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3 février 2020 1 03 /02 /février /2020 11:31

Liberté, égalité, fraternité (Partie 24)

 

 

  1. LE RÔLE HISTORIQUE DU PROLETARIAT

 

  1. LE DEVELOPPEMENT DES CONDITIONS OBJECTIVES DE LA REVOLUTION SOCIALISTE

 

Dans le Chapitre XXXII de la Huitième section du Livre premier du Capital, Marx rassemble les conclusions de l’étude historique et économique de l’accumulation primitive du capital.

Avant l’ère capitaliste, au moyen âge, en Angleterre tout au moins, existait la petite entreprise, ayant pour base la propriété privée des moyens de production par l’ouvrier. L’accumulation dite primitive du capital a consisté dans l’expropriation de ces producteurs immédiats, c’est-à-dire dans la dissolution de la propriété privée reposant sur le travail personnel :

« Ainsi donc ce qui gît au fond de l’accumulation primitive du capital, au fond de sa genèse historique, c’est l’expropriation du producteur immédiat, c’est la dissolution de la propriété fondée sur le travail personnel de son possesseur. » (146)

On a arraché les moyens de travail et si cela fut possible, c’est parce que la petite entreprise n’est compatible qu’avec les limites naturelles et étroites de la production du moyen age : ainsi donc, la petite production, en se développant, produit elle-même les moyens matériels de son propre anéantissement.

Il y a accroissement quantitatif d’abord, puis transformation de la quantité en qualité, progrès par bond, c’est-à-dire ici passage de la petite production féodale à la grande production capitaliste. Cet anéantissement, cette transformation des moyens de production individuels et dispersés en moyens concentrés socialement est la source du capital.

L’évolution ultérieure de cette propriété privée des moyens de travail prend une forme vivante dès la naissance du mode de production capitaliste : celle de l’appropriation privée des moyens de production et de la production dans les mains d’une minorité, et le dénuement total d’une majorité qui n’a que sa force de travail à vendre :

« Dès que ce procès de transformation a décomposé suffisamment et de fond en comble la vieille société, que les producteurs sont changés en prolétaires et leurs conditions de travail en capital, qu’enfin le régime capitaliste se soutient par la seule force économique des choses, alors la socialisation ultérieure du travail (…) en un mot, l’élimination ultérieure des propriétés privées – va revêtir une nouvelle forme. Ce qui est maintenant à exproprier, ce n’est plus le travailleur indépendant, mais le capitaliste, le chef d’une armée ou d’une escouade de salariés. » (147)

Ce qui est brièvement résumé ici, et que Marx démontre par l’histoire par ailleurs, sont les faits suivants : de même qu’autrefois la petite entreprise du mode de production féodal par son évolution a, de façon nécessaire, engendré les conditions de son anéantissement, c’est-à-dire de l’expropriation des petits producteurs, de même aujourd’hui le mode de production capitaliste a engendré également les conditions matérielles et les forces subjectives qui le feront tout aussi nécessairement disparaître. C’est un processus qui comprend des conditions matérielles et des forces sociales subjectives : l’organisation de la grande production sociale et l’organisation du prolétariat en classe et donc aussi en parti politique.

« Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd’hui contre elle. Mais la bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui la tueront, elle a produit aussi les hommes qui les manieront : les ouvriers modernes, les prolétaires. » (148)

En France, la bourgeoisie, et sous sa direction l’ensemble du peuple, a détruit par la Révolution de 1789 la vieille superstructure pourrie du mode de production féodal, et par un seul et même mouvement, elle a créé un nouveau type d’Etat, l’Etat capitaliste. Par la création de cet Etat et la destruction de l’ancien, elle s’est donnée les conditions politiques et idéologiques correspondant à ses besoins et à ses intérêts de classe.

Du point de vue de l’infrastructure (la sphère économique), la création de ce milieu « naturel » de la bourgeoisie lui a fait faire un formidable bond en avant : son développement fut si rapide qu’il a très tôt placé la bourgeoisie dans la même situation que la noblesse avant 1789, c’est-à-dire dans la situation d’une classe non seulement socialement superflue, mais encore une classe qui fait obstacle aux intérêts généraux de progrès de la société en général, une classe qui ne fait qu’encaisser des revenus sans rien produire.

Cette transformation s’est faite contre la volonté de la bourgeoisie elle-même et s’est imposée à elle contre son gré, et uniquement d’après les lois de développement interne du mode de production capitaliste et de la formation sociale. Les propres forces de production de la bourgeoisie sont devenues telles qu’elles sont trop puissantes pour obéir à la direction de la bourgeoisie, et doivent passer sous la direction du prolétariat et de la société entière. Ces forces prodigieuses poussent comme sous l’effet d’une nécessité naturelle toute la société bourgeoise au devant de sa ruine et de la barbarie de la société entière… ou d’une révolution prolétarienne.

« Les forces productives dont (la bourgeoisie) dispose ne servent plus à faire avancer le régime de la propriété bourgeoise – elles sont devenues au contraire trop puissantes elle, qui leur fait obstacle ; et toutes les fois que les forces sociales productives triomphent de cet obstacle, elles jettent dans le désordre toute la société bourgeoise et menacent l’existence de la propriété bourgeoise. Les rapports bourgeois sont devenus trop étroits pour contenir les richesses qu’ils ont créées. » (149)

Sous le régime de la bourgeoisie, tout développement nouveau, toute innovation politique ou idéologique, ne peuvent qu’accroître les inégalités et l’oppression. Cela peut durer jusqu’à ce que cette inégalité et cette oppression soient poussées jusqu’à leur comble et se transforment en leurs contraires : l’égalité et la liberté. Devant un despote que constituera la classe bourgeoise capitaliste, tout le monde sera égal, c’est-à-dire égal à zéro : le fruit sera alors suffisamment mûr pour tomber.

 

  1. LE DEVELOPPEMENT DES CONDITIONS SUBJECTIVES DE LA REVOLUTION SOCIALISTE

 

  1. LE PROLETARIAT

 

Le prolétariat est un des contraires de la contradiction fondamentale du capitalisme, nouveau processus social surgi de l’ancien processus féodal. L’autre contraire de la contradiction fondamentale est la bourgeoisie capitaliste. Le prolétariat est une classe sociale aliénée des moyens de production et obligée pour vivre de vendre sa force de travail au capital :

« Dès sa naissance, la bourgeoisie était grevée de son contraire ; les capitalistes ne peuvent pas exister sans salariés et à mesure que le bourgeois des corporations du moyen âge devenait le bourgeois moderne, dans la même mesure le compagnon des corporations et le journalier libre devenait le prolétaire. » (150)

Pour définir le prolétariat, nous allons répondre aux questions de son origine, de son rôle historique, de son développement et des armes de ce développement. Cependant de nos jours l’existence du prolétariat est mise en cause, et il convient de répondre d’abord à deux questions : le prolétariat existe-t-il encore ? Le prolétariat est-il une catégorie socioprofessionnelle ?

 

 

LE PROLETARIAT EXISTE-T-IL ENCORE ?

 

Pour avoir le droit de s’appeler « prolétaire », il n’est pas nécessaire de vivre dans les mêmes conditions que ce qu’on nommait « prolétaire » au temps de Marx. Dans un certain sens une grande partie du prolétariat industriel de nos villes d’Europe occidentale vit mieux que le prolétariat du XIX° siècle. Mais, outre que ce mieux-être, produit du travail de l’ouvrier, a été arraché par les luttes de classe du prolétariat contre la bourgeoisie capitaliste, la nature du prolétariat n’a pas fondamentalement changée. Sa situation n’a pas été fondamentalement améliorée, bien au contraire : dans une certaine mesure elle est même plus précaire. Le prolétariat continue de vendre sa force de travail pour vivre, et il ne possède qu’elle. Les conditions de sa vie sociale ne dépendent pas de lui, mais dépendent de causes extérieures à lui. A cause de cela, il ne saurait être libre, ni heureux donc : le fait que les chaînes soient « dorées » peut l’endormir pour un moment, mais quand il se réveille, il se retrouve dans les « chaînes de l’esclavage » (Marat) de la condition salariale.

 

LE PROLETARIAT EST IL UNE CATEGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE ?

 

Certains définissent le prolétariat comme étant une catégorie socioprofessionnelle : « c’est la catégorie sociale la moins rémunérée » dit-on, et on fixe arbitrairement un barème en dessous duquel toute personne peut être considérée comme appartenant à la classe ouvrière. Pour rétablir l’ « égalité », il s’agirait alors d’uniformiser les salaires. Mais le marxisme n’a jamais fait sienne cette revendication gauchiste, non scientifique, de l’uniformité des salaires, de ce pseudo égalitarisme. Marx a souligné, dans Salaire, prix et profit :

« Ce que l’ouvrier vend, ce n’est pas directement son travail, mais sa force de travail dont il cède au capitaliste la disposition momentanée (…). Les frais de production de forces de travail de qualités différentes diffèrent exactement de la même façon que les valeurs des forces de travail employées dans les diverses industries. La revendication de l’égalité des salaires repose par conséquent sur une erreur, sur un désir insensé qui ne sera jamais satisfait (…). Comme les différentes forces de travail ont des valeurs différentes, c’est-à-dire nécessitent pour leur production des quantités de travail différentes, elles doivent nécessairement avoir des prix différents sur le marché du travail. » (151)

Le prolétariat se définit en tant que classe, non par son salaire, mais par sa place par opposition aux autres classes dans les rapports sociaux. Le salaire bas par rapport à d’autres salaires est une conséquence de ces rapports sociaux. La revendication du prolétariat révolutionnaire n’est pas la suppression des inégalités de salaire, mais la suppression des inégalités de classe, c’est-à-dire la suppression des classes elles-mêmes, la suppression de l’esclavage salarié.

 

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2 février 2020 7 02 /02 /février /2020 14:13

Liberté, égalité, fraternité (Partie 23)

 

 

  1. LES CONDITIONS SUBJECTIVES DE LA REVOLUTION BOURGEOISE

 

« La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire. Là où elle prit le pouvoir elle détruisit toutes les relations féodales, patriarcales, idylliques. » (139)

 

  1. BOURGEOISIE ET FEODALITE

 

Quelle est la genèse du capitaliste et du prolétaire ? Quoique cette genèse soit commune au capitaliste et à l’ouvrier, et fondée sur la servitude de l’ouvrier, nous allons, pour les besoins de l’analyse, l’expliquer en deux temps : et d’abord quels sont l’origine, le développement et les armes de ce développement propres à la bourgeoisie ?

 

QUELLE EST L’ORIGINE DE LA BOURGEOISIE ?

 

La bourgeoisie en tant que classe sociale est née et s’est développée dans la lutte contre le féodalisme : sa base économique est comme nous l’avons vu, la socialisation de la production et l’appropriation privée des moyens de production utilisés collectivement et des produits par les capitalistes.

La bourgeoisie appartenait d’abord à un ordre opprimé par la noblesse féodale. La bourgeoisie était tributaire de la noblesse. La noblesse régnante possédait tout le pouvoir politique.

La base économique et sociale de cet ordre qui allait devenir la bourgeoisie était recrutée parmi les corvéables et les serfs de toutes catégories qui s’installaient dans les villes et formaient essentiellement la couche sociale des artisans.

 

QUEL EST LE DEVELOPPEMENT DE LA BOURGEOISIE ?

 

La tâche de la bourgeoisie était de se libérer (et de libérer l’ensemble du peuple par la même occasion) des entraves féodales et d’éliminer les inégalités féodales qui étouffaient et freinaient son développement propre. Pour ce faire, elle devait arracher le pouvoir politique à la noblesse. Lutte sans répit contre la noblesse, la bourgeoisie a conquis un poste de pouvoir après l’autre. Finalement, elle a pris le pouvoir politique sans partage dans les pays les plus avancés.

Par exemple, en Angleterre, cela s’est produit en embourgeoisant la noblesse. La bourgeoisie s’est incorporée la noblesse comme étant un de ses appendices propres.

En France, cela s’est produit en renversant directement la noblesse ; la bourgeoisie s’est émancipée économiquement et politiquement par la Révolution française de 1789 :

« Prenez la grande Révolution française. Ce n’est pas sans raison qu’on la qualifie de « grande ». Pour la classe qu’elle a servie, la bourgeoisie, elle a fait tant que tout le XIX° siècle, ce siècle qui a donné la civilisation et la culture à toute l’humanité, s’est écoulé sous le signe de la Révolution française. Dans tous les coins du monde, ce siècle n’a fait que mettre son œuvre, réaliser par parties, parachever ce qu’avaient créé les grands révolutionnaires de la bourgeoisie française dont ils servaient les intérêts sans en avoir conscience, sous le couvert de phrases sur la liberté, l’égalité et la fraternité. » (140)

 

QUELLES FURENT LES ARMES DE LA BOURGEOISIE ?

 

Si la bourgeoisie est parvenue à conquérir le pouvoir économique c’est grâce à la transformation de l’état économique de la société entière. Ses armes décisives furent ses moyens de puissance économiques ; ceux-ci se développaient et s’accroissaient sans cesse par le développement de l’industrie artisanale d’abord, ensuite par le développement de la manufacture et l’extension du commerce. Pendant toute cette lutte, la puissance politique était surtout du côté de la noblesse.

Par exemple, en France, il n’y avait pas eu de changement dans les conditions politiques : mais l’état économique s’était largement transformé et cette transformation se poursuivait sans arrêt. Bientôt la situation économique créée était trop avancée par rapport aux conditions politiques existantes. C’est ce qu’exprime le slogan politique de l’abbé Sieyès : »Qu’est-ce que le tiers-état ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent ? Rien. Que demande-t-il ? A devenir quelque chose. » Au point de vue politique, la noblesse était tout et la bourgeoisie n’était rien. Au point de vue social, la bourgeoisie était devenue la classe la plus importante de l’Etat, alors que la noblesse avait au fur et à mesure vu lui échapper ses fonctions sociales l’une après l’autre. De plus la production était restée prisonnière des anciennes formes politiques féodales du moyen âge. Celles-ci apparaissaient maintenant comme rétrogrades. La production, par le développement prodigieux des forces productives qu’elle avait connu par la manufacture, était devenue trop grande pour ces vieilles formes politiques, adaptées à la petite production du moyen âge. La grande production était restée prisonnière des privilèges corporatifs et des barrières locales et provinciales. C’étaient là autant de brimades et d’entraves auxquelles la révolution bourgeoise mit fin. La transformation de l’état économique sous la direction de la bourgeoisie devait être suivie à un moment ou à un autre, de façon plus « pacifique » comme en Angleterre, ou par la lutte révolutionnaire comme en France, par une transformation des situations politiques. Ainsi la Révolution française de 1789 est la résolution de la contradiction entre le développement des forces productives et les rapports de production féodaux maintenus par la noblesse. La bourgeoisie les a remplacé par les siens propres, c’est-à-dire correspondant à ses intérêts de classe, la « liberté » bourgeoise et la « démocratie » bourgeoise :

« Quiconque considère l’histoire de façon consciente dira que la Révolution française, bien qu’écrasée, a quand même triomphé, parce qu’elle a donné au monde entier les assises de la démocratie bourgeoise, de la liberté bourgeoise qui ne pouvaient plus être éliminées. » (141)

La bourgeoisie avait pour alliée l’ensemble des classes opprimées par le féodalisme (le « tiers-état ») et la partie la plus consciente de l’aristocratie. Les philosophes des lumières, tels Voltaire, Rousseau, Diderot, D’Holbach, Helvétius…, avaient préparé par une lutte idéologique cette transformation, cette révolution capitaliste, cet avènement de la classe bourgeoise, en luttant contre l’idéologie passée (christianisme officiel, superstitions, obscurantisme). Ils préparaient le règne de la bourgeoisie en l’idéalisant sous la forme d’une lutte inconciliable entre la Raison, les « lumières » et les obscurantismes religieux, politiques et autres. Mais :

« Nous savons aujourd’hui que ce règne de la raison n’était rien d’autre que le règne idéalisé de la bourgeoisie, que la justice éternelle trouva sa réalisation dans la justice bourgeoise ; que l’égalité aboutit à l’égalité bourgeoise devant la loi ; que l’on proclama comme l’un des droits essentiels de l’homme … la propriété bourgeoise ; et que l’Etat rationnel, le contrat social de Rousseau ne vint au monde, et ne pouvait venir au monde, que sous la forme d’une République démocratique bourgeoise. » (142)

 

  1. BOURGEOISIE ET PROLETARIAT

 

Voilà donc le rôle de la bourgeoisie : elle a en tant que classe, dans un seul et même mouvement, d’une part libéré l’ensemble de la société des entraves féodales et éliminé les inégalités féodales, et d’autre part instauré la servitude salariale des autres classes en général, de la société en instituant « l’égalité des droits » (l’égalité bourgeoise). Ainsi, le nouveau mode de production capitaliste portait en lui-même dès sa naissance la contradiction entre un travailleur « libre » mais coupé (« aliéné ») des moyens de production, et le capitaliste qui a la propriété privée des moyens de production, contradiction entre le développement des forces productives de plus en plus sociales et les rapports de production, contradiction entre une minorité de capitalistes propriétaires des moyens de production et des produits et une majorité dépourvue de tout.

« Cependant, on le sait, à compter de l’instant où la bourgeoisie sort de sa chrysalide de bourgeoisie féodale, où l’ordre médiéval se mue en classe moderne, elle est sans cesse et inévitablement accompagnée de son ombre le prolétariat. Et de même, les revendications bourgeoises d’égalité sont accompagnées de revendications prolétariennes d’égalité. De l’instant où est posé la revendication bourgeoise d’abolition des privilèges de classe, apparaît à côté d’elle la revendication prolétarienne d’abolition des classes elles-mêmes. (…) Les prolétaires prennent la bourgeoisie au mot : l’égalité ne doit pas seulement être établie en apparence, seulement dans le domaine de l’Etat, elle doit l’être aussi réellement dans le domaine économique et social (…) Le contenu réel de la revendication prolétarienne d’égalité est la revendication de l’abolition des classes. » (143)

 

Nous allons donc analyser maintenant de quelle façon le développement de la contradiction au sein du mode de production et de la formation sociale capitaliste (exploiteurs – exploités ; bourgeoisie – prolétariat) vise à faire de la bourgeoisie elle-même un obstacle social, comment le prolétariat accomplit son rôle qui est d’éliminer cet obstacle social, et comment ce rôle lui est attribué par sa situation sociale objective dans le mode de production.

  1. « (…) la grande industrie moderne a créé un prolétariat, une classe qui, pour la première fois dans l’histoire, peut revendiquer l’abolition non pas de tel ou tel privilège de classe particulier ou de telle ou telle organisation de classe particulière, mais des classes en général et qui est placé devant l’obligation de réaliser cette revendication sous peine de tomber dans la condition du coolie chinois. »

  2. « (…) la même grande industrie a créé dans la bourgeoisie une classe qui a le monopole de tous les instruments de production et moyens de subsistance, mais qui, dans toute période de fièvre de la production, prouve qu’elle est devenue incapable de continuer à régner sur les forces productives qui échappent à sa puissance ; classe sous la conduite de laquelle la société court à sa ruine… » (144)

 

Il s’agit d’analyser le processus qui a fait notre époque moderne, processus qui vise à transformer l’aspect principal de la contradiction, la bourgeoisie, en aspect secondaire et inversement, à transformer l’aspect secondaire, le prolétariat, en aspect principal : c’est-à-dire la nécessité inéluctable de la révolution prolétarienne et de la prise du pouvoir par le prolétariat. Dans cette perspective, le prolétariat, adossé aux autres couches et classes populaires, et à leur tête, est la seule force humaine qui soit capable de contrôler le déroulement de l’histoire, de le prendre en charge et d’empêcher l’écroulement dans la barbarie d’une civilisation qui se détruit elle-même. En ce sens, il existe un intérêt général de l’humanité. Mais il s’identifie aux intérêts de la classe montante : aujourd’hui, le prolétariat. Il existe aussi un intérêt général du capitalisme. Il s’identifie aux intérêts de la classe bourgeoise : aujourd’hui il mène à dépolitiser les masses populaires, à les écarter de toute action violente, de tout affrontement avec l’Etat :

« La société ne peut plus vivre sous la domination (de la bourgeoisie) : c’est dire que l’existence de la bourgeoisie n’est plus compatible avec l’existence de la société. » (145)

 

La question : « comment se produit ce processus ? » devient alors la question : « qu’est-ce que le prolétariat ? ». Pour le définir il est indispensable d’en connaître et d’en étudier la genèse, c’est-à-dire sa formation progressive. Il s’agit ici d’esquisser la formation théorique et pratique du prolétariat. Cette formation tout comme la formation de la bourgeoisie, n’échappe pas à la loi du matérialisme dialectique : bourgeoisie et prolétariat forment l’unité de deux contraires. La question peut se subdiviser pareillement que la question concernant la bourgeoisie : quelle est l’origine, quels sont le développement et le rôle historique du prolétariat ?

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1 février 2020 6 01 /02 /février /2020 14:42

Liberté, égalité, fraternité (Partie 22)

 

CHAPITRE III

 

 

 

LE PROLETARIAT

 

 

 

« Marx et Engels enseignaient que le prolétariat industriel est la classe la plus révolutionnaire et, par conséquent la classe la plus avancée de la société capitaliste ; que seule une classe comme le prolétariat peut rallier autour d’elle toutes les forces qui sont mécontentes du capitalisme, et les mener à l’assaut du capitalisme. Mais pour vaincre le vieux monde et créer une société nouvelle, sans classes, le prolétariat doit avoir son propre parti ouvrier, que Marx et Engels appelaient parti communiste. » Staline

 

 

 

 

 

 

Dans la formation sociale où domine le mode de production capitaliste le sort du prolétariat apparaît indissociablement lié au sort de la bourgeoisie. Les deux classes se définissent par opposition l’une à l’autre.

L’acte de naissance du prolétariat et de la bourgeoisie, en tant que classes antagonistes, est le même : c’est la révolution bourgeoise et la destruction du mode de production féodal. Dès lors les rapports de la bourgeoisie au prolétariat sont des rapports de classe dominante à classe dominée, d’exploiteurs à exploités, d’oppresseurs à opprimés.

Le prolétariat s’éduque en menant sa lutte de classe contre la bourgeoisie, par le socialisme scientifique et par le développement de la grande industrie moderne.

 

  1. LE RÔLE HISTORIQUE DE LA BOURGEOISIE

 

Dans la phase ascendante de la classe bourgeoise, son rôle historique fut éminemment révolutionnaire, c’est-à-dire que la révolution bourgeoise a marqué un progrès de la lutte de classe. Les tâches accomplies alors par la bourgeoisie furent :

« … la destruction effectivement révolutionnaire de la féodalité qui avait fait son temps, l’adoption par le pays tout entier avec une promptitude, une résolution, une énergie et une abnégation vraiment démocratiques et révolutionnaires d’un mode supérieur de production, la libre possession du sol par les paysans. » (130)

Quelles furent les conditions objectives et les forces subjectives qui permirent la complète réalisation de ces tâches à la bourgeoisie ?

 

  1. LES CONDITIONS OBJECTIVES DE LA REVOLUTION BOURGEOISE

 

  1. LE MOYEN ÂGE

 

Avant la production capitaliste, c’est-à-dire au moyen âge, où le mode de production féodal était déterminant, on est en présence partout de la petite production. Cette petite production est fondée par la propriété privée des travailleurs sur leurs moyens de travail différents artisanats dans les villes. Les moyens de travail (la terre, les instruments aratoires pour les petits paysans ; l’atelier, les outils pour les artisans) étaient les moyens de travail de l’individu : ils étaient calculés pour un usage individuel. Donc ils étaient nécessairement limités, se réduisant à peu de choses : et pour cette raison même, ils appartenaient au producteur lui-même.

Donc la féodalité se caractérise en général par des moyens de travail limités, individuels et propriété privée des travailleurs.

 

  1. LA REVOLUTION CAPITALISTE

 

Le rôle historique du mode de production capitaliste, et de la classe qui en est le support, la bourgeoisie, a été de concentrer et d’élargir les moyens de production jusque là dispersés et étriqués. Ces moyens de production se sont développés sous le règne de la bourgeoisie jusqu’à devenir les moyens de la production que nous connaissons actuellement :

« Une multitude d’ouvriers fonctionnant en même temps sous le commandement du même capital, dans le même espace (ou si l’on veut, sur le même champ de travail), en vue de produire le même genre de marchandises, voilà le point de départ historique de la production capitaliste. » (131)

Dans la quatrième section du livre premier du Capital, Marx décrit dans les moindres détails la façon dont la bourgeoisie s’est acquittée de cette tâche, depuis le XV° siècle, en passant par trois formes :

  • La coopération simple ;

  • La manufacture ;

  • La grande industrie.

 

Mais comme Marx le prouve dans ce même endroit, la bourgeoisie ne pouvait pas transformer les moyens de travail limités de l’individu du moyen âge en puissantes forces productives sans transformer aussi ces moyens de production limités de l’individu du moyen âge en moyens de production sociaux, utilisables seulement par un ensemble d’hommes :

« …L’emploi d’un personnel nombreux amène une révolution dans les conditions matérielles du travail. (…) Les moyens de production servent à plusieurs ouvriers simultanément : leur usage devient commun. » (132)

Ainsi, la concentration et l’élargissement des moyens de production font que ceux-ci sont exploités collectivement. Par exemple là où on trouvait : le rouet, le métier à tisser, le marteau du forgeron, sont apparus : la machine à filer, le métier mécanique, le marteau à vapeur. Ces nouveaux instruments, qui remplacent l’outil de l’artisan individuel, ne peuvent être exploités que collectivement. Ainsi, au lieu de l’atelier individuel, est née la fabrique qui commande la coopération de centaines de milliers d’hommes.

Les deux aspects de la fabrique sont définis ainsi par Lénine :

« La fabrique, qui à d’aucuns semble seulement un épouvantail, est la forme supérieure de la coopération capitaliste, qui a groupé, discipliné le prolétariat, qui a enseigné l’organisation, qui l’a mis à la tête de toutes les catégories de la population laborieuse et exploitée. C’est le marxisme, idéologie du prolétariat éduqué par le capitalisme, qui a enseigné et enseigne, (…) la différence entre le côté exploiteur de la fabrique (discipline reposant sur la crainte de mourir de faim), et son côté organisateur (discipline reposant sur le travail en commun résultant d’une technique hautement développée). » (133)

De même que les moyens de production, la production elle-même se transforme d’une série d’actes individuels en produits sociaux. C’est-à-dire le fil, le tissu, la quincaillerie qui sortent de la fabrique sont le produit collectif de nombreux ouvriers réunis : ces produits avant d’être finis passaient par les mains de chaque ouvrier. Le produit est un produit social et aucun des ouvriers particuliers ne peut le revendiquer comme étant le sien.

Alors qu’au moyen âge, les produits de l’artisan ou du paysan étaient leurs produits propres, individuels, dans le mode de production capitaliste, les produits sont ceux d’un travailleur collectif, la production est sociale. Dans le premier cas, l’artisan et le paysan produisent des marchandises, dans le second cas, ce n’est pas l’ouvrier individuel qui produit des marchandises, mais le travailleur collectif.

« Mais qu’est-ce qui constitue le rapport entre les travaux indépendants (de l’artisan ou du paysan) ? C’est que leurs produits respectifs sont des marchandises. Et qu’est-ce qui caractérise au contraire la division manufacturière du travail ? C’est que les travailleurs parcellaires ne produisent pas de marchandises. Ce n’est que leur produit collectif qui devient marchandise. » (134)

La production individuelle (artisanale ou agricole) succombera dans un domaine après l’autre, et la production sociale révolutionnera tout le vieux mode de production féodal : d’un côté, production sociale des produits, de l’autre côté, production individuelle des produits, d’un côté, travail social, de l’autre côté, travail isolé. L’aspect positif de la révolution bourgeoise est d’avoir substitué la production sociale à la production individuelle, le travail social au travail isolé.

 

  1. LES LIMITES DE LA REVOLUTION BOURGEOISE

 

Quel est l’aspect négatif de la révolution bourgeoise ?

« Le mode de production capitaliste se présente comme une nécessité historique pour transformer le travail isolé en travail social ; mais, entre les mains du capital, cette socialisation du travail n’en augmente les forces productives que pour l’exploiter avec plus de profit. » (135)

A quoi cela est-il dû ?

Au moyen âge, la propriété des produits reposait sur le travail personnel. C’est-à-dire le paysan, ou l’artisan, fabriquait son produit à l’aide de matières premières qui lui appartenaient, à l’aide de ses propres moyens de travail et de son propre travail manuel (ou de celui de sa famille).

Avec l’apparition du mode de production capitaliste, caractérisé par la production sociale des produits, à l’aide de moyens de production sociaux (machine à filer, métier mécanique, marteau à vapeur), moyens de production utilisés par un ensemble d’hommes réuni dans les fabriques (travail social), on traite moyens de production et produits comme s’ils étaient restés moyens de production et produits d’individus (la classe capitaliste).

Il convient de saisir la différence entre les deux formes d’appropriation du produit.

L’artisan du moyen âge, possesseur de ses moyens de travail, s’approprie le produit parce que, en général, c’est son produit : il est dû à son travail individuel.

Dans le mode de production capitaliste, le possesseur des moyens de travail continue à s’approprier le produit, alors que ce n’est pas le sien propre, mais qu’il est dû au travail d’autrui : le produit, créé socialement n’est pas approprié par le travailleur qui a mis en œuvre les moyens de production sociaux et a réellement fabriqué le produit mais il est approprié par le capitaliste.

 

Il y a contradiction entre le caractère social des moyens de production et la production, et une appropriation privée qui présuppose la production privée d’individus, et la propriété privée des produits. Alors que les conditions de l’appropriation privée ont disparu, on continue d’assujettir le mode de production à celle-ci.

Cette contradiction donne au nouveau mode de production son caractère capitaliste (production sociale -- appropriation capitaliste). Dans cette contradiction est en germe toute la grande collision actuelle entre exploiteurs et exploités, bourgeois et prolétaires. Au fur et à mesure où le nouveau mode de production arrivait à dominer dans tous les secteurs et réduisait la production individuelle à quelques restes, cette incompatibilité entre la production sociale par les travailleurs et l’appropriation privée par les capitalistes apparaissait de plus en plus aiguë. C’est cette contradiction qui constitue la base des transformations du mode de production lui-même :

« La seule voie réelle, par laquelle un mode de production et l’organisation sociale qui lui correspond changent, marchent à leur dissolution et à leur métamorphose, est le développement de leurs antagonismes immanents. » (136)

 

Nous avons vu l’aspect positif de la révolution bourgeoise : la transformation du travail isolé en travail social. Nous avons ici l’aspect négatif : l’appropriation privée par le capitaliste de la production sociale. Lénine a admirablement résumé ces deux aspects du capitalisme :

« Le capitalisme est progressif, car il détruit les anciens modes de production et développe les forces productives ; mais en même temps, à un certain degré de développement, il entrave la croissance des forces productives ? Il développe, il organise, il discipline les ouvriers, et il pèse, il opprime, il conduit à la dégénérescence, à la misère, etc. Le capitalisme crée lui-même son fossoyeur, il crée lui-même les éléments d’un régime nouveau et, en même temps, sans « bonds », ces éléments isolés ne changent rien à l’état de chose général, ne touchent pas la domination du capital. Ces contradictions de la vie réelle, de l’histoire vivante du capitalisme et du mouvement ouvrier, le marxisme, comme théorie du matérialisme dialectique, s’entend à les interpréter. » (137)

D’un côté, l’avènement de la bourgeoisie s’est fait par une lutte victorieuse contre la féodalité et le pouvoir féodal avec ses privilèges, et le régime corporatif qui empêchait le libre développement de la production et la libre exploitation de l’homme par l’homme.

De l’autre côté, le progrès qu’accomplit cette lutte victorieuse ne fait que transformer la forme de l’asservissement, ne fait que métamorphoser l’exploitation féodale en exploitation capitaliste.

A noter que, très rapidement après la naissance du système capitaliste, l’aspect négatif l’a emporté sur l’aspect positif.

« L’ensemble du développement embrassant à la fois la genèse du salarié et celle du capitaliste, a pour point de départ la servitude des travailleurs. » (138)

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31 janvier 2020 5 31 /01 /janvier /2020 10:27

Liberté, égalité, fraternité (Partie 21)

 

 

        1. LES FORMES CONTEMPORAINES DE L’ETAT

 

Il n’existe plus, ou seulement de manière tout à fait exceptionnelle, d’Etats caractéristiques du type de société esclavagiste. Les Etats de type féodal tendent à disparaître. Mao Tsetoung écrivait en 1939 :

« Les nombreux régimes d’Etats qui existent dans le monde peuvent donc être ramenés à trois types fondamentaux, d’après le caractère de classe du pouvoir politique :

a) La république de dictature bourgeoise ;

b) La république de dictature prolétarienne ;

c) La république de dictature conjointe de plusieurs classes révolutionnaires. »

Il y a donc : l’Etat capitaliste, l’Etat socialiste et l’Etat de démocratie nouvelle.

 

  1. L’ETAT CAPITALISTE

 

Il assure la domination de la classe bourgeoise sur le prolétariat, sous trois formes essentielles : la monarchie, la démocratie bourgeoise et le fascisme :

« En expliquant le caractère de classe de la civilisation bourgeoise, de la démocratie bourgeoise, du parlementarisme bourgeois, tous les socialistes ont exprimé cette idée, formulée de la manière la plus scientifique par Marx et Engels, à savoir que la république bourgeoise la plus démocratique n’est rien d’autre qu’un appareil permettant à la bourgeoisie de réprimer la classe ouvrière, permettant à une poignée de capitalistes d’écraser les masses laborieuses. » (122)

La monarchie absolue correspondait autrefois à une société de type féodal. La monarchie est devenue « libérale », « éclairée », ou « parlementaire » quand elle est devenue une forme étatique capitaliste (exemple actuel : l’Etat en Grande Bretagne a une monarchie parlementaire.)

La démocratie bourgeoise a institué le « suffrage universel ». Elle est née d’abord en France par la Révolution démocratique du 14 juillet 1789. Elle est, par excellence, une forme étatique du capitalisme usant des tromperies du parlementarisme et de l’électoralisme.

Le fascisme est une forme étatique du capitalisme qui assure, selon Dimitrov « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier. »

 

Ces trois formes de l’Etat assurent la dictature de la bourgeoisie :

« Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière. »

« L’Etat moderne, quelle que soit la forme, est une machine essentiellement capitaliste : l’Etat des capitalistes est le capitalisme collectif en idée. » (123)

 

La France contemporaine vit dans une démocratie bourgeoise en voie de fascisation. L’Etat est engagé dans un processus destiné à permettre la substitution éventuelle du fascisme à la forme démocratique bourgeoise actuelle. Cette éventualité aurait pour but d’opposer, en cas de nécessité, un Etat plus efficace dans la défense des privilèges et de la domination de la bourgeoisie, attaquée par la montée du mouvement révolutionnaire. La crise générale en cours du capitalisme français et mondial, crée des conditions historiques comportant cette hypothèse … ou la révolution prolétarienne.

 

  1. L’ETAT SOCIALISTE

 

Il assure la domination du prolétariat sur la bourgeoisie. Sa fonction historique est d’assurer l’étape transitoire du capitalisme au communisme. A ce sujet, Lénine a indiqué dans L’Etat et la Révolution :

« Le passage du capitalisme au communisme ne peut évidemment pas ne pas fournir une énorme abondance et diversité de formes politiques mais leur essence sera inévitablement une : la dictature du prolétariat. » (124)

Jusqu’à aujourd’hui, la dictature du prolétariat garantie par l’Etat socialiste, a « fourni » trois formes historiques : la Commune de Paris, le pouvoir des Soviets, et la démocratie populaire.

 

La Commune de Paris institua en effet la première forme d’Etat de dictature du prolétariat. Mais, à son époque, n’existait pas encore un parti révolutionnaire spécifiquement prolétarien. Son Etat souffrait gravement de la direction anarchique de plusieurs partis, révolutionnaires, certes, mais qui ne disposaient ni du contenu de classe, ni des structures, ni du fonctionnement d’un authentique parti du prolétariat.

 

Le pouvoir des Soviets a constitué la forme étatique supérieure de la dictature du prolétariat dirigée par un seul parti, le parti du prolétariat, parti nouveau, créé et édifié par Lénine et Staline.

 

La démocratie populaire a exercé « les fonctions de la dictature du prolétariat » (Dimitrov). Elle est apparue, dans des conditions particulières, après la victoire de la révolution anti-impérialiste et anti-colonialiste en Asie, comme après la victoire de la guerre de libération nationale contre le nazisme et le fascisme en Europe. Dans un Etat de démocratie populaire, la dictature du prolétariat s’exerce sous la direction du parti de la classe ouvrière, s’appuyant sur une alliance avec des partis ou groupements représentant d’autres classes ou couches sociales, comme par exemple la paysannerie pauvre et moyenne ou la bourgeoisie nationale.

 

  1. LA DEMOCRATIE NOUVELLE

 

Le régime d’Etat de la démocratie nouvelle est une forme d’Etat transitoire entre l’Etat capitaliste et l’Etat socialiste. Il est apparu dans la phase précédant la démocratie populaire, dans des pays jusque-là dominés par l’impérialisme, le colonialisme et le fascisme. Il assure la « dictature conjointe de plusieurs classes anti-impérialistes ». Il a été théorisé par Mao Tsetoung dans le cas particulier de la Chine. Le Vietnam du Nord a connu aussi une phase de démocratie nouvelle, tout comme plusieurs pays d’Europe centrale et orientale immédiatement après la fin de la deuxième guerre mondiale. Dans le cas de ces derniers pays, Jdanov qualifia, en 1947, leur système de « nouvelle démocratie ». Mao Tsetoung a aussi employé la formule « démocratie populaire ». Il convient donc d’éviter toute erreur assimilant une démocratie populaire, dictature conjointe de plusieurs classes, et une démocratie populaire, assurant la fonction de la dictature du prolétariat. Ce sont deux formes étatiques différentes.

 

La forme étatique de la dictature du prolétariat instaurée dans un pays où la révolution socialiste a brisé un Etat subordonné au capitalisme monopoliste (donc parvenu au stade capitaliste monopoliste d’Etat) n’a pas encore fait l’objet d’une seule expérience concrète. Sa théorisation reste donc difficile à élaborer sinon impossible.

 

  1. L’APPORT DE LA COMMUNE DE PARIS A LA THEORIE MARXISTE DE L’ETAT

 

En 1847, Marx et Engels avaient découvert que la lutte de classes constitue le moteur de l’histoire. Mais l’expérience de la Commune de Paris fournit à Marx la démonstration que « la classe ouvrière ne peut pas simplement s’emparer de la machine d’Etat toute prête et la mettre en marche pour la faire servir à ses propres fins… » Comme l’indiquait le Manifeste du parti communiste. Dans la Guerre civile en France (1871) et à l’occasion des lettres ou préfaces concernant cet ouvrage sur la Commune de Paris, Marx développa l’idée que la classe ouvrière doit briser, démolir « la machine d’Etat toute prête » et ne pas se borner simplement à s’en emparer.

Lénine, dans L’Etat et la Révolution préserva et développa cette idée fondamentale de Marx :

« « Briser la machine bureaucratique et militaire », c’est en ces mots que se trouve brièvement exprimée la principale leçon du marxisme sur les tâches du prolétariat dans la révolution à l’égard de l’Etat. » (125)

Mao Tsetoung assigna les tâches de la révolution d’une manière encore plus claire si possible :

« La tâche centrale et la forme suprême de la révolution c’est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c’est résoudre le problème par la guerre. Ce principe révolutionnaire du marxisme-léninisme est valable partout. » (126)

Et par quoi remplacer la machine d’Etat démolie ? La République prolétarienne socialiste de la Commune de Paris avait commencé à créer un Etat dont « le premier décret… supprima l’armée permanente et la remplaça par le peuple en arme », puis supprima toute la « bureaucratie », remplaça le parlementarisme par « une assemblée non parlementaire mais agissante, ayant en même temps le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ». Lénine dit :

« La Commune est la première tentative faite par la révolution prolétarienne pour briser la machine d’Etat bourgeoise, c’est la forme politique « enfin trouvée » par quoi l’on peut remplacer ce qui a été brisé… les révolutions russes de 1905 et de 1917, dans une situation différente, en d’autres conditions, continuent l’œuvre de la Commune et confirment la géniale analyse historique de Marx. » (127)

Cette forme du premier Etat prolétarien de l’histoire fut, en 1871, la première expérience de dictature du prolétariat

 

  1. CRITIQUES DES THEORIES NON-PROLETARIENNES DE L’ETAT

 

  1. Le révisionnisme renonce à la dictature du prolétariat.

Critiquant les sociaux-démocrates de la Deuxième Internationale, les révisionnistes de l’époque, Lénine précisait en 1917, peu avant la Révolution :

« Celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat. » (128)

Ce critère fondamental permet de nos jours de démasquer les révisionnistes modernes comme représentants de la bourgeoisie au même titre qu’hier le furent par Lénine tous les opportunistes et réformistes comme Kautsky et Bernstein.

Par exemple Khrouchtchev et ses successeurs ont prétendu parvenir au communisme dans un bref délai. En s’appuyant sur cette fanfaronnade, ils ont avancé leur théorie révisionniste de l’ « Etat du peuple tout entier », se substituant à la dictature du prolétariat. Mais ce ne fut là qu’un stratagème pour permettre à une nouvelle bourgeoisie d’usurper, après la mort de Staline, le pouvoir soviétique, de le transformer dans le sens de sa domination et de ses intérêts de classe opposés à ceux de l’immense prolétariat soviétique. Et finalement, ils ont établi de nouveau la dictature de la bourgeoisie sous une forme étatique « sociale fasciste ».

 

  1. L’anarchisme

Les anarchistes veulent limiter la révolution à briser l’Etat de la bourgeoisie sans le remplacer par la dictature du prolétariat.

Cette attitude erronée correspond à leur méconnaissance théorique de l’origine et de la nature de l’Etat, instrument de domination d’une classe sur une autre classe opprimée. Elle revient à supposer qu’après la révolution disparaissent les antagonismes de classes et les classes elles-mêmes, alors qu’en réalité ce processus est infiniment plus complexe et plus long et ne disparaîtra pas, jusqu’au communisme.

Les anarchistes veulent instaurer une société « sans classe », mais ils ne s’en donnent nullement les moyens car, pour démolir, briser l’Etat de la bourgeoisie, il faut d’abord instaurer la force capable de mener cette tâche historique jusqu’au bout, c’est-à-dire la dictature du prolétariat. La révolution prolétarienne ne peut se passer de l’Etat de dictature du prolétariat pour accomplir complètement la destruction de l’Etat bourgeois.

 

  1. LE COMMUNISME ET LE DEPERISSEMENT DE L’ETAT

 

Marx qualifie le socialisme de « première phase de la société communiste ». Pendant cette phase qui assure la transition du capitalisme au communisme, subsiste l’Etat. Les expériences d’édification du socialisme, expériences victorieuses en Union soviétique et en République populaire de Chine, nous montrent que l’étape du socialisme est longue et ardue ; pendant cette période, la bourgeoisie ne se tient jamais pour battue, et la réaction essaye de prendre sa revanche de l’intérieur (révisionnisme) ou de l’extérieur (encerclement impérialiste). Dans toute cette période, le problème consiste à faire régner l’idéologie prolétarienne.

Par sa victoire, la Grande Révolution Prolétarienne Culturelle en Chine a incrusté plus solidement l’Etat de dictature du prolétariat. La voie suivie par cet Etat socialiste est fondamentalement inverse de la voie suivie par Khrouchtchev et ses successeurs, qui ont essayé et réussi à diluer la dictature du prolétariat dans un « Etat du peuple tout entier ».

Donc, l’Etat socialiste (dictature du prolétariat) assure la démocratie pour l’immense majorité du peuple et réprime par la force les exploiteurs et oppresseurs du peuple ; il assure aussi l’hégémonie prolétarienne par la refonte idéologique, morale et culturelle de l’homme. Engels s’exprime à ce sujet en écrivant :

« Tant que le prolétariat a besoin de l’Etat ce n’est point pour la liberté mais pour réprimer ses adversaires et le jour où l’on pourra parler de liberté il n’y aura plus d’Etat. » (129)

« Seul le communisme rend l’Etat superflu – écrit Lénine – car il n’y a alors personne à réprimer, « personne » dans le sens de classe, dans le sens de lutte systématique contre une partie déterminée de la population. »

 

 

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30 janvier 2020 4 30 /01 /janvier /2020 22:50

Liberté, égalité, fraternité (Partie 20)

 

 

CHAPITRE II

 

 

 

NATURE DE CLASSE DE L’ETAT

 

 

 

«  « Briser la machine bureaucratique et militaire », c’est en ces mots que se trouve brièvement exprimée la principale leçon du marxisme sur les tâches du prolétariat dans la révolution à l’égard de l’Etat. ». Lénine.

 

Pour saisir la conception et l’attitude marxiste par rapport au problème de l’Etat, il faut résoudre les questions suivantes : Qu’est-ce que l’Etat ? Quel est son rôle ? Comment se manifeste-t-il ? Quelles sont les diverses formes qu’il a prises aujourd’hui ? C’est là une application du matérialisme dialectique à un problème particulier, celui de l’Etat : il s’agit par-delà les apparences de définir la nature, la genèse et le rôle de l’Etat.

 

1) QU’EST - CE QUE L’ETAT ?

 

L’Etat n’a pas toujours existé : il y a eut des sociétés qui se sont passées de l’Etat ou du pouvoir d’Etat. Selon les connaissances actuelles de l’histoire de la société humaine le premier type de société a été la « commune primitive » (la mark germanique, les plus vieilles communautés aux Indes). Alors n’existaient pas encore de classes différentes. Les hommes vivaient en familles patriarcales, encore appelées « clan » ou « tribu ». Ce communisme primitif fait l’objet d’une partie de l’œuvre fondamentale de Friedrich Engels : Les origines de la famille, de la propriété privée et de l’Etat.

« Tels les hommes sortent primitivement du règne animal, tels ils entrent dans l’histoire : encore à demi animaux grossiers, impuissants encore en face des forces de la nature, ignorants encore de leurs propres forces ; par conséquent, pauvres comme les animaux et à peine plus productifs qu’eux, il règne une certaine égalité des conditions d’existences et, pour les chefs de famille, aussi une sorte d’égalité dans la position sociale, -- tout au moins une absence de classes sociales --, qui continue dans les communautés agraires naturelles des peuples civilisés ultérieurs. » (116)

La division du travail est à l’origine de la division de la société en classes. Ainsi, l’Etat est-il un « produit des antagonismes de classes inconciliables » (Lénine). C’est en effet lorsque les antagonismes de clases ne purent plus être « conciliés » qu’apparut la nécessité d’une force capable d’imposer non la conciliation, mais la domination d’une classe sur l’autre. L’Etat est donc « un instrument d’exploitation de la classe opprimée » (Lénine).

« (L’Etat) apparaît là et au moment où se manifeste la division de la société en classes, quand apparaissent exploiteurs et exploités. » (117).

Voilà pourquoi, dans le langage courant, on peut parler d’Etat esclavagiste, d’Etat féodal, d’Etat capitaliste. Ce dernier, qu’on appelle aussi l’Etat bourgeois, assure la domination de la bourgeoisie sur le prolétariat et constitue un instrument d’exploitation du prolétariat par la bourgeoisie.

« L’Etat, c’est une machine destinée à maintenir la domination d’une classe sur une autre. (…) L’Etat est une machine qui permet à une classe d’en opprimer une autre, une machine destinée à maintenir dans la sujétion d’une classe toutes les autres classes qui en dépendent. » (118)

Un changement important apparaît dans la fonction de l’apparition de l’Etat socialiste. L’Etat socialiste assure la domination du prolétariat sur ses anciens exploiteurs, c’est-à-dire la bourgeoisie. Mais ce n’est plus « un instrument d’exploitation d’une classe opprimée ». En effet, l’Etat prolétarien ne vise pas à exploiter la bourgeoisie mais à la détruire à travers une longue lutte de classes qui se poursuit sous la dictature du prolétariat. Quant aux autres classes (paysannerie, petite bourgeoisie) le prolétariat ne les exploite pas, mais les libère lui-même de la domination bourgeoise. Lénine définit ainsi le rôle de l’Etat soviétique après la Révolution d’Octobre :

« Cette machine, nous l’avons enlevé aux capitalistes, nous nous en sommes emparés. Avec cette machine, ou avec ce gourdin, nous anéantirons toute exploitation ; et quand il ne restera sur la terre plus aucune possibilité d’exploiter autrui, qu’il ne restera plus ni propriétaires fonciers ni propriétaires de fabriques, qu’il n’y aura plus de gavés d’un côté et d’affamés de l’autre, quand cela sera devenu impossible, alors seulement nous mettrons cette machine à la ferraille. Alors, il n’y aura plus d’Etat, plus d’exploitation. » (119)

Donc, pour connaître le contenu idéologique, politique et économique d’un Etat, il suffit de savoir quelle classe sert l’Etat et inversement : ceci est une conséquence de ce qui a été dit précédemment, c’est-à-dire la nature de classe de l’Etat.

 

2) COMMENT SE MANIFESTE L’ETAT ?

 

Selon Engels, l’Etat est une « force issue de la société, mais se plaçant au-dessus d’elle et s’en éloignant de plus en plus ». En quoi consiste cette force ? Comment se manifeste-t-elle ?

« Par rapport à l’ancienne société gentilice, l’Etat se caractérise en premier lieu par la répartition de ses ressortissants d’après le territoire (…). Cette répartition nous paraît « naturelle », mais elle a nécessité une lutte de longue haleine contre l’ancienne organisation par tribus ou par clans.

En second lieu vient l’institution d’une force publique qui ne coïncide plus directement avec la population s’organisant elle-même en force armée. Cette force publique particulière est nécessaire, parce qu’une organisation armée autonome de la population est devenue impossible depuis la scission en classes. » (120)

Ainsi, selon Engels, ce « pouvoir » qui s’appelle l’Etat, pouvoir issu de la société, mais se détachant d’elle et lui devenant de plus en plus étranger, se distingue :

  1. Tout d’abord, « par la répartition des ressortissants d’après la division territoriale ». Il s’agit des limites géographiques ou frontières qui n’existaient pas dans le communisme primitif.

  2. Ensuite par l’institution d’un pouvoir public qui comprend des « détachements spéciaux d’hommes armés et des accessoires matériels, prisons et institutions coercitives de toutes sortes. »

 

L’agent de police, le CRS, le juge, le gardien de prison, le militaire de carrière, le percepteur, le speaker de la radio et de la télévision, etc., manifestent l’existence de l’Etat « au-dessus de la population et s’en éloignant de plus en plus ».

Qu’est-ce à dire ? Cela signifie que l’Etat domine la classe opprimée au bénéfice de la classe qui le détient et il s’éloigne de plus en plus des formes originelles de la société humaine.

En ce sens, l’Etat, « détachement spécial d’hommes armés » se distingue de plus en plus de l’organisation spontanée de la population en armes de la société primitive.

L’Etat socialiste conserve ces caractéristiques indispensables pour assurer la dictature du prolétariat. Mais il tend à faire de nouveau intervenir de plus en plus la population dans les affaires d’Etat. La Grande Révolution Prolétarienne en Chine s’est développée dans le cadre de la dictature du prolétariat. Des formes nouvelles d’intervention des masses se sont substituées à l’Etat coercitif dans de nombreux domaines. Mais les « détachements spéciaux d’hommes armés », prisons ou autres accessoires matériels de l’Etat ne pourront disparaître complètement qu’à l’époque supérieure du communisme :

« Ce que nous appelons communisme, c’est le régime où les hommes s’habituent à remplir leurs devoirs sociaux sans appareils de contraintes spéciaux, où le travail sans rémunération pour le bien commun devient un phénomène général. » (121)

 

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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 10:57

Liberté, égalité, fraternité (Partie 19)

 

  1. « L’IDEOLOGIE DOMINANTE D’UNE SOCIETE EST CELLE DE LA CLASSE DOMINANTE. (111)

 

Disposant de tous les organes de l’Etat, la classe dominante peut les utiliser à son gré pour développer son idéologie au sein du peuple. Les organes d’information jouent un rôle de propagande très important, l’art et la culture ont une fonction de classe décisive ; d’autres organes, comme la justice, exercent aussi une influence capitale.

L’idéologie dominante d’une société capitaliste est l’idéologie bourgeoise. L’idéologie dominante d’une société socialiste est l’idéologie prolétarienne. En France d’aujourd’hui où domine la classe bourgeoise, on parle de justice bourgeoise, de grande presse bourgeoise, etc., qui sont avec les religions, des supports de l’idéologie bourgeoise dominante. Dans un pays socialiste il y a la justice populaire, la presse prolétarienne, etc., qui sont des supports de l’idéologie dominante du prolétariat. Art, littérature, et culture portent toujours le caractère d’une idéologie.

« Dans la société de classes, chaque homme vit en tant que membre d’une classe déterminée et il n’existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe. » (112)

 

  1. L’ANALYSE DES CLASSES

 

L’analyse des classes est « une question primordiale pour la révolution » (Mao Tsetoung). Une juste analyse des classes, de la situation concrète des classes sociales d’une société est indispensable pour élaborer une stratégie et des tactiques révolutionnaires efficaces. Car cette analyse permet de déterminer à chaque étape donnée, « qui est notre ami, qui est notre ennemi » et qui peut être neutralisé au cours du processus des luttes révolutionnaires.

« Quels sont nos ennemis et quels sont nos amis ? C’est là une question d’une importance primordiale pour la révolution. Si, dans le passé, toutes les révolutions en Chine n’ont obtenu que peu de résultats, la raison essentielle en est qu’elles n’ont point réussi à unir autour d’elle leurs vrais amis pour porter des coups à leurs vrais ennemis. » (113)

L’analyse des classes n’est pas valable une fois pour toutes. Elle doit être modifiée au cours du développement de l’histoire d’un peuple car les contradictions des classes secondaires s’aiguisent ou s’atténuent par rapport aux classes fondamentales, en fonction de l’évolution de la contradiction fondamentale elle-même.

« …Dans la société capitaliste les deux forces en contradiction, le prolétariat et la bourgeoisie, forment la contradiction fondamentale ; les autres contradictions, comme par exemple la contradiction entre les restes de la classe féodale et la bourgeoisie, la contradiction entre la petite bourgeoisie paysanne et la bourgeoisie, la contradiction entre le prolétariat et la petite bourgeoisie paysanne, la contradiction entre la bourgeoisie libérale et la bourgeoisie monopoliste, la contradiction entre la démocratie et le fascisme au sein de la bourgeoisie, les contradictions entre les pays capitalistes et les contradictions entre l’impérialisme et les colonies, sont toutes déterminées par la contradiction principale ou soumises à son action. » (114)

 

  1. LUTTE DE CLASSES ET DICTATURE DU PROLETARIAT

 

Il faut étendre la reconnaissance de la lutte de classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat : c’est là un critère important pour distinguer les vrais marxistes des faux marxistes et pour démasquer le révisionnisme. Aujourd’hui, les dirigeants révisionnistes se proclament toujours partisans de la « lutte de classes », mais dans l’ex-U.R.S.S. comme en France, dans la pratique, ils renient la dictature du prolétariat. Lénine a écrit dans L’Etat et la Révolution :

« Quiconque reconnaît uniquement la lutte des classes n’est pas pour autant un marxiste : il peut se faire qu’il ne sorte pas encore du cadre de la pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la lutte des classes, c’est le tronquer, le déformer ; le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. Celui-là seul est marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat. C’est ce qui distingue foncièrement le marxiste du vulgaire petit (et aussi du grand) bourgeois. » (115)

 

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28 janvier 2020 2 28 /01 /janvier /2020 10:54

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 18)

DEUXIEME EXEMPLE : Les classes sociales en France à notre époque.

 

En France actuelle le système social est un capitalisme qui est parvenu à un stade monopolistique d’Etat, le « capitalisme monopoliste d’Etat ». En France à notre époque – époque de la bourgeoisie – la contradiction fondamentale se manifeste dans l’opposition irréductible des intérêts de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie (« prolétariat » et « bourgeoisie » sont entendus au sens déjà précisé) :

« Notre époque – l’époque de la bourgeoisie – se distingue cependant par la simplification des antagonismes de classe. La société tout entière se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées la bourgeoisie et le prolétariat. » (101)

On distingue aujourd’hui : la classe ouvrière, la bourgeoisie capitaliste, les classes et couches moyennes.

 

  1. La classe ouvrière est composée d’hommes et de femmes dépourvus de tout moyen de production. Ils ne peuvent vivre qu’en vendant leur « force de travail » aux capitalistes.

« Sous ce nom (force de travail) il faut entendre l’ensemble des facultés physiques et intellectuelles qui existent dans le corps d’un homme, dans sa personnalité vivante et qu’il doit mettre en mouvement pour produire des choses utiles.» (102)

Les ouvriers agricoles font partie intégrante de la classe ouvrière. Ils ne sont propriétaires d’aucune terre et vendent leur « force de travail » à des propriétaires fonciers ou à des fermiers.

 

L’ « aristocratie ouvrière » est une couche de la classe ouvrière. Par aristocratie ouvrière on entend la couche supérieure de la classe ouvrière, couche corrompue par de hauts salaires et ayant adopté un genre de vie et une conception du monde propre à la bourgeoisie. Ces « chefs ouvriers » jouent un rôle d’encadrement et de répression contre les ouvriers dans les usines et sur les chantiers. Pour situer cette couche il convient de distinguer la détermination de classe et la position de classe : l’aristocratie ouvrière appartient à la classe ouvrière en tant qu’elle doit vendre sa force de travail pour subsister et maintenir son niveau de vie, mais elle a une position de classe bourgeoise par son mode de vie et son idéologie.

 

  1. La bourgeoisie capitaliste est composée de propriétaires des moyens de production (Usines, machines, terres) qui achètent la « force de travail » des ouvriers pour en tirer le profit maximum.

Le propriétaire capitaliste, à notre époque, existe sous diverses catégories : bancaire, industrielle, agricole, et se présente sous diverses formes : celle des monopoles capitalistes, celle des capitalistes indépendants ou privés (ou petits et moyens capitalistes relativement aux groupes capitalistes monopolistes). La propriété capitaliste se dissimule en général sous le couvert de sociétés de capitaux dites « anonymes ».

 

  1. Entre le prolétariat et la bourgeoisie capitaliste subsistent depuis l’ancienne société féodale, où se constituent au cours du processus de développement du capitalisme d’autres classes ou couches sociales.

Ce sont les classes ou couches moyennes que certains de leurs caractères rapprochent de l’une ou de l’autre des deux classes fondamentales mais qui, vis-à-vis de l’une ou de l’autre ne jouent pas un « rôle similaire » et ne sont pas à la fois dans des « rapports identiques ». Ces classes, suivant la conjoncture concrète, ont une position de classe prolétarienne ou bourgeoise.

Ces classes et couches moyennes sont :

  • D’une part, certaines couches de travailleurs salariés comme les employés, les petits fonctionnaires et agents de services publics. Ils ne sont pas propriétaires de moyens de production, mais vendent leur force de travail. Ils ne produisent pas de marchandises mais leurs appointements sont de l’ordre des salaires des ouvriers.

  • D’autre part, les petits et moyens paysans (ce sont des couches de la paysannerie issue du système féodal). Ils peuvent être propriétaires ou locataires des terres qu’ils exploitent pour produire des marchandises. Ils produisent ces marchandises par leur propre force de travail ou en achetant la force de travail d’ouvriers agricoles en plus de la leur propre.

 

Les petits et moyens commerçants, qui ne vendent pas leur force de travail mais ne produisent pas de marchandises et ne sont pas propriétaires des moyens de production.

 

Les artisans, qui produisent des marchandises mais ne vendent pas leur force de travail et peuvent être propriétaires de leurs propres moyens de production.

 

Les professions libérales, qui ne sont pas propriétaires de moyens de production et ne vendent pas leur force de travail.

 

Les intellectuels et étudiants ne constituent pas une classe sociale mais sont à rattacher selon leurs origines et leur devenir aux différentes classes et couches sociales.

 

        1. LA LUTTE DE CLASSE, MOTEUR DE L’HISTOIRE

 

Pour le marxisme, il n’y a pas d’abord existence des différentes classes sociales, qui entrent ensuite dans la lutte de clases. Mais les classes sociales recouvrent des pratiques de classes, c’est-à-dire la lutte de classes. Les classes sociales ne sont posées que dans leur opposition : les classes sociales signifient, pour le marxisme, dans un et même mouvement, contradictions de classes et luttes de classes ; dès leur apparition les classes sociales entrent en contradiction.

Les contradictions et les luttes de classes sont ce qui détermine la vie et anime le mouvement et le développement des sociétés de classes.

C’est là l’illustration d’une loi dialectique : plus généralement, les choses changent parce qu’elles renferment une contradiction interne (elles-mêmes et leurs contraires). Les contraires sont en conflit et les changements naissent de ces conflits : les changements sont la solution de ces conflits. C’est la loi de l’unité des contraires :

« La loi de la contradiction inhérente aux choses, aux phénomènes, ou la loi de l’unité des contraires, est la loi fondamentale de la dialectique matérialiste. Lénine dit : « Au sens propre, la dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des choses… » ». (103)

Ainsi par exemple, la société capitaliste présente une contradiction interne ente la bourgeoisie et le prolétariat ; le changement dans la société capitaliste et son développement s’expliquent par ce conflit. La transformation de la société capitaliste en société socialiste est la suppression ou solution de ce conflit.

« L’universalité ou le caractère absolu de la contradiction a une double signification : la première est que les contradictions existent dans le processus de développement de toute chose et de tout phénomène ; la seconde que, dans le processus de développement de chaque chose, de chaque phénomène, le mouvement contradictoire existe du début à la fin. » (104)

Prenons le cas de la formation sociale de la France actuelle où le mode de production capitaliste est dominant. L’ancienne unité (le mode de production féodal) et les contraires qui la constituent (barons et serfs, maîtres de jurande et compagnons) ont fait place à de nouveaux contraires (bourgeoisie et prolétariat). Alors est né un nouveau processus qui succède à l’ancien. L’ancien processus s’achève et le nouveau processus surgit ; comme le nouveau processus renferme ses propres contradictions commence alors l’histoire du développement de ces nouvelles contradictions.

« La lutte de classes entre le prolétariat et la bourgeoisie passait au premier plan de l’histoire des pays avancés de l’Europe, proportionnellement au développement de la grande industrie d’une part, et de la domination politique nouvellement conquise par la bourgeoisie d’autre part. »

« La contradiction entre le Travail et le Capital est née avec l’apparition de la bourgeoisie et du prolétariat, mais elle n’est devenue aiguë que plus tard. » (105)

Et plus généralement :

« L’histoire (plus exactement l’histoire écrite) de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des clases. » (106)

 

Cependant pour bien poser le problème des classes sociales et des luttes de classes il convient de jeter un coup d’œil sur l’ensemble de l’évolution historique, sur l’histoire écrite et sur l’histoire non écrite. En traitant ainsi la question, on remarque que les classes sociales et les luttes de classes n’ont pas toujours existées. Le fait fondamental de l’évolution de l’humanité est l’apparition de cette division en classes au cours de l’histoire :

« Avant que surgît la première forme de l’exploitation de l’homme par l’homme, la première forme de la division en classes – propriétaires d’esclaves et esclaves – il y avait la famille patriarcale ou, comme on l’appelle parfois, clanale…, et des vestiges assez nets de ces époques anciennes ont subsisté dans les mœurs de maints peuples primitifs… attestant qu’il fut un temps plus ou moins semblable à un communisme primitif, où la société n’était pas divisée en propriétaires d’esclaves et esclaves. » (107)

Depuis la première division de la société en classes, les sociétés successives ont toujours été divisées en classes antagonistes. La division de la société en classes est née de la division du travail. L’apparition d’un premier mode de production : chasse et pêche, et d’un deuxième mode de production : l’élevage, donne naissance à la division entre tribus sauvages et tribus de pasteurs. C’est cette première division du travail qui est à la base de la première division de la société en classes : maîtres et esclaves.

Une deuxième division du travail va séparer les agriculteurs et les artisans de métiers. La production marchande crée une troisième division du travail et donne naissance à la classe des marchands. A ce moment-là nous avons dans la société une triple division du travail et trois classes : les agriculteurs, les artisans et les marchands. Avec l’apparition de la classe des marchands est née pour la première fois une classe qui ne participe pas à la production, et qui va dominer les deux autres classes.

Ces étapes de l’histoire de l’humanité se sont toujours succédées à la suite de révolutions violentes nées de la lutte de clases :

« Les révolutions sociales sont historiquement inévitables aux différentes étapes de l’histoire de l’humanité et se produisent en fonction de lois objectives indépendantes de la volonté de l’homme. » (108)

Les esclaves se sont affranchis de leurs propriétaires, les serfs se sont libérés de leurs maîtres, les bourgeois ont aboli les pouvoirs des seigneurs, les prolétaires ont brisé des Etats capitalistes ou dominés par l’impérialisme. Ainsi la lutte de classes est-elle le moteur de l’histoire et fait-elle progresser l’humanité comme l’ont établi, dès 1847, Marx et Engels dans le Manifeste du parti communiste :

« Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot, oppresseurs et opprimés, en opposition constante ont mené une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte. » (109)

De nos jours, la lutte de classes entre prolétariat et bourgeoisie capitaliste conduit au socialisme par la révolution prolétarienne et l’instauration de la dictature du prolétariat, c’est-à-dire à la suppression des classes sociales :

« La suppression des classes est le résultat d’une lutte de classe longue, difficile, opiniâtre, qui après le renversement du pouvoir du Capital, après la destruction de l’Etat bourgeois, après l’instauration de la dictature du prolétariat, ne disparaît pas, mais ne fait que changer de forme pour devenir plus acharnée à bien des égards. » (109)

 

Mao Tsetoung a eu le mérite de développer la théorie de la lutte de classe en saisissant cette idée juste de Lénine, suivant qui la lutte de classes persiste très longtemps après la révolution prolétarienne, ce qui justifie le maintien de la dictature du prolétariat.

 

Le révisionnisme moderne apporte la preuve de cette réalité scientifique. Une nouvelle classe bourgeoise s’est constituée et a usurpé les directions de certains partis communistes, au pouvoir ou non, ente autres en Union Soviétique et en France, ainsi que l’Etat soviétique et les Etats d’autres pays de démocratie populaire. La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne de Chine a été déclenchée par Mao Tsetoung pour écraser les tentatives similaires de la bourgeoisie en Chine. Ce ne sera qu’à l’ultime stade du communisme que disparaîtra la lutte de classes :

« Sous la direction de la classe ouvrière et du Parti communiste, nos 600 millions d’hommes, étroitement unis, se consacrent à l’œuvre grandiose de l’édification socialiste. L’unification de notre pays, l’unité de notre peuple et l’union de toutes nos nationalités sont les garanties fondamentales de la victoire certaine de notre cause. Mais cela ne signifie pas qu’il n’existe plus aucune contradiction dans notre société. Il serait naïf de le croire ; ce serait se détourner de la réalité objective. Nous sommes en présence de deux types de contradictions sociales : les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple. Ils sont de caractère tout à fait différent. » (110)

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 11:43

Liberté, égalité, fraternité (Partie 17)

CHAPITRE I

 

 

 

CLASSES, CONTRADICTIONS DE CLASSES, LUTTES DE CLASSES

 

 

 

 

« Toutes les doctrines sur le socialisme hors classes et la politique hors classes se révèlent un vain bavardage. » Lénine.

 

Le marxisme léninisme est la science des lois de l’évolution sociale, de la révolution socialiste et de la dictature du prolétariat, la science de l’édification de la société socialiste et communiste. Le marxisme a le premier appliqué l’enseignement que comporte l’étude de l’histoire universelle, la doctrine de la lutte de classe :

« Les hommes ont toujours été et seront toujours en politique les dupes naïves des autres et d’eux-mêmes, tant qu’ils n’auront pas appris, derrière les phrases, les déclarations et les promesses morales, religieuses, politiques et sociales, à discerner les intérêts de telles ou telles classes. Les partisans des réformes et améliorations seront dupés par les défenseurs du vieux régime aussi longtemps qu’ils n’auront pas compris que toute vieille institution, si barbare et pourrie qu’elle paraisse, est soutenue par les forces de telles ou telles classes dominantes. Et pour briser la résistance de ces classes, il n’y a qu’un moyen : trouver dans la société même qui nous entoure, puis éduquer et organiser pour la lutte, les forces qui peuvent – et doivent de par leur situation sociale – devenir la force capable de balayer le vieux et de créer le nouveau. » (91)

La question de la lutte des classes est donc l’une des questions essentielles du marxisme : la théorie de la lutte de classe est le fil conducteur qui permet de saisir sous le chaos apparent de la réalité historique l’existence des lois de l’évolution des sociétés. Aussi convient-il d’abord de voir quelle est la conception marxiste de la lutte de classe.

 

  • LES CLASSES SOCIALES

 

L’application conséquente du matérialisme dialectique à l’étude des sociétés permet l’étude scientifique de l’histoire dans toute sa diversité et avec toutes ses contradictions.

Dans toute société, les aspirations de ses membres se heurtent à celles des autres, la vie sociale est pleine de contradictions. L’histoire nous montre la lutte entre les peuples et les sociétés, ainsi que dans leur propre sein ; elle nous montre, en outre, une succession de périodes de révolution et de réaction, de paix et de guerre, de stagnation et de progrès rapide ou de décadence. Ces tendances contradictoires proviennent de l’existence des classes sociales. Qu’entend Lénine par classe sociale ?

« Seule l’étude de l’ensemble des tendances de tous les membres d’une société ou d’un groupe de sociétés permet de définir avec une précision scientifique le résultat de ces tendances. Or, les aspirations contradictoires naissent de la différence de situation et de conditions de vie des classes en lesquelles se décompose toute société. » (92)

« Par classe sociale on entend un ensemble de gens qui, dans la production jouent un rôle similaire, sont à l’égard des autres hommes dans des rapports identiques. »

Afin d’approfondir la définition donnée par Lénine, illustrons-là à l’aide de deux exemples :

  • L’analyse de la classe ouvrière ou prolétariat et de la classe de la bourgeoisie ou « bourgeoisie capitaliste » dans la société capitaliste.

  • L’analyse des classes sociales en France à notre époque.

 

PREMIER EXEMPLE :

 

Dans la société capitaliste l’ensemble des ouvriers a un « rôle similaire » de l’un à l’autre et sont « dans des rapports identiques » à l’égard des patrons ; inversement, l’ensemble des patrons a un « rôle similaire » de l’un à l’autre, et sont « dans des rapports identiques » à l’égard des ouvriers.

« Le capital suppose le travail salarié, le travail salarié suppose le capital ; ils sont les conditions l’une de l’autre et se produisent réciproquement. » (93).

Les ouvriers produisent des marchandises : c’est là leur « rôle similaire » de l’un à l’autre ; les patrons réalisent des profits en confisquant la valeur du surtravail des ouvriers : en deux ou trois heures l’ouvrier produit des richesses égales à son salaire de la journée, les six autres heures, il produit du profit pour le capital. Les patrons s’approprient le surtravail : c’est là leur « rôle similaire » quelle que soit la nature de la marchandise, industrielle ou agricole.

« (…) L’appropriation de travail non payé est la forme fondamentale du mode de production capitaliste et de l’exploitation de l’ouvrier qui en résulte ; de même lorsque le capitaliste achète la force de travail de son ouvrier à la pleine valeur qu’elle a sur le marché en tant que marchandise, il en tire pourtant plus de valeur qu’il n’en a payé pour elle ; et que cette plus-value constitue en dernière analyse, la somme de valeur d’où provient la masse de capital sans cesse croissante accumulée entre les mains des classes possédantes. » (94).

Pour survivre, les ouvriers vendent leur force de travail aux patrons, propriétaires des moyens de production (usines, machines, terre). Ainsi les ouvriers se trouvent « dans des rapports identiques » avec les patrons, des rapports d’exploités à exploiteurs. Inversement, les patrons achètent la force de travail des ouvriers devenue marchandise. Donc les patrons se trouvent « dans des rapports identiques » avec les ouvriers, des rapports d’exploiteurs à exploités.

« Le procès de production capitaliste reproduit de lui-même la séparation entre travailleur et conditions du travail. Il reproduit et éternise par cela même les conditions qui forcent l’ouvrier à se vendre pour vivre, et mettent le capitaliste en état de l’acheter pour s’enrichir. » (95)

Les ouvriers constituent une classe sociale la classe ouvrière ou prolétariat (industriel ou agricole). Les patrons constituent également une classe sociale, la classe de la bourgeoisie, appelée aussi « grande bourgeoisie » ou « bourgeoisie capitaliste » (pour éviter toute confusion avec d’autres classes et couches sociales intermédiaires.)

Dans la société capitaliste, la contradiction fondamentale est la contradiction entre les intérêts de la classe bourgeoise et les intérêts de la classe du prolétariat. Le socialisme est le produit nécessaire de la lutte des deux forces en contradiction :

« Par son contenu, le socialisme est, avant tout, le produit de la prise de conscience, d’une part, des oppositions de classes qui règnent dans la société moderne entre possédants et non possédants, salariés et bourgeois, d’autre part, de l’anarchie qui règne dans la production. » (96)

Nous avons déterminé les deux classes antagoniques de la société capitaliste (classe ouvrière et classe de la bourgeoisie) d’après leur place respective dans le procès de production, c’est-à-dire dans la sphère économique. Mais il convient d’apporter deux précisions.

 

Le matérialisme historique considère que la structure économique d’une société constitue à chaque période historique la base réelle qui lui permet, en dernière analyse, d’expliquer toute la superstructure des institutions juridiques et politiques, aussi bien que des idées religieuses, philosophiques et autres de chaque période historique.

Cependant, s’il y a action de l’infrastructure (l’économique) sur la superstructure (le politique et l’idéologie), il y a en contrepartie effet (réaction) de la superstructure sur l’infrastructure. Et si l’infrastructure joue le rôle déterminant dans un mode de production et dans une formation sociale, le rôle dominant peut être joué soit par l’infrastructure, soit par la superstructure.

Par exemple le politique joue le rôle dominant dans l’empire romain et les idées religieuses au moyen âge ; c’est l’économique qui joue un rôle dominant dans la société capitaliste de libre concurrence : ici, l’intervention de l’Etat, le politique et l’idéologie jouent un rôle secondaire. Ceci signifie que la superstructure peut à certaines périodes historiques jouer le rôle principal :

« Certes, les forces productives, la pratique et la base économique jouent en général le rôle principal, décisif, et quiconque le nie n’est pas un matérialiste ; mais il faut reconnaître que dans des conditions déterminées, les rapports de production, la théorie et la superstructure peuvent, à leur tour, jouer le rôle principal, décisif. Lorsque, faute de modification dans les rapports de production, les forces productives ne peuvent ^plus se développer, la modification des rapports de production joue le rôle principal, décisif…Lorsque la superstructure (politique, culture, etc.), entrave le développement de la base économique, les transformations politiques et culturelles deviennent la chose principale, décisive. » (97)

Ainsi, la classe sociale peut être déterminée principalement, mais pas exclusivement, par sa place dans le procès de production, c’est-à-dire dans la sphère économique. Car il ne faut pas déduire du rôle principal de l’économique en général que ce critère soit suffisant pour la détermination d’une classe sociale. Déterminer une classe sociale uniquement par sa place dans la sphère économique n’est qu’une partie de la vérité. La détermination de la nature intégrale de la clase sociale doit tenir compte du rôle du politique et de l’idéologie, ainsi que du type de rapport qu’entretiennent la superstructure (politique, culture, etc.) et l’infrastructure (la base économique) car :

« Le capital ce n’est pas une somme d’argent, ce sont des rapports sociaux déterminés. » (98)

 

Une seconde précision à apporter est le fait que la place des différentes classes sociales peut être « fixée et consacrée » par les lois, mais il ne s’agit là que d’une possibilité. S’il existe un « rapport juridique » aux moyens de production, celui-ci n’entre pas dans la définition même des classes sociales : ainsi par exemple, le droit bourgeois fixe, consacre, légalise et défend le fait de la propriété privée des moyens de production, mais ce droit dérive de l’état de fait.

« L’idée que les idées et représentations des hommes créeraient leurs conditions de vie et non inversement, est démentie par toute l’histoire passée, dans laquelle on a constamment abouti à autre chose que ce qu’on voulait, et même la plupart du temps dans la suite du développement, on a abouti au contraire. (…) Cela est valable aussi pour les idées juridiques, donc pour la politique. » (99)

Ainsi par exemple, la propriété collective des moyens de production dans le communisme primitif devient la propriété privée des moyens de production dans la société de classes ; le marxisme montre que la propriété privée des moyens de production doit se transformer de façon inéluctable en la propriété collective et sociale des moyens de production au stade communiste. Ce développement est une loi de l’histoire, et il est indépendant de la volonté des hommes.

Il est donc complètement faux de vouloir réduire les rapports de production à de simples rapports juridiques. On ne peut instaurer de nouveaux rapports sociaux par des lois, tout comme il est vain de vouloir introduire un nouveau mode de production (« socialiste » ou autre) par un plan ou par un décret.

 

Lénine donne une définition des classes sociales qui prend en considération ces deux précisions apportées à la première définition :

« On appelle classes de vastes groupes d’hommes qui se distinguent par la place qu’ils occupent dans un système historiquement défini de production sociale, par leur rapport (la plupart du temps fixé et consacré par les lois) vis-à-vis des moyens de production, par leur rôle dans l’organisation sociale du travail donc, par les modes d’obtention et l’importance des richesses sociales dont ils disposent. Les classes sont des groupes d’hommes dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre, à cause de la place différente qu’il occupe dans une structure déterminée, l’économie sociale. » (100)

 

 

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25 janvier 2020 6 25 /01 /janvier /2020 11:17

Liberté, égalité, fraternité (Partie 16)

 

DEUXIEME PARTIE

 

LENINE ET STALINE

 

INTRODUCTION

 

Le problème du pouvoir politique est un problème fort important pour la théorie marxiste-léniniste de la révolution. Les tâches du prolétariat révolutionnaire organisé en parti marxiste-léniniste, consistent à renverser la bourgeoisie et à instaurer le socialisme grâce à la dictature du prolétariat. C’est ici que se manifeste de façon très aiguë la lutte entre les deux voies d’édification du socialisme, la lutte entre la théorie opportuniste, et la théorie marxiste-léniniste. La théorie marxiste-léniniste prend forme et se développe au cours même de la lutte contre la théorie idéaliste de l’opportunisme et du révisionnisme

 

  1. LENINE ET LE REVISIONNISME :

 

La Deuxième Internationale est fondée à Paris en 1889 : elle règne dans le mouvement ouvrier sans rencontrer d’opposition sérieuse. Les partis sociaux-démocrates y sont affiliés. Commence alors une nouvelle période en Europe, qui va de 1872 à 1904, et qui est caractérisée par une accalmie, après la période antérieure, traversée par de nombreuses révolutions (entre autres, en France, la Révolution de 1848, et la Commune de Paris de 1871).

Cette nouvelle période se caractérise par un développement « pacifique » du capitalisme à l’intérieur des pays « civilisés ». Cette période relativement calme eut pour conséquence le reflux du mouvement révolutionnaire. Cette période est celle de la transformation du capitalisme de concurrence en capitalisme de monopoles. Avec la fin du XIX° siècle apparut définitivement le stade de l’impérialisme : « La majorité des populations des nations du globe (étant dominée) à la faveur d’un capitalisme hautement développé et plus que mûr. ».

A l’extérieur de l’Europe se développent pendant cette période les guerres pour les conquêtes de colonies en Afrique, en Asie, dans le monde entier. Les rivalités entre les impérialistes acheminent l’Europe et le monde vers la guerre de 1914-1918. Celle-ci voit l’éclatement de la Deuxième Internationale, chacune des sections nationales ayant apporté son soutien à sa propre bourgeoisie impérialiste. La Deuxième Internationale était devenue complètement opportuniste et social chauvine. Qu’est-ce que l’opportunisme ? Lénine en définit ainsi la genèse :

« La dialectique de l’histoire est telle que la victoire du marxisme en matière de théorie oblige ses ennemis à se déguiser en marxistes. Le libéralisme, pourri à l’intérieur, tente de reprendre vie sous la forme de l’opportunisme socialiste. La période de préparation des forces pour les grandes batailles, ils l’interprètent comme une renonciation à ces batailles. L’amélioration de la condition des esclaves en vue de la lutte contre l’esclavage salarié se fait, selon eux, au prix de l’abandon, pour un sou, par les esclaves, de leur droit à la liberté. Ils prêchent lâchement la « paix sociale » (c’est-à-dire la paix avec l’esclavagisme), la renonciation à la lutte des classes, etc. Ils ont de nombreux partisans parmi les parlementaires socialistes, les différents fonctionnaires du mouvement ouvrier et les intellectuels « sympathisants ». » (87)

Dans ce texte tiré de l’œuvre de Lénine : Les destinées historiques de la doctrine de Karl Marx est parfaitement résumée l’essence de l’opportunisme qui prend racine dans l’impérialisme.

 

LA DEUXIEME INTERNATIONALE :

 

Les opportunistes prêchaient ouvertement l’abandon de la lutte révolutionnaire, la théorie de l’ « intégration du capitalisme dans le socialisme ». Les partis de la Deuxième Internationale étaient atteints d’opportunisme dès avant la guerre de 1914-1918. La Deuxième Internationale se refusait à combattre l’opportunisme ; elle était pour faire la paix avec lui et le laissait se fortifier. En pratiquant une politique de conciliation avec l’opportunisme, la Deuxième Internationale était devenue elle-même opportuniste.

L’origine de l’opportunisme est, comme le démontre Lénine dans son ouvrage L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, le développement de l’impérialisme même. Quelle est sa base sociale ?

Avec les profits qu’elle tirait de ses colonies, la bourgeoisie impérialiste des pays avancés achetait systématiquement, grâce à des salaires élevés et autres aumônes, les couches supérieures des ouvriers qualifiés, l’aristocratie ouvrière comme on les appelait.

C’est de cette catégorie d’ouvriers qu’étaient sortis de nombreux dirigeants des syndicats et des coopératives, des conseillers municipaux et parlementaires, des employés de la presse et des organisations social-démocrates. Au moment de la guerre de 1914-1918, ces gens ont eu peur de perdre leur situation, et sont devenus adversaires de la révolution, et les défenseurs les plus enragés de leur bourgeoisie, de leurs gouvernements impérialistes.

Comment ce révisionnisme se manifestait-il dans le domaine de la conception du pouvoir politique et du parti du prolétariat ? Les partis sociaux-démocrates étaient socialistes en paroles, mais impérialistes en fait : ils étaient sociaux chauvins. Ils défendaient leur bourgeoisie impérialiste. Ils trahissaient ainsi la conception marxiste du parti internationaliste.

Les partis sociaux-démocrates n’incitaient pas les masses à la révolution, mais s’appliquaient seulement à suivre leurs aspirations spontanées et proposaient avant tout des réformes pour satisfaire leurs revendications. Ils trahissaient ainsi la conception marxiste du parti ayant pour but le renversement de la bourgeoisie, c’est-à-dire la révolution et la prise du pouvoir.

Les partis sociaux-démocrates avaient une composition sociale essentiellement petite bourgeoise. Peu de leurs dirigeants venaient de la classe ouvrière, et, quand tel était le cas, il s’agissait d’éléments corrompus déjà achetés par la bourgeoisie. Ils trahissaient ainsi la conception marxiste du parti constitué par l’avant-garde du prolétariat.

Les chefs des partis sociaux démocrates (Edouard Bernstein, Karl Kautsky, Jules Guesde, Jean Jaurès, …) accordaient au parlementarisme l’essentiel de leurs efforts. Pour justifier leur pratique, ils avançaient toute sorte de justifications allant à l’encontre des principes formulés antérieurement par Marx et Engels. Ils trahissaient ainsi la conception marxiste du parti porteur de la théorie révolutionnaire.

Ce révisionnisme ancien, anti-marxiste, se manifestait aussi dans le domaine de l’organisation et dans le style des partis sociaux-démocrates. Ainsi, la discipline organisée et librement consentie que préconisent Marx et Engels, dans le but de consolider chaque parti et de renforcer son efficacité, au service du prolétariat, fut complètement abandonnée :

« Du socialisme, Kautsky prend ce qui est recevable pour les libéraux, pour la bourgeoisie (critique du moyen âge, rôle historiquement progressif du capitalisme en général et de la démocratie capitaliste en particulier) ; il rejette, il passe sous silence, il estompe ce qui dans le marxisme est irrecevable pour la bourgeoisie (violence révolutionnaire du prolétariat contre la bourgeoisie, pour l’anéantissement de cette dernière). Voilà pourquoi, par sa position objective et quelles que puissent être ses conceptions subjectives, Kautsky s’avère inévitablement un laquais de la bourgeoisie. » (88)

 

LENINE

 

La faillite de la Deuxième Internationale, et la trahison du prolétariat par les partis sociaux-démocrates, phénomène négatif, entraîne dialectiquement l’apparition de son contraire, le phénomène positif de la fidélité absolue de Lénine et, sous sa direction, du parti ouvrier social-démocrate de Russie, au marxisme. Le léninisme est à la fois la sauvegarde et le prolongement des principes de Marx et Engels, leur enrichissement.

Si on comprend à quel point les courants révisionnistes de Bernstein et de Kautsky avaient révisé le marxisme, l’on apprécie comme Lénine l’a sauvegardé. Il convient d’apprécier à la fois cette sauvegarde et cet enrichissement du marxisme, devenu marxisme-léninisme, en ce qui concerne le problème fondamental du pouvoir politique et du parti marxiste-léniniste.

 

  1. LE MARXISME-LENINISME ET LE REVISIONNISME MODERNE :

 

Cependant le léninisme a aussi été révisé de nos jours : nous allons voir pourquoi et comment. Mais d’abord, considérons de quel point de vue nous allons analyser le problème du pouvoir politique chez Lénine. Si le léninisme a été révisé, c’est-à-dire vidé de son contenu révolutionnaire et remplacé par un contenu bourgeois, de quel point de vue allons-nous nous placer pour traiter du léninisme ?

Pour rester fidèle au léninisme, et ne pas se placer du point de vue de ceux qui l’ont révisé, il faut se placer du point de vue des intérêts du prolétariat révolutionnaire, donc du point de vue du parti du prolétariat et de la perspective de la révolution prolétarienne en France. Mao Tsé-toung a écrit : « La vérité, c’est la pratique ». Ceci permet d’échapper, à deux défauts : le dogmatisme et le sectarisme, car : « Il ne saurait y avoir de dogmatisme là où le critère suprême et unique de la doctrine est dans sa correspondance avec le processus réel du développement économique et social ; il ne saurait y avoir de sectarisme quand il s’agit de contribuer à l’organisation du prolétariat, et que, par suite, le rôle des « intellectuels » consiste à rendre inutile l’existence de dirigeants spécialisés, intellectuels. » (89)

 

LE REVISIONNISME MODERNE :

 

Dans Marxisme et Révisionnisme Lénine dit que « La doctrine (de Marx) a dû conquérir de haute lutte chaque pas fait sur le chemin de la vie. »

En effet, au sein du mouvement ouvrier depuis ses débuts, l’idéologie prolétarienne s’est constituée et développée dans la lutte contre les théories opportunistes issues de l’idéologie bourgeoise.

Marx et Engels ont lutté toute leur vie contre le proudhonisme (Proudhon), le bakouninisme (Bakounine), le blanquisme (Blanqui) et d’autres idéologies bourgeoises. Lénine a lutté toute sa vie contre le populisme, le « marxisme légal », le menchevisme toutes les variantes de l’économisme, et autres idéologies bourgeoises. Continuant l’œuvre de Lénine, Staline dirigea la lutte du parti communiste (bolchevick) de l’U.R.S.S. contre les traîtres boukhariniens (Boukharine), zinoviéviste (Zinoviev), et autres trotskistes (Trotski) puis contre le révisionnisme de Tito.

Après la seconde guerre mondiale, le capitalisme monopoliste d’Etat connaît une période de développement plus ou moins « pacifique » dans les pays capitalistes avancés. L’impérialisme entreprend une offensive générale contre les peuples (par exemple au Vietnam), contre les pays socialistes et contre les partis communistes. Cette offensive de l’impérialisme rencontra un terrain propice chez certains membres des partis communistes plus enclins, après la terrible lutte de la seconde guerre mondiale, à chercher des voies plus « faciles » pour la victoire de la révolution (Togliatti en Italie, Thorez en France). L’ensemble de ces phénomènes aviva la lutte entre la voie bourgeoise et la voie prolétarienne dans les partis communistes. Le révisionnisme moderne se manifesta d’abord dans la Ligue des communistes de Yougoslavie avec la victoire de Tito. Puis le révisionnisme moderne, avec Krouchtchev à sa tête, s’empara du pouvoir dans le parti communiste (bolchevick) de l’U.R.S.S. et dans d’autres partis. Krouchtchev inaugura (dans son rapport au XX° congrès de l’U.R.S.S.) deux thèses révisionnistes d’importance mondiale pour le développement de la révolution :

  1. La guerre n’est plus inévitable (« coexistence pacifique » avec l’impérialisme) ;

  2. Le « passage pacifique » au socialisme est possible dans de nombreux pays capitalistes.

 

LE MARXISME-LENINISME :

 

Le mouvement communiste international s’est scindé en deux parties antagonistes :

  • D’une part, l’U.R.S.S., et les pays de l’Est, et leur parti communiste respectif, se sont transformés provisoirement en pays capitalistes, ainsi que les partis communistes de différents pays se sont transformés en « partis ouvriers » bourgeois, tels le parti « communiste » français, ou le parti « communiste » italien…

Qu’est-ce qui distingue le révisionnisme moderne du révisionnisme ancien ? Quelle est la spécificité du révisionnisme moderne ?

Fiqret Shehu écrit en 1971 : « 1) La caractéristique essentielle qui distingue le révisionnisme actuel de l’ancien révisionnisme, bernsteinien, consiste en ce fait qu’il n’est pas seulement un courant idéologique opportuniste hostile au marxisme dans le mouvement communiste, mais également un révisionnisme au pouvoir, qui a atteint de nombreux pays et, au premier chef, l’Union Soviétique, naguère le premier et le plus puissant Etat socialiste dans le monde. (…)

En d’autres termes, dans le domaine idéologique, le révisionnisme est le produit de l’appréciation subjective des changements qui interviennent dans la réalité, du traitement subjectif des principes fondamentaux et des lois générales du marxisme-léninisme, du reniement subjectif de la dialectique matérialiste et des conclusions révolutionnaires.

  1. Le révisionnisme actuel se distingue aussi de l’ancien par sa base socio-économique (…). Dans les pays capitalistes, aux côtés de l’aristocratie ouvrière, la bureaucratie ouvrière, qui, dans les conditions actuelles a considérablement grandi, est devenue, elle aussi, une base pour le révisionnisme. » (90)

  • D’autre part, le parti du travail d’Albanie et le parti communiste chinois, ainsi que d’autres partis marxistes-léninistes, mènent une lutte acharnée à l’intérieur et à l’extérieur contre la ligne bourgeoise sous toutes ses formes. Aussi, la pensée de Mao Tsétoung présente la sauvegarde et l’enrichissement le plus essentiel du marxisme-léninisme face à la bourgeoisie impérialiste déclarée et à la bourgeoisie masquée que sont les révisionnistes modernes. L’un des enseignements essentiels de notre époque est que le prolétariat révolutionnaire doit mener une lutte acharnée contre l’ennemi mortel qu’est le révisionnisme moderne.

Pour bien traiter le problème du concept de pouvoir politique chez Lénine, il faut tracer une ligne de démarcation bien nette entre le marxisme-léninisme et les révisionnistes de toute farine ; ces derniers ont édulcoré le marxisme-léninisme, l’ont vidé de sa substance, et lui ont substitué son contraire, l’idéologie bourgeoise : ils cherchent à se faire passer pour d’authentiques marxistes aux yeux de tout le monde à l’aide d’une phraséologie soi-disant « marxiste », et par là ils cherchent à masquer le fait qu’ils soient entièrement gagnés à la défense des intérêts de la bourgeoisie.

Donc pour bien traiter le problème du pouvoir politique chez Lénine, sans dénaturer le marxisme-léninisme, mais en lui restant fidèle, il convient de partir du point de vue de prolétariat révolutionnaire, et de la situation concrète en France.

 

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23 janvier 2020 4 23 /01 /janvier /2020 11:10

Liberté, égalité, fraternité (Partie 15)

 

 

  1. Le socialisme conservateur ou bourgeois :

Le capitalisme présente de nombreux défauts, des contradictions internes, et une fraction éclairée de la bourgeoisie en est consciente : aussi cette fraction cherche-t-elle à apporter des remèdes à ces défauts, à amoindrir ces contradictions. Le but de ces bourgeois est d’aménager le capitalisme, en vue de le renforcer, et non de le détruire. Leur désir est de débarrasser la société de la lutte des classes, afin d’avoir un capitalisme avec des bourgeois et sans prolétaires, ce qui est impossible, car : « La bourgeoisie comme de juste, se représente le monde où elle domine comme le meilleur des mondes. » (84).

Ce socialisme bourgeois vise à maintenir et à renforcer ce qui existe, à empêcher la révolution prolétarienne, et l’un des moyens utilisés est de cantonner les luttes ouvrières dans le domaine économique, dans la vie matérielle. Le but est de « diminuer pour la bourgeoisie les frais de sa domination et simplifier le budget de l’Etat. » (85).

 

  1. Le socialisme et le communisme critico-utopiques :

Ces doctrines correspondent à l’expression première des instincts du prolétariat, encore à l’état embryonnaire et non encore constitué en classe sociale et en partis politiques.

Lorsque apparaissent ces écrits, les conditions matérielles de l’émancipation du prolétariat sont absentes, et quand ces conditions apparaissent, ces doctrines deviennent rétrogrades, réactionnaires, et se caractérisent par l’ « ascétisme universel » et par « un égalitarisme grossier ».Certains de ces auteurs, comme Saint-Simon (83), Fourier (20), Owen (17) voient la lutte de classe, mais manquent de confiance dans le prolétariat.

Pour changer la réalité sociale, ils rédigent un plan de la Cité idéale, et l’adressent aux dirigeants de la société. Ils réalisent aussi parfois des micros expériences

. C’est pourquoi ce sont des utopistes, car ils ne cherchent pas dans la réalité elle-même les forces et les moyens permettant de la transformer.

 

  1. Les communistes :

A l’égard des différents partis de l’opposition réelle au capitalisme, ou des partis qui se présentent comme opposant, les communistes exercent une analyse de classe, et une analyse de la situation concrète. Chaque parti représente les intérêts d’une classe ou de couches sociales. Et les communismes adaptent leur tactique à l’égard des partis d’opposition en tenant compte de la réalité de chaque pays, selon l’étape dans laquelle se trouve ce pays : par exemple, en Allemagne, ce qui est à l’ordre du jour en 1847, c’est la révolution bourgeoise, contre le féodalisme, et les communistes n’hésitent pas à soutenir la bourgeoisie, chaque fois que celle-ci fait progresser cet objectif. Mais en même temps, le parti communiste conserve son autonomie : il développe en direction des ouvriers un travail autonome, les organise, les rend conscient de la contradiction antagonique entre bourgeoisie et prolétariat en vue de préparer l’étape ultérieure, la révolution prolétarienne. Les communistes « combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe ouvrière ; mais dans le mouvement présent, ils défendent et représentent en même temps l’avenir du mouvement. » (86). C’est une leçon contre le sectarisme :

  1. Les communistes sont internationalistes.

  2. La question fondamentale du mouvement, c’est la question de la propriété ;

  3. Les communistes soutiennent tout ce qui va contre la bourgeoisie, tout ce qui va vers la destruction du capitalisme ;

 

CHAPITRE VI

 

EN GUISE DE CONCLUSION

 

Le Manifeste du parti communiste nous interpelle par son extraordinaire actualité. Sans doute, depuis 1847, le monde a changé, et bien changé ! Mais le capitalisme est toujours présent : il s’est même renforcé et étendu au monde entier.

Aujourd’hui un grand nombre de spécialistes et d’experts en tout genre tentent de démontrer que la classe ouvrière n’est plus ce qu’elle était, qu’elle a peut-être même disparue, engloutie sous l’amas des richesses produites, et donc Marx et Engels se seraient trompés dans leur analyse. Mais n’avaient-ils pas constaté que le capitalisme permettait un développement des richesses comme aucun mode de production comme auparavant ?

Les idéologues de la bourgeoisie affirment que les conditions sociales d’aujourd’hui diffèrent de celles qui existaient en 1789 en France, en 1917 en Russie et en 1949 en Chine, et ils en concluent péremptoirement que l’époque des révolutions est à jamais révolue, et en particulier, que la révolution prolétarienne n’est plus à l’ordre du jour.

La réalité s’est transformée depuis : c’est là une constatation banale. Mais la conclusion que nous tirons de notre expérience sociale est radicalement inverse : l’exploitation de l’homme par l’homme existe toujours, et s’est même amplifiée sous de nouvelles formes. Aussi, c’est la révolution prolétarienne qu’il convient de préparer activement, dans les conditions françaises du début du XXI° siècle, et c’est cela qui donne un sens à la vie d’un communiste d’aujourd’hui.

Sans doute, le capitalisme a apporté un semblant de richesses matérielles, encore faut-il constater que ce n’est qu’une infime partie de la population, située surtout dans les pays développés et impérialistes, qui profitent de ces privilèges ! La répartition des biens est par trop inégale, et cette inégalité est ressentie de façon tout à fait injuste. Si, dans certaines régions capitalistes du monde on ne meurt plus de faim, il n’empêche que s’y développe en même temps que la richesse, une exploitation accrue des ouvriers, paysans et employés, sous des formes insidieuses, d’autant plus cruellement ressentie à l’époque des crises cycliques qui frappent tout le système, comme celle qui a commencé en 1974 et dure encore. Et quelle est la pire des misères, si ce n’est celle d’être privé d’emploi, mis au chômage, au milieu de l’amoncellement d’objets de consommation, de se sentir inutile socialement, de trop, et dans l’impossibilité d’accéder à une société où règne la consommation à tout prix, chaque individu pouvant potentiellement être victime de cette « maladie » de la croissance.

Et encore, à quel prix, certains pays connaissent-ils une abondance tout à fait relative ? C’est au prix d’une exploitation effrénée de régions entières du globe : si dans les pays riches, capitalistes ou dits socialistes, on peut voir les ventres ballottés des bourgeois bien pendants et des aristocrates ouvriers gonflés par le trop plein de bouffe, c’est parce que dans les pays pauvres et colonisés, des millions d’enfants ont le ventre gonflé par le manque de nourriture et meurent de faim. Si les uns engrossent, se gavent de viande plusieurs fois par jour, alimentent le bétail à l’aide de kilos de céréales, et meurent d’obésité, c’est parce qu’à l’autre bout de la chaîne alimentaire, des millions d’habitants de la planète manquent cruellement de ces mêmes céréales.

Plus qu’au XIX° siècle, la rapine impérialiste de zones entières est organisée rationnellement, avec la bénédiction de tous les profiteurs bourgeois, au nom de la « civilisation », de la « liberté », ou du pseudo-« socialisme ». Pour préserver leurs intérêts, et réaliser un nouveau partage des sphères d’influence correspondant aux nouveaux rapports de force, les bourgeoisies mondiales, dans les pays développés surtout, ont déclenché deux guerres mondiales au XX° siècle. Depuis 1945, le monde n’a jamais connu un seul jour de tranquillité et de paix : toujours quelque part, le canon a tonné, dans des guerres locales, comme en Corée et au Vietnam.

Aussi, depuis 1847, rien n’est réglé. Les principales thèses du Manifeste du parti communiste demeurent à l’ordre du jour. Le capitalisme est toujours là : il a atteint son apogée, puis le stade pourrissant. Seule la révolution prolétarienne pourra régler les contradictions insolubles dans le cadre du capitalisme. Le monde est gros d’une nouvelle étape, le communisme, qui le débarrassera à jamais de l’exploitation de l’homme par l’homme, et les bâtisseurs de ce nouveau monde sous un nouveau ciel seront les exploités des pays pauvres du tiers monde et des pays riches.

Mais certains nouveaux philosophes, voulant discréditer le communisme, affirment que le remède est pire que le mal. Selon eux, l’application du marxisme mène au despotisme à l’intérieur d’un pays et à l’impérialisme à l’extérieur. Ils s’appuient sur l’exemple du devenir de l’ex-URSS. Effectivement, les Russes ont réalisé la révolution prolétarienne d’Octobre 1917, et leur pays s’est transformé aujourd’hui en un pays capitaliste et impérialiste.

Que vaut la démonstration ?

Les cris hystériques de ces nouveaux penseurs de la bourgeoisie ressemblent à s’y méprendre aux criailleries des émigrés de la noblesse française, qui, après 1789, pestaient contre la violence révolutionnaire du tiers-état, et contre la dictature qu’exerçait la bourgeoisie sur l’ensemble de la société. Le couronnement de Napoléon I°, la restauration de Louis XVIII, sont-ce là des arguments contre la révolution française de 1789 ? Les principes de 1789 renfermaient-ils en eux-mêmes la restauration de la monarchie comme une conséquence inéluctable ? La restauration permet-elle d’affirmer que la réalisation de la révolution bourgeoise de 1789 était inutile ? Bien sûr que non, ou c’est ne rien comprendre à l’histoire : la révolution française était indispensable.

Puis il y eut un rapport de force, national et mondial, momentanément défavorable à la bourgeoisie, qui l’a obligée à un repli ; mais la conception bourgeoise du monde n’a jamais cessé de progresser au cours du XIX° siècle. Qu’en reste-il des criailleries impuissantes de la noblesse, un siècle après 1789 ? N’est-ce pas les idées de 1789 qui ont finalement triomphé, et la noblesse n’est-elle pas rayée de la surface de la France ?

Ainsi, au niveau de l’histoire, le temps a une autre dimension qu’au niveau de la vie individuelle. Le « retour en arrière » de l’ex-URSS, vers une forme de barbarie souvent pire que ce qu’offre le capitalisme classique, est un phénomène sans doute inévitable, dont les causes, nationales et internationales, restent à analyser, mais un phénomène passager : il n’empêche que les idées des bolchevicks de 1917 demeurent valables universellement et représentent l’avenir du monde.

Ce qui est plus à craindre, c’est que la révolution prolétarienne, que nous appelons de tous nos vœux, tarde trop. On raconte que, lors de la Terreur, Babeuf fut effrayé par la violence révolutionnaire en voyant les nobles têtes accrochées aux piques populaires : cette violence était au moins aussi grande que la sauvagerie exercée pendant des années par les classes exploiteuses à l’encontre du peuple, et qui n’avait jamais pu s’extérioriser.

Biens nantis, vous pouvez avec raison craindre la haine emmagasinée par les affamés et les opprimés ! Elle court, elle court, la violence cachée, et rien, ni vos prisons, ni vos frontières, ni vos camps de concentration, ni vos hôpitaux psychiatriques ne pourront l’empêcher de s’exprimer. Elle est suspendue au-dessus de votre société d’exploiteurs et d’oppresseurs, telle une épée de Damoclès, prête à la faire voler en éclat, et ceci avec d’autant plus de vigueur que vous aurez contenu longtemps cette violence.

 

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