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6 décembre 2020 7 06 /12 /décembre /2020 11:49

Qu'est-ce que le Peuple ? (Partie 1)

 

15 Août 2020

 

« Tout cela, me direz-vous, ce sont des rêves. Oui, les Français ont par le passé rêvé à peu près cela. Ils ont fait la Révolution . Certains même en avaient rêvé avant. Puis nous avons trahi ces rêves, par laisser-faire. Par oubli. Alors, oui, ce sont des rêves. Ils réclament de la hauteur, de l'exigence. Ils imposent de l'engagement, notre engagement. C'est la révolution démocratique que nous devons réussir, pour réconcilier en France la liberté et le progrès. C'est notre vocation et je n'en connais pas de plus belle. »

Emmanuel Macron « Révolution » (2017)

 

« La victoire de la révolution prolétarienne est assurée dans le monde entier : la constitution de la République Soviétique Internationale est en marche. »

Lénine (mars 1919)

 

Avant-propos 

 

La France est le maillon faible de l'impérialisme mondial. En conséquence, les conditions sont réunies pour qu'éclate la révolution prolétarienne, de façon imminente, car les conditions objectives sont réunies : La France est dans l'antichambre du socialisme .

Sont face à face, deux forces diamétralement opposées, d'une part la classe bourgeoise, qui représente un pour cent de la totalité de la population, et d'autre part, le Peuple, qui représente quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population totale.

La bourgeoisie possède la plus grande partie de la richesse nationale, dont les moyens de production, et a la maîtrise à la fois des conditions politiques, économiques, culturels , médiatiques, etc. A l'autre bout de la société, le Peuple n'a rien : il s'appauvrit de plus en plus.

De plus, la bourgeoisie ne peut plus diriger de façon rationnelle, la société, et le Peuple ne supporte plus la façon de dominer de la classe bourgeoise. En quelques sortes, l'état de la société bourgeoise est celui qui prédominait à la veille de la Révolution française de 1789, la classe bourgeoise occupant la position qu'occupait alors la classe aristocratique, et le Peuple occupe la positon qu'occupait alors le Tiers État.

La classe bourgeoise est devenue l'obstacle qui empêche le développement et la survie de l'ensemble de la société, et elle doit donc, à son tour, disparaître de la scène de l'Histoire. Seul un « petit reste » de la classe bourgeoise est conscient de cet état de chose, et ce « petit reste » est donc prêt à rejoindre le camp du Peuple dans son mouvement insurrectionnel .

Le gouvernement bourgeois est devenu l'organe de gestion de l'ensemble de la classe bourgeoise, qui gère l'ensemble de la société uniquement en faveur de cette petite minorité de un pour cent. C'est ce qu'avait déjà constaté François Mitterrand, interrogé par son épouse sur ses pouvoirs réels :

"Après 1981, je demandais à François Mitterrand :- Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ? Il me répondait qu’il navait pas le pouvoir d’affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. J’appris ainsi qu’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant quatorze ans. En France, on élit, et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu. La France est-elle une démocratie ? Une puissance mondiale ? Je le dis en tant que Française : cela ne veut rien dire." (Danielle Mitterrand).

Si la classe bourgeoise représente bien une classe sociale, il faut cependant noter que les membres de cette classe ont des caractéristiques particulières : Elle est composée surtout d'individus, dont les représentants des grands monopoles, qui se combattent entre eux pour la domination économique totale. Du point de vue éthique, les membres de cette classe se distinguent par l'égotisme : leurs intérêts sont l'argent, le profit, et jamais l'intérêt général de toute la société. D'où l’anarchie qui règne dans la société actuelle : chômage de masse, mauvaise répartition des biens, y compris les biens communs, inégalités de toutes sortes, à tous niveaux (logements, écoles, formations, loisirs, insécurité, etc.), insécurité dans les quartiers populaires comme dans les quartiers résidentiels (vente de drogue, mafias diverses, etc.).

Quant au Peuple, il est très varié dans sa composition, allant des ouvriers, petits paysans et petits employés, composant la classe ouvrière, jusqu'aux couches de petits bourgeois (commerçants, artisans, petits patrons, etc.) en allant jusqu'aux classes dites moyennes. Ces classes et couches sociales n'ont pas le choix : elles n'ont que leurs chaînes à perdre, et doivent donc se soulever pour détruire la classe bourgeoise et prendre tous les pouvoirs. Ne pas le faire, c'est aller vers des conditions sociales de pire en pire, et peut-être vers la fin de la civilisation (écocide, barbarie...). Du point de vue éthique, le Peuple est tourné vers l'universalité et l'internationalisme prolétarien avec tous les autres Peuples de la terre.

Pour réaliser leur objectif, l'étape actuelle est donc d'affirmer l'unité de tout le Peuple, sous la direction de la classe ouvrière, menée par un parti communiste de France.

Le cri de guerre est : « Liberté, égalité, fraternité, ou la mort ! ». La seule perspective possible est la destruction de l’État bourgeois et son remplacement par un État socialiste.

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27 novembre 2020 5 27 /11 /novembre /2020 09:50

Liberté, égalité, fraternité (Partie 46)

CHAPITRE IX

EN GUISE DE CONCLUSION

OBJECTIVISME ET OBJECTIVITE SCIENTIFIQUE

A tout moment, dans toutes les situations, il existe différents points de vue. Chaque point de vue représente un point de vue de classe, les intérêts d’une classe.

« Dans une société de classes, chaque homme vit en tant que membre d’une classe déterminée et il n’existe aucune pensée qui ne porte une empreinte d’une classe. »

Le concept de dictature de classe chez Lénine ne peut être exposé que d’un point de vue de classe : il s’agit alors de savoir qui servir, la classe bourgeoisie ou le classe ouvrière ?

Quand on se détermine par rapport aux intérêts de la classe ouvrière et de la révolution, quitte à ce que le point de vue soit momentanément minoritaire, cela s’appelle « oser aller à contre-courant » : le problème est alors de savoir, à propos du concept de dictature du prolétariat, quel point de vue répond aux intérêts des travailleurs. On se détermine alors résolument en prenant parti.

Quand on se détermine par rapport au point de vue « majoritaire », cela s’appelle l’opportunisme : on prétend alors rendre compte « objectivement » de tous les points de vue, de la réalité, sans prendre parti. La presse bourgeoise aussi prétend à l’ « objectivité ». Lénine eut à combattre une telle conception venant de la part de ceux qu’on appelait les « marxistes légaux ». A ce sujet il écrivait :

« Quiconque est consciemment ou inconsciemment partisan du régime bourgeois ne peut manquer d’être séduit par la théorie de l’objectivisme. »

L’objectivisme est une théorie bourgeoise qui vise à nier la lutte de classes, en prétendant se placer au-dessus des classes et des partis pour mieux faire passer le point de vue de la classe bourgeoise. Au nom de l’ « objectivité » la bourgeoisie accuse le marxisme-léninisme d’être partisan, pour dissimuler son propre point de vue de classe.

Le propre du prolétariat est au contraire son esprit de parti. Il juge et combat en fonction des intérêts du prolétariat, en sachant que tant qu’il y aura des classes, il y aura aussi des luttes de classes, il y aura des idées représentant les intérêts de la bourgeoisie et d’autres représentants les intérêts du prolétariat. Il ne faut pas se dissimuler le fait que tout point de vue est un point de vue de classe et c’est pourquoi nous ne prétendons pas à l’ « objectivité » en traitant le concept de dictature chez Lénine. C’est là le premier caractère du marxisme : le marxisme est l’idéologie du prolétariat. Un second caractère du marxisme est qu’il fonde son action sur la connaissance de la réalité objective, et non sur un dogme ou un quelconque désir subjectif :

« La philosophie marxiste – le matérialisme dialectique – a deux particularités évidentes. La première, c’est son caractère de classe : elle affirme ouvertement que le matérialisme dialectique sert le prolétariat ; la seconde, c’est son caractère pratique : elle met l’accent sur le fait que la théorie dépend de la pratique, que la théorie se fonde sur la pratique, et à son tour, sert la pratique. »

Aussi s’il est important de « connaître » le marxisme, cela est insuffisant, car, « le marxisme n’est pas un dogme mais un guide pour l’action » (Mao Tsetoung) ; il est essentiel de connaître les conditions spécifiques de la France et de savoir appliquer le marxisme : l’universel n’existe que dans le particulier.

L’application du marxisme-léninisme aux conditions spécifiques de la France ne peut et ne doit être transposée dogmatiquement à partir d’aucune autre expérience révolutionnaire concrète. Cette vérité ne signifie nullement que les expériences historiques du mouvement ouvrier international ne comportent pas différents enseignements et principes de portée universelle. La Commune de Paris, la Révolution d’Octobre 1917, la Révolution chinoise de 1949, la grande Révolution culturelle prolétarienne de Chine et d’autres révolutions ont enrichi la connaissance du prolétariat révolutionnaire sur les plans théoriques, stratégiques, tactiques, politiques et organisationnels.

Tout en tenant compte de ces enseignements et de ces principes, la préparation et le processus de la révolution prolétarienne en France ne pourront remporter de succès qu’en étudiant minutieusement la situation objective française, qu’en tenant compte des caractères spécifiques propres à la situation en France : la révolution prolétarienne en France devra se développer dans les conditions d’un pays capitaliste hautement développé et parvenu au stade suprême du capitalisme monopoliste d’Etat.

 

 

 

 

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26 novembre 2020 4 26 /11 /novembre /2020 11:57

Liberté, égalité, fraternité (Partie 45)

 

  1. LE « DEPERISSEMENT » DE L’ETAT

 

« L’abolition du pouvoir d’Etat est l’objectif que se sont assignés tous les socialistes, Marx en tête. Tant que cet objectif n’est pas atteint, la démocratie véritable, c’est-à-dire la liberté et l’égalité, est irréalisable. Or, seule la démocratie soviétique ou prolétarienne conduit pratiquement à ce but car, en associant les organisations des masses laborieuses, constamment et nécessairement, à la gestion de l’Etat, elle commence sur le champ à préparer le dépérissement complet de tout Etat. » (253)

 

LA DICTATURE DE LA MAJORITE

 

Il peut y avoir dictature de la minorité sur la majorité, et il peut y avoir dictature de la majorité sur la minorité : c’est ce qui distingue la dictature de la bourgeoisie de la dictature du prolétariat, le capitalisme du socialisme. La dictature, c’est un pouvoir illimité en dehors des lois, s’appuyant sur la force au sens le plus direct du mot. La force sur laquelle s’appuie et tend à s’appuyer le socialisme, ce nouveau pouvoir, ce n’est ni la force des baïonnettes, ni la force de l’argent, ni la force d’anciennes institutions établies. Les nouveaux organes du pouvoir prolétarien n'ont ni armes, ni argent, ni institutions anciennes. Leur force s’appuie sur la masse du peuple. Voilà la différence fondamentale entre le nouveau pouvoir et tous les vieux pouvoirs antérieurs.

Les organes du pouvoir de la minorité ont pour but de maintenir la dictature de la minorité sur la majorité à l’aide d’expédients policiers, en éloignant la masse populaire de toute participation réelle au pouvoir et de toute surveillance réelle sur le pouvoir. L’ancien pouvoir se méfie systématiquement de la masse, il a peur de la clarté, et se maintient dans le mensonge.

Les organes du pouvoir de la majorité ont pour but de maintenir la dictature de la majorité sur une minorité d’exploiteurs et d’oppresseurs policiers. Le nouveau pouvoir, dictature de l’immense majorité, se maintient et ne peut se maintenir exclusivement qu’à l’aide de la confiance des larges masses, exclusivement en invitant de la façon la plus libre et la plus large, toute la masse à participer au pouvoir. Il n’y a rien de caché, rien de secret, aucun règlement, aucune formalité. C’est un pouvoir qui s’offre à la vue de tous, qui fait tout sous les yeux de la masse, accessible à la masse, issu directement de la masse, c’est l’organe direct et sans intermédiaire de la masse populaire et de sa volonté. Voilà la différence fondamentale entre la dictature contre le peuple et la dictature du peuple révolutionnaire.

On ne saurait accomplir la transition du capitalisme au socialisme sans que l’hégémonie appartienne à la seule classe instruite par le capitalisme en vue de la grande production, et qui est seule à rompre avec les intérêts du petit producteur. Mais il est impossible d’exercer la dictature du prolétariat par l’intermédiaire de l’organisation qui le groupe tout entier. Car le prolétariat est une classe si morcelée, si corrompue ça et là, que l’organisation qui le groupe tout entier est incapable d’exercer directement sa dictature. Seul le peut l’avant-garde, le parti qui a « absorbé » l’énergie révolutionnaire de la classe. Il se forme une sorte de mécanisme qui est la base même de la dictature du prolétariat, l’essence de la transition du capitalisme au socialisme. Si ce n’est pas tout le peuple qui réalise la dictature, mais seulement le peuple révolutionnaire, celui-ci cependant ne craint en rien l’ensemble du peuple, et dévoile à tout le peuple les mobiles de ses actes et tous leurs détails, et invite volontiers tout le peuple à participer non seulement à la « gestion » de l’Etat, mais aussi au pouvoir, à participer à l’organisation même de l’Etat.

 

LA BOURGEOISIE A BESOIN DE L’ETAT

 

Dans la société capitaliste existe « l’Etat au sens propre ». La démocratie est purement exceptionnelle, elle n’est jamais complète. Il y a démocratie pour les riches et pour une petite couche du prolétariat. Les pauvres sont laissés à l’écart.

Du capitalisme, l’humanité ne peut passer directement qu’au socialisme, c’est-à-dire à la propriété collective des moyens de production et à la répartition des produits selon le travail de chacun. Le socialisme se transforme nécessairement et peu à peu en communisme, c’est-à-dire on passe à la phase où « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

 

LE PROLETARIAT A BESOIN DE L’ETAT

 

Le socialisme, c’est une période de transition, la dictature du prolétariat. L’Etat du type de transition n’est plus un Etat « au sens propre » :

« L’Etat, au sens propre du mot, c’est le commandement exercé sur les masses par des détachements d’hommes armés, séparés du peuple.

Notre nouvel Etat naissant est lui aussi un Etat, car il faut des détachements d’hommes armés, il nous faut un ordre rigoureux, il nous faut user de violence pour réprimer sans merci toutes les tentatives de la contre-révolution (…). Mais notre nouvel Etat naissant n’est déjà plus un Etat au sens propre, car en bien des endroits de la Russie ces détachements d’hommes armés, c’est la masse elle-même, le peuple entier, et non pas quelqu’un au-dessus de lui, séparé de lui, privilégié, pratiquement inamovible. » (254)

La démocratie est presque complète, limitée seulement par la répression de la résistance de la bourgeoisie. La démocratie existe pour les pauvres. Mais il y a répression par la force de la résistance des riches. La dictature du prolétariat est une période de transition entre le capitalisme et le communisme ; il va donc de soi que l’Etat qui correspond à la période de transition politique qu’est la dictature du prolétariat, est lui-même un Etat de transition ; ce n’est plus un « Etat au sens propre », mais une transition entre l’Etat et le non-Etat.

 

L’ETAT DEPERIT

 

La société communiste voit le dépérissement de l’Etat. La démocratie réellement complète devient une habitude et de ce fait dépérit.

« L’abolition du pouvoir d’Etat est l’objectif que se sont assignés tous les socialistes, Marx en tête. Tant que cet objectif n’est pas atteint, la démocratie véritable, c’est-à-dire la liberté et l’égalité, est irréalisable. Or seule la démocratie soviétique ou prolétarienne conduit pratiquement à ce but car, en associant les organisations des masses laborieuses, constamment et nécessairement, à la gestion de l’Etat, elle commence sur-le-champ à préparer le dépérissement complet de tout Etat. » (255)

La démocratie complète n’est identique à aucune démocratie d’aucune sorte. La démocratie complète qui devient l’habitude, et de ce fait dépérit, fait place au principe : « De chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins ».

C’est-à-dire le socialisme, c’est la suppression des classes et, simultanément de l’appareil de contrainte d’une classe sur une autre : l’Etat.

La démocratie est une des formes de l’Etat. Or les marxistes-léninistes sont adversaires de tout Etat. Le marxisme se distingue de l’anarchisme en ce qu’il reconnaît la nécessité d’un Etat pour passer au socialisme mais, et c’est ce qui le distingue de l’opportunisme, d’un Etat de type nouveau comme la Commune de 1871, comme les Soviets des députés ouvriers de 1917, et non d’un Etat comme la république démocratique bourgeoise de type habituel.

 

 

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25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 10:46

Liberté, égalité, fraternité (Partie 44)

 

  1. LE CONTRÔLE OUVRIER

 

Le rôle du contrôle ouvrier dans la construction du socialisme est d’empêcher la restauration du capitalisme, d’éviter le révisionnisme et de donner la direction du pouvoir à la classe ouvrière. Le pouvoir ou contrôle de la clase ouvrière est un des premiers principes du marxisme-léninisme. La classe ouvrière, sous la direction du Parti, fait la révolution, et la mène à son terme, construit le socialisme. La classe ouvrière est la classe dirigeante du pays, et elle doit contrôler la vie de tout le pays ; ne pas s’éloigner de ce principe est la condition essentielle pour que le socialisme subsiste :

« C’est là la preuve d’une vérité indiscutable au point de vue théorique, la preuve que le pouvoir des Soviets est un nouveau type d’Etat, sans bureaucratie, sans police, sans armée permanente, où la démocratie bourgeoise fait place à une démocratie nouvelle qui porte au premier plan l’avant-garde des masses laborieuses, fait de celles-ci le pouvoir législatif et exécutif, leur confie la défense militaire, et crée un appareil susceptible de rééduquer les masses. » (242)

Les partis révisionnistes voient la classe ouvrière comme uniquement liée à la production. Elle doit produire de plus en plus et se limiter aux problèmes économiques de l’entreprise. Les capitalistes considèrent l’ouvrier seulement comme une main-d’œuvre sans qualité ; ils essaient d’éloigner la classe ouvrière du domaine politique, et veulent en faire une classe apolitique. Le marxisme au contraire dit que le prolétariat doit s’occuper de politique :

« Il faut lutter contre le préjugé selon lequel seule la bourgeoisie est capable de gouverner l’Etat. Le prolétariat doit assumer la charge de gérer l’Etat. » (243)

« Ce préjugé, le plus ignoble de tous les préjugés bourgeois (…) selon lequel un simple ouvrier ou un simple paysan ne peut gouverner l’Etat. Il le peut et il apprendra à le faire s’il s’y met. » (244)

Pour les révisionnistes, seul le Parti et les dirigeants vont s’occuper de politique ; c’est une thèse contre-révolutionnaire. Dans les pays socialistes qui se sont transformés à nouveau en pays capitalistes, tel l’Union soviétique, la classe ouvrière a perdu sa vigilance et son rôle dirigeant. Elle a oublié le principe selon lequel tous devaient lui rendre compte de leurs activités. Ainsi des traîtres ont pu prendre le pouvoir : une leçon que l’on peut tirer de cela est qu’il faut augmenter sans cesse le rôle dirigeant de la classe ouvrière sur tous les domaines de la vie :

« Notre but est de faire remplir gratuitement les fonctions d’Etat par tous les travailleurs, une fois qu’ils ont terminé leurs huit heures de « tâches » dans la production : il est particulièrement difficile d’y arriver, mais là seulement est la garantie de la consolidation définitive du socialisme. » (245)

Dans un pays où existe la dictature du prolétariat, comment comprendre le contrôle ouvrier ? Jusqu’à aujourd’hui, il s’est manifesté sous trois formes :

  • Le contrôle du Parti

  • Le contrôle de l’Etat

  • Et le contrôle ouvrier direct.

 

  1. La direction du Parti est une forme des plus élevées du contrôle ouvrier :

 

« Dictature d’un seul parti, oui ! Telle est notre position, et nous ne pouvons quitter ce terrain, parce que c’est là le parti qui, au cours de dizaines d’années, a compris la place d’avant-garde de l’ensemble du prolétariat industriel des fabriques et des usines. » (246)

Le contrôle du Parti s’exerce partout. Plus fort est le Parti, plus fort est le contrôle ouvrier du Parti. Aussi toute la classe ouvrière est intéressée au renforcement du Parti. Pour renforcer le contrôle ouvrier du Parti, il est nécessaire que la classe ouvrière fasse tous ses efforts pour réaliser le programme du Parti : il faut augmenter la prolétarisation du Parti et augmenter le nombre de cadres ouvriers dans le Parti. En un mot pour renforcer le contrôle de la classe ouvrière, il est nécessaire de renforcer le rôle dirigeant du Parti.

C’est là le rôle de toute la classe ouvrière et de ses alliés révolutionnaires :

« La dictature du prolétariat est inévitable lors du passage au socialisme, mais elle ne s’exerce pas par l’intermédiaire de l’organisation groupant tous les ouvriers de l’industrie. Pourquoi ? (…). Les choses se passent ainsi : le Parti absorbe en quelque sorte l’avant-garde du prolétariat, et c’est elle qui exerce la dictature du prolétariat. Mais sans un fondement tel que les syndicats, il est impossible d’exercer la dictature, de s’acquitter des fonctions d’Etat. » (247)

 

  1. La classe ouvrière exerce aussi son contrôle par l’intermédiaire de l’Etat : l’Etat de la classe ouvrière, l’Etat socialiste, est un Etat de dictature du prolétariat, un Etat aux mains de la classe ouvrière.

 

« Sans un certain recensement et contrôle exercés par l’Etat sur la production et la répartition des produits, le pouvoir des travailleurs, la liberté des travailleurs, ne pourront pas se maintenir, et le retour sous le joug du capitalisme sera inévitable. » (248)

L’Etat exerce son contrôle sur tous les appareils administratifs, sur le travail de tous les cadres administratifs. Pour renforcer le contrôle de la classe ouvrière, il faut renforcer toujours le contrôle de l’Etat et renforcer le caractère de classe de l’Etat (contrairement aux révisionnistes d’Union soviétique et d’ailleurs qui prétendent que chez eux l’Etat appartient « à tout le peuple » et n’a plus aucun caractère de classe.)

C’est donc avec l’Etat que la classe ouvrière renforce son contrôle sur tout.

« Le pouvoir d’Etat aux mains d’une seule classe, du prolétariat, peut et doit devenir un instrument pour attirer aux côtés du prolétariat les masses laborieuses non prolétariennes, un instrument pour conquérir les masses sur la bourgeoisie et les partis petits bourgeois. » (249)

 

  1. Le contrôle de la classe ouvrière par le Parti et par l’Etat ne suffit pas : ces formes de contrôle ouvrier existaient aussi en Union soviétique et dans d’autres pays, et cela n’a pas empêché leur dégénérescence. Il faut une troisième forme de contrôle : le contrôle direct de la classe ouvrière. L’élimination du contrôle direct a entraîné en Union soviétique et dans d’autres pays la dégénérescence du Parti et du pouvoir d’Etat. Lénine a de nombreuses fois mis en garde pour que le contrôle direct soit appliqué sans aucune exception :

« C’est le contact des Soviets avec le « peuple » des travailleurs qui crée précisément des formes particulières de contrôle par en bas, comme, par exemple, la révocation des députés, formes que l’on doit maintenant développer avec un zèle tout particulier. » (250)

Le contrôle direct de la classe ouvrière est quelque chose de nouveau qui s’est développé en Chine de 1949 à la mort de Mao Tsetoung. La direction politique, idéologique et économique de la classe ouvrière n’est pas l’affaire du seul Parti et de l’Etat.

Quels sont les buts du contrôle ouvrier direct ? Développer l’initiative des ouvriers, attirer toute la classe ouvrière dans la réalisation du socialisme :

« De même qu’ils étaient des centaines à l’époque du servage, de même que des milliers et des dizaines de milliers à édifier l’Etat à l’époque du capitalisme, de même aujourd’hui la révolution socialiste ne peut être accomplie qu’avec la participation pratique, active et directe de dizaine de millions d’hommes à la gestion de l’Etat. » (251)

Le contrôle direct de la classe ouvrière est une expression de la démocratie dans la production, et une arme puissante pour lutter contre le bureaucratisme (Lénine disait : « extirper encore et toujours l’ivraie du bureaucratisme »).

Le contrôle direct permet à la classe ouvrière le contrôle sur les autres couches. C’est un moyen d’éducation de la classe ouvrière. Le contrôle ouvrier doit s’exercer sur les organisations du Parti, sur l’appareil administratif d’Etat, sur l’appareil économique, dans l’entreprise et au dehors, sur tout et partout.

Le Parti et l’Etat se bureaucratisent si le contrôle ouvrier est faible. La lutte pour le renforcement du contrôle ouvrier ne se mène pas par des décrets mais il s’agit d’une nouvelle façon de vivre et de penser. Avec ce contrôle, la classe ouvrière défend la dictature du prolétariat.

L’objectif principal du contrôle ouvrier direct est que la classe ouvrière préserve l’application juste de la ligne marxiste-léniniste du Parti. Un autre objectif est l’application des lois du pouvoir.

Le contrôle ouvrier direct est nouveau et un problème actuel, posé du point de vue théorique par Lénine et qui s’est posé pratiquement et théoriquement en Chine : c’est de trouver des moyens d’intervention directe des masses dans tous les domaines de la vie :

« En un mot, pour autant que les masses laborieuses se mettent elles-mêmes à gérer l’Etat et à créer une force armée qui soutient l’ordre existant, l’appareil spécial de gestion disparaît, l’appareil spécial d’une certaine violence de la part de l’Etat disparaît, et nous ne pouvons plus être dès lors pour la démocratie sous son ancienne forme. » (252)

 

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24 novembre 2020 2 24 /11 /novembre /2020 10:24

Liberté, égalité, fraternité (Partie 43)

 

  1. LE LIEN AUX MASSES

 

Sous la dictature du prolétariat, les masses ne sauraient avoir l’intelligence pour juger de tous les problèmes.

Cela est dû (cause interne) à la nature petite bourgeoise d’une partie des masses, comme la bourgeoisie moyenne et petite : cette nature présente deux aspects ; le passé de la petite bourgeoisie la rapproche de la bourgeoisie, l’avenir de la petite bourgeoisie la rapproche du prolétariat. Cela est dû aussi (cause externe) à la duperie, la démagogie et l’utilisation de la force à leur égard, force qui se traduit par l’idéologie ou la force armée ouverte, par « la carotte et le bâton ». Le prolétariat révolutionnaire peut et doit démasquer la nature réelle de la bourgeoisie aux yeux des autres couches et classes sociales et leur donner une conscience vraie de ce qui les opprime et les exploite, car :

« Seule une organisation distincte, des ouvriers salariés, qui mène une lutte de classe conséquente, est capable d’arracher les paysans à l’influence de la bourgeoisie et de les éclairer sur la situation inextricable des petits producteurs dans la société capitaliste. » (236)

Dans la société capitaliste, il y a deux pôles d’attraction et deux seulement : le pôle positif, le prolétariat, et le pôle négatif, la bourgeoisie. Le prolétariat doit montrer aux autres classes et couches sociales quels sont leurs intérêts, qui les opprime et qui les exploite, et comment se libérer, en s’organisant et en combattant pour le socialisme.

Le prolétariat révolutionnaire doit particulièrement combattre les illusions qui enchaînent les classes moyennes : Lénine cite en particulier « les préjugés et les illusions démocratiques petits bourgeois sur l’ « égalité » des classes, la démocratie « conséquente » ou « pure », et la solution des grands problèmes historiques par des votes ». Il est ridicule de poser les problèmes du point de vue de la majorité et de la minorité : c’est se placer du point de vue de la légalité bourgeoise. L’expérience historique, mais aussi l’expérience quotidienne des masses, démontre qu’elles doivent d’abord prendre le pouvoir sous la direction du prolétariat révolutionnaire, briser l’Etat bourgeois, émanciper les masses de l’oppression politique, idéologique et militaire. L’ « égalité » est une duperie si elle est contraire aux intérêts de la libération du travail de l’oppression capitaliste. Elle signifie ni plus ni moins que la suppression des clases, et donc de la suppression de la cause des privilèges de classe, de la possibilité de vivre en parasite aux dépens du travail d’autrui. D’autre part, la « démocratie » bourgeoise, et le parlementarisme ont été organisés de façon à éliminer avant tout les masses laborieuses de l’appareil administratif.

L’Etat bourgeois est un service spécial au-dessus de la population et chaque individu le ressent comme une contrainte. Il a pour but de maintenir et de reproduire les classes, l’exploitation de l’homme par l’homme, la propriété privée des moyens de production par la classe capitaliste, basée non sur le travail personnel, mais sur le vol.

Seul le prolétariat est capable de renverser la bourgeoisie car il est la seule classe groupée et éduquée par le capitalisme pour cela, la seule classe capable de réunir autour d’elle l’ensemble du peuple et de « neutraliser » les hésitants et d’entraîner le peuple vers sa libération :

« Les préjugés et les illusions démocratiques petits-bourgeois (sur l’ « égalité » des classes, la démocratie « conséquente » ou « pure », la solution des grands problèmes historiques par des votes, etc.) sont substitués à la lutte de classe. On ne veut pas comprendre que le prolétariat qui a conquis le pouvoir d’Etat ne cesse pas pour autant sa lutte de classe, qu’il la continue sous une autre forme, par d’autres moyens. La dictature du prolétariat est la lutte de classe du prolétariat menée à l’aide d’un instrument tel que le pouvoir d’Etat ; l’un de ces objectifs de cette lutte de classe est de montrer par une longue expérience, par une longue série d’exemples pratiques, aux couches laborieuses non prolétariennes qu’elles ont bien plus intérêt à se prononcer pour la dictature du prolétariat que pour celle de la bourgeoisie, et qu’il n’existe pas de troisième solution. » (237)

En luttant pour la dictature du prolétariat et le renversement de la bourgeoisie capitaliste, en instaurant la dictature du prolétariat et en édifiant le socialisme, la classe ouvrière démontre qu’elle est la seule capable de prendre la direction des masses pour supprimer les classes. Seul le prolétariat a été éduqué par le capitalisme : par l’école du travail, par la lutte dans l’unité contre la classe des capitalistes, par le socialisme scientifique, le prolétariat a assimilé toute la civilisation urbaine et s’est montré capable de mener la grande production moderne ? Seul le prolétariat rompt résolument tous les ponts avec la classe bourgeoise : il n’a aucun intérêt particulier à défendre, aucun privilège, si ce n’est de les supprimer tous. Seul le prolétariat est capable, de par sa discipline, et de par son esprit de sacrifice, d’attirer derrière lui l’ensemble du peuple, de briser les chaînes du passé et de frayer à tout le peuple un chemin vers l’avenir.

« Pour vaincre, pour créer et consolider le socialisme, le prolétariat doit accomplir une double tâche : premièrement, entraîner par l’héroïsme indéfectible de sa lutte révolutionnaire contre le capital la masse des travailleurs et des exploités ; l’entraîner, l’organiser, la diriger en vue de jeter bas la bourgeoisie et de briser entièrement sa résistance ; deuxièmement, mener à sa suite la masse des travailleurs et des exploités, ainsi que les couches petites bourgeoises, dans la voie de la nouvelle construction économique, de l’établissement de relations sociales nouvelles, d’une nouvelle organisation du travail, qui allie le dernier mot de la science et de la technique bourgeoise à l’union massive des travailleurs conscients, artisans de la grande production socialiste. » (238)

 

  1. LA LIGNE DE MASSE

 

Il existe une conception opportuniste de la ligne de masse, ou plus exactement une conception qui se voudrait une mise en œuvre de la ligne de masse, alors qu’elle n’a rien à voir avec elle. En quoi consiste-t-elle ? Elle dit qu’il faut partir du niveau de conscience des masses, c’est-à-dire des questions revendicatives, des préoccupations immédiates des masses, et ce n’est que lorsque nous serons apparus comme les meilleurs défenseurs des masses que nous pourrons dénoncer le révisionnisme. Autrement, nous risquerions de nous « couper » des masses. Il est clair comme le jour que, si cette conception prétend lutter contre le révisionnisme, elle le combat en paroles, mais dans les faits, elle laisse les masses sous la direction politique et idéologique de la bourgeoisie.

La ligne de masse telle qu’elle est définie par le marxisme-léninisme repose sur le matérialisme historique. Ce ne sont pas les individus qui font l’histoire, contrairement à ce qu’affirment la bourgeoisie et l’idéalisme. Les transformations historiques sont l’œuvre des masses, du peuple et non pas de prétendus « génies » comme l’affirme la bourgeoisie.

La révolution et l’édification du socialisme ne peuvent pas être l’œuvre des seuls communistes et de leur parti :

« Bâtir la société communiste par les mains des communistes est une idée puérile s’il en fut. Les communistes sont une goutte dans l’océan, une goutte dans l’océan populaire. (…)C’est que dans la masse populaire, nous sommes comme une goutte d’eau dans l’océan et nous ne pouvons exercer le pouvoir qu’à la condition d’exprimer exactement ce dont le peuple a conscience. Sinon, le Parti communiste ne conduira pas le prolétariat, celui-ci n’entraînera pas derrière lui les masses, et route la machine se disloquera. » (239)

Le Parti communiste ne peut jouer son rôle que s’il est capable de mobiliser les masses, s’il est lié à elles, pour qu’elles engagent la transformation révolutionnaire de la société. C’est là ce qui fonde la ligne de masse. Quels en sont les principes ? Il s’agit pour les communistes, lorsqu’ils ont un rôle de direction, d’être capables de mobiliser ceux qu’ils dirigent, de les amener à prendre conscience, à prendre eux-mêmes en mains des responsabilités, de façon à ce que le plus grand nombre de personnes possible participent aux responsabilités et à l’action :

« Une des erreurs les plus grandes et les plus dangereuses que commettent les communistes (comme, d’ailleurs les révolutionnaires en général qui ont mené à bien le début d’une grande révolution), c’est de se figurer que la révolution peut être accomplie par les mains des seul révolutionnaires. Or, pour assurer le succès de toute action révolutionnaire sérieuse, il faut comprendre et savoir appliquer pratiquement l’idée que les révolutionnaires ne peuvent jouer un rôle que comme avant-garde de la classe réellement avancée et viable. Sans alliance avec les non communistes dans les domaines d’activité les plus divers, il ne saurait être question d’aucun succès en matière de construction de la société communiste. » (240)

Donc la ligne de masse est opposée à l’autoritarisme, c’est-à-dire à l’attitude qui consiste à imposer son point de vue aux masses que l’on dirige.

Mais il y a un second aspect de la ligne de masse : appliquer la ligne de masse signifie pour le marxisme-léninisme exposer sans rien cacher ses positions, mais ne pas chercher à imposer ces positions de façon autoritaire, si les masses ne les ont pas encore fait leur. Par exemple, que signifie aujourd’hui en France, « exprimer les idées présentes dans le peuple » ? Il s’agit d’abord de se poser la question : quelle est dans notre société l’idéologie dominante ? Il est clair qu’il s’agit de l’idéologie de la classe dominante, de l’idéologie bourgeoise. « Exprimer les idées présentes dans le peuple » ne peut aboutir qu’à refléter l’idéologie dominante et à la reproduire.

L’électoralisme est à l’heure actuelle dominante dans le peuple : donc on reflètera les illusions électoralistes. Mais ce ne sont pas ces points de vue « majoritaires » qui répondent aux intérêts des travailleurs : une position peut être majoritaire à un moment donné sans être juste pour autant. L’opportunisme consiste justement à suivre un point de vue parce qu’il est « majoritaire » ; mais un principe du marxisme-léninisme est d’ « oser aller à contre-courant » et de ne jamais perdre de vue le point de vue des intérêts du peuple.

Une ligne politique est le reflet d’une certaine conception du monde. Toute lutte de lignes est le reflet de la lutte des classes. Ainsi la ligne révisionniste est la ligne bourgeoise infiltrée dans le mouvement ouvrier : les idées des révisionnistes sont les idées de la bourgeoisie infiltrée dans la classe ouvrière. Entre la ligne révisionniste et la ligne marxiste-léniniste, il y a les intérêts inconciliables de deux classes ennemies, la bourgeoisie et le prolétariat, il y a une lutte à mort ; il ne saurait y avoir coexistence pacifique. Le révisionnisme moderne est le dernier rempart de l’impérialisme agonisant : c’est dans le combat contre lui que s’édifie la ligne du Parti et que se pratique le marxisme-léninisme. Le révisionnisme est en effet par la ligne politique et l’idéologie qu’il développe, l’obstacle principal à la révolution dans notre pays : l’attitude adoptée à son égard est un critère qui permet de différencier le révolutionnaire authentique du révolutionnaire en paroles.

L’autoritarisme et le fait d’exprimer les idées présentes dans les masses ne considèrent qu’un seul aspect de la ligne de masse. Il faut partir des masses pour retourner aux masses : systématiser les idées des masses est le rôle du Parti, porteur de l’idéologie révolutionnaire :

« Le marxisme enseigne (…) que le parti politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire le parti communiste est le seul capable de grouper, d’éduquer et d’organiser l’avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses, qui est seul en mesure de s’opposer aux inévitables oscillations petites bourgeoises de ces masses, aux inévitables traditions et récidives de l’étroitesse, corporative ou des préjugés corporatifs dans le prolétariat, et de diriger toutes les activités unifiées de l’ensemble du prolétariat, c’est-à-dire le diriger politiquement et, par son intermédiaire, guider toutes les masses laborieuses. Autrement la dictature du prolétariat est impossible. » (241)

 

 

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23 novembre 2020 1 23 /11 /novembre /2020 10:49

Liberté, égalité, fraternité (Partie 42)

 

 

 

Le premier aspect de la dictature du prolétariat, la violence nécessaire contre les anciens exploiteurs et leurs alliés révisionnistes est un héritage de l’ancienne société ; ce « reste » de l’ancienne société est destiné à disparaître au fur et à mesure du renforcement de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire de la suppression des classes et de l’extinction de l’Etat, instrument de domination. Cette violence a complètement disparu au stade supérieur du communisme.

Le second aspect de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire la démocratie pour le peuple, est quelque chose de tout à fait nouveau, destiné à se développer : ce qui est essentiel c’est la discipline prolétarienne des uns sur les autres, l’autodiscipline exercée par la persuasion, la critique et l’autocritique, car le peuple ne saurait « exercer la violence sur lui-même ».

Un des critères pour juger de la nature de classe d’une société (socialiste ou capitaliste ?) est de voir quelle classe détient le pouvoir d’Etat, quelle est la nature de classe de l’Etat, autrement dit, qui exerce la violence sur qui : si la masse est tenue à l’écart de la gestion de l’Etat, c’est une dictature de la bourgeoisie, et l’Etat est un Etat capitaliste, peu importe sa forme, république démocratique bourgeoise comme en France aujourd’hui, ou dictature social fasciste de type hitlérien comme en Union soviétique depuis l’arrivée des révisionnistes au pouvoir. Si la masse participe de plus en plus à la gestion de l’Etat, tenant à l’écart la bourgeoisie et ayant pour but final l’extinction de l’Etat, tendant sans cesse vers ce but, alors nous avons affaire à une dictature du prolétariat, et l’Etat est un Etat prolétarien, peu importe sa forme historique, assemblées générales de la Commune ou Soviets de Russie.

Ce but de la dictature du prolétariat est de fonder le socialisme, de supprimer la division de la société en classes, de faire de tous les membres de la société des travailleurs, et de priver de base toute exploitation de l’homme par l’homme. Cette édification du socialisme se fait avec les éléments d’un capitalisme renversé : ces hommes donc proviennent d’une société où l’idéologie dominante était fondée sur l’exploitation, sur la recherche individuelle du profit, sur l’égoïsme, sur le mépris du travail manuel. Ces hommes sont, sans préparation, projetés du jour au lendemain dans des conditions d’existence entièrement nouvelles, et où on fait appel à leur initiative et à leur responsabilité personnelles. Mais on ne doit pas dire à ces gens : « débrouillez-vous » et, au nom de la « liberté » nouvellement acquise, les laisser entièrement livrés à eux-mêmes et à eux seul. Il est certain que nombreux sont parmi eux ceux qui vont dégénérer, du fait de leurs habitudes, de ce qu’ils ont vu et vécu jusque là : en cela, la dégénérescence de l’Union soviétique constitue un exemple par la négative, qu’il convient d’étudier à fond.

La dictature du prolétariat est une dictature qu’exerce le peuple révolutionnaire, sous la direction du prolétariat révolutionnaire organisé en parti marxiste-léniniste, c’est-à-dire la dictature est exercée par la fraction du peuple préparée et éduquée à cet effet par le capitalisme et le marxisme-léninisme.

« L’ouvrier n’a jamais été séparé de l’ancienne société par une muraille de Chine. Et il a conservé une bonne part de la psychologie traditionnelle de la société capitaliste. Les ouvriers construisent une société nouvelle, sans s’être transformés en hommes nouveaux, débarrassés de la boue du monde ancien ; ils sont encore jusqu’aux genoux plongés là-dedans. Le nettoyage de cette boue ne peut être encore qu’un rêve ? Ce serait l’utopie la plus fallacieuse de penser qu’on peut le faire sur le champ ! » (234)

Il n’est pas vrai que le « nouveau » s’improvise, qu’il naît de la seule spontanéité, du « hasard » qui ferait bien les choses. Il n’est pas vrai que l’on puisse laisser l’initiative du nouveau aux masses.

La dictature du prolétariat est exercée par le peuple révolutionnaire mais celui-ci demeure profondément lié au peuple entier, l’amenant au fur et à mesure, par sa libération des exploiteurs et par l’application de mesures révolutionnaires, à participer pleinement à la gestion de l’Etat. Ce mécanisme qui fait que le prolétariat révolutionnaire, organisé en parti, aspire l’énergie révolutionnaire de tout le peuple, et épure ses rangs en luttant et en écartant tous les éléments corrompus, exploiteurs et oppresseurs, les éléments dégénérés et opportunistes, ainsi que les éléments bureaucrates qui s’éloignent de plus en plus du peuple, ce mécanisme constitue l’essence de la dictature du prolétariat. Si ce mécanisme fonctionne bien, c’est-à-dire si l’avant-garde révolutionnaire reste fidèle au marxisme-léninisme, applique bien le marxisme, et corrige ses erreurs comme il faut, la dictature du prolétariat se renforce et le pouvoir socialiste s’accroît. Si ce mécanisme fonctionne mal, c’est-à-dire si l’avant-garde révolutionnaire ne lutte pas dans ses rangs et à l’extérieur comme il faut contre l’impérialisme et l’opportunisme, la dictature du prolétariat s’affaiblit et le pouvoir socialiste décline : par un bond qualitatif, il peut même se transformer en son contraire, comme cela a été le cas en Union soviétique, ou le pouvoir est à nouveau passé pour quelques temps aux mains d’une bourgeoisie des plus réactionnaires.

Il est très important de connaître l’essence de la dictature du prolétariat, aussi allons-nous étudier dans les paragraphes suivants :

  • A) Le lien aux masses

  • B) La ligne de masse

  • C) Le contrôle ouvrier

  • D) Le dépérissement de l’Etat

 

Le dépérissement de l’Etat est en effet le but final et le résultat de la dictature du prolétariat : la dictature contient en germe l’extinction complète de l’Etat. La dictature du prolétariat est une période de transition entre le capitalisme et le stade supérieur du communisme ; aussi l’Etat de la dictature du prolétariat est un Etat transitoire entre l’Etat bourgeois et le non-Etat. Ce n’est plus un Etat au sens propre.

 

L’essence de la dictature du prolétariat, c’est de partir du peuple pour retourner au peuple ; cette dictature est exercée uniquement par le peuple révolutionnaire, et il ne peut en être autrement. Mais le but que se fixe l’avant-garde révolutionnaire est de rapprocher sans cesse le peuple entier de la gestion de l’Etat, de régler en commun les affaires sociales, communes. La relation entre l’avant-garde et l’ensemble du peuple est un va-et-vient pendulaire du bas vers le haut et du haut vers le bas : les deux, le bas et le haut, sont indissociables, autrement il n’y a pas ou il n’y a plus dictature du prolétariat. En effet, nous avons vu qu’il n’est pas possible de laisser l’initiative du nouveau, l’édification de la nouvelle société à la spontanéité des masses : ce serait un retour inévitable à l’ancien. Il faut aller du haut vers le bas. Mais nous avons vu aussi qu’il est impossible aux communistes seuls d’édifier la nouvelle société ; seul la masse est le héros de l’histoire, et elle est seule capable de se saisir du nouveau et de détruire l’ancien. Il faut aller du bas vers le haut.

Ce mécanisme est un : dissocier ses deux aspects, c’est commettre une erreur. Aller uniquement du haut vers le bas, c’est commettre une erreur : l’autoritarisme. Le marxisme-léninisme est l’ennemi de l’autoritarisme ; on ne peut utiliser la contrainte et la violence d’aucune sorte à l’égard du peuple, si on est lié au peuple. Staline a parfois commis cette erreur.

Si on commet l’erreur, il convient de la corriger. Si on la commet de nombreuses fois, on court le risque de couper l’avant-garde révolutionnaire de la masse, et donc de transformer le contenu idéologique prolétarien de l’avant-garde en son contraire, en une idéologie bourgeoise, qui impose ses mesures au peuple par la ruse, le mensonge, le secret, en tout cas toujours par la contrainte et la violence.

Une autre forme de l’autoritarisme, qui donne le même résultat, le renforcement de l’idéologie bourgeoise, est le désir d’ « introduire » le « socialisme » par en haut : c’est ce que se proposait Trotski. Ceci est dû à un manque de confiance dans les masses, qui, s’il n’est pas extirpé, mène à un renforcement de la bourgeoisie.

La révolution, c’est-à-dire la prise du pouvoir dans un premier temps, ne suffit pas pour transformer fondamentalement toutes les structures anciennes. Si elle brise l’Etat de la classe exploiteuse, il ne suffit pas de quelques décrets pour mettre en place des structures nouvelles. On ne peut « introduire » le socialisme à l’aide d’un « plan » élaboré en chambre. De plus on ne peut que retarder l’édification du socialisme et la compliquer avec des mesures législatives ou administratives précipitées ou imprudentes. Le socialisme est justement l’entrée sur la scène historique des masses qui font l’histoire : il s’agit seulement d’aider les masses à se dégager des anciennes entraves, en leur apportant la conscience de ce qu’elles sont : la force motrice de l’histoire, le héros qui crée la société nouvelle.

« Les ouvriers et les paysans n’ont pas encore suffisamment confiance en eux-mêmes, en leurs propres forces ; une tradition séculaire les a trop habitué à attendre des ordres d’en haut. Ils ne se sont pas encore complètement faits à l’idée que le prolétariat est la classe dominante, et l’on compte encore parmi eux des éléments terrorisés, comprimés, qui s’imaginent devoir passer par l’ignoble école de la bourgeoisie. » (235)

Toutes les expériences de l’histoire sont là pour démontrer la nécessité absolue d’une transformation profonde sur le plan idéologique, d’une inévitable révolution idéologique permanente, si l’on désire aboutir de manière durable aux objectifs proposés par la révolution elle-même. De ce point de vue le phénomène de dégénérescence de la société soviétique par rapport aux idéaux bolcheviks, si magistralement proclamés par Lénine au moment même de la tourmente que fut la victorieuse Révolution d’Octobre 1917 constitue un exemple par la négative.

 

 

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22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 07:23

Liberté, égalité, fraternité (Partie 41)

 

 

QU’EST-CE QUE LA DICTATURE DE LA BOURGEOISIE ?

 

La bourgeoisie a conquis le pouvoir dans les pays évolués, au prix d’une série d’insurrections, de guerres civiles, de répression violente des rois, des seigneurs, des esclavagistes et de leurs tentatives de restauration. La domination de la bourgeoisie est défendue d’une part par ceux qui prêchent la « troisième voie », qui est en réalité celle de la collaboration de classe au profit de la bourgeoisie, et d’autre part par les « socialistes » qui s’élèvent contre la « dictature en général » et qui portent aux nues la « démocratie en général » :

« En expliquant le caractère de classe de la civilisation bourgeoise, de la démocratie bourgeoise, du parlementarisme bourgeois, tous les socialistes ont exprimé cette idée, formulée de la manière la plus scientifique par Marx et Engels, à savoir que la république bourgeoise la plus démocratique n’est rien d’autre qu’un appareil permettant à la bourgeoisie de réprimer la classe ouvrière, permettant à une poignée de capitalistes d’écraser les masses laborieuses. » (227)

Les traîtres au socialisme présentent les choses comme si la bourgeoisie faisait don aux travailleurs de la « démocratie pure », comme si la bourgeoisie renonçait à la résistance et était prête à se soumettre à la majorité des travailleurs, comme s’il n’y a et il n’y avait aucune machine d’Etat permettant au capital d’écraser le travail dans une république démocratique bourgeoise. La démocratie prolétarienne n’entre en action qu’une fois que le prolétariat aura pris le pouvoir d’Etat et brisé l’Etat bourgeois ; et pour que cette démocratie naisse, il faut la dictature du prolétariat contre ceux qui empêchent sa naissance, les capitalistes et les social traîtres qui parlent de « démocratie en général » et de « dictature en général ».

Cet argument opère à l’aide des notions de « démocratie en général » et de « dictature en général », sans poser la question de savoir de quelle classe il s’agit. Poser la question de cette manière, en dehors des classes ou au-dessus des classes, soi-disant du point de vue du peuple tout entier, c’est tout simplement se moquer de l’enseignement essentiel du socialisme scientifique, à savoir la théorie de la lutte des classes, que les « socialistes », passés du côté de la bourgeoisie, reconnaissent en paroles mais oublient en fait. Car dans tout pays civilisé il y a la démocratie bourgeoise, et non la « démocratie en général » ; c’est-à-dire la démocratie pour les bourgeois, la « liberté » pour les capitalistes d’exploiter le travail d’autrui, et l’ « égalité » de tous devant l’exploitation et devant les urnes. Et il ne s’agit pas de dictature « en général » mais de dictature de la bourgeoisie, des exploiteurs, sur la classe ouvrière et les travailleurs, c’est-à-dire le pouvoir d’extorquer de la plus-value au profit de la bourgeoisie, de briser par la violence armée les résistances des esclaves salariés, de tromper les larges masses par une idéologie fausse. Et en ce qui concerne le socialisme, il ne s’agit pas d’établir une dictature « en général » mais une dictature de la classe opprimée, c’est-à-dire du prolétariat, sur les oppresseurs et les exploiteurs, c’est-à-dire la bourgeoisie, dans le but de briser la résistance opposée par les exploiteurs dans la lutte pour leur domination en régime socialiste. Il s’agit d’assurer la liberté et l’égalité à la grande majorité du peuple en privant les exploiteurs de la liberté bourgeoise d’exploiter autrui, et en supprimant les inégalités et les privilèges en supprimant les classes :

« Les capitalistes ont toujours donné le nom de « liberté » à la liberté de s’engraisser pour les riches, à la liberté de mourir de faim pour les ouvriers…. L’égalité des citoyens, sans distinction de sexe, de religion, de race, de nationalité, que la démocratie bourgeoise a promise partout et toujours, mais n’a réalisée nulle part, et ne pouvait réaliser en raison de la domination du capitalisme, le pouvoir prolétarien ou dictature du prolétariat l’applique immédiatement, et entièrement, car seul le pouvoir des ouvriers, non intéressé à la propriété privée des moyens de production et à la lutte pour le partage ou un nouveau partage de ces moyens est en mesure de le faire. » (228)

 

  1. LA DICTATURE DU PROLETARIAT

 

La classe ouvrière, dans le cadre de la société capitaliste, est aliénée par la classe de la bourgeoisie capitaliste des moyens de production. Pour libérer les travailleurs, il importe donc de rejeter tous les éléments de cette aliénation : la domination de classe, l’Etat qui en constitue l’instrument principal, et la hiérarchie et l’autorité qui en représentent les plus efficaces supports. Les communistes, fidèles au marxisme-léninisme, aspirent à une société libératrice de toute aliénation, à une société sans classe ; c’est leur objectif stratégique final : le communisme.

« Ce que nous appelons communisme, c’est le régime où les hommes s’habituent à remplir leurs devoirs sociaux sans appareils de contrainte spéciaux, où le travail sans rémunération pour le bien commun devient un phénomène général. » (229)

Mais il faut être prudent et ne pas se hasarder à en décrire dans le détail les structures et caractéristiques formelles et cela simplement parce que la théorie ne peur naître que de l’expérience, de la pratique. Lénine souligne que pour ceux qui font les tout premiers pas hors du capitalisme, la notion de « communisme » est encore très lointaine. Mao Tsetoung ne craint pas d’indiquer qu’à son avis, quelques siècles de lutte seront encore indispensables pour que s’épanouisse enfin cette société que Marx et Engels annonçaient.

Comment s’effectuera le passage historique de notre société de classe, le capitalisme, à cette société où toutes les contradictions de classes auront disparues ? Comment parviendra-t-on à la suppression des différences entre travail industriel et travail agricole, entre travail manuel et travail intellectuel ?

De tels problèmes ne trouveront pas de solutions sans une longue et difficile lutte contre les forces, les habitudes, les structures anciennes et, bien entendu, non sans qu’ait été arraché au préalable le pouvoir que détiennent les capitalistes. Il faut partir des réalités : envisager par priorité la destruction du capitalisme et de sa forme suprême, l’impérialisme, car ils ne sont pas encore détruits (« Nous vivons toujours à l’époque de l’impérialisme »). La question décisive qui se pose actuellement aux peuples opprimés, aux prolétariats exploités du monde entier, c’est la question du pouvoir.

Mais Lénine le souligne à différentes reprises, mettre l’exploiteur hors d’état de nuire et lui donner le coup de grâce ne constitue que la moitié de la tâche, et la moitié la plus facile :

« Il est bien plus facile de conquérir le pouvoir à une époque révolutionnaire que de savoir user convenablement de ce pouvoir. » (230)

Ceci parce que les « défauts » (existence des classes, nécessité de l’Etat…) remontent au passé, lequel, s’il a été bouleversé, n’est pas encore aboli. Mao Tsetoung dira qu’il faut « mener la révolution jusqu’au bout ». D’où la nécessité d’une période de transition de dictature du prolétariat, le socialisme, première phase du communisme :

« Si nous nous demandons ce qu’est le communisme, ce qui le distingue du socialisme, nous devrons dire que le socialisme est la société qui naît immédiatement du capitalisme, la première forme de la société nouvelle. Quant au communisme, c’est une forme sociale plus élevée et ne pourra se développer que lorsque le socialisme se sera totalement consolidé. » (231)

Cette période de transition qui se situe entre le capitalisme et le communisme doit donc forcément comporter les particularités propres à ces deux structures économiques de la société. Cette phase transitoire est une période de lutte entre l’agonie du capitalisme et la naissance du communisme, entre le capitalisme vaincu mais pas anéanti et le communisme déjà né mais encore très faible.

D’une part la bourgeoisie a perdu le pouvoir politique, son Etat est détruit, on lui a arraché les moyens de production. Mais on ne peut « abolir » la bourgeoisie en tant que classe. Il subsiste des « places » politiquement, idéologiquement, économiquement et administrativement bourgeoises. La bourgeoisie continue d’exister et elle est d’autant plus hargneuse qu’elle espère encore recouvrer le « paradis perdu ». Pendant un certain temps, elle reste même plus puissante. Elle reste forte du point de vue politique (relations internationales, monopole de la connaissance technique sur l’administration et la comptabilité, le contrôle et le recensement des biens sociaux), idéologique (façon de vivre et de penser, mœurs…) et économique (l’argent continue d’exister, permettant l’appropriation privée des biens produits socialement ; il est utopique de vouloir supprimer l’argent par « décret » et il continue d’exister encore longtemps. Et surtout, la petite production, qui crée à chaque moment du capital et donc aussi des exploités). Aussi :

« La conquête du pouvoir politique par le prolétariat ne met pas fin à la lutte de classe contre la bourgeoisie : bien au contraire, elle la rend plus large, plus sévère et plus implacable. » (232)

C’est justement après le renversement de la bourgeoisie que la lutte des clases prend les formes les plus développées et les plus brutales. Ceux qui pensent qu’après la prise du pouvoir par le prolétariat, et la destruction de l’Etat bourgeois, tout est fini se trompent eux-mêmes et trompent les autres, consciemment ou non : loin que tout soit fini, tout ne fait que commencer. C’est là le propre de réformistes et de révisionnistes, « marxistes-léninistes » en paroles, qui se révèlent opportunistes après la victoire des masses sur le capitalisme : aussi convient-il de démasquer ces traîtres dans les rangs du prolétariat révolutionnaire.

Staline écrit, dans L’homme, le capital le plus précieux, au moment de l’édification du socialisme, en Union soviétique :

« Il faut en finir avec la bénignité opportuniste qui part de cette supposition erronée qu’à mesure que nos forces croissent, l’ennemi deviendrait plus apprivoisé et inoffensif. Cette supposition est foncièrement erronée. Elle est un relent de la déviation de droite, assurant à tous et à chacun que les ennemis s’intègrent tout doucement dans le socialisme. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas la bénignité, mais la vigilance révolutionnaire bolchevik. Il ne faut pas oublier que plus la situation des ennemis sera désespérée et plus volontiers ils se raccrocheront aux moyens extrêmes, comme unique recours de gens voués à leur perte dans leur lutte contre le pouvoir soviétique. » (233)

L’analyse de la situation par Staline est très juste, et l’évolution ultérieure de l’Union soviétique allait le prouver, c’est-à-dire la prise du pouvoir par la nouvelle bourgeoisie révisionniste avec Khrouchtchev à leur tête. Les authentiques révolutionnaires bolcheviks et les masses soviétiques ne surent pas se donner les moyens théoriques et pratiques permettant d’exercer avec justesse leur vigilance sur tout, de réprimer par la violence les ennemis au socialisme, et de gagner par la persuasion, la lutte idéologique, et les mesures révolutionnaires le peuple au socialisme.

L’exercice de la violence de façon résolue, est le premier aspect que suppose la DICTATURE du prolétariat. Cette violence juste et implacable a pour but d’écraser la résistance des exploiteurs, capitalistes et grands propriétaires fonciers, et de leurs suppôts révisionnistes, qui trahissent la cause socialiste en prêchant la « modération », la « réconciliation » des classes, et la collaboration des classes ; leur but est de désarmer le peuple idéologiquement et militairement, pour le soumettre aux exploiteurs.

Mais ce n’est pas la violence seule, et ni principalement la violence, qui fait le fond de la dictature du prolétariat. Le second aspect de la dictature du prolétariat est primordial : l’essence de la dictature du prolétariat, c’est la démocratie prolétarienne, c’est-à-dire le mécanisme qui consiste à partir du peuple pour retourner au peuple, le lien aux masses et la ligne de masse.

 

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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 11:08

Liberté, égalité, fraternité (Partie 40)

 

  1. DEFINITION DE LA DICTATURE ET DE LA DICTATURE DU PROLETARIAT

 

« La dictature est un pouvoir qui s’appuie directement sur la violence et n’est lié par aucune loi. » (217)

Pour l’opportunisme, « dictature » signifie conquête « pacifique » de la majorité sous la direction de la bourgeoisie ; « dictature » ne signifie pas pour eux violence révolutionnaire. L’opportunisme a besoin de présenter ainsi la dictature, afin de faire disparaître la violence révolutionnaire, la révolution violente. Tel était le cas des « chefs » de la Deuxième Internationale, comme Kautsky, serviteur de la bourgeoisie, tel est le cas des révisionnistes modernes, au service de la bourgeoisie.

Mais voyons les faits : croire à l’abandon « pacifique » du pouvoir, des moyens de production de la bourgeoisie capitaliste, extrême minorité, aux mains des travailleurs, large majorité, est une illusion, que l’on en soit conscient ou non, criminelle. Que l’on soit trompé ou non, puisque l’on cherche à tromper les autres, cette illusion a pour but et résultat de défendre le statut quo de la bourgeoisie capitaliste.

Car fait essentiel, une large partie de la masse travailleuse est trompée, maintenue dans un état d’ignorance et d’abrutissement (« l’idéologie de la classe dominante est l’idéologie dominante ») ; de plus elle est éloignée des instances de direction, de l’administration, de l’Etat. Les larges masses ne peuvent se libérer de l’esclavage salarié tout en respectant les institutions qui les oppriment, institutions imposées et défendues par la minorité de la bourgeoisie capitaliste.

Aussi pour le prolétariat et son avant-garde révolutionnaire, « dictature » signifie, non pas conquête « pacifique » de la majorité sous la dictature de la bourgeoisie, mais prise du pouvoir, c’est-à-dire dictature du prolétariat, puis conquête de la majorité par son émancipation de l’exploitation et de l’oppression et par des mesures révolutionnaires en sa faveur :

« La dictature du prolétariat, c’est-à-dire le renversement de la bourgeoisie par une classe, par le prolétariat, et plus précisément par son avant-garde révolutionnaire. Exiger de cette avant-garde la conquête préalable de la majorité du peuple au moyen d’élection aux Parlements bourgeois, aux Constitutions bourgeoises, etc., c’est-à-dire au moyen de vote sous le régime de l’esclavage salarié, en présence des exploiteurs et sous leur domination, sous le régime de la propriété privée des moyens de production, exiger ou supposer cette conquête, c’est en réalité, abandonner complètement le point de vue de la dictature du prolétariat pour adopter en fait celui de la démocratie bourgeoise. » (218)

Le fait est également, que pendant l’époque du capitalisme, quand les masses ouvrières sont soumises à une exploitation continue, et ne peuvent développer leurs capacités humaines, le trait le plus caractéristique des partis ouvriers réside précisément dans le fait qu’ils ne peuvent toucher qu’une minorité de leur classe. Le parti politique ne peut rassembler qu’une minorité de la classe, de même que dans toute la société capitaliste, les ouvriers réellement conscients ne sont qu’une minorité parmi les ouvriers :

« Il n’est pas permis de confondre le Parti, avant-garde de la classe ouvrière, avec toute la classe (…). Nous sommes le Parti de la classe, et c’est pourquoi presque toute la classe (et en temps de guerre, à l’époque de la guerre civile, absolument toute la classe) doit agir sous la direction de notre Parti, doit serrer les rangs le plus possible autour de lui.

Mais ce serait du « manilovisme » et du « suivisme » que de penser que sous le capitalisme presque toute la classe ou la classe toute entière sera un jour en état de s’élever au point d’acquérir le degré de conscience et d’activité de son détachement d’avant-garde, de son Parti social-démocrate. » (219)

La dictature du prolétariat suppose et signifie la claire conscience d’une vérité : le prolétariat, (et donc a fortiori l’avant-garde révolutionnaire organisée du Parti prolétarien) en vertu de sa situation objective dans toute société capitaliste, exprime avec justesse les intérêts de la masse entière des travailleurs et des exploités. Ceci signifie que la classe ouvrière est la classe la plus révolutionnaire de la société capitaliste, puis socialiste, et qu’elle est la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout. Mais cela ne signifie pas que la classe ouvrière réalise à elle seule l’émancipation de la société entière, et l’édification de la nouvelle société socialiste : bien au contraire, la dictature du prolétariat est aussi l’aptitude, la disposition et la décision de rallier (à l’avant-garde révolutionnaire du prolétariat) par des mesures révolutionnaires, par l’expropriation des expropriateurs, la totalité des travailleurs et des exploités. Le rôle du prolétariat par rapport à l’ensemble des masses ouvrières et exploitées est un rôle de direction et de guide ; ses tâches sont la révolution prolétarienne et l’édification socialiste ; ses moyens sont l’organisation de l’avant-garde en Parti marxiste-léniniste et la dictature du prolétariat, la dictature donc du Parti unique :

« La dictature du prolétariat est la réalisation la plus complète de la direction de tous les travailleurs et de tous les exploités, opprimés, abrutis, écrasés, terrorisés, divisés, trompés par la classe des capitalistes, direction exercée par la seule classe préparée pour ce rôle dirigeant par toute l’histoire du capitalisme. » (220)

Le prolétariat doit savoir qui il faut écraser, avec qui, quand et comment il faut conclure un accord. La classe ouvrière au pouvoir serait ridicule de renoncer à la terreur et à la répression à l’égard des capitalistes, des propriétaires fonciers et de leurs serviteurs révisionniste :

« Je me souviens d’un bourgeois français spirituel qui, d’un point de vue bourgeois, disait à propos de l’abolition de la peine de mort : « Que messieurs les assassins commencent ». Cette réponse me revient à la mémoire lorsqu’on dit : « Que les bolcheviks renoncent à la terreur » ». (221)

Il faudrait pour cela que les exploiteurs renoncent à exploiter !

Mais le prolétariat serait tout aussi ridicule en voulant employer la même tactique de répression et de terreur à l’égard de la petite bourgeoisie et de l’ensemble de la classe moyenne, alors que le cours des événements oblige celles-ci à se tourner vers le prolétariat :

« La dictature du prolétariat est la forme la plus décisive et la plus révolutionnaire de la lutte de classe du prolétariat contre la bourgeoisie. Cette lutte ne peut être victorieuse que si l’avant-garde la plus révolutionnaire du prolétariat entraîne avec elle l’écrasante majorité de celui-ci. » (222)

La dictature du prolétariat implique la nécessité de réprimer par la force la résistance des exploiteurs ; c’est d’être disposé, apte, résolu à le faire. La bourgeoisie si républicaine et démocratique qu’elle soit, recourt à l’assassinat et à la terreur contre les communistes, et d’ailleurs contre toute action révolutionnaire du prolétariat. Mais la dictature ne signifie pas abolition de la démocratie pour la classe qui exerce cette dictature sur les autres classes, mais elle veut dire nécessairement abolition ou limitation de la démocratie pour la classe à l’égard de laquelle ou contre laquelle la dictature s’exerce. Aussi la définition de la dictature du prolétariat est-elle :

« La dictature révolutionnaire du prolétariat est un pouvoir conquis et maintenu par la violence, que le prolétariat exerce sur la bourgeoisie, pouvoir qui n’est lié par aucune loi. » (223)

 

  1. DICTATURE DE LA BOURGEOISIE OU DICTATURE DU PROLETARIAT

 

« La dictature, c’est un grand mot rude, sanglant, un mot qui exprime la lutte sans merci, la lutte à mort de deux classes, de deux mondes, de deux époques de l’histoire universelle.

On ne jette pas de tels mots en l’air. » (224)

Dans la société capitaliste, dès que la lutte de classe qui en est le fondement s’accentue d’une manière tant soit peu sérieuse, il ne peut y avoir aucun terme moyen entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat. Tout rêve d’on ne sait quelle troisième voie est une lamentation réactionnaire. Témoin en est l’expérience d’un développement de deux siècles de la démocratie bourgeoise et du mouvement ouvrier dans tous les pays évolués :

« (…) dans une société capitaliste, qu’elle se développe, qu’elle soit solidement assise ou qu’elle agonise, peu importe, il ne peut exister qu’un de ces deux pouvoirs : ou bien celui des capitalistes, ou bien celui du prolétariat. Tout pouvoir intermédiaire est une chimère, toute tentative de découvrir une tierce solution aboutit à ce que les gens, mêmes s’ils sont sincères, glissent d’un côté ou de l’autre. » (225)

La dictature du prolétariat est une guerre implacable du prolétariat contre la bourgeoisie, encore plus puissante, et dont la résistance est décuplée du fait de son renversement. Cette force de la bourgeoisie réside non seulement dans la force du capital international, mais dit Lénine, aussi et surtout dans la « force de l’habitude », dans la force de la petite production. La dictature du prolétariat est une lutte opiniâtre contre les forces et les traditions de la vieille société. L’arme indispensable du prolétariat est le Parti marxiste-léniniste :

« La force de l’habitude chez les millions et les dizaines de millions d’hommes est la force la plus terrible. Sans un parti de fer, trempé dans la lutte, sans un parti jouissant de la confiance de tout ce qu’il y a d’honnête dans la classe en question, sans un parti sachant observer l’état d’esprit de la masse et influer sur lui, il est impossible de soutenir cette lutte avec succès. Celui qui affaiblit tant soit peu la discipline de fer dans le parti du prolétariat (surtout pendant sa dictature) aide en réalité la bourgeoisie contre le prolétariat. » (226)

 

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20 novembre 2020 5 20 /11 /novembre /2020 20:41

Liberté, égalité, fraternité (Partie 39)

CHAPITRE VIII

 

 

LA DICTATURE DU PROLETARIAT

 

« La question de la dictature du prolétariat est la question essentielle du mouvement ouvrier moderne dans tous les pays capitalistes. » Lénine

 

 

  1. LA DICTATURE

 

  1. HISTOIRE DE LA QUESTION DE LA DICTATURE

 

Pour approfondir la question de la dictature, il convient d’en connaître l’histoire. D’abord, à l’échelle internationale, l’histoire de la doctrine de la dictature révolutionnaire en général, et de la dictature du prolétariat en particulier, coïncide avec celle du socialisme révolutionnaire et plus précisément, avec celle du marxisme. Ensuite, et c’est le plus important, l’histoire de toutes les révolutions de la classe opprimée et exploitée contre les exploiteurs est la source principale de renseignements et de connaissances sur la question de la dictature.

L’histoire universelle démontre la nécessité de la dictature de toute classe révolutionnaire pour remporter la victoire, féodaux contre esclavagistes, capitalistes contre féodaux, prolétariat contre capitalistes. Toute chose, toute société naît, se développes et meurt. Lorsque apparaît un nouveau processus social, il est d’abord en germe : il est encore faible. Lorsque disparaît un ancien processus, il est en agonie : il a encore une certaine force, et il est encore dangereux, d’autant plus qu’il est destiné à disparaître. La dictature de la classe révolutionnaire doit permettre de protéger, de défendre et de développer le nouveau contre l’ancien.

Sur plan de la Russie, du point de vue théorique, le programme du P.O.S.D.R. (Parti ouvrier social-démocrate de Russie) élaboré en 1902-1903, avait posé la question de la dictature du prolétariat, et cela en liaison avec la lutte contre l’opportunisme (l’opportunisme de Bernstein). Mais ce qui est beaucoup plus important, c’est évidemment la façon dont la question de la dictature du prolétariat s’est posée lors de l’expérience de la révolution de Russie en 1905. Octobre, novembre, décembre, furent une période de lutte marquée par l’emploi simultané des deux moyens les plus puissants : la grève politique et l’insurrection armée. Ces deux formes de lutte ont posé par elles-mêmes l’ordre du jour de la question du pouvoir révolutionnaire et de la dictature, car :

  • ces deux formes de lutte aboutissaient inévitablement, d’abord sur le plan local, à l’expulsion des anciennes autorités, à la prise du pouvoir par le prolétariat et les classes révolutionnaires, parfois à l’occupation d’usines, etc.

  • la lutte révolutionnaire de masse de cette période fit surgir des organisations jusqu’alors inconnues dans l’histoire universelle, telles les Soviets de députés ouvriers, puis des Soviets de députés soldats, des Comités paysans, etc.

 

Lénine et les bolcheviks ont minutieusement analysé ce phénomène nouveau. Ils ont souligné que les Soviets de députés ouvriers « constituent en fait l’embryon du nouveau pouvoir révolutionnaire » et que si « ce qu’il y a de nouveau dans ce type de démocratie était encore chaotique et disparate », si ses tâches et sa structure étaient encore à définir, il n’en restait pas moins que « ce qui constitue son âme vivante c’est le passage du pouvoir aux mains des travailleurs, l’abolition de l’exploitation et de l’appareil coercitif. »

Quant aux mencheviks, courant opportuniste de la social-démocratie de Russie, ils reconnaissaient l’importance des Soviets. Ils étaient d’accord pour « contribuer à leur formation », etc. mais ne les considéraient pas comme l’embryon du pouvoir révolutionnaire, ne parlaient pas en général d’un « nouveau pouvoir révolutionnaire », de ce type ou d’un type similaire, et rejetaient délibérément le mot d’ordre de dictature. En fait, ceci montre que les mencheviks reconnaissaient la dictature du prolétariat en paroles, mais qu’en fait ils répudiaient ce qu’il y a d’essentiel et de fondamental dans la notion de révolution. Ils se révèlent par leur façon de poser le problème, des opportunistes, représentants et propagateurs de l’influence de la bourgeoisie libérale au sein du prolétariat.

Quand la révolution devient inévitable, ses adversaires commencent à la « reconnaître ». Mais en « reconnaissant » la révolution et en refusant en même temps d’admettre la dictature d’une classe déterminée (ou de plusieurs classes déterminées), ils révèlent précisément leur opportunisme. En effet, quand la révolution est déjà devenue une force indiscutable et certaine, quand les libéraux eux-mêmes la « reconnaissent », quand les classes dirigeantes non seulement constatent, mais sentent la puissance montante des masses opprimées, toute la question consiste alors à définir exactement la révolution d’UN POINT DE VUE DE CLASSE. Or sans la notion de dictature, il n’est pas possible de donner cette définition précise d’un point de vue de classe. Sans la préparation de la dictature, il est impossible d’être révolutionnaire en fait.

Par exemple, la grande Révolution française de 1789 est la prise du pouvoir de la classe bourgeoise contre la noblesse : c’est une révolution bourgeoise qui inaugure la dictature de la bourgeoisie. De même, la Révolution d’Octobre 1917 en Russie est la prise du pouvoir de la classe prolétarienne et de ses alliés contre la bourgeoisie capitaliste et impérialiste : c’est une révolution prolétarienne qui inaugure la dictature du prolétariat.

Prenons un autre exemple qui illustre les enseignements que Lénine et les bolcheviks ont tiré de l’expérience de la Révolution russe de 1905 et de la façon de poser la question de la dictature propre aux opportunistes mencheviks : les révisionnistes français du Parti « communiste » français sont des gens capables d’admettre la dictature en paroles, mais incapables de la préparer dans les faits. Ils ont démasqué leur véritable nature d’opportunistes lors du mouvement de masse de Mai 1968. Ce mouvement avait pris une ampleur pouvant imposer des changements révolutionnaires s’il avait bénéficié de la direction d’un parti révolutionnaire prolétarien, d’un parti de type nouveau, marxiste-léniniste. Les révisionnistes ont jeté deux fois une bouée de sauvetage à la bourgeoisie : la première fois, le 22 mai, les révisionnistes de la C.G.T., imposant leur point de vue aux réformistes de la C.F.D.T., se déclaraient prêts « à prendre part à de véritables négociations sur les revendications essentielles des travailleurs ». Ce furent les accords de Grenelle. La seconde fois, le même jour, Waldeck Rochet, secrétaire général du P « C » F, déclarait, afin de « légaliser » le fait que le « pouvoir gaulliste avait fait son temps, qu’il ne répondait plus aux exigences du moment et devait donc s’en aller, la parole devait être donnée au peuple ». A la violence de classe, en plein développement dans tout le pays, le dirigeant révisionniste proposait de substituer le recours à de nouvelles élections : il opposait la voie « pacifique » à la voie révolutionnaire. La bourgeoisie capitaliste discerna l’avantage décisif qu’elle pouvait tirer de ces propositions avancées et formulées sous le signe de sa propre idéologie et dans le respect de ses institutions de classe. Ainsi, l’initiative des révisionnistes aboutit-elle à freiner, puis stopper, enfin repousser le mouvement ouvrier, enfin à trahir les intérêts du prolétariat et des travailleurs aux accords de Grenelle.

Ceci montre que les révisionnistes refusent – aussi bien du point de vue théorique, que du point de vue de la propagande et de la direction politique pratique – d’envisager la révolution en France du point de vue de la classe prolétarienne, ceci en posant clairement et nettement la question de la dictature du prolétariat. C’est en fait parce qu’ils ont définitivement renoncé à la révolution prolétarienne et à la dictature du prolétariat, qu’ils ont renoncé au marxisme-léninisme en général. C’est là que gît le lièvre : ils ne se réclament plus du léninisme que du bout des lèvres pour mieux tromper les masses des travailleurs. L’un de leur argument pour faire l’économie du concept de « dictature » est le fait que depuis la « dictature » hitlérienne en Allemagne, il risque d’y avoir confusion aux yeux des gens. Mais cet argument même montre leur nature de valets de la bourgeoisie, qui considèrent la « dictature en général », qui refusent de faire une analyse de classe de la dictature.

La bourgeoisie capitaliste peut avoir recours à certains moments (luttes de classes très aiguës, crise politique et économique grave menaçant les profits de la bourgeoisie) à une domination de type fasciste. Le fascisme est une forme de la dictature de la bourgeoisie ; la démocratie bourgeoise est une deuxième forme de dictature bourgeoise. Ce qui différencie la première de la seconde, c’est d’une part, le recours permanent à la violence réactionnaire contre les classes exploitées, et d’autre part, l’accaparement du pouvoir par la fraction la plus réactionnaire de la bourgeoisie. La contradiction essentielle oppose la dictature bourgeoise et la dictature prolétarienne. Mais comme nous l’avons vu, en fait, les révisionnistes ont renoncé à la dictature du prolétariat, à la révolution prolétarienne et en définitive, à la lutte de classe. Ils ont renoncé à la lutte de classe la plus développée, celle qui se place résolument dans le domaine de la politique, et qui va à l’essentiel dans ce domaine ; c’est-à-dire l’organisation de l’Etat. Lorsque certains révisionnistes, trotskystes ou autres, parlent de « lutte des classes », ils entendent par là, qu’ils en soient conscients ou non, quelque chose de tronqué, de falsifié, quelque chose de parfaitement tolérable pour la bourgeoisie libérale.

 

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 11:54

 Liberté, égalité, fraternité (Partie 38)   

 

INTERNATIONALISME PROLETARIEN ET PATRIOTISME PROLETARIEN

 

Au nationalisme chauvin ou au chauvinisme de grande puissance, le marxisme-léninisme oppose le patriotisme prolétarien et l’internationalisme prolétarien : tous deux sont indissociables.

 

  1. L’IMPERIALISME D’ETAT

 

L’apparition et la signification du monopole d’Etat ont été clairement perçues et analysées par Engels en particulier dans l’Anti-Dühring. Le développement de la société capitaliste, de par ses lois internes pousse à la concentration des forces productives et à la socialisation croissante du travail. Ainsi apparaissent de nouvelles formes, tels les « trusts », union des gros producteurs nationaux d’une seule et même branche industrielle ; ces trusts ont pour but de réglementer la production par la détermination de la quantité à produire et la répartition de celle-ci entre eux. Bientôt ces trusts se regroupent par le fait de la concurrence entre eux, et concentrent toute une branche industrielle en une seule grande société par action :

« Dans les trusts, la libre concurrence se convertit en monopole, la production sans plan de la société capitaliste capitule devant la production planifiée de la société socialiste qui s’approche. Mais, ici, l’exploitation devient si palpable qu’il faut qu’elle s’effondre. Pas un peuple ne supporterait une production dirigée par des trusts, une exploitation à ce point cynique de l’ensemble par une petite bande d’encaisseurs de coupons. » (213)

Il apparaît alors un phénomène nouveau, la nationalisation, qui donne à l’Etat capitaliste un rôle encore plus oppressif. A la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle, le capitalisme est parvenu à son stade suprême de développement : l’impérialisme. L’essence économique de l’impérialisme, c’est la domination des monopoles ; la grande production atteint des proportions telles que la libre concurrence fait place aux monopoles. En 1917, Lénine caractérisait ainsi la situation :

« Le capitalisme mondial en est arrivé aujourd’hui, approximativement depuis le début du XX° siècle, au stade impérialiste. L’impérialisme ou époque du capital financier est ce haut niveau de développement de l’économie capitaliste où les associations monopolistes (syndicats patronaux, cartels, trusts) ont acquis une importance décisive, où le capital bancaire, parvenu à un degré extrême de concentration, a fusionné avec le capital industriel, où l’exportation du capital dans les pays étrangers a revêtu de très grandes proportions, où l’univers est déjà territorialement divisé entre les pays les plus riches et où le partage du monde entre les trusts internationaux a commencé. Les guerres impérialistes pour la domination du monde, pour les marchés du capital bancaire, pour l’étranglement des nationalités petites et faibles, sont inévitables dans cette conjoncture. Et telle est précisément la première grande guerre impérialiste, celle de 1914-1917. Le degré exceptionnellement élevé du développement du capitalisme mondial en général, la substitution du capitalisme monopoliste à la libre concurrence, la formation par les banques, et aussi par les associations de capitalistes, d’un appareil de réglementation sociale de la production et de la répartition ; la hausse des prix et l’oppression croissante de la classe ouvrière par les syndicats patronaux, en fonction du développement des monopoles capitalistes, ainsi que les immenses difficultés de la lutte économique et politique de la clase ouvrière, les horreurs, les calamités, la ruine, la barbarie engendrées par la guerre impérialiste, c’est ce qui fait que le capitalisme au degré actuel de son évolution, devient l’ère de la révolution prolétarienne, socialiste. Cette ère s’est ouverte. » (214)

Il convient de souligner deux idées dans cet exposé synthétique que Lénine proposait d’introduire dans le programme du Parti bolchevik :

  1. D’abord l’idée que s’est formé, grâce aux monopoles et surtout aux banques, « un appareil de réglementation sociale de la production et de la répartition ». C’est là un des traits les plus visibles du capitalisme monopoliste d’Etat.

  2. Ensuite l’idée que le capitalisme moderne « devient l’ère de la révolution prolétarienne socialiste ».

Ces deux idées sont indissociablement liées chez Lénine, la première impliquant la seconde comme l’indique le texte.

Mais les révisionnistes modernes ont radicalement séparés ces deux idées. Ces derniers proposent de perfectionner, dans le cadre du système capitaliste, cet « appareil de réglementation sociale de la production et de la répartition », en promettant de lui donner un contenu plus « juste » et plus « démocratique ». Par des réformes successives, et en passant par l’étape de la « démocratie avancée », ce processus conduirait pacifiquement au « socialisme ». Pour Lénine, l’impérialisme est l’ère de la révolution prolétarienne, et, en particulier, « Le capitalisme monopoliste d’Etat est la préparation matérielle la plus complète du socialisme, l’antichambre du socialisme, l’étape de l’histoire qu’aucune autre étape ne sépare du socialisme. » (215)

Pour les révisionnistes, le capitalisme monopoliste d’Etat, c’est l’époque où l’on peut faire l’économie de la révolution prolétarienne. En fait, le perfectionnement, dans le cadre laissé intact du système capitaliste, de « l’appareil de réglementation sociale de la production et de la répartition », aboutira immanquablement au renforcement du capitalisme monopoliste d’Etat, donc de l’impérialisme. Les révisionnistes prétendent que la phase du capitalisme monopoliste d’Etat est à la fois en continuité et en rupture avec la « phase précédente », celle de l’impérialisme. Les révisionnistes séparent capitalisme monopoliste d’Etat et impérialisme, Etat et monopole : le fond de la rupture serait le prétendu « nouveau rôle de l’Etat ».

Contre les révisionnistes, le marxisme-léninisme affirme que le capitalisme monopoliste d’Etat n’est rien d’autre que l’impérialisme moderne. Mao Tsetoung a théorisé cela en affirmant que nous sommes toujours à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Le capitalisme monopoliste d’Etat c’est la forme moderne de l’impérialisme, celle qui est apparue, selon Lénine, au cours de la première guerre mondiale impérialiste de 1914-1918 ; les traits fondamentaux du capitalisme d’Etat sont les traits fondamentaux de l’impérialisme : domination des monopoles et du capital financier, exportation des capitaux, partage du monde entre les pays capitalistes et lutte pour les zones d’influence.

 

  1. LA SITUATION INTERNATIONALE

 

Qu’est-ce que notre époque ? La bourgeoisie se plaît parfois à parler d’accélération de l’histoire, accumulant à plaisir les conquêtes technologiques et scientifiques. Le prolétariat parle d’accélération de la révolution et il observe ce qui se passe :

    • 1917 : les peuples de Russie secouent le joug tsariste, et créent le premier « Etat soviétique ». Ils sont rejoints en 1945 par de nombreux peuples d’Europe centrale.

    • 1949 : le peuple chinois a fait sa révolution ; depuis il n’est pas un peuple qui n’entreprenne sa lutte contre l’ennemi commun.

 

Depuis 1917, l’histoire s’accélère dans cette époque qui est encore la notre, celle de l’impérialisme agonisant,

« L’époque historique, dit Mao Tsetoung, où dans le monde entier le capitalisme et l’impérialisme courent à leur perte, où dans le monde entier le socialisme et la démocratie populaire marchent à la victoire. »

A l’issue de la Révolution d’Octobre 1917, Lénine a indiqué :

« La journée de demain, dans l’histoire mondiale, sera justement celle du réveil définitif des peuples opprimés par l’impérialisme et du commencement d’une longue et âpre bataille pour leur affranchissement. »

Ce grand jour est là, et les peuples sont effectivement entrés en lutte. Parmi eux, ceux d’Asie, d’Afrique, et d’Amérique latine combattent en premières lignes, car, dans cette zone du monde, convergent les contradictions du monde contemporain : la contradiction qui oppose nations opprimées et impérialisme, la contradiction qui oppose prolétariat et bourgeoisie dans les pays capitalistes, la contradiction qui oppose les pays capitalistes entre eux, et la contradiction qui oppose l’impérialisme et le socialisme.

L’époque qui commence avec Octobre 1917 reste notre époque ; et l’essence de l’impérialisme reste « la rivalité de plusieurs grandes puissances tendant à l’hégémonie » (Lénine).Mais les chefs de file de l’impérialisme ont changé.

L’impérialisme britannique qui contrôlait un empire où « jamais le soleil ne se couchait », est relégué au second rôle ; l’impérialisme hitlérien a été décapité par le gigantesque effort des peuples, l’Union soviétique en tête. A partir de la mort de Staline, il y a eu deux chefs de file : l’impérialisme américain et le social-impérialisme soviétique.

Sorti considérablement renforcé de la seconde guerre mondiale, l’impérialisme américain a jeté ses tentacules sur le monde entier pour le dominer. Après trente années, il a dû baisser pavillon, sans toutefois cesser de tenter son rêve d’hégémonie mondiale. Affaibli économiquement (sa part dans la production industrielle mondiale est passée de 53,3 % à 32,4 %, et les exportations de 41,3% à 16 % de 1948 à 1970) l’impérialisme américain est atteint sur le plan politique. Cette situation de déclin confirme l’analyse de 1947 de Mao Tsetoung :

« Le boom du temps de guerre aux Etats-Unis n’est que temporaire. Leur puissance n’est que superficielle et passagère. Des contradictions irréconciliables tant à l’intérieur que sur le plan international menacent quotidiennement comme un volcan l’impérialisme américain ? L’impérialisme américain est assis sur un volcan. » (216)

Le social-impérialisme est nouveau venu sur le plan international. Reniant la ligne prolétarienne, les révisionnistes ont transformé le premier Etat socialiste en un nouvel Etat impérialiste, qui renoue avec l’impérialisme des anciens tsars. C’est un impérialisme qui use des mots du socialisme et de l’amitié pour mieux dominer.

 

 

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 39)

 

  1. BOURGEOISIE NATIONALE ET BOURGEOISIE COMPRADORE

 

L’impérialisme, c’est la guerre. Il n’a, malgré les revers subi, pas changé de nature : c’est la course au profit maximum, l’expansion économique suivie de l’expansion militaire. C’est là une loi objective indépendante de la volonté des hommes. « La guerre est la continuation de la politique » (Clausewitz) : sans indépendance militaire, pas d’indépendance politique, et donc pas d’indépendance économique.

Par exemple, la politique étrangère et militaire française comporte deux aspects : d’une part la conquête et la défense de zones d’influence dans le monde et notamment en Afrique et Méditerranée, d’autre part la défense nationale proprement dite.

Pour ce qui est du premier aspect, il convient de le condamner sans réserve au nom de l’internationalisme prolétarien. Il convient, en leur accordant toute confiance, de soutenir sans réserve les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, victimes de l’impérialisme, du colonialisme et du néo-colonialisme français.

Le second aspect de la politique militaire du gouvernement des monopoles capitalistes, est la prétention de s’opposer au contrôle, aux brimades et au pillage des superpuissances : en paroles la bourgeoisie monopoliste se présente comme soucieuse de l’indépendance nationale. Mais la fraction, de la bourgeoisie compradore, la bourgeoisie monopoliste est étrangère à la nation. D’une part, elle défend ses profits, mais d’autre part elle n’est pas prête à affronter un éventuel agresseur. Le « patriotisme » bourgeois s’est confondu bien vite en France, immédiatement après la Révolution de 1789, avec le chauvinisme : il a servi jusqu’en 1918 à tromper le peuple, à faire combattre le peuple pour défendre les intérêts sordides de la bourgeoisie impérialiste.

Le patriotisme est inséparable de son contenu de classe : patriotisme bourgeois, ou patriotisme prolétarien.

    

 

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