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23 août 2023 3 23 /08 /août /2023 08:31

(Partie 2) La mission de la franc-maçonnerie en France au XXI° siècle.

 

Deuxième partie :

Les obstacles à l’universalité maçonnique et à l’application de la fraternité universelle.

 

2.1) Le levain maçonnique :

La voie maçonnique est une voie progressive parmi d’autres voies. Un premier obstacle relève d’une mauvaise perception de ce qu’est réellement la franc-maçonnerie du point de vue organisationnel. En effet, la franc-maçonnerie n’a jamais représentée toute la société, mais elle représente une catégorie sociale, plutôt aisée économiquement et financièrement et participant à un haut niveau culturel. Ainsi, au XVIII° siècle, elle regroupait essentiellement l’aristocratie et la haute bourgeoisie, au XIX° siècle, elle regroupait la bourgeoisie et au XX° siècle, la petite-bourgeoisie, dite « classe moyenne ».

Les francs-maçons ont donc représentés une partie de la classe dominante, partie progressive, qui a trahi l’intérêt de sa classe d’origine, pour se ^placer du côté des classes progressistes, aidant celles-ci à aller vers plus de démocratie, plus d’égalité, plus de libertés, et donc plus de fraternité.

Pour faire partie de la franc-maçonnerie, à chaque période, il ne faut sous-estimer ni les contraintes financières (cotisations diverses,…), ni les contraintes culturelles.

Ceci est un constat : la franc-maçonnerie regroupe une partie de la population, plutôt aisée, et progressive. Individuellement, la franc-maçonnerie est une voie initiatique, parmi une multitude d’autres voies. C’est un levain dans la pâte. Et il faut peu de levain pour faire lever une grande quantité de pâte.

 

2.2) Le « complot maçonnique » :

Le complotisme affirme qu’il existe une sorte de « centre » occulte qui manipule les foules et mène l’histoire. C’est une idée qui existe depuis l’origine de la franc-maçonnerie, au XVIII° siècle, et qui a prospéré, s’est nourrie et développée en « complot judéo maçonnique », notamment au sein de l’extrême droite.

Paradoxalement, c’est aussi une théorie reprise par certains francs-maçons, selon lesquels les maçons seraient « à l’origine » de divers mouvements historiques : la Révolution française de 1789, la III° République, diverses lois,…

Du point de vue de l’histoire, du logos, il n’y a pas eu de « complot maçonnique », mais les francs-maçons ont joué un/leur rôle dans l’histoire.

 

2.3) Rôle historique lors des trois périodes envisagées :

 

a)     Révolution française, 1789-1794 :

Du début du XVIII° siècle à 1789, c’est une période de « cumul » des forces : les aristocrates et la haute bourgeoisie créent des loges et se réunissent autour de l’idéal maçonnique.

Mais il y a d’autres organes que les loges maçonniques qui expriment les Lumières et préparent la fin du féodalisme : ce sont les académies, les divers clubs, les salons, l’ « Encyclopédie », etc.

Les loges sont un lieu d’apprentissage du fonctionnement « démocratique » des assemblées.

Au moment de la Révolution, on trouve des francs-maçons dans les deux camps, le camp révolutionnaire et le camp réactionnaire. Un se divise en deux : il y a implosion et certains maçons choisissent leurs intérêts de classe et le maintien de leurs privilèges. Certains maçons choisissent l’émigration ; d’autres sont décapites. Enfin, les plus progressistes sont révolutionnaires. Lors des diverses étapes de la Révolution, plus celle-ci est « démocratique », plus certains francs-maçons reculent et cherchent à préserver leurs intérêts de classe. A un moment donné, les loges disparaissent et c’est toute la société qui devient le Temple.

Sur le plan de la sociologie, la franc-maçonnerie regroupe surtout l’aristocratie, dont le clergé de niveau supérieur. Lors de la Révolution, une partie des francs-maçons va renier ses origines sociales et rester fidèle à l’idéal maçonnique, en luttant pour plus de liberté et plus d’égalité ;

On peut distinguer :

  • Les francs-maçons non-mûrs, qui demeurent fidèles à leur origine sociale et trahissent l’idéal maçonnique. Une grande partie de ces francs-maçons va rejoindre la cohorte des émigrés ;

  • Les francs-maçons qui s’engageront dans les luttes révolutionnaires, mais déserteront ce camp, lorsqu’ils pensent que le mouvement social va trop loin. Une partie de ces francs-maçons seront guillotinés, ayant trahi l’idéal maçonnique ;

  • Beaucoup de maçons déserteront les loges, car ils estiment que la société dans son ensemble constitue le Temple.

Avec le concordat, les condamnations papales entrent en application en France. Alors, le clergé déserte les  loges.

En 1845, la noblesse perd la direction du Grand Orient de France : alors, le contenu sociologique de la franc-maçonnerie se modifie.

 

b)    La Commune de Paris de 1871 :

Au XIX° siècle, les loges sont des « lieux » républicains, opposés au second Empire. Il y a une période de gestation, les années 1860, suivie d’une période de rupture, la Commune de Paris. Au cours des années 1860, la franc-maçonnerie compte de nombreux blanquistes.

Encore une fois, un se divise en deux. Si la Commune comprend une forte représentation de francs-maçons, ceux-ci sont également présents parmi les Versaillais, et les hommes politiques de la bourgeoisie classique. En particulier, la plupart des responsables de l’obédience du Grand Orient de France sont résolument du côté de Thiers.

Plus tard, certains francs-maçons favorables à la Commune de Paris seront présents dans le camp du boulangisme et des dreyfusards.

La franc-maçonnerie, représentant sociologiquement la classe sociale dominante de l’époque, la bourgeoisie, s’est donc scindée, lors de la Commune de Paris, en deux camps diamétralement opposée :

  • D’une part, les francs-maçons qui demeurent fidèles à leur origine sociale, et trahissent l’idéal maçonnique : ce sont les francs-maçons non-mûrs. Ils rejoignent notamment les Versaillais et comprennent aussi les représentants officiels du Grand Orient de France.

  • D’autre part, les francs-maçons qui trahissent leur origine sociale et appliquent l’idéal maçonnique : ce sont les Communards, ou francs-maçons mûrs. Par la suite, une partie de ces maçons trahira l’idéal maçonnique, pour rejoindre divers courants, dont les républicains opportuniste, les anticapitalistes romantiques et antisémites ou le boulangisme.

 

 

c)     La Résistance, 1940-1945 :

Lors de cette période, on trouve également des francs-maçons présents dans le camp de la Résistance et d’autres favorables au régime de Vichy et à la Collaboration.

Par exemple, une partie des députés francs-maçons va refuser les pleins pouvoirs à Pétain, une autre partie va voter pour accorder ces pleins pouvoirs à Pétain.

Dès 1940, le général de Gaulle a montré, par ses actes, la seule position digne que l’on pouvait avoir alors : rebelle, c’est-à-dire lutter contre l’occupant nazi et les collaborateurs français. Le général de Gaulle représente alors la fraction indépendantiste et nationaliste de la bourgeoisie impérialiste française. Par contre la direction du Parti Communiste Français, avant-garde de la classe ouvrière, avait une position opportuniste, et n’a pas su élaborer une ligne idéologique et politique de guerre populaire jusqu’au socialisme. Le résultat de ce rapport de force sera la IV° République bourgeoise.

Les deux principales obédiences comptaient, en 1939, 45 000 frères : 29 000 frères répartis en 451 loges (dont 98 à Paris) pour le Grand Orient de France, et 16 000 frères répartis en 224 loges (dont 88 à Paris) pour la Grande Loge de France. Les autorités de Vichy ont établi 170 000 fiches de « suspects ». 18 000 francs-maçons virent leurs noms publiés au Journal Officiel ; la franc-maçonnerie déclarait quelque 500 morts en 1945 pour faits de résistance.

On peut donc en conclure que la résistance de la franc-maçonnerie relève du mythe : celle-ci représentait un danger dans l’imaginaire de quelques fasciste fanatique, mais on ne peut pas dire que la franc-maçonnerie ait constitué une force d’opposition à la hauteur de ses effectifs.

 

L’Histoire comprend donc une succession de trois étapes : l’ancien Temple, la destruction du Temple, la construction du nouveau Temple. Les francs-maçons qui n’adhèrent pas à cette évolution, qui par exemple, restent obstinément attachés à l’ancien Temple, comme les émigrés de 1789, les Versaillais de 1871 et les collaborateurs de 1940, deviennent des « non-mûrs », c’est-à-dire des obstacles à la réalisation de l’idéal maçonnique.

Il y a destruction de l’ancienne société, le féodalisme, par la révolution bourgeoise ; puis construction de la nouvelle société, le capitalisme. Enfin la destruction de l’ancienne société, le capitalisme, par la révolution prolétarienne, et la construction de la nouvelle société, le socialisme, suivi du communisme.

 

Troisième partie :

La mission de la franc-maçonnerie :

 

3.1) Les enseignements du passé :

Comme on peut le constater, dans l’avancée vers la fraternité universelle, la franc-maçonnerie ne résiste pas aux luttes de classes. Etant composé des classes privilégiées, immanquablement, en cas de rupture, après une période de gestation, la franc-maçonnerie se scinde en deux, une partie s’engage aux côtés des forces révolutionnaires, et une autre partie fait un retour vers les privilèges, et trahit l’idéal maçonnique.

L’alternative est donc la suivante pour les francs-maçons : soit trahison des intérêts de sa classe, la classe dirigeante, et fidélité à l’idéal maçonnique, soit fidélité aux privilèges de sa classe d’origine et trahison de l’idéal maçonnique.

Des trois exemples de rupture examinés, on peut déduire ce que peut être la démarche collective de la franc-maçonnerie aujourd’hui, en France.

L’obédience, et chaque Loge, doivent lutter résolument pour tout ce qui contribue à développer la solidarité, et tout ce qui va vers plus de liberté, d’égalité et de fraternité. L’obédience, et chaque Loge, doit lutter résolument contre tout ce qui divise le genre humain : les guerres injustes, les génocides, le racisme, … Individuellement, les francs-maçons non-mûrs ne sont pas à l’abri de ces maux : certains frères diffusent l’idéologie du Front national, les idées de Dieudonné, le révisionnisme et l’antisémitisme : ceci doit être combattu. Lors des périodes « pacifiées », il faut combattre contre ce qui concourt au retour de la barbarie, tout en maintenant l’union des francs-maçons très différents. En période de crise ouverte, de violence (révolution, guerre,…), il s’agit de prendre résolument parti, tant en ce qui concerne l’obédience, que chaque Loge, pour l’avenir, contre le passé, pour le nouveau, contre l’ancien. Ceci signifie, lors de la Révolution française, pour les révolutionnaires, contre les émigrés, lors de la Commune de Paris de 1871, pour les Communards, contre les Versaillais, lors de la résistance, pour les résistants, contre les collaborateurs et les fascistes. Alors, lorsque la franc-maçonnerie se scinde en deux, il convient d’être du bon côté, celui de l’idéal, de la fraternité, du progrès, et non du côté des privilégiés et des réactionnaires. La démarche individuelle rejoint la démarche collective : lorsque les conditions sont « normales », c’est-à-dire pacifiées, il n’y a aucune différence entre les maçons « de surface » et les maçons « de profondeur », les maçons « non-mûrs » et les maçons « mûrs ». Lorsqu’il y a crise, les maçons « de surface » répudient l’idéal maçonnique, font retour à leurs privilèges, et deviennent les ennemis des maçons « de profondeur ». Lorsque la société tout entière devient le Temple, alors les francs-maçons se divisent en deux, les maçons « de surface » deviennent les profanateurs du Temple, et les maçons « de profondeur » sont les garants de l’idéal maçonnique.

 

3.2) Désormais, qu’il en soit ainsi :

Tenant compte des éléments du passé, que peut-on prévoir de ce que fera la franc-maçonnerie dans l’avenir ?

Les constats :

·        La formation sociale actuelle est en bout de course : c’est l’impérialisme français pourrissant. L’avenir, c’est soit le socialisme, soit la barbarie ;

·        La classe sociale d’avenir, chargée historiquement de diriger la société, sous la direction de son état-major, le parti communiste, est la classe ouvrière, unie au peuple ; l’objectif est une dictature du prolétariat, à savoir la démocratie réelle la plus totale pour le peuple, et la dictature pour les ennemis du socialisme ;

·        Pour défendre le système ancien, de plus en ^plus les classes conservatrices, la bourgeoisie la plus rétrograde, va se coaguler autour d’un nouveau fascisme, d’une extrême droite réactionnaire ;

·        Les risques à la fois de guerre mondiale pour se répartir les néo-colonies vont grandissant ; parallèlement, se développent les facteurs subjectifs et objectifs de guerre civile ;

·        En raison de son caractère progressif, « Liberté, Egalité, Fraternité », la franc-maçonnerie, en tant que collectivité, au niveau de son idéal, sera perçue, de toute façon, comme un ennemi irréductible du nouveau fascisme, qui va à nouveau reprendre la vieille lune de « complot judéo maçonnique » ;

·        En conséquence, l’intérêt de la franc-maçonnerie est de combattre pour le socialisme aux côtés de l’avant-garde communiste. Bien évidemment, comme par le passé, les francs-maçons vont se scinder en deux camps : d’un côté ceux qui choisissent la réalisation pratique de leur idéal, qui se traduit dans un socialisme réel. De l’autre côté, ceux qui renient leur idéal maçonnique, pour se tourner vers leurs intérêts de classe privilégiée, la bourgeoise rétrograde.

Aujourd’hui, dans la société française, l’obstacle à une véritable fraternité, c’est l’existence de la bourgeoisie, et de ses intérêts de classe égoïste. Comme par le passé, ce serait irréaliste d’espérer que la classe bourgeoisie, dans son ensemble, va renoncer à ses privilèges de façon volontaire, sans y être obligée par une action violente.

Si une lutte s’engage entre la barbarie et le socialisme, quel camp choisiront : l’obédience, les loges, les francs-maçons individuellement ?

L’avenir, c’est la République sociale. Il ne peut y avoir fermeture aux problèmes sociaux : classes sociales, salariat, écologie,…

Nécessité, non pas d’être élitiste, mais d’avant-garde, en anticipant sur la réalité de demain. Cela ne peut être qu’une minorité.

Sans doute d’abord une minorité à chaque fois.

L’étape politique et sociale est, en France, au début du XXI° siècle le choix entre deux types de société : le socialisme ou le fascisme. Il n’y a plus qu’une seule alternative : la révolution prolétarienne ou la révolution nationale.

L’étude de la franc-maçonnerie, du point de vue du logos, comporte symboliquement trois étapes : l’ancien Temple, la destruction du Temple et la construction du nouveau Temple. En d’autres termes : l’ancienne société, le féodalisme. La destruction du féodalisme par la révolution bourgeoise. La construction de la nouvelle société, le capitalisme. La destruction de l’ancienne société, par la révolution prolétarienne. La construction de la nouvelle société, le socialisme, suivi du communisme.

 

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