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22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 10:46

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 9)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

a) Communisme primitif

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quantité de nourriture

 

Quasi absence

 

 

 

indispensable

 

de surplus

 

 

 

 

 

à la survie de l'espèce

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

b) Esclavagisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Surplus accaparé

 

 

 

 

par les

 

 

 

 

 

 

maîtres

 

 

 

 

 

 

d'esclaves

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

c) Féodalisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Surplus accaparé

 

 

 

 

 

par les seigneurs

 

 

 

 

 

féodaux et

 

 

 

 

 

 

les nobles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

d) Capitalisme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Surplus accaparé

 

 

 

 

 

pour l'essentiel

 

 

 

 

 

par les

 

 

 

 

 

 

capitalistes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

e) Communisme supérieur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Surplus

 

 

 

 

 

 

 

réparti

 

 

 

 

 

 

 

entre tous

 

 

 

 

 

 

les membres

 

 

 

 

 

 

de la société

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce qui permet de passer d’une société à l’autre, c’est la lutte des classes et les révolutions, qui sont autant de bonds qualitatifs. Ce processus est objectif, indépendant de la volonté humaine : vouloir l’empêcher, le freiner, désirer voir l’histoire régresser, cela est aussi vain que de vouloir l’accélérer, prendre ses désirs pour des réalités (volontarisme). Mais il n’y a aucun fatalisme : l’individu joue un rôle actif. Le communisme est une conséquence nécessaire, mais pas fatale, de l’histoire humaine. Qu’est-ce à dire ? Cela apparaît contradictoire, mais il n’en est rien. Comme point de comparaison, prenons un fleuve. Nous pouvons déduire qu’un fleuve va se grossir des eaux des différents affluents et qu’il tracera son lit jusqu’à la mer. Cela apparaît nécessairement ainsi : mais ce n’est pas fatal. Il n’est pas dit que le fleuve parviendra forcément jusqu’à la mer. Un événement naturel, ou dû à la main de l’homme, peut empêcher cela, en détournant le cours du fleuve. Il en est ainsi de toutes choses. Prenons un œuf : en étudiant les conditions d’évolution de cet œuf, nous savons que, si certaines conditions sont satisfaites, cet œuf deviendra une poule nécessairement, mais non fatalement ; il peut se produire de nombreux accidents, nous pouvons par exemple détruire ou manger cet œuf. Il en est de même à l’échelle de l’humanité : si l’on étudie les lois du développement de l’histoire humaine, il apparaît nécessairement que le résultat de cette histoire, c’est le communisme. Aucune volonté ne peut transgresser cette loi, aussi nécessaire que la loi de la pesanteur qui constate que les corps tombent, dans les conditions habituelles, selon la direction verticale. Mais il n’y a là aucun caractère fatal, obligatoire : la trajectoire de la marche de l’humanité peut être déviée. On peut, par exemple, imaginer un holocauste dû à un conflit atomique généralisé, qui raye l’espèce humaine du sein de l’univers, empêchant l’humanité de réaliser ce dont elle est grosse, ce qu’elle porte en soi.

 

Dans cette histoire humaine, les époques de transition ont une certaine importance : une société sort d’une ancienne période pour entrer dans une nouvelle période. Pour illustrer cela, considérons la naissance d’une formation sociale (38) esclavagiste. (La formation sociale est l’unité sociale existant réellement : dans la réalité, on ne rencontre jamais un mode de production – esclavagiste, féodal, capitaliste – à l’état pur, mais seulement des formations sociales. La formation sociale associe différents modes de production, un mode de production étant principal dominant).

Le mode de production esclavagiste est constitué par un aspect dominant, les maîtres d’esclaves, un aspect dominé, les esclaves, ainsi que des classes et couches sociales intermédiaires (hommes libres, artisans, paysans, etc.). Pour exposer la naissance d’une formation sociale où prédomine un mode de production esclavagiste, on peut utiliser l’allégorie développée par Hegel dans la « dialectique du maître et de l’esclave » (39).

Deux individus se rencontrent et entrent en contact. Imaginons que tous deux aspirent à posséder un produit, ou à séduire une femme. Forcément ils entrent en lutte, lutte qui peut être d’autant plus violente que la rareté de ce produit, ou des femmes, est grande. L’un des individus finit par dominer l’autre, par force ou par ruse. Différentes possibilités s’offrent à lui : la première, élémentaire, c’est de tuer l’adversaire. C’est une façon de régler définitivement la contradiction, d’empêcher son retour. La seconde possibilité, c’est de faire prisonnier son adversaire, de le garder en esclavage. Le vainqueur choisit la seconde solution pour diverses raisons. Raison matérielle d’abord : l’esclave va travailler pour lui, augmenter les chances de survie du maître, et surtout lui permettre une vie plus facile. Raison morale : tuer le vaincu, c’est s’enlever toute possibilité d’être considéré comme le vainqueur, comme le meilleur. L’état de sujétion dans lequel est maintenu l’esclave permet au maître de se définir comme étant le premier. La façon de regarder, de se comporter, de l’esclave, rappelle à tout moment au maître qu’il est le maître. Quant à l’esclave, il est affronté au monde, travaille, accroît ses connaissances, et en ce sens, il se « libère ». Le maître lui, devient de plus en plus oisif : il est coupé, aliéné du monde. Sans cesse, l’esclave interfère, entre lui et le monde, et le sert : le maître n’a plus un contact direct avec la réalité. En ce sens, le maître devient de plus en plus « prisonnier ». Ainsi, grâce au travail en particulier, progressivement, l’esclave se libère et devient le maître du maître ; il agit, et bientôt, il prend une claire conscience de sa nouvelle situation : alors il pourra se passer du maître, devenu un fardeau inutile. Inversement, le maître devient l’esclave de l’esclave : tout en étant inutile lui-même, sa survie dépend du travail de l’esclave. Un pas de plus, et il se produit un retournement dialectique, conforme au nouvel état de chose : l’aspect dominant devient aspect dominé, et inversement.

 

 

Prenons un exemple historique de formation sociale où domine le mode de production esclavagiste : la démocratie esclavagiste d’Athènes comprenait, vers la fin du VI° siècle jusqu’au IV° siècle avant notre ère, environ 200 000 esclaves, contre 70 000 étrangers (« métèques ») et 40 000 citoyens, c’est-à-dire 110 000 hommes libres ! Aussi, après de nombreuses luttes revêtant diverses formes, l’esclavagisme sera détruit, et du sein des classes de cette société, sont nées les classes de la nouvelle société, le féodalisme, dont les classes dominantes sont les propriétaires fonciers, les maîtres de jurande, et les classes dominées sont les serfs et les compagnons.

Ainsi, depuis le communisme primitif, toutes les sociétés sont structurées hiérarchiquement en classes sociales : d’une part, les deux classes essentielles, irrémédiablement antagoniques, oppresseurs et opprimés, et d’autre part, les classes intermédiaires, les classes moyennes. Ces classes sociales sont en lutte constante, cette lutte pouvant être ouverte, déclarée, menée les armes à la main (comme par exemple les luttes des esclaves dirigés par Spartacus (40), les jacqueries du moyen âge, les révolutions, etc.) ou bien secrètes, larvées, non apparentes (comme la résistance passive, le refus de travailler, l’absentéisme, la destruction des outils, des récoltes, les grèves, les révoltes, le suicide, etc.). Le résultat de cette lutte est, quand les conditions sont mûres, la transformation du système social, et son remplacement par un système nouveau.

 

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22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 10:28

Liberté, égalité, fraternité (Partie 8)

 

 

QU’EN EST-IL SI ON APPLIQUE CES PRINCIPES A L’HISTOIRE ?

 

En philosophie, il y a différentes conceptions de l’histoire de l’humanité. Trois conceptions sont importantes :

 

  • La conception linéaire de l’histoire :

 

 

 

 

C’est une conception simpliste. Les événements se succèdent, soit arbitrairement, soit selon un certain déterminisme (dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent les mêmes effets : si l’événement a se produit, b se produira nécessairement). Cette évolution peut avoir un sens (il y a alors progrès de la civilisation). Selon Bossuet (34) qui partage cette conception, il existe une Providence divine, qui crée l’histoire, qui en est la véritable cause, l’homme n’en est que l’instrument.

 

  • L’éternel retour :

 

 

 

L’évolution, l’histoire, c’est le retour du même, selon un certain cycle qui peut durer, mettons par exemple 20 000 ans. On rencontre cette conception chez le philosophe de l’Antiquité, Empédocle (35), ainsi que chez Nietzsche (36).

Voici la conception d’Empédocle en ce qui concerne le développement du monde. Le monde est composé de quatre éléments (la terre, l’eau, l’air et le feu), animés de deux forces motrices (l’Amour et la Haine) et se déroule en quatre périodes.

Première période : c’est l’empire de la Haine. Les quatre éléments sont séparés, homogènes. Le cosmos est anéanti. L’Amour, bannie, assiège le chaos de l’extérieur.

Deuxième période : de l’empire de la Haine à l’empire de l’Amou. Il y a une fissure et l’Amour accourt. Les quatre éléments se rapprochent et se mêlent pour former les choses.

Troisième période : l’empire de l’Amour. La Haine fuit à la limite du cercle. L’Amour règne. C’est le monde parfait.

Quatrième période : de l’empire de l’Amour à l’empire de la Haine. La Haine s’agite et tout s’éparpille en tout sens.

Puis le cycle recommence éternellement.

 

  • La spirale :

 

 

C’est la conception marxiste de l’histoire.

L’histoire a un sens : l’humanité progresse. Mais il y a également des boucles, des « retours en arrière » : les sociétés naissent, se développent et meurent.

L’homme sort de l’état animal : il naît. Au début et à la fin de l’histoire, on retrouve une étape similaire, que l’on peut appeler du terme général de communisme (société sans classes sociales). L’humanité se dégage de l’état animal, passe par le stade du communisme primitif (société sans classes sociales, pénurie, besoins élémentaires) et à l’issue de l’histoire, à travers différentes étapes, parvient au communisme supérieur (société de nouveau sans classes sociales, abondance, besoins complexes satisfaits).

Entre ces deux bornes se trouvent, en ce qui concerne les pays européens (France, Angleterre, etc.) différentes étapes : esclavagisme, féodalisme, capitalisme. Ce sont des sociétés de classes. On peut schématiser simplement cette évolution :

  • A l’origine, il n’y a pas de surplus. Chaque tribu, chaque individu, accapare juste ce qu’il a besoin pour survivre. S’il ne trouve pas ces produits (par la cueillette, la chasse, la pêche), il disparaît.

  • Puis, au cours de l’évolution sociale, les richesses sociales augmentent, les sociétés humaines font des réserves. Il y a un surplus (de nourriture, de biens, etc.). Mais au lieu que ce surplus soit partagé de façon équitable, juste, entre tous les individus de la société, une catégorie de privilégiés (ce sont les maîtres d’esclaves, les seigneurs féodaux ou les capitalistes) se constitue et en accapare une grande partie à son seul profit.

  • En fin d’évolution, grâce à la révolution socialiste, l’humanité se débarrasse des privilégiés, et le surplus est réparti de façon égalitaire entre tous les membres de la communauté.

 

Ceci a été rendu possible parce que le développement des forces productives (37) a considérablement augmenté les richesses, le surplus, étant donné qu’à l’origine, ce surplus était insuffisant, et ne pouvait vraiment bénéficier qu’à quelques-uns.

Cette conception de l’histoire spirale met au premier plan la base matérielle, les forces productives. Ce qui donne :

 

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21 octobre 2020 3 21 /10 /octobre /2020 08:56

Liberté, égalité, fraternité (Partie 7)

 

LA CONTRADICTION

 

Toute chose bouge, évolue, que ce soit dans la nature, dans la société ou dans la pensée humaine. Qu’est-ce qui fait que la société existe, vit, évolue, régresse ou progresse ? C’est le fait qu’en son sein existent différentes classes sociales, distinctes, des groupes humains ayant des intérêts divers et opposés. Il y a de multiples contradictions qui expliquent l’existence et le changement des choses, de la réalité. La cause du changement n’est pas à chercher à l’extérieur ; mais à l’intérieur des choses elles-mêmes. Une contradiction résolue fait place à une nouvelle contradiction, et ceci à l’infini. Sans contradiction, c’est le néant.

 

L’UNITE DES CONTRAIRES

 

Toute chose renferme en elle-même son propre contraire. Dans chaque chose coexistent momentanément deux aspects, deux pôles, l’un dominant, l’autre dominé. L’aspect dominant se transforme en aspect dominé, et inversement. C’est ce qui constitue la vie et le développement de cette chose. Le tout, l’unité des deux aspects, forme une unité dialectique. Le plus devient moins et le moins devient plus. On peut trouver des exemples illustrant ce principe dialectique dans la nature, dans l’histoire et dans la pensée.

La vie devient morte, la mort devient vie. Il y a de la mort dans la vie et de la vie dans la mort. Sinon comment expliquer qu’une chose vivante devient chose morte ? Vie et mort ne sont pas des réalités absolues, séparées, sans rapport l’une avec l’autre : c’est là le point de vue métaphysique. Ainsi, dans le corps humain, certaines cellules vivantes meurent, se régénèrent, disparaissent. Sur un cadavre, certaines parties poursuivent plus ou moins longtemps leur existence, comme les cheveux, les ongles, le squelette.

La matière devient esprit, et l’esprit devient matière. Prenons l’organe du sens du toucher, la peau. La peau entre en contact avec le monde extérieur sous différentes formes (choc, pression, chaleur, etc.). Il s’agit là de stimuli mécaniques, qui sont emmenés par les canaux des nerfs jusqu’au cerveau, mettons sous forme de décharges électriques. Le contact mécanique avec une chose quelconque, le processus tout aussi mécanique qui mène cette information donnée par le monde extérieur au cerveau, tout cela se transforme dans notre cerveau en une réalité qualitativement différente, en une idée de la chose (bien sûr, une sensation n’est pas pure, unique ; mais cette sensation de la chose touchée s’associe à la vue de cette chose, et à d’autres moyens de l’appréhender). Ainsi nous avons des sensations des choses environnantes (et également des phénomènes intérieurs, tels plaisirs et douleurs, maux d’estomac, etc.) et ces sensations ont pour résultat non pas des sensations, mais une autre réalité, contraire : des idées. Et l’inverse est vrai également : une idée peut se transformer en matière. Il en est ainsi du plan de l’architecte qui se réalise par le travail.

Pour mieux saisir cela, on peut faire un parallèle concernant le phénomène de la vie. Pour nous préserver en vie, nous devons ingurgiter de l’air et de la nourriture. Nous respirons de l’air. Le résultat, est-ce de l’air ? Non, l’air est décomposé en ses parties, nous en gardons une partie et rejetons l’autre. A midi, nous mangeons des légumes, de la viande, etc. Quel est le résultat ? Est-ce des légumes de la viande, etc. ? Non, le résultat, c’est du calcium, des cellules vivantes, de la chair, du sang, des os, etc. et des déchets. De la même façon, dans une journée, nous avons une multitude de sensations, phénomènes physiques. Le résultat, est-ce des sensations ? Non, les sensations deviennent des idées, phénomènes spirituels. Et les idées elles-mêmes se transforment en réalisations concrètes.

Prenons l’exemple d’un parti politique. Chaque parti politique veut appliquer un programme, c’est-à-dire un ensemble d’idées, de théories, de points de vue. La plupart de ces idées n’existent d’abord que sur le papier : elles n’ont aucune réalité concrète. Mais une catégorie sociale, une classe, une couche peut s’emparer de ces idées, et si le rapport de force est favorable, tenter de les faire passer dans la réalité. Dans ce cas là, l’esprit devient matière. Si le programme correspond au sens de l’histoire, il entrera dans la vie sous forme d’institutions nouvelles, d’Etat nouveau, etc.

On peut tirer de la vie une expérience, en faire un bilan, une synthèse. On peut aussi appliquer une idée à la vie. La matière devient esprit, et l’esprit devient matière. Chaque chose se transforme en son contraire.

Notre esprit contient des idées. Une idée est vraie ou fausse. Une idée vraie devient fausse et inversement. Ainsi, je dis actuellement : « Il pleut ! ». Effectivement, cette idée reflète correctement la réalité présente : c’est une idée vraie qui correspond à la vie. Mais tout à l’heure, quand la pluie aura cessé de tomber, cette affirmation se transformera en son contraire, et sera une erreur. J’énonce : « Aujourd’hui, l’homme est un loup pour l’homme. L’homme exploite son semblable. » Est-ce vrai ou faux ? Poser la question dans l’absolu, cela n’a aucun sens. Mais mon expérience sociale quotidienne me démontre que c’est là, ici et maintenant, une vérité. Dans la société capitaliste, l’affirmation est vraie. Mais cela n’a pas toujours été ainsi, et il n’en sera pas toujours ainsi : il est faux d’affirmer cela de l’homme primitif ou de l’homme nouveau vivant dans une société socialiste. Un dernier exemple : le féodalisme se transforme en son contraire, le capitalisme, qui lui-même devient le socialisme.

 

LE BOND QUALITATIF

 

Soit l’exemple du changement d’état de la matière : l’eau glacée devient eau liquide, qui se transforme à son tour en vapeur d’eau. La première cause de ce changement, c’est la qualité de l’eau elle-même : c’est la cause interne. La cause externe de ces transformations, c’est la quantité de chaleur, l’augmentation de chaleur que l’on apporte à l’eau.

A moins 10 degrés Celsius, l’eau est glacée. Ajoutons de la chaleur. L’eau fond, et de moins 1 degré à 0 degré, il y a un bond, l’eau change de nature, et devient liquide. De 99 degrés à 100 degrés, se produit un nouveau changement, et l’eau devient vapeur.

En France, au moyen âge, la classe bourgeoise accumule des forces et les accroît considérablement : en 1789 se produit un bond, un changement de nature de la société. La société féodale se transforme en son contraire, la société capitaliste. De classe dominée, la bourgeoisie devient classe dominante.

L’homme primitif expliquait les phénomènes climatiques, tels la pluie, les éclairs, etc. par l’intervention directe de forces surnaturelles. C’était de la magie. Au cours des âges, on a fait des progrès dans la connaissance de ces phénomènes : aujourd’hui on peut même agir sur ceux-ci. Il y a eut un bond dans la connaissance.

Ainsi dans le changement des choses, dans la nature, dans la société, et dans l’esprit humain, il convient de distinguer le changement quantitatif (accroissement, augmentation) et le changement qualitatif (on passe d’une nature à une autre).

 

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20 octobre 2020 2 20 /10 /octobre /2020 09:57

Liberté, égalité, fraternité (Partie 6)

CHAPITRE II 

 

INTRODUCTION DU MANIFESTE ET PLAN DE L’OUVRAGE

 

INTRODUCTION

Le communisme (idéal des ouvriers) constitue déjà une force, dont on ne peut pas ne pas tenir compte. Il constitue un spectre et fait peur aux classes dirigeantes de tous les pays qui se liguent contre lui, car il constitue l’ennemi abhorré commun de tous les privilégiés. Souvent, ce mot joue un rôle de repoussoir, d’injure, d’épouvantail entre ennemis politiques. Ceci démontre que la classe ouvrière, à l’étape de sa formation en tant que classe, constitue déjà une puissance.

Mais il devient nécessaire d’exposer clairement quel est le programme des communistes, pour l’opposer aux mensonges, aux calomnies et aux préjugés dont est victime le communisme.

Une question qui, aujourd’hui, est plus que jamais actuelle, se pose : qu’est-ce que Marx entend par parti ? Est-ce l’ensemble de la classe ouvrière ? Est-ce l’ensemble potentiel des chefs du prolétariat ? Est-ce l’avant-garde ? Et puis aussi, qu’est-ce qui dans cette conception marxiste du parti demeure valable et qu’est-ce qui est dépassé et appartient à l’histoire ?

 

PLAN

Le Manifeste du parti communiste est composé de trois chapitres.

Dans le Chapitre I, « Bourgeois et prolétaires », après avoir dessiné rapidement le tableau de l’histoire jusqu’à leur époque, Marx et Engels font une description sociologique des deux classes essentielles qui caractérisent le système social moderne, le capitalisme. Quelle est la genèse de ces classes, leur développement et leur avenir ?

Dans le Chapitre II, « Prolétaires et communistes », Marx et Engels définissent le rapport entre la classe ouvrière et le parti communiste, ainsi que le but ultime, final, du mouvement ouvrier : le communisme.

Enfin dans le Chapitre III, « Littérature socialiste et communiste », Marx et Engels exposent une vue générale de toutes les tendances dites « socialistes », développées à leur époque, et plus particulièrement, quel est le rapport que les communistes entretiennent avec ces autres courants se réclamant du socialisme.

 

 

CHAPITRE III

 

« BOURGEOIS ET PROLETAIRES »

 

Voici quelques définitions :

 

  • Qu’est-ce qu’une classe sociale ?

C’est un ensemble d’individus ayant la même position sociale (dans la production), donc des intérêts communs et une idéologie commune.

Les deux pôles, les deux classes principales de la société moderne, capitaliste, sont la bourgeoisie et le prolétariat.

La classe sociale est une réalité vécue, ressentie, consciemment ou inconsciemment, par tous les membres des sociétés de classe. Le concept de classe sociale n’a pas été élaboré par Marx, mais antérieurement par des historiens bourgeois comme Augustin Thierry (29).

 

  • Qu’est-ce que la bourgeoisie ?

C’est la classe sociale qui possède les moyens de production et exploite la force de travail (30) des ouvriers. C’est la classe dominante, et en système capitaliste, l’Etat lui appartient ; l’Etat est un instrument permettant à la bourgeoisie d’exploiter et d’opprimer les autres classes de la société.

 

  • Qu’est-ce que le prolétariat ?

C’est une classe sociale qui ne possède aucun moyen de production, car elle en a été dépossédée, et elle est obligée de vendre sa force de travail à la bourgeoisie pour vivre.

 

Bourgeoisie et prolétariat sont donc deux classes complémentaires, nées en même temps, qui se développent en même temps et disparaîtront en même temps. C’est une unité dialectique de deux contraires.

 

  1. L’HISTOIRE DE L’HUMANITE

 

L’affirmation par laquelle s’ouvre le Chapitre I du Manifeste est essentielle : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes. »

Dans les premiers paragraphes du livre, cette histoire est tracée à grands traits. Elle concerne surtout – ainsi que le précise une note d’Engels datée de 1888 – l’histoire écrite, et non la préhistoire.

A l’origine existait la société primitive communiste, ou communauté primitive. Quels sont les caractères de cette époque ? Le caractère essentiel, c’est la propriété commune du sol. Les hommes vivent en petits groupes, ou tribus, de la cueillette, de la chasse et de la pêche. Il n’y avait alors pas de divisions en classes sociales, et donc pas d’Etat.

De là va naître la division de la société en classes distinctes et opposées. Les premières et principales divisions sont les suivantes :

  • La division des sexes (hommes/femmes). Il y a différentes étapes. D’abord les femmes s’occupent de l’agriculture, les hommes de la chasse. L’élément féminin joue alors un rôle prédominant : c’est le matriarcat. Puis les femmes s’occupent du foyer et il en découle une dépendance économique et une domination de l’homme sur la femme : c’est le patriarcat.

  • La division entre l’agriculture et l’artisanat (plus tard entre l’agriculture et l’industrie). A cette nouvelle division du travail et spécialisation vient se superposer la division entre ville et campagne : la ville, où se trouvent les industries, finit par dominer et par exploiter la campagne.

  • La division entre intellectuels et travailleurs manuels : les intellectuels forment une élite, possèdent le savoir, la culture, et en excluent les classes laborieuses. Aussi les intellectuels détiennent une partie du pouvoir.

 

Quelle est l’origine de ces divisions ? C’est la spécialisation, la division du travail. Quand l’homme entre en société intervient une division du travail qui s’accentue sans cesse. A l’origine, chaque individu, grosso modo, devait satisfaire ses propres besoins. Mais ces besoins étaient simples, peu nombreux, et faciles à satisfaire (manger, boire, dormir, se reproduire). Il suffisait de savoir puiser dans le réservoir qu’est la nature pour survivre.

Avec la société organisée, les besoins s’accroissent, se compliquent, se diversifient. Un seul individu ne peut plus tout réaliser à lui seul (chercher sa nourriture, construire son logement, fabriquer ses outils, ses vêtements, etc.).Il y a nécessairement spécialisation : c’est l’interdépendance, car il faut compter sur les autres pour survivre. Il se crée des corps de métiers diversifiés. Une division particulière du travail s’établit entre dirigeants et dirigés. Ainsi naît la société de classes.

 

Pour tracer ce tableau de l’histoire humaine, Marx et Engels s’inspirent des principes de la dialectique (31) et du matérialisme (32). Les principes de la dialectique ont été développés par le philosophe allemand Hegel (33). Quels en sont les principes essentiels ? Quels sont les résultats de leur application à l’histoire ?

 

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19 octobre 2020 1 19 /10 /octobre /2020 09:24

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 5)

 

 

  1. RESUME DE LA THESE GENERALE DU MANIFESTE : LE MATERIALISME HISTORIQUE.

 

Selon l’aveu même de Engels, le Manifeste, quoique œuvre commune et collective, appartient pour l’essentiel à la main de Marx : celui-ci était en possession des idées qui y sont contenues dès 1845. En quoi consistent ces idées ?

 

SUPERSTRUCTURE ET INFRASTRUCTURE 

 

Dans toute société de classes, on peut distinguer deux aspects :

  • D’une part, la production des biens, et leur répartition, leur distribution. C’est l’infrastructure.

  • D’autre part, un ensemble d’institutions, des appareils d’Etat (justice, armée, éducation, etc.) et des appareils idéologiques (religions, partis, etc.). C’est la superstructure.

Qu’est-ce qui est premier et fondamental ? C’est le mode de production et d’échange, et c’est lui qui détermine la superstructure : la structure sociale dérive de l’infrastructure, elle en est un effet et une conséquence. Autrement dit : avant que de penser, l’homme mange et produit, travaille.

 

CONCEPTION DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITE

 

De cette idée fondamentale, matérialiste, (base matérielle d’abord, structure sociale, « société civile » ensuite) découle la conception historique de Marx et Engels, selon laquelle on peut distinguer trois étapes :

  • Avant l’histoire (avant l’ « histoire écrite »).

L’homme sort de l’état animal. C’est l’organisation sociale primitive, caractérisée par la propriété commune de la terre. Il n’y a pas de classes sociales et donc pas encore d’Etat.

  • L’histoire.

Apparaissent les classes sociales et donc les luttes de classes, les rapports exploitants/exploités, avec des classes dominantes et des classes dominées.

Marx distingue différents modes de production (16) : jusqu’à son époque l’humanité a parcouru trois étapes dans les pays de l’Europe, l’esclavagisme, le féodalisme et le capitalisme.

  • Après l’histoire.

C’est le but à atteindre, le communisme supérieur, où n’existeront plus ni classes sociales, ni Etat. C’est en somme la fin de l’histoire, la fin de l’histoire « animale » au cours de laquelle l’homme lutte non seulement contre la nature, mais aussi contre l’homme, et exploite son semblable.

Il y a donc – à travers différentes étapes – un progrès dans l’histoire.

 

L’époque actuelle (l’époque de Marx) est celle qui se caractérise par l’opposition entre la bourgeoisie et le prolétariat : la classe la plus opprimée, le prolétariat, en se libérant de la bourgeoisie, libère l’ensemble de l’humanité, et permet d’accéder à l’étape supérieure de l’humanité.

 

IMPORTANCE DE LA THESE

 

Cette thèse (l’infrastructure fonde la superstructure) est la base de la science de l’histoire. Elle rend une conception scientifique de l’histoire possible. On peut établir un parallèle entre Marx et Darwin (24) : de même que Marx a révolutionné la science historique, Darwin a introduit, dans les sciences naturelles, les idées du transformisme (25).

 

  1. CE QUI A CHANGE DEPUIS 1847

 

Depuis la rédaction et la publication du « Manifeste », l’histoire n’a pas cessé de progresser. Le Manifeste conserve-t-il encore son actualité en 1888 (et aujourd’hui, pourrait-on également se demander) ? A-t-il vieilli, et n’est-il plus qu’une pièce de musée ? Est-ce encore un livre vivant qui correspond à la vie actuelle ?

Les principaux progrès de 1847 (rédaction du Manifeste) à 1888 (rédaction de la « Préface » d’Engels) sont : les progrès de la grande industrie, les progrès dans l’organisation de la classe ouvrière et les nouvelles expériences pratiques du mouvement ouvrier (révolution de février 1848 et Commune de Paris (26) en particulier).

 

Que peut-on en déduire ?

 

  1. Les principes généraux exposés dans le Manifeste demeurent exacts, lorsqu’ils sont confirmés et vérifiés par la vie. Il en est ainsi, en particulier, de la thèse générale (primauté de l’infrastructure sur la superstructure), de la méthode (le matérialisme dialectique), de la nécessité de la révolution prolétarienne, et des tâches du prolétariat.

  2. L’application de ces principes généraux varie suivant les circonstances historiques données, selon la conjoncture.

  3. Beaucoup de passages du Manifeste ont vieilli, ne sont plus d’actualité, et datent un peu (en particulier il en est ainsi de la plus grande partie du chapitre III, « Littérature socialiste et communiste », qui analyse les différentes tendances qui se réclament du socialisme : cette analyse, naturellement, s’arrête à l’année 1847, et elle est vraie pour la période concernée).

  4. Un point théorique – capital – a varié, étant donné l’expérience historique accumulée par le prolétariat international – et surtout par le prolétariat français – c’est la conception de l’Etat. Engels écrit : « La Commune a démontré que la classe ouvrière ne peut se contenter de prendre la machine de l’Etat et de la faire fonctionner pour son propre compte.» (27).

On peut donc distinguer deux conceptions de la machine de l’Etat :

  • La première conception de l’Etat est celle qui est partagée par Marx et Engels jusqu’à l’expérience de la Commune de Paris, et c’est donc celle qui est implicitement contenue dans le Manifeste. Selon cette conception, l’Etat est un instrument neutre, au-dessus des classes. Conséquence : il faut l’arracher des mains de la bourgeoisie, actuelle classe dominante, et s’en servir pour réaliser les intérêts de la classe ouvrière. Selon ce point de vue, l’Etat, représentant les intérêts de la classe entière, est accaparé par une classe particulière pour servir ses intérêts propres.

Mais, en tenant compte des enseignements de la réalité, Marx et Engels n’ont jamais hésité à réviser des points de doctrine.

  • Aussi la seconde conception de l’Etat, tirée de l’expérience de la Commune de Paris, et exposée dans le livre de Marx, la Guerre civile en France (28), affirme que l’Etat est un instrument de classe : il porte la marque de la classe dominante. Il faut non pas s’emparer de l’ancien appareil d’Etat, mais le détruire, le briser, pour le remplacer par un nouvel Etat, pour édifier un Etat propre à la nouvelle classe dominante.

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18 octobre 2020 7 18 /10 /octobre /2020 06:26

Liberté, égalité, fraternité (Partie 4)

 

DE 1847 A 1852

 

Le « Manifeste du parti communiste » est publié d’abord en allemand, puis en français, ensuite en anglais, en danois et en polonais. En 1850, des traductions du Manifeste paraissent en Suisse et en Amérique. Cette première période de lecture du Manifeste est marquée par l’échec du mouvement communiste après 1848, en particulier, par l’écrasement des communistes à Cologne en 1853 (8).

 

DE 1864 A 1874

 

Le « Manifeste » est traduit en russe par Bakounine (9) en 1863, à nouveau en russe par Véra Zassoulitch (10) en 1882. Il paraît des traductions en danois, espagnol, douze éditions en allemand, etc. Cette période voit une nouvelle offensive des ouvriers, un essor des luttes, qui aboutira à la naissance et au développement de l’Association internationale des travailleurs, première internationale (11).

Le mouvement ouvrier a encore insuffisamment de maturité. Ne pouvant faire l’union sur la base des principes exposés dans le Manifeste, la classe ouvrière européenne et américaine a besoin d’un programme plus « large ». Ce programme sera rédigé par Marx en vue d’unir tous les ouvriers insuffisamment éduqués.

Mais Marx avait confiance dans les masses : elles parviendront à élever leur niveau, ceci grâce au lien entre la théorie et la pratique, et à s’éduquer au cours de la lutte, au cours du mouvement lui-même. D’ailleurs les défaites jouent un rôle positif, parfois plus que les succès, car elles démontrent que l’individualisme et la division ne mènent à rien. Seules l’unité et la lutte permettront d’émanciper la classe ouvrière.

Parallèlement aux événements sociaux et politiques, les idées contenues dans le Manifeste font des progrès et sont de mieux en mieux connues par les ouvriers avancés. La vie condamne les autres tendances du mouvement ouvrier (proudhonisme (12) en France, Lassalle (13) en Allemagne, Trade-union (14) en Angleterre). Ces progrès sont ponctués par les différentes éditions du livre. Aussi, Engels peut affirmer dans la « Préface de l’édition anglaise de 1888 » : « Ainsi l’histoire du Manifeste est- elle l’exact reflet de l’histoire du mouvement ouvrier moderne : il est actuellement sans conteste l’œuvre la plus répandue et la plus internationale de toute la littérature socialiste, un programme de milliers d’ouvriers de tous les pays de la Sibérie à la Californie. »(15).

 

QUESTION DE TERMINOLOGIE

 

Pourquoi intituler le Manifeste : Manifeste du parti communiste et non « socialiste » ?

Rappelons quelques éléments de la conception marxiste définitive, achevée, de l’histoire de l’humanité. Selon Marx, dans les pays avancés du XIX° siècle, se sont succédés quatre modes de production (16) des biens matériels, c’est-à-dire quatre modes d’obtention des moyens d’existence (nourriture, vêtements, logements, instruments de production, etc.). Ce sont :

  1. La commune primitive ;

  2. Le mode de production esclavagiste ;

  3. Le mode de production féodal ;

  4. Le mode de production capitaliste.

Le prochain mode de production, c’est le communisme, qui comprend deux étapes :

    1. Le socialisme (17) qui est une étape de transition entre le capitalisme et le communisme supérieur, et où existent un Etat socialiste, et la dictature du prolétariat. Dans une première approximation, on, peut définir le socialisme comme étant l’ « appropriation collective des moyens de production », les moyens de production (18) comprenant les objets employés dans la production, dont ils sont la condition matérielle (les objets de travail et les instruments de production).

    2. Le communisme proprement dit : c’est l’étape supérieure qui voit la disparition des classes sociales et de l’Etat.

 

A l’époque à laquelle est rédigé le Manifeste, que désigne le mot de « socialisme » dans l’esprit du lecteur en général ?

Ce mot désigne les tenants des systèmes utopiques, disciples d’Owen (19) en Angleterre, de Fourier (20) en France. Si ces systèmes présentaient quelques intérêts quand ils furent conçus, si les créateurs de ces systèmes furent de grands génies, maintenant que le mouvement ouvrier a atteint une plus grande maturité, les disciples de ceux-ci ne forment plus que des sectes, à l’esprit étroit.

Le mot de « socialisme » évoquait aussi les charlatans du socialisme, les faussaires, des individus qui, en fin de compte, ne voulaient pas s’attaquer au capitalisme et qui servaient les intérêts de la bourgeoisie dans les rangs du prolétariat. Ce sont des valets des gouvernants qui sont étrangers à la classe ouvrière.

A l’époque à laquelle est rédigé le Manifeste, que désigne le mot de « communisme » dans l’esprit du lecteur en général ?

Ce mot désigne un groupe d’ouvriers désirant une transformation radicale de la société, mais cette conception était « vulgaire », c’est-à-dire encore très instinctive. Les représentants les plus typiques de cette tendance sont Cabet (21) en France et Weitling (22) en Allemagne.

Quelle était la nature de classe de ceux qui s’intitulaient « socialistes » ? Ils représentaient les classes moyennes. C’était des doctrinaires et des phraseurs de salon.

La nature de classe des « communistes », malgré les limites et les défauts, était prolétarienne. Ils représentaient les intérêts des ouvriers. C’est pourquoi le Manifeste s’intitulera Manifeste du parti communiste, car : « L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » (23).

 

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17 octobre 2020 6 17 /10 /octobre /2020 08:19

Liberté, égalité, fraternité (Partie 3)

 

 

La « Ligue des communistes » est la première organisation d’un type nouveau, quoiqu ‘elle ne compta que 400 personnes dans ses rangs. La figure centrale n’y était pas encore l’ouvrier des grandes entreprises industrielles, mais l’apprenti artisan prolétarisé.

Le congrès décida de renoncer à l’ancien mot d’ordre : « Tous les hommes sont frères ! » au profit de l’appel suggéré par Marx et Engels : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».Pour la première fois dans l’histoire, on lançait un mot de ralliement incarnant le principe de l’internationalisme prolétarien : l’idée de l’unité de la classe ouvrière contre le capitalisme et l’idée de la solidarité de tous les travailleurs. La création de la « Ligue des communistes » constitue la première fusion entre le socialisme scientifique et le mouvement ouvrier.

Après le 1° congrès, il fallait consolider l’idéologie et la structure de la « Ligue des communistes ». Le 5 août 1847, une communauté et une région de la « Ligue des communistes » furent instituées à Bruxelles sur l’initiative de Marx. Marx, Wolff, le Belge Philippe Gigot, agrégé ès lettres et philosophie, et Junge, ouvrier allemand, firent partie du comité régional, présidé par Marx. Le rôle de ce dernier ne se limita pas à la direction des communautés belges, mais de fait, Bruxelles devint le centre directeur de la « Ligue des communistes ».

Selon Marx, l’objectif essentiel de la « Ligue des communistes » était la propagande du communisme. La « Ligue des communistes » était vouée à la clandestinité du fait de la domination de monarchies absolues et de régimes dits « libéraux » qui opposaient de nombreux obstacles à la lutte des communistes. Mais selon Marx, la « Ligue des communistes » devait éviter l’isolement par rapport aux masses, isolement tel qu’on le trouvait de la part des sociétés ouvrières des années 1830 et 1840. Pour éviter cela, la Ligue devait s’associer des sociétés ouvrières déclarées, se rattacher celles qui existent déjà, ou en créer, comme l’Association culturelle des ouvriers allemands de Londres, qui comprenait des sociétés de bibliothèques, de cours, de chorales, ou la Société ouvrière allemande, composée surtout d’émigrés, société créée à Bruxelles, en août 1847, comprenant d’abord 37 membres, puis au bout de quelques mois, une centaine. Les membres de la « Ligue des communistes » y jouaient un rôle de premier plan.

Marx était conscient du fait que la propagande du communisme requérait un organe de presse. Weydemeyer (6) écrivait à Marx le 28 juin 1846 : « Il est désolant de n’avoir aucun organe pour publier de courts articles sans que la censure s’en mêle. Je suis persuadé que tu es le seul qui pourrait se charger du travail de rédaction. »

Ce rôle d’organe de presse fut joué en partie par la « Gazette allemande de Bruxelles », qui paraissait deux fois par semaine depuis le 1° janvier 1847 jusqu’au 27 février 1848.

Pour éliminer les derniers restes de socialisme utopique, il apparut la nécessité de convoquer un nouveau congrès de la « Ligue des communistes », qui se réunit du 29 novembre 1847 au 8 janvier 1848 à Londres. Lors des préparatifs du congrès, le comité central envoya aux communautés de la Ligue son projet de programme, rédigé selon l’usage des sociétés secrètes de l’époque, sous forme d’un catéchisme révolutionnaire ou d’un symbole de foi : liste de questions et de brèves réponses. Le projet, débattu lors des réunions des communautés, ne convint ni à Paris, ni à Bruxelles. Hess soumit un second projet, rejeté également.

Sur la demande des membres parisiens de la Ligue, Engels en composa un troisième, intitulé « Principes du communisme ». Tout en conservant les anciennes formes, il ébauchait les thèses d’un parti prolétarien. Mais selon lui, ce n’était là qu’un brouillon. Il était convaincu que, le programme nécessitant une argumentation historique, ne pouvait tenir dans un questionnaire. Il écrit à Marx, quelques jours avant de venir à Londres : « Réfléchis donc un peu à la profession de foi. Je crois qu’il est préférable d’abandonner la forme du catéchisme et d’intituler cette brochure : Manifeste communiste. Comme il nous y faut parler plus ou moins d’histoire la forme actuelle ne convient pas. » (7).

Marx se rangeait à l’avis d’Engels et considéra les Principes du communisme comme un avant-projet. Le congrès chargea Marx et Engels de la rédaction du programme sous la forme d’un manifeste. Marx regagna Bruxelles sans doute le 13 décembre 1847 et se mit au travail, ainsi que durant le premier mois de 1848. Si quant aux idées, le Manifeste du parti communiste est l’œuvre de deux auteurs, Marx et Engels, et s’il s’inspire en partie des Principes du communisme, l’expression littéraire appartient à Marx.

Achevé fin janvier 1848, le manuscrit fut envoyé à Londres. La première édition parut pendant la révolution française de février. A la mi-mars 1848, 1000 exemplaires furent expédiés à Paris pour diffusion en France et en Allemagne.

Quelle était, en Europe, la situation des différentes forces sociales lorsque fut publié le Manifeste du parti communiste ? Les différentes classes exploitantes luttaient entre elles ; les différentes fractions bourgeoises luttaient également entre elles. Le mouvement ouvrier aspirait à l’indépendance, à se constituer en force politique autonome.

Quel a été l’avenir du livre ? Quand le mouvement ouvrier était en recul, le livre était peu lu, quand le mouvement ouvrier connaissait un certain essor, le livre était très répandu. En regard de cela, on peut distinguer deux périodes de lecture de Manifeste du parti communiste.

 

 

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16 octobre 2020 5 16 /10 /octobre /2020 09:48

Liberté, égalité, fraternité (Partie 2)

 

 

 

CHAPITRE I

 

 

 

« PREFACE DE L’EDITION ANGLAISE DE 1888 » DE FRIEDRICH ENGELS.

 

 

Cette préface comprend trois parties : l’histoire de Manifeste du parti communiste, le résumé de la thèse générale de ce livre, et une précision essentielle sur ce qui a changé quant aux idées les plus importantes depuis que ce livre a été rédigé en 1847.

 

  1. HISTORIQUE DU LIVRE. SA GENESE.

 

Friedrich Engels expose à quelle occasion le Manifeste du parti communiste  a été écrit, quel était l’objectif visé, et quel a été l’histoire de ce livre en relation avec les événements historiques qui lui sont contemporains. A l’origine, il s’agissait d’établir un programme (1) pour les communistes, organisés dans la « Ligue des communistes ».

 

LA LIGUE DES COMMUNISTES.

 

Au milieu du XIX° siècle, la classe ouvrière était encore dans un état embryonnaire, et il se développait alors une lutte aiguë en vue de la création d’un parti prolétarien, indépendant des autres forces politiques, capable de diriger les ouvriers tant dans leurs luttes économiques que politiques. Il existait alors de nombreuses sectes (2) qui prônaient la conspiration, s’illustraient par des rites d’initiation, des serments de fidélité, la concentration du pouvoir dans les mains des chefs.

Afin de regrouper les éléments avancés de la classe ouvrière, Marx et Engels créèrent au début de l’année 1846, le « Comité communiste de correspondance de Bruxelles ».Ce Comité correspondait avec des ouvriers socialistes de différents pays d’Europe ; des circulaires lithographiées étaient publiées et il y avait des collectes permettant de couvrir les frais de propagande. Ce Comité entra en contact avec la « Ligue des justes », en France et en Angleterre, en vue de créer ce type de Comité partout.

Engels avait connu les chefs de la « Ligue des justes » à Londres en 1843 : ceux-ci, l’horloger Joseph Moll, le cordonnier Heinrich Bauer, et Karl Schapper, ancien étudiant, exilé politique, fondèrent un Comité à leur tour.

A la fin de 1846, il y eut un tournant dans l’état d’esprit des membres de la « Ligue des justes » : ils se détournaient des courants du socialisme utopique (3) qu’ils avaient prônés jusque là et se tournaient vers le socialisme scientifique (4).

En novembre 1846, la Chambre du Peuple, organisme central de la « Ligue des justes », quitta Paris pour Londres et envisagea la réunion d’un congrès communiste international pour le début de mai 1847. Ne réussissant pas à élaborer un programme, les chefs de la « Ligue des justes » se tournèrent vers Marx et Engels. Moll, délégué à Bruxelles, proposa à tous deux l’adhésion à la « Ligue des justes » et demanda leur concours à la rédaction du programme. Déjà invités antérieurement à adhérer à la « Ligue des justes », Marx et Engels avaient refusé cette offre en raison des idées utopiques dominantes dans cette organisation, et des principes sectaires et conspirateurs développés par elle, à l’image de toutes les sociétés ouvrières sévissant à cette époque. Mais voyant la possibilité de faire de la « Ligue des justes » le noyau du parti prolétarien, le désir de changer manifesté par les chefs de la « Ligue des justes », tant du point de vue de l’orientation qu’en ce qui concerne la réorganisation, Marx et Engels y adhérèrent.

Le congrès de la « Ligue des justes » se tint à Londres au début de juin 1847. Faute de ressources, Marx ne put s’y rendre. Wolff, délégué du groupe de Bruxelles, y alla avec les instructions de Marx. Engels fut délégué pour le groupe de Paris. A ce congrès, la « Ligue des justes » prit le nom de « Ligue des communistes ».Marx devait déclarer, dans une correspondance datant de 1877 : « La première adhésion d’Engels et de moi à la société secrète des communistes s’est faite à la condition absolue que l’on éliminerait des statuts tout ce qui concourt à la superstition des autorités ». (5)

Marx voulait signifier par là son refus du culte des chefs.

Quels furent les nouveaux statuts ? Ils renfermaient différents principes, comme :

  • L’électivité des dirigeants ;

  • La centralisation ;

  • La subordination des organismes inférieurs aux organismes supérieurs ;

  • L’organisme suprême était le congrès, composé des délégués des organisations locales ;

  • Le comité central détenait le pouvoir exécutif dans les intervalles entre deux congrès ;

  • La cellule de base était la « communauté » avec un président et un adjoint éligibles ;

  • Plusieurs communautés formaient une région dirigée par un comité. L’un des arrondissements du pays ou de la province était déclaré dirigeant ; tous les autres en relevaient et devaient passer par lui pour communiquer avec le comité central de province ;

  • Le candidat à l’adhésion à la « Ligue des communistes » prenait connaissance des statuts et adhérait avec l’approbation de la communauté, de son président et d’un membre répondant.

Les statuts prévoyaient également des règles d’exclusion pour diverses infractions, un système de cotisations et des dépenses des ressources.

Les membres de la « Ligue des communistes » devaient professer le communisme, mener une vie digne des communistes, se dévouer à la propagande, ne pas appartenir à des groupes hostiles à la Ligue, respecter ses décisions et garder les secrets du parti.

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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 06:13

 

Liberté, égalité, fraternité (Partie 1)

 

 

PREMIERE PARTIE

 

 

 

MARX ET ENGELS

 

 

INTRODUCTION

 

Au cours de cette étude, nous nous interrogerons constamment sur l’actualité du livre de Marx et Engels, Le Manifeste du parti communiste : les analyses et les thèses qui y sont contenues demeurent-elles vraies aujourd’hui ? Est-ce de réponses possibles aux problèmes que pose le monde moderne ? Quelle est la méthode utilisée par Marx et Engels, et cette méthode est-elle encore pertinente pour aborder la réalité d’aujourd’hui ? Que penser de leur conception du monde ?

 

Prendre parti ou « objectivité » ?

 

Un problème de méthodologie se pose quand on aborde le « Manifeste du parti communiste » : quel point de vue adopter ? A tout moment, dans toutes les situations, il existe différents points de vue. Chaque point de vue représente le point de vue d’une classe, les intérêts d’une classe sociale.

Quand on se détermine par rapport aux intérêts de la classe ouvrière et de la révolution, on prend parti.

Quand on prétend rendre compte « objectivement » de tous les points de vue, alors on prétend à l’objectivisme. L’objectivisme est une théorie bourgeoise qui vise à nier la lutte de classes, en prétendant se placer au-dessus des clases et des partis pour mieux faire passer le point de vue de la classe bourgeoise. Au nom de l’ « objectivité », la bourgeoisie accuse le marxisme d’être partisan, pour dissimuler son propre point de vue de classe.

Le propre du prolétariat est au contraire son esprit de parti. Il juge et combat en fonction des intérêts du prolétariat, en sachant que tant qu’il y aura des classes, il y aura des luttes de classes, il y aura des idées représentant les intérêts de la bourgeoisie et d’autres représentants les intérêts du prolétariat. Il ne faut pas se dissimuler le fait que tout point de vue soit un point de vue de classe, et c’est pourquoi nous ne prétendrons pas à l’ »objectivité » en étudiant le Manifeste du parti communiste ; mais nous nous placerons du point de vue du prolétariat.

C’est là le premier caractère du marxisme : le marxisme est l’idéologie du prolétariat, et il s’affirme comme tel. Un second caractère du marxisme est qu’il fonde son action sur la connaissance de la réalité objective et non sur un dogme ou un quelconque désir subjectif.

Etant donné son importance, et pour situer le Manifeste du parti communiste, nous aborderons dans un premier temps la « Préface de l’édition anglaise de 1888 », écrite par Friedrich Engels.

 

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14 octobre 2020 3 14 /10 /octobre /2020 08:44

apocalypse vingt-et-un (Partie 18)

 

XXII

la différence entre les deux premiers voyages l’un vers le bas l’autre vers le haut repose sur le libre-arbitre non seulement du prolétariat et du peuple mais aussi du petit reste de la partie la plus éclairée de la classe bourgeoise qui trahit les intérêts de sa classe renonçant consciemment à ses privilèges pour épouser résolument les intérêts du prolétariat et de l’avenir les valeurs de la lumière de la vie et de l’amour

l’un des archanges me dit alors « tout être humain qui le souhaite peut parvenir aux mêmes visions il suffit de prier et de se mettre en conditions j’ai dit »

c’est alors que commence le troisième voyage, qui est celui de la réalité choisie par mes sœurs et mes frères

une troisième figure invisible me parle elle se trouve entre le visage du vieillard et le visage du jeune homme entre le père et le fils le passé et l’avenir

l’esprit me dit « le chapitre vingt-deux est inscrit dans la réalité par les hommes et en particulier par les prolétaires et le peuple de france qu’il en soit ainsi

l’humanité est une une seule et même race

la dignité de chacun doit être respectée y compris celle de l’immigré qui est aussi un travailleur

chaque personne n’est-elle pas un passager sur cette terre

préparez les meilleures conditions pour rencontrer les sœurs et les frères d’autres mondes ailleurs et autrement

quelle honte si la rencontre se déroule aujourd’hui alors que la question des classes sociales n’est pas réglée et qu’une partie de l’humanité la grande majorité est l’esclave salarié d’une petite minorité

quelle indignité si la rencontre s’effectue alors que l’homme n’est pas entré dans l’histoire et demeure encore dans la préhistoire celle de la lutte des classes du racisme du fanatisme et de l’exploitation

ne vous ai-je pas créés égaux et à mon image

avez-vous le droit de faire des différences de races de sexes de classes etc. là où moi je n’en fais pas et vous traite tous avec équité

ceux qui ont passé le seuil du siècle vingt-deux savent quelle est le troisième voyage car ayant crié le nouveau monde ils ont atteint l’Un que je suis »

c’est alors que je me suis réveillé et sonnent les vingt-et-un coups de vingt-et-une heures dans le lointain à un clocher s’élançant vers les cieux

et le dernier coup clame « dans la lumière, la vie et l’amour vivez »

 

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