrons dénoncer le révisionnisme. Autrement, nous risquerions de nous « couper » des masses. Il est clair comme le jour que, si cette conception prétend lutter contre le révisionnisme, elle le combat en paroles, mais dans les faits, elle laisse les masses sous la direction politique et idéologique de la bourgeoisie.

La ligne de masse telle qu’elle est définie par le marxisme-léninisme repose sur le matérialisme historique. Ce ne sont pas les individus qui font l’histoire, contrairement à ce qu’affirment la bourgeoisie et l’idéalisme. Les transformations historiques sont l’œuvre des masses, du peuple et non pas de prétendus « génies » comme l’affirme la bourgeoisie.

La révolution et l’édification du socialisme ne peuvent pas être l’œuvre des seuls communistes et de leur parti :

« Bâtir la société communiste par les mains des communistes est une idée puérile s’il en fut. Les communistes sont une goutte dans l’océan, une goutte dans l’océan populaire. (…)C’est que dans la masse populaire, nous sommes comme une goutte d’eau dans l’océan et nous ne pouvons exercer le pouvoir qu’à la condition d’exprimer exactement ce dont le peuple a conscience. Sinon, le Parti communiste ne conduira pas le prolétariat, celui-ci n’entraînera pas derrière lui les masses, et route la machine se disloquera. » (239)

Le Parti communiste ne peut jouer son rôle que s’il est capable de mobiliser les masses, s’il est lié à elles, pour qu’elles engagent la transformation révolutionnaire de la société. C’est là ce qui fonde la ligne de masse. Quels en sont les principes ? Il s’agit pour les communistes, lorsqu’ils ont un rôle de direction, d’être capables de mobiliser ceux qu’ils dirigent, de les amener à prendre conscience, à prendre eux-mêmes en mains des responsabilités, de façon à ce que le plus grand nombre de personnes possible participent aux responsabilités et à l’action :

« Une des erreurs les plus grandes et les plus dangereuses que commettent les communistes (comme, d’ailleurs les révolutionnaires en général qui ont mené à bien le début d’une grande révolution), c’est de se figurer que la révolution peut être accomplie par les mains des seul révolutionnaires. Or, pour assurer le succès de toute action révolutionnaire sérieuse, il faut comprendre et savoir appliquer pratiquement l’idée que les révolutionnaires ne peuvent jouer un rôle que comme avant-garde de la classe réellement avancée et viable. Sans alliance avec les non communistes dans les domaines d’activité les plus divers, il ne saurait être question d’aucun succès en matière de construction de la société communiste. » (240)

Donc la ligne de masse est opposée à l’autoritarisme, c’est-à-dire à l’attitude qui consiste à imposer son point de vue aux masses que l’on dirige.

Mais il y a un second aspect de la ligne de masse : appliquer la ligne de masse signifie pour le marxisme-léninisme exposer sans rien cacher ses positions, mais ne pas chercher à imposer ces positions de façon autoritaire, si les masses ne les ont pas encore fait leur. Par exemple, que signifie aujourd’hui en France, « exprimer les idées présentes dans le peuple » ? Il s’agit d’abord de se poser la question : quelle est dans notre société l’idéologie dominante ? Il est clair qu’il s’agit de l’idéologie de la classe dominante, de l’idéologie bourgeoise. « Exprimer les idées présentes dans le peuple » ne peut aboutir qu’à refléter l’idéologie dominante et à la reproduire.

L’électoralisme est à l’heure actuelle dominante dans le peuple : donc on reflètera les illusions électoralistes. Mais ce ne sont pas ces points de vue « majoritaires » qui répondent aux intérêts des travailleurs : une position peut être majoritaire à un moment donné sans être juste pour autant. L’opportunisme consiste justement à suivre un point de vue parce qu’il est « majoritaire » ; mais un principe du marxisme-léninisme est d’ « oser aller à contre-courant » et de ne jamais perdre de vue le point de vue des intérêts du peuple.

Une ligne politique est le reflet d’une certaine conception du monde. Toute lutte de lignes est le reflet de la lutte des classes. Ainsi la ligne révisionniste est la ligne bourgeoise infiltrée dans le mouvement ouvrier : les idées des révisionnistes sont les idées de la bourgeoisie infiltrée dans la classe ouvrière. Entre la ligne révisionniste et la ligne marxiste-léniniste, il y a les intérêts inconciliables de deux classes ennemies, la bourgeoisie et le prolétariat, il y a une lutte à mort ; il ne saurait y avoir coexistence pacifique. Le révisionnisme moderne est le dernier rempart de l’impérialisme agonisant : c’est dans le combat contre lui que s’édifie la ligne du Parti et que se pratique le marxisme-léninisme. Le révisionnisme est en effet par la ligne politique et l’idéologie qu’il développe, l’obstacle principal à la révolution dans notre pays : l’attitude adoptée à son égard est un critère qui permet de différencier le révolutionnaire authentique du révolutionnaire en paroles.

L’autoritarisme et le fait d’exprimer les idées présentes dans les masses ne considèrent qu’un seul aspect de la ligne de masse. Il faut partir des masses pour retourner aux masses : systématiser les idées des masses est le rôle du Parti, porteur de l’idéologie révolutionnaire :

« Le marxisme enseigne (…) que le parti politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire le parti communiste est le seul capable de grouper, d’éduquer et d’organiser l’avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses, qui est seul en mesure de s’opposer aux inévitables oscillations petites bourgeoises de ces masses, aux inévitables traditions et récidives de l’étroitesse, corporative ou des préjugés corporatifs dans le prolétariat, et de diriger toutes les activités unifiées de l’ensemble du prolétariat, c’est-à-dire le diriger politiquement et, par son intermédiaire, guider toutes les masses laborieuses. Autrement la dictature du prolétariat est impossible. » (241)

 

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27 mai 2022 5 27 /05 /mai /2022 10:22

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 42)

 

 

 

Le premier aspect de la dictature du prolétariat, la violence nécessaire contre les anciens exploiteurs et leurs alliés révisionnistes est un héritage de l’ancienne société ; ce « reste » de l’ancienne société est destiné à disparaître au fur et à mesure du renforcement de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire de la suppression des classes et de l’extinction de l’Etat, instrument de domination. Cette violence a complètement disparu au stade supérieur du communisme.

Le second aspect de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire la démocratie pour le peuple, est quelque chose de tout à fait nouveau, destiné à se développer : ce qui est essentiel c’est la discipline prolétarienne des uns sur les autres, l’autodiscipline exercée par la persuasion, la critique et l’autocritique, car le peuple ne saurait « exercer la violence sur lui-même ».

Un des critères pour juger de la nature de classe d’une société (socialiste ou capitaliste ?) est de voir quelle classe détient le pouvoir d’Etat, quelle est la nature de classe de l’Etat, autrement dit, qui exerce la violence sur qui : si la masse est tenue à l’écart de la gestion de l’Etat, c’est une dictature de la bourgeoisie, et l’Etat est un Etat capitaliste, peu importe sa forme, république démocratique bourgeoise comme en France aujourd’hui, ou dictature social fasciste de type hitlérien comme en Union soviétique depuis l’arrivée des révisionnistes au pouvoir. Si la masse participe de plus en plus à la gestion de l’Etat, tenant à l’écart la bourgeoisie et ayant pour but final l’extinction de l’Etat, tendant sans cesse vers ce but, alors nous avons affaire à une dictature du prolétariat, et l’Etat est un Etat prolétarien, peu importe sa forme historique, assemblées générales de la Commune ou Soviets de Russie.

Ce but de la dictature du prolétariat est de fonder le socialisme, de supprimer la division de la société en classes, de faire de tous les membres de la société des travailleurs, et de priver de base toute exploitation de l’homme par l’homme. Cette édification du socialisme se fait avec les éléments d’un capitalisme renversé : ces hommes donc proviennent d’une société où l’idéologie dominante était fondée sur l’exploitation, sur la recherche individuelle du profit, sur l’égoïsme, sur le mépris du travail manuel. Ces hommes sont, sans préparation, projetés du jour au lendemain dans des conditions d’existence entièrement nouvelles, et où on fait appel à leur initiative et à leur responsabilité personnelles. Mais on ne doit pas dire à ces gens : « débrouillez-vous » et, au nom de la « liberté » nouvellement acquise, les laisser entièrement livrés à eux-mêmes et à eux seul. Il est certain que nombreux sont parmi eux ceux qui vont dégénérer, du fait de leurs habitudes, de ce qu’ils ont vu et vécu jusque là : en cela, la dégénérescence de l’Union soviétique constitue un exemple par la négative, qu’il convient d’étudier à fond.

La dictature du prolétariat est une dictature qu’exerce le peuple révolutionnaire, sous la direction du prolétariat révolutionnaire organisé en parti marxiste-léniniste, c’est-à-dire la dictature est exercée par la fraction du peuple préparée et éduquée à cet effet par le capitalisme et le marxisme-léninisme.

« L’ouvrier n’a jamais été séparé de l’ancienne société par une muraille de Chine. Et il a conservé une bonne part de la psychologie traditionnelle de la société capitaliste. Les ouvriers construisent une société nouvelle, sans s’être transformés en hommes nouveaux, débarrassés de la boue du monde ancien ; ils sont encore jusqu’aux genoux plongés là-dedans. Le nettoyage de cette boue ne peut être encore qu’un rêve ? Ce serait l’utopie la plus fallacieuse de penser qu’on peut le faire sur le champ ! » (234)

Il n’est pas vrai que le « nouveau » s’improvise, qu’il naît de la seule spontanéité, du « hasard » qui ferait bien les choses. Il n’est pas vrai que l’on puisse laisser l’initiative du nouveau aux masses.

La dictature du prolétariat est exercée par le peuple révolutionnaire mais celui-ci demeure profondément lié au peuple entier, l’amenant au fur et à mesure, par sa libération des exploiteurs et par l’application de mesures révolutionnaires, à participer pleinement à la gestion de l’Etat. Ce mécanisme qui fait que le prolétariat révolutionnaire, organisé en parti, aspire l’énergie révolutionnaire de tout le peuple, et épure ses rangs en luttant et en écartant tous les éléments corrompus, exploiteurs et oppresseurs, les éléments dégénérés et opportunistes, ainsi que les éléments bureaucrates qui s’éloignent de plus en plus du peuple, ce mécanisme constitue l’essence de la dictature du prolétariat. Si ce mécanisme fonctionne bien, c’est-à-dire si l’avant-garde révolutionnaire reste fidèle au marxisme-léninisme, applique bien le marxisme, et corrige ses erreurs comme il faut, la dictature du prolétariat se renforce et le pouvoir socialiste s’accroît. Si ce mécanisme fonctionne mal, c’est-à-dire si l’avant-garde révolutionnaire ne lutte pas dans ses rangs et à l’extérieur comme il faut contre l’impérialisme et l’opportunisme, la dictature du prolétariat s’affaiblit et le pouvoir socialiste décline : par un bond qualitatif, il peut même se transformer en son contraire, comme cela a été le cas en Union soviétique, ou le pouvoir est à nouveau passé pour quelques temps aux mains d’une bourgeoisie des plus réactionnaires.

Il est très important de connaître l’essence de la dictature du prolétariat, aussi allons-nous étudier dans les paragraphes suivants :

  • A) Le lien aux masses

  • B) La ligne de masse

  • C) Le contrôle ouvrier

  • D) Le dépérissement de l’Etat

 

Le dépérissement de l’Etat est en effet le but final et le résultat de la dictature du prolétariat : la dictature contient en germe l’extinction complète de l’Etat. La dictature du prolétariat est une période de transition entre le capitalisme et le stade supérieur du communisme ; aussi l’Etat de la dictature du prolétariat est un Etat transitoire entre l’Etat bourgeois et le non-Etat. Ce n’est plus un Etat au sens propre.

 

L’essence de la dictature du prolétariat, c’est de partir du peuple pour retourner au peuple ; cette dictature est exercée uniquement par le peuple révolutionnaire, et il ne peut en être autrement. Mais le but que se fixe l’avant-garde révolutionnaire est de rapprocher sans cesse le peuple entier de la gestion de l’Etat, de régler en commun les affaires sociales, communes. La relation entre l’avant-garde et l’ensemble du peuple est un va-et-vient pendulaire du bas vers le haut et du haut vers le bas : les deux, le bas et le haut, sont indissociables, autrement il n’y a pas ou il n’y a plus dictature du prolétariat. En effet, nous avons vu qu’il n’est pas possible de laisser l’initiative du nouveau, l’édification de la nouvelle société à la spontanéité des masses : ce serait un retour inévitable à l’ancien. Il faut aller du haut vers le bas. Mais nous avons vu aussi qu’il est impossible aux communistes seuls d’édifier la nouvelle société ; seul la masse est le héros de l’histoire, et elle est seule capable de se saisir du nouveau et de détruire l’ancien. Il faut aller du bas vers le haut.

Ce mécanisme est un : dissocier ses deux aspects, c’est commettre une erreur. Aller uniquement du haut vers le bas, c’est commettre une erreur : l’autoritarisme. Le marxisme-léninisme est l’ennemi de l’autoritarisme ; on ne peut utiliser la contrainte et la violence d’aucune sorte à l’égard du peuple, si on est lié au peuple. Staline a parfois commis cette erreur.

Si on commet l’erreur, il convient de la corriger. Si on la commet de nombreuses fois, on court le risque de couper l’avant-garde révolutionnaire de la masse, et donc de transformer le contenu idéologique prolétarien de l’avant-garde en son contraire, en une idéologie bourgeoise, qui impose ses mesures au peuple par la ruse, le mensonge, le secret, en tout cas toujours par la contrainte et la violence.

Une autre forme de l’autoritarisme, qui donne le même résultat, le renforcement de l’idéologie bourgeoise, est le désir d’ « introduire » le « socialisme » par en haut : c’est ce que se proposait Trotski. Ceci est dû à un manque de confiance dans les masses, qui, s’il n’est pas extirpé, mène à un renforcement de la bourgeoisie.

La révolution, c’est-à-dire la prise du pouvoir dans un premier temps, ne suffit pas pour transformer fondamentalement toutes les structures anciennes. Si elle brise l’Etat de la classe exploiteuse, il ne suffit pas de quelques décrets pour mettre en place des structures nouvelles. On ne peut « introduire » le socialisme à l’aide d’un « plan » élaboré en chambre. De plus on ne peut que retarder l’édification du socialisme et la compliquer avec des mesures législatives ou administratives précipitées ou imprudentes. Le socialisme est justement l’entrée sur la scène historique des masses qui font l’histoire : il s’agit seulement d’aider les masses à se dégager des anciennes entraves, en leur apportant la conscience de ce qu’elles sont : la force motrice de l’histoire, le héros qui crée la société nouvelle.

« Les ouvriers et les paysans n’ont pas encore suffisamment confiance en eux-mêmes, en leurs propres forces ; une tradition séculaire les a trop habitué à attendre des ordres d’en haut. Ils ne se sont pas encore complètement faits à l’idée que le prolétariat est la classe dominante, et l’on compte encore parmi eux des éléments terrorisés, comprimés, qui s’imaginent devoir passer par l’ignoble école de la bourgeoisie. » (235)

Toutes les expériences de l’histoire sont là pour démontrer la nécessité absolue d’une transformation profonde sur le plan idéologique, d’une inévitable révolution idéologique permanente, si l’on désire aboutir de manière durable aux objectifs proposés par la révolution elle-même. De ce point de vue le phénomène de dégénérescence de la société soviétique par rapport aux idéaux bolcheviks, si magistralement proclamés par Lénine au moment même de la tourmente que fut la victorieuse Révolution d’Octobre 1917 constitue un exemple par la négative.

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25 mai 2022 3 25 /05 /mai /2022 09:01

Liberté, égalité, fraternité (Partie 40)

 

  1. DEFINITION DE LA DICTATURE ET DE LA DICTATURE DU PROLETARIAT

 

« La dictature est un pouvoir qui s’appuie directement sur la violence et n’est lié par aucune loi. » (217)

Pour l’opportunisme, « dictature » signifie conquête « pacifique » de la majorité sous la direction de la bourgeoisie ; « dictature » ne signifie pas pour eux violence révolutionnaire. L’opportunisme a besoin de présenter ainsi la dictature, afin de faire disparaître la violence révolutionnaire, la révolution violente. Tel était le cas des « chefs » de la Deuxième Internationale, comme Kautsky, serviteur de la bourgeoisie, tel est le cas des révisionnistes modernes, au service de la bourgeoisie.

Mais voyons les faits : croire à l’abandon « pacifique » du pouvoir, des moyens de production de la bourgeoisie capitaliste, extrême minorité, aux mains des travailleurs, large majorité, est une illusion, que l’on en soit conscient ou non, criminelle. Que l’on soit trompé ou non, puisque l’on cherche à tromper les autres, cette illusion a pour but et résultat de défendre le statut quo de la bourgeoisie capitaliste.

Car fait essentiel, une large partie de la masse travailleuse est trompée, maintenue dans un état d’ignorance et d’abrutissement (« l’idéologie de la classe dominante est l’idéologie dominante ») ; de plus elle est éloignée des instances de direction, de l’administration, de l’Etat. Les larges masses ne peuvent se libérer de l’esclavage salarié tout en respectant les institutions qui les oppriment, institutions imposées et défendues par la minorité de la bourgeoisie capitaliste.

Aussi pour le prolétariat et son avant-garde révolutionnaire, « dictature » signifie, non pas conquête « pacifique » de la majorité sous la dictature de la bourgeoisie, mais prise du pouvoir, c’est-à-dire dictature du prolétariat, puis conquête de la majorité par son émancipation de l’exploitation et de l’oppression et par des mesures révolutionnaires en sa faveur :

« La dictature du prolétariat, c’est-à-dire le renversement de la bourgeoisie par une classe, par le prolétariat, et plus précisément par son avant-garde révolutionnaire. Exiger de cette avant-garde la conquête préalable de la majorité du peuple au moyen d’élection aux Parlements bourgeois, aux Constitutions bourgeoises, etc., c’est-à-dire au moyen de vote sous le régime de l’esclavage salarié, en présence des exploiteurs et sous leur domination, sous le régime de la propriété privée des moyens de production, exiger ou supposer cette conquête, c’est en réalité, abandonner complètement le point de vue de la dictature du prolétariat pour adopter en fait celui de la démocratie bourgeoise. » (218)

Le fait est également, que pendant l’époque du capitalisme, quand les masses ouvrières sont soumises à une exploitation continue, et ne peuvent développer leurs capacités humaines, le trait le plus caractéristique des partis ouvriers réside précisément dans le fait qu’ils ne peuvent toucher qu’une minorité de leur classe. Le parti politique ne peut rassembler qu’une minorité de la classe, de même que dans toute la société capitaliste, les ouvriers réellement conscients ne sont qu’une minorité parmi les ouvriers :

« Il n’est pas permis de confondre le Parti, avant-garde de la classe ouvrière, avec toute la classe (…). Nous sommes le Parti de la classe, et c’est pourquoi presque toute la classe (et en temps de guerre, à l’époque de la guerre civile, absolument toute la classe) doit agir sous la direction de notre Parti, doit serrer les rangs le plus possible autour de lui.

Mais ce serait du « manilovisme » et du « suivisme » que de penser que sous le capitalisme presque toute la classe ou la classe toute entière sera un jour en état de s’élever au point d’acquérir le degré de conscience et d’activité de son détachement d’avant-garde, de son Parti social-démocrate. » (219)

La dictature du prolétariat suppose et signifie la claire conscience d’une vérité : le prolétariat, (et donc a fortiori l’avant-garde révolutionnaire organisée du Parti prolétarien) en vertu de sa situation objective dans toute société capitaliste, exprime avec justesse les intérêts de la masse entière des travailleurs et des exploités. Ceci signifie que la classe ouvrière est la classe la plus révolutionnaire de la société capitaliste, puis socialiste, et qu’elle est la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout. Mais cela ne signifie pas que la classe ouvrière réalise à elle seule l’émancipation de la société entière, et l’édification de la nouvelle société socialiste : bien au contraire, la dictature du prolétariat est aussi l’aptitude, la disposition et la décision de rallier (à l’avant-garde révolutionnaire du prolétariat) par des mesures révolutionnaires, par l’expropriation des expropriateurs, la totalité des travailleurs et des exploités. Le rôle du prolétariat par rapport à l’ensemble des masses ouvrières et exploitées est un rôle de direction et de guide ; ses tâches sont la révolution prolétarienne et l’édification socialiste ; ses moyens sont l’organisation de l’avant-garde en Parti marxiste-léniniste et la dictature du prolétariat, la dictature donc du Parti unique :

« La dictature du prolétariat est la réalisation la plus complète de la direction de tous les travailleurs et de tous les exploités, opprimés, abrutis, écrasés, terrorisés, divisés, trompés par la classe des capitalistes, direction exercée par la seule classe préparée pour ce rôle dirigeant par toute l’histoire du capitalisme. » (220)

Le prolétariat doit savoir qui il faut écraser, avec qui, quand et comment il faut conclure un accord. La classe ouvrière au pouvoir serait ridicule de renoncer à la terreur et à la répression à l’égard des capitalistes, des propriétaires fonciers et de leurs serviteurs révisionniste :

« Je me souviens d’un bourgeois français spirituel qui, d’un point de vue bourgeois, disait à propos de l’abolition de la peine de mort : « Que messieurs les assassins commencent ». Cette réponse me revient à la mémoire lorsqu’on dit : « Que les bolcheviks renoncent à la terreur » ». (221)

Il faudrait pour cela que les exploiteurs renoncent à exploiter !

Mais le prolétariat serait tout aussi ridicule en voulant employer la même tactique de répression et de terreur à l’égard de la petite bourgeoisie et de l’ensemble de la classe moyenne, alors que le cours des événements oblige celles-ci à se tourner vers le prolétariat :

« La dictature du prolétariat est la forme la plus décisive et la plus révolutionnaire de la lutte de classe du prolétariat contre la bourgeoisie. Cette lutte ne peut être victorieuse que si l’avant-garde la plus révolutionnaire du prolétariat entraîne avec elle l’écrasante majorité de celui-ci. » (222)

La dictature du prolétariat implique la nécessité de réprimer par la force la résistance des exploiteurs ; c’est d’être disposé, apte, résolu à le faire. La bourgeoisie si républicaine et démocratique qu’elle soit, recourt à l’assassinat et à la terreur contre les communistes, et d’ailleurs contre toute action révolutionnaire du prolétariat. Mais la dictature ne signifie pas abolition de la démocratie pour la classe qui exerce cette dictature sur les autres classes, mais elle veut dire nécessairement abolition ou limitation de la démocratie pour la classe à l’égard de laquelle ou contre laquelle la dictature s’exerce. Aussi la définition de la dictature du prolétariat est-elle :

« La dictature révolutionnaire du prolétariat est un pouvoir conquis et maintenu par la violence, que le prolétariat exerce sur la bourgeoisie, pouvoir qui n’est lié par aucune loi. » (223)

 

  1. DICTATURE DE LA BOURGEOISIE OU DICTATURE DU PROLETARIAT

 

« La dictature, c’est un grand mot rude, sanglant, un mot qui exprime la lutte sans merci, la lutte à mort de deux classes, de deux mondes, de deux époques de l’histoire universelle.

On ne jette pas de tels mots en l’air. » (224)

Dans la société capitaliste, dès que la lutte de classe qui en est le fondement s’accentue d’une manière tant soit peu sérieuse, il ne peut y avoir aucun terme moyen entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat. Tout rêve d’on ne sait quelle troisième voie est une lamentation réactionnaire. Témoin en est l’expérience d’un développement de deux siècles de la démocratie bourgeoise et du mouvement ouvrier dans tous les pays évolués :

« (…) dans une société capitaliste, qu’elle se développe, qu’elle soit solidement assise ou qu’elle agonise, peu importe, il ne peut exister qu’un de ces deux pouvoirs : ou bien celui des capitalistes, ou bien celui du prolétariat. Tout pouvoir intermédiaire est une chimère, toute tentative de découvrir une tierce solution aboutit à ce que les gens, mêmes s’ils sont sincères, glissent d’un côté ou de l’autre. » (225)

La dictature du prolétariat est une guerre implacable du prolétariat contre la bourgeoisie, encore plus puissante, et dont la résistance est décuplée du fait de son renversement. Cette force de la bourgeoisie réside non seulement dans la force du capital international, mais dit Lénine, aussi et surtout dans la « force de l’habitude », dans la force de la petite production. La dictature du prolétariat est une lutte opiniâtre contre les forces et les traditions de la vieille société. L’arme indispensable du prolétariat est le Parti marxiste-léniniste :

« La force de l’habitude chez les millions et les dizaines de millions d’hommes est la force la plus terrible. Sans un parti de fer, trempé dans la lutte, sans un parti jouissant de la confiance de tout ce qu’il y a d’honnête dans la classe en question, sans un parti sachant observer l’état d’esprit de la masse et influer sur lui, il est impossible de soutenir cette lutte avec succès. Celui qui affaiblit tant soit peu la discipline de fer dans le parti du prolétariat (surtout pendant sa dictature) aide en réalité la bourgeoisie contre le prolétariat. » (226)

 

 

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24 mai 2022 2 24 /05 /mai /2022 08:43

Liberté, égalité, fraternité (Partie 39)

CHAPITRE VIII

 

 

 

LA DICTATURE DU PROLETARIAT

 

 

 

« La question de la dictature du prolétariat est la question essentielle du mouvement ouvrier moderne dans tous les pays capitalistes. » Lénine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. LA DICTATURE

 

  1. HISTOIRE DE LA QUESTION DE LA DICTATURE

 

Pour approfondir la question de la dictature, il convient d’en connaître l’histoire. D’abord, à l’échelle internationale, l’histoire de la doctrine de la dictature révolutionnaire en général, et de la dictature du prolétariat en particulier, coïncide avec celle du socialisme révolutionnaire et plus précisément, avec celle du marxisme. Ensuite, et c’est le plus important, l’histoire de toutes les révolutions de la classe opprimée et exploitée contre les exploiteurs est la source principale de renseignements et de connaissances sur la question de la dictature.

L’histoire universelle démontre la nécessité de la dictature de toute classe révolutionnaire pour remporter la victoire, féodaux contre esclavagistes, capitalistes contre féodaux, prolétariat contre capitalistes. Toute chose, toute société naît, se développes et meurt. Lorsque apparaît un nouveau processus social, il est d’abord en germe : il est encore faible. Lorsque disparaît un ancien processus, il est en agonie : il a encore une certaine force, et il est encore dangereux, d’autant plus qu’il est destiné à disparaître. La dictature de la classe révolutionnaire doit permettre de protéger, de défendre et de développer le nouveau contre l’ancien.

Sur plan de la Russie, du point de vue théorique, le programme du P.O.S.D.R. (Parti ouvrier social-démocrate de Russie) élaboré en 1902-1903, avait posé la question de la dictature du prolétariat, et cela en liaison avec la lutte contre l’opportunisme (l’opportunisme de Bernstein). Mais ce qui est beaucoup plus important, c’est évidemment la façon dont la question de la dictature du prolétariat s’est posée lors de l’expérience de la révolution de Russie en 1905. Octobre, novembre, décembre, furent une période de lutte marquée par l’emploi simultané des deux moyens les plus puissants : la grève politique et l’insurrection armée. Ces deux formes de lutte ont posé par elles-mêmes l’ordre du jour de la question du pouvoir révolutionnaire et de la dictature, car :

  • ces deux formes de lutte aboutissaient inévitablement, d’abord sur le plan local, à l’expulsion des anciennes autorités, à la prise du pouvoir par le prolétariat et les classes révolutionnaires, parfois à l’occupation d’usines, etc.

  • la lutte révolutionnaire de masse de cette période fit surgir des organisations jusqu’alors inconnues dans l’histoire universelle, telles les Soviets de députés ouvriers, puis des Soviets de députés soldats, des Comités paysans, etc.

 

Lénine et les bolcheviks ont minutieusement analysé ce phénomène nouveau. Ils ont souligné que les Soviets de députés ouvriers « constituent en fait l’embryon du nouveau pouvoir révolutionnaire » et que si « ce qu’il y a de nouveau dans ce type de démocratie était encore chaotique et disparate », si ses tâches et sa structure étaient encore à définir, il n’en restait pas moins que « ce qui constitue son âme vivante c’est le passage du pouvoir aux mains des travailleurs, l’abolition de l’exploitation et de l’appareil coercitif. »

Quant aux mencheviks, courant opportuniste de la social-démocratie de Russie, ils reconnaissaient l’importance des Soviets. Ils étaient d’accord pour « contribuer à leur formation », etc. mais ne les considéraient pas comme l’embryon du pouvoir révolutionnaire, ne parlaient pas en général d’un « nouveau pouvoir révolutionnaire », de ce type ou d’un type similaire, et rejetaient délibérément le mot d’ordre de dictature. En fait, ceci montre que les mencheviks reconnaissaient la dictature du prolétariat en paroles, mais qu’en fait ils répudiaient ce qu’il y a d’essentiel et de fondamental dans la notion de révolution. Ils se révèlent par leur façon de poser le problème, des opportunistes, représentants et propagateurs de l’influence de la bourgeoisie libérale au sein du prolétariat.

Quand la révolution devient inévitable, ses adversaires commencent à la « reconnaître ». Mais en « reconnaissant » la révolution et en refusant en même temps d’admettre la dictature d’une classe déterminée (ou de plusieurs classes déterminées), ils révèlent précisément leur opportunisme. En effet, quand la révolution est déjà devenue une force indiscutable et certaine, quand les libéraux eux-mêmes la « reconnaissent », quand les classes dirigeantes non seulement constatent, mais sentent la puissance montante des masses opprimées, toute la question consiste alors à définir exactement la révolution d’UN POINT DE VUE DE CLASSE. Or sans la notion de dictature, il n’est pas possible de donner cette définition précise d’un point de vue de classe. Sans la préparation de la dictature, il est impossible d’être révolutionnaire en fait.

Par exemple, la grande Révolution française de 1789 est la prise du pouvoir de la classe bourgeoise contre la noblesse : c’est une révolution bourgeoise qui inaugure la dictature de la bourgeoisie. De même, la Révolution d’Octobre 1917 en Russie est la prise du pouvoir de la classe prolétarienne et de ses alliés contre la bourgeoisie capitaliste et impérialiste : c’est une révolution prolétarienne qui inaugure la dictature du prolétariat.

Prenons un autre exemple qui illustre les enseignements que Lénine et les bolcheviks ont tiré de l’expérience de la Révolution russe de 1905 et de la façon de poser la question de la dictature propre aux opportunistes mencheviks : les révisionnistes français du Parti « communiste » français sont des gens capables d’admettre la dictature en paroles, mais incapables de la préparer dans les faits. Ils ont démasqué leur véritable nature d’opportunistes lors du mouvement de masse de Mai 1968. Ce mouvement avait pris une ampleur pouvant imposer des changements révolutionnaires s’il avait bénéficié de la direction d’un parti révolutionnaire prolétarien, d’un parti de type nouveau, marxiste-léniniste. Les révisionnistes ont jeté deux fois une bouée de sauvetage à la bourgeoisie : la première fois, le 22 mai, les révisionnistes de la C.G.T., imposant leur point de vue aux réformistes de la C.F.D.T., se déclaraient prêts « à prendre part à de véritables négociations sur les revendications essentielles des travailleurs ». Ce furent les accords de Grenelle. La seconde fois, le même jour, Waldeck Rochet, secrétaire général du P « C » F, déclarait, afin de « légaliser » le fait que le « pouvoir gaulliste avait fait son temps, qu’il ne répondait plus aux exigences du moment et devait donc s’en aller, la parole devait être donnée au peuple ». A la violence de classe, en plein développement dans tout le pays, le dirigeant révisionniste proposait de substituer le recours à de nouvelles élections : il opposait la voie « pacifique » à la voie révolutionnaire. La bourgeoisie capitaliste discerna l’avantage décisif qu’elle pouvait tirer de ces propositions avancées et formulées sous le signe de sa propre idéologie et dans le respect de ses institutions de classe. Ainsi, l’initiative des révisionnistes aboutit-elle à freiner, puis stopper, enfin repousser le mouvement ouvrier, enfin à trahir les intérêts du prolétariat et des travailleurs aux accords de Grenelle.

Ceci montre que les révisionnistes refusent – aussi bien du point de vue théorique, que du point de vue de la propagande et de la direction politique pratique – d’envisager la révolution en France du point de vue de la classe prolétarienne, ceci en posant clairement et nettement la question de la dictature du prolétariat. C’est en fait parce qu’ils ont définitivement renoncé à la révolution prolétarienne et à la dictature du prolétariat, qu’ils ont renoncé au marxisme-léninisme en général. C’est là que gît le lièvre : ils ne se réclament plus du léninisme que du bout des lèvres pour mieux tromper les masses des travailleurs. L’un de leur argument pour faire l’économie du concept de « dictature » est le fait que depuis la « dictature » hitlérienne en Allemagne, il risque d’y avoir confusion aux yeux des gens. Mais cet argument même montre leur nature de valets de la bourgeoisie, qui considèrent la « dictature en général », qui refusent de faire une analyse de classe de la dictature.

La bourgeoisie capitaliste peut avoir recours à certains moments (luttes de classes très aiguës, crise politique et économique grave menaçant les profits de la bourgeoisie) à une domination de type fasciste. Le fascisme est une forme de la dictature de la bourgeoisie ; la démocratie bourgeoise est une deuxième forme de dictature bourgeoise. Ce qui différencie la première de la seconde, c’est d’une part, le recours permanent à la violence réactionnaire contre les classes exploitées, et d’autre part, l’accaparement du pouvoir par la fraction la plus réactionnaire de la bourgeoisie. La contradiction essentielle oppose la dictature bourgeoise et la dictature prolétarienne. Mais comme nous l’avons vu, en fait, les révisionnistes ont renoncé à la dictature du prolétariat, à la révolution prolétarienne et en définitive, à la lutte de classe. Ils ont renoncé à la lutte de classe la plus développée, celle qui se place résolument dans le domaine de la politique, et qui va à l’essentiel dans ce domaine ; c’est-à-dire l’organisation de l’Etat. Lorsque certains révisionnistes, trotskystes ou autres, parlent de « lutte des classes », ils entendent par là, qu’ils en soient conscients ou non, quelque chose de tronqué, de falsifié, quelque chose de parfaitement tolérable pour la bourgeoisie libérale.

 

 

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